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EAN : 9782706721601
176 pages
Salvator (23/09/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
L'Église ne cesse de déclarer son intention de mieux reconnaître la place des femmes en son sein. Si quelques évolutions vont dans ce sens, elles restent toutefois timides. Elles suscitent souvent des résistances et des oppositions parfois très vives. Ces blocages, plus profonds qu'il n'y paraît, témoignent de la difficulté à penser un féminin, paradoxalement d'autant plus célébré qu'il est minoré, marginalisé dans les faits. Dans cet essai stimulant, la théologienn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Anne-Marie Pelletier est une des grandes intellectuelles catholiques françaises des dernières décennies. Exégète et bibliste, diplômée en littérature comparée et science des religions, elle a enseigné en Université d'Etat et contribué à l'enseignement dans des institutions catholiques telles que l'école Cathédrale fondée par le Cardinal Lustiger, intégré ensuite au très mondain collège des Bernardins.

Anne-Marie Pelletier est également une pionnière au profil consensuel, ayant été distinguée par le prix de la fondation Ratzinger, et choisie pour rédiger la méditation du chemin de Croix du Colisée, en 2014 et 2017, première femme laïque dans les deux cas.

De la lecture de ce rapide portrait on constate que son mérite intellectuel semble reconnu de tous mais aussi que son profil ne heurte pas une institution ecclésiale conservatrice, plus ou moins entre partisans de Ratzinger ou Bergoglio...
De sa plume on aurait pu attendre donc qu'elle reste dans le domaine convenu de la justification catholique traditionnelle de la place de la femme.

Mais sans être une rebelle Anne-Marie Pelletier est une intellectuelle soucieuse de vérité et sans accuser ni trop égratigner l'Eglise elle va s'attacher à mettre en perspective comment le féminin a été perçu historiquement dans le christianisme et a fortiori le catholicisme.
Le propos, chronologique, très sourcé, pointe les influences et les malentendus qui ont brouillé le message évangélique au point de créer une fracture qui semble aujourd'hui insurmontable entre le statut de la femme dans la société occidentale et celui qui est prôné par l'institution romaine.

Le propos est factuel mais sans concession, évoquant les prises de position d'une autre intellectuelle couvée par le Vatican, l'historienne italienne Lucetta Scaraffia.
Au delà d'éléments historiques qu'il s'agit de comprendre et de déconstruire, l'autrice plaide pour une ecclésiologie plus inclusive, fondée sur la fraternité, pour la fin de l'hypocrite essentialisation de LA femme sublimée au détriment des femmes ordinaires... Vastes sujets qui en impliquent bien d'autres pour retrouver dans l'Église le sens même du message de l'Evangile.

J'ai retrouvé dans ce livre le plaisir rare de constater que mes opinions personnelles sont partagées et défendues par des personnes plus qualifiées que moi. J'ai particulièrement apprécié l'équilibre entre la solidité intellectuelle du propos et son humanité profonde. Les passages concernant l'injonction à la maternité et les souffrances qui en découlent pour les femmes m'ont semblé très justes.
Sans être accusatrice, l'approche de l'autrice met les responsables catholiques devant leur responsabilité à questionner les valeurs qu'ils prônent à l'aune de l'Evangile qu'ils prétendent défendre.

J'ai été passionnée par cette lecture à laquelle je reprocherais juste une rédaction un poil sophistiquée (événement rare, j'ai appris un mot, ce qui ne m'arrive pas souvent !) cela n'a nullement gâché mon plaisir. Mais il est vrai que avec moi, Anne-Marie Pelletier prêchait à une convaincue !
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critiques presse (1)
LaCroix
18 janvier 2022
Revisitant quelques aspects de l’histoire de la relation de l’Église aux femmes, la bibliste identifie l’origine de certains préjugés qui demeurent et freinent les changements nécessaires.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Redisons-le : c'est bien en donnant tout le déploiement qui lui revient à cette ecclésiologie inclusive, que l'on peut ensuite s'interroger sur un "propre" du féminin. Non sans avoir remarqué d'ailleurs que les charismes dont parle Paul ne sont pas a priori masculins ou féminins. Ainsi, s'il est interdit aux femmes de prophétiser la tête découverte dans la Première lettre aux Corinthiens, c'est qu'elles partagent avec les hommes le charisme de prophétie, tout comme il est clair que des femmes de l'entourage de Paul auront été des responsables de communautés. A ce titre, on doit souligner tout l'intérêt de quelques thèmes majeurs de la prédication du pape François. Ainsi, particulièrement, de la « fraternité ». Celle-ci va, à l'évidence, avec l'égalité. Mettre la fraternité au principe des relations dans l'Eglise du Christ - dont la Lettre aux Hébreux dit qu'il ne rougit pas d'appeler les hommes ses frères (He 2, 11) - devrait être un geste décisif ; il devrait débouter les postures qui hiérarchisent, exposent aux abus de pouvoir, instillent le poison de l'arrogance, ignorent le sens de l'eucharistie, tel que l'enseigne Jésus dans le geste testamentaire du lavement des pieds. A l'évidence, une idée neuve en ecclésiologie. De la même facon, la promotion de la synodalité, si celle-ci trouve à se vivre réellement, est le gage d'une Église renouvelée dans sa vérité évangélique.
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La grande révolution anthropologique est que les femmes, dans nos pays en tout cas, sont sorties d'une procréation aveugle, où "les enfants du bon Dieu" auront souvent été les fruits d'une domination masculine sur leurs corps, dans d'interminables grossesses exténuant leurs vies. Une nouveauté qui fait brèche dans une histoire immémoriale et qui « change les règles du jeu social », comme aime à le souligner Françoise Héritier. On apprécierait justement une décrispation du discours ecclésial sur ce sujet, sachant que celui-ci tangente facilement ce que professent des régimes politiques très étrangers à la dignité des femmes, et qui vont proclamant que seule la femme mère est la vraie femme. On notera d'ailleurs que les Evangiles ne cautionnent nullement cette vision. Des femmes, en tant que mères, croisent le chemin de Jésus, de la même façon que des hommes, en tant que pères. De même, difficile de trouver un appui dans les textes à la thématique de la femme « épouse et mère». On y rencontre, en revanche, des femmes qui suivent Jésus, étrangement affranchies des liens que leur impose leur société. Et Jésus découple la fécondité de l'engendrement biologique, pour l'ouvrir à une nouvelle ampleur, celle d'une réalité spirituelle qui enjambe les identités familiales. Tout cela fait beaucoup de liberté, qui pourrait rendre moins provocantes certaines évolutions anthropologiques contemporaines.
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Voilà qui engage à penser et à parler de la foi aujourd'hui à l'ampleur de l'expérience humaine entière. La fraternité, telle qu' elle est reconfigurée dans le Nouveau Testament, joue sur un autre registre du clavier anthropologique que celui de la relation homme-femme qui soutient la métaphore conjugale/nuptiale, dont on a désigné les écueils dans ce chapitre. Mais, bien comprise, elle ne mène pas moins loin. Dans la conjoncture présente, où la relation entre les sexes est déstabilisée, elle peut même avoir l'avantage d'être une voie bien plus assurée pour laisser se dire le propre du message chrétien.
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Tout se passe comme si on avait affaire à une parole abstraite qui, dans son registre, pourrait bien tomber dans le piège qu'exprime lvan Karamazov: "Plus j'aime l'humanité en général, moins j'aime les gens en particulier. » La théologie que I'on vient d'évoquer est en effet résolument déductive, entendons qu'elle tend aux femmes le miroir de leur spécificité telle que la conçoivent des hommes à partir d'un modèle idéal, essentialisé, qui composent ensemble une série de stéréotypes. Tout naturellement reflue le portrait-robot d'un propre de la femme ayant « pour expression particulière, ses qualités d'amour, de don de soi, de sensibilité et d'attention au concret». Nature féminine, éternel féminin fait d'abnégation, d'humilité, d'intériorité discrète, qui trouve son accomplissement dans la femme épouse et mère. Le dévouement est, dans ce registre, le maître-mot, quand ce n'est pas l'éloge du sacrifice, cette spécialité féminine parait-il, qui a été l'objet de quelques perversions : présenté comme modèle de vertu, associé à une fausse christologie sacrificielle, il aura volé leur vie à nombre de femmes, en les enfermant mensongèrement dans la soumission à des hommes.
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Videos de Anne-Marie Pelletier (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne-Marie Pelletier
L'intervention d'Anne-Marie Pelletier, agrégée de Lettres modernes et Docteur en sciences des religions, lors du colloque conclusif "Femmes et religions en Méditerranée".
En savoir plus : https://bit.ly/3FBrHZa
Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme.
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