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La vie de Simone Weil tome 1 sur 1
EAN : 9782213006147
Fayard (01/04/1978)
5/5   1 notes
Résumé :
L'auteure, Simone Pétrement, amie et condisciple de Simone Weil au lycée Henri IV dans la khâgne d'Alain, puis à l'École normale supérieure, agrégée de philosophie (1931) puis docteur ès lettres (Paris, 1947), a exercé les fonctions de Conservateur à la Bibliothèque nationale de France.

L'Académie française lui a décerné, en 1974, le prix Broquette-Gonin pour cette magnifique biographie : La vie de Simone Weil dont ce premier tome embrasse la pé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
1909 (année de sa naissance, le 3 février à Paris) à 1934, année où elle décida de se mettre en congé de l'enseignement public pour entrer en usine ; c'est la période de la vie de Simone Weil que raconte ce premier des deux volumes de la magnifique biographie écrite par Simone Pétrement, son amie et condisciple à l'Ecole normale supérieure de jeunes filles (ENSJF) ou Sèvres ; toutes deux ayant été élèves d'Alain. On y perçoit, d'ailleurs, toute l'affection que porte l'auteure à son amie.

Cette lecture m'a beaucoup ému et me fait davantage aimer cette philosophe, cette âme si belle ! On y découvre une Simone enfant et adolescente espiègle, pleine d'humour, très proche de son génie de frère, futur grand mathématicien, André Weil, tous deux jouissant, au sein d'une famille juive agnostique et plutôt aisée, d'une grande liberté, de beaucoup d'amour et d'une extraordinaire atmosphère de culture.

On la retrouve plus tard au lycée H. IV en khâgne, puis à Normale sup. , tour à tour provocatrice, rétive à l'autorité administrative de l'école, peu conventionnelle, n'attachant aucune importance à son aspect extérieur et à ce qu'en pensent les autres, et d'une intelligence qui force le respect aussi bien de ses professeurs que de ses condisciples, et surtout, engagée aux côtés des plus faibles et ce, depuis sa plus tendre enfance. L'agitatrice se voit vite affublée du surnom de « Vierge rouge !! »

A la sortie de l'Ecole, elle se retrouve professeure agrégée de philosophie enseignant au Puy, ensuite à Roanne, syndicaliste infernale, de tous les combats aux côtés des instituteurs, des chômeurs, des mineurs de St-Etienne, catégorie pour laquelle elle éprouve une véritable amitié.

Cette fraternité avec les plus humbles, les plus déshérités, lui vaudra beaucoup de soucis avec l'administration scolaire, la presse de province qui en fait une communiste à la solde de Moscou. Ce dont elle se moque en redoublant de provocation (participation à des manifestations d'ouvriers en portant le drapeau rouge, en tête de cortège, par exemple).

Ils rêvent de s'en débarrasser, mais ses élèves la défendent car, elle est une professeure douée, qui se dépense sans compter pour leur apprendre à penser, à développer leur esprit critique.

Elle est de tous les débats, de toutes les disputes politiques et syndicales à Paris comme en province, elle s'exprime et écrit beaucoup, donne des cours aux ouvriers afin qu'ils aient leur part à la culture, au savoir, elle leur enseigne à comprendre Marx, et ils sont nombreux à venir l'écouter...

Cette implication syndicalo-politique l'amène à côtoyer des leaders révolutionnaires importants de l'époque, à Paris comme en province, notamment, Trosky, des membres du parti communiste qui voient en elle une adversaire résolue. En effet, elle dénonce sans ambiguïté la déviation de la révolution d'octobre qui n'a abouti qu'au stalinisme, et reproche aux communistes et aux socialistes allemands, la défaite des ouvriers face au nazisme.

Elle implique sa famille, toujours solidaire, notamment sa mère, si proche, dans l'aide à apporter aux réfugiés allemands ayant fui l'hitlérisme (logement, nourriture, argent). C'est d'ailleurs une caractéristique chez Simone Weil, elle dépense une partie de son traitement pour les ouvriers, les réfugiés.

Elle manifeste dans toutes ses actions une volonté de fer, pour soutenir et défendre les ouvriers, les chômeurs, leur venir en aide, en s'oubliant elle-même, en prenant tous les risques avec l'administration, notamment, car son poste a parfois été en jeu. Cette volonté de conformer son action à ses convictions et à ses valeurs, ne laisse pas d'étonner.

Simone Weil est pourtant un être plutôt fragile, facilement fatiguée par tout ce qu'elle entreprend sans s'accorder véritablement de repos au grand dam de « Mime » sa mère (cours supplémentaires pour ses élèves, réunions syndicales, rédaction d'articles, enseignement en dehors de son travail aux ouvriers, déplacements incessants, etc.) ; de plus, elle est affligée de migraines féroces qu'elle traînera durant toute sa brève existence ; elle oublie même de se nourrir, ce qui ne manque pas d'inquiéter des amis syndicalistes qui la voudraient voir en meilleure santé, mieux nourrie.

Ses périodes de repos sont encore pour elle l'occasion de vivre la vie harassante des paysans, ou celle des pêcheurs en Normandie en sortant de nuit en mer avec eux, sans crainte et sans se soucier du qu'en-dira-t-on.

Elle avait voulu changer le monde par une révolution aboutissant à faire accéder les ouvriers au pouvoir ; cependant, lucide et prophétique, elle s'est rendu compte que son rêve ne se réalisera pas ; l'Etat bureaucratique triomphera toujours comme en Russie et asservira le peuple ouvrier.

Elle le fait savoir dans son fameux texte, « Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale » qui aura un grand retentissement en Europe.

Ce qui ne l'empêchera pas de se mettre en congé de l'enseignement public pour entrer en usine afin de connaître et de ressentir dans sa chair et dans son âme la condition de l'ouvrier asservi par le machinisme.

Pat

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Simone obtint l'autorisation de visiter une mine. (En général, les
femmes n'ont pas le droit de descendre dans les mines.) Il y avait au
Sardou, près de Rive-de-Gier, une petite mine artisanale dans
laquelle on descendait par un plan incliné, non par une cage. Cette
mine était exploitée par le père Guillot, ancien délégué mineur, que
Thévenon connaissait. Il permit à Simone de descendre. C'était sans
doute le 10 mars. Elle revêtit donc une combinaison de mineur et,
coiffée du casque, elle descendit.

On lui permit de prendre en mains un marteau piqueur et une
perforatrice à air comprimé (cet instrument qu'on appuie sur la
poitrine et qui ébranle tout le corps.)

D'après Thévenon, si on ne l'avait pas arrêtée, elle serait restée à
manier cet instrument, jusqu'au moment où elle se serait effondrée.
Elle demanda si le patron consentirait à l'embaucher ; on lui fit
comprendre que c'était impossible.
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