Voilà une bande dessinée qui commence par la 4e de couverture ! Si vous voulez comprendre où vous mettez les pieds, commencez par la lire car dès la première planche, vous êtes plongé dans une action qui risque de vous décontenancer…
Le contexte :
1799, après la prise de Saint-Jean-d'Acre, les Français flanquent une rouste à l'Empire ottoman qui tombe entre les mains de
Bonaparte, mais comme l'ogre est insatiable, il dévore aussi les Indes anglaises (il n'y a pas de petits plaisirs) …
Nos deux héros :
Saint-Elme, fringant officier de cavalerie, né en Inde, enfant-loup, aventurier, tête-brûlée…
Charles Nodier : (alors, dans le désordre) espion, poète, savant, hurluberlu, amateur de phénomènes paranormaux…
C'est en Afghanistan que nos deux héros vont faire connaissance. Alors que les hommes de Saint-Elme sont dans une situation désespérée face à des Afghans déchaînés, arrive la cavalerie, en l'occurrence des chars mus par la vapeur, l'artillerie automobile du XIIIe cuirassé. L'état-major envoie
Charles Nodier pour qu'il accomplisse une mission spéciale avec Saint-Elme. Les deux hommes vont être transportés par le célèbre corsaire Robert Surcouf jusqu'à Bombay, ville détenue par les Français. Au passage, notez que la fameuse machine à crypter des nazis, Enigma, est déjà en service dans l'armée française, elle se nomme le « piano à écrire Enigma » et que les dirigeables n'ont plus aucun secret pour les Français…
Critique :
Deux siècles plus tard, les Français n'ont toujours pas digéré la défaite napoléonienne de Waterloo, alors ils se rattrapent comme ils peuvent ! Rien de tel qu'une uchronie pour se libérer du joug de la défaite… (Il m'arrive encore de rencontrer sur le champ de bataille de Waterloo des Français qui expliquent à leurs enfants ou petits-enfants que Waterloo fut la plus grande victoire de Napoléon… Heu… Ils ont dû beaucoup sécher les cours d'histoire, ces braves gens, non ?)
Le scénario de
Jean-Pierre Pécau est très plaisant si vous êtes amateur d'uchronies. Il y a une grande richesse de « découvertes technologiques » rendant le contexte crédible, le tout saupoudré d'humour.
Petit bémol quant aux dessins d'
Igor Kordey, si comme moi vous n'êtes pas spécialement amateur de « comics » … On est loin de la BD franco-belge…
Igor Kordey, Croate, a beaucoup travaillé pour les comics américains, domaine dans lequel son travail a été largement apprécié. Comme je ne suis pas fan, je fais contre mauvaise fortune bon coeur tout en me disant que j'aurais apprécié un autre style de dessin pour une BD « liée » à l'histoire de France, fût-elle uchronique !
Ne reculant devant aucun sacrifice, les auteurs glissent dans l'ouvrage l'équivalent des « orgues de Staline », les lance-roquettes multiples, quoi ! Hé puis, la photographie est là elle aussi, appelée « dessin héliographique ». Mais le fin du fin, c'est le docteur Frankenstein, devenu suisse pour la circonstance et qui crée une intelligence artificielle. Non, décidément, les auteurs ne se refusent rien ! Ils voient grand ! … Pour notre plus grand plaisir ? A vous d'en juger ! Moi, j'entreprends de ce pas la lecture du deuxième album…