C'est le critique d'art Philippe Burty, qui, en 1872 prononça le premier, le terme de "japonisme", terme qui illustrait le goût des artistes, entre autres, pour l'art japonais.
Et c'est certainement l'estampe qui fut le meilleur medium de cet engouement.
Engouement qui transforma nombre d'artistes en collectionneurs passionnés.
C'est ainsi que Claude Monet se rendit acquéreur de 231 estampes, Vincent van Gogh de 477 estampes, et Auguste Rodin de 288, quant à Henri Rivière, l'un des trois artistes auxquels le musée départemental breton de Quimper a consacré une exposition en 2014, dont ce catalogue est ici l'objet, n'en possédait pas moins de 749.
Passion donc.
Et l'on comprend mieux à la lecture de ce catalogue en quoi cet univers de l'estampe japonaise a pu enflammer le coeur des artistes français au
cours du 19 e siècle.
Voilà pour la petite histoire.
Quant à la grande histoire, il s'agit de prendre comme point de départ , un art particulier, celui de la gravure sur bois : l'ukiyo-e.
Deux grands maîtres japonais nous sont ici présentes :
Hokusai , l'artiste au 80 noms, auteur des illustres mangas, des vues du Mont Fuji et de tant et tant d'oeuvres, et Hiroshige , peintre si cher au coeur de Vincent van Gogh.
et nous est également présenté Henri Rivière, qui a su faire sienne la technique de gravure sur bois des maitres japonais, chose inédite pour son époque.
Pourquoi donc ce musée de Bretagne invite t il pour la deuxième fois les maîtres japonais dans un de ses plus grands musée ?
Pourquoi inviter également Henri Rivière ?
Il faut se pencher sur la série des Paysages bretons de ce dernier ou ses études sur les vagues que Rivière réalisa entre 1891 e 1914 pour entendre leur "dialogue", où paysage, mer, terre, vent, pluie, gens entre ciel et mer, fleurs et jardins, et iris deviennent langage.
"La Bretagne devint dépendances du Japon "
De l'attachement à la Bretagne au rattachement des archipels...
Voyages... Donc, ainsi commence le monde...
Durant la période Edo ( 17-19e siècle) le paysage sera le motif central des estampes japonaises.
Recueils,albums,livres xylographiques, innombrables paysages lettrés ou sansui ( montagnes et cours d'eau), lieux remarquables, vues insolites... les peintres japonais partent en voyage à travers les archipels pour produire des oeuvres étonnantes qui nous offrent aujourd'hui, par l'intermédiaire de ce catalogue, le plaisir de contempler le réalisme enjoué et coloré de la nature qu'ont su saisir les grands maitres japonais .
Le livre xylographique se met au service de la littérature du voyage.
Les maîtres graveront et feront graver , sur le bois et imprimeront, en série, en couleurs, la vie , la nature, hommes et animaux, vent, soleil, neige pluie, au quatre coins des saisons.
Faisant naître ainsi une éternité iconographique d'une richesse d'une diversité étonnante.
A son tour Henri Rivière tombera en amour devant ces paysages et se lancera dans la rédation chromatique et scculptuarle de son propre récit , et notamment : La Bretagne et Paris.
Faisant avec ses vues de la tour Eiffel écho aux vues du mont Fuji d'Hokusai.
Si un catalogue d'exposition est un ouvrage à part entière, cela est démontré par ce livre riche d'enseignement.
J'ai découvert avec netteté les oeuvres Hiroshige, auquel je me suis attaché, j'ai pu comparé , même si ils restent incomparables, le travail de ces trois artistes. Je suis entrée plus avant dans l'univers d'Hokusai, et j'ai admiré avec ravissement la fougue de Rivière.
Hokusaï le pédagogue, le conteur, le paysagiste, le scénariste, le multiple.
Hiroshige l'explorateur des ombres et de la lumière, le peintre-oiseau, le peintre des éléments, le grand reporter, l'aérien.
et Henri Rivière...! L'inventif le découvreur ! le peintre au regard d'enfant, qui prend son envol artistique, trouve son propre langage en décryptant l'alphabet des lettrés. Henri Rivière, le concepteur de fabuleux décors au cabaret du Chat Noir de Montmartre, directeur du théâtre d'ombre.
Henri Rivière le photographe, l'aquareliste, l'aquafortiste, le graveur, le peintre.
L'art est lieu de passage, de transhumance, de dialogue, de régénérescence continuelle. L'art est un voyage.
on ne peut saisir , recevoir L'amour de la nature sans savoir l'importance des voyages.
Qui ,donc aime la nature, connaît le sentiment de l'art, connaît l'infini des voyages et peut toucher ses possibles.
Un ouvrage remarquable, des artistes exceptionnels.
Operation masse critique Babelio - mai 2016 -
Editions Locus Solus.
ISBN 978 2368330548
Christophe Marquet,
Valérie Sueur Hermel, Philippe le Stum .
Astrid Shriqui Garain
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