AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782919174676
Au-delà du raisonnable (01/06/2017)
3.86/5   38 notes
Résumé :
Pierre-Arsène Léoni vient d’intégrer la P.J. de Lille, après s’être forgé une réputation de dur à cuire à Marseille. A peine est-il installé qu’une drôle d’affaire se présente : Stanislas Bailleul, chef d’entreprise, a été retrouvé mort dans son bureau après avoir disparu pendant une dizaine de jours. Le tueur a tracé une croix sur le torse de sa victime et dessiné un sourire au marqueur rouge. Cette mise en scène laisse le commandant et ses adjoints perplexes. Stan... >Voir plus
Que lire après Un Corse à LilleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 38 notes
5
6 avis
4
9 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis
Or donc, Pierre-Arsène Leoni déboule à Lille, catapulté depuis la Méditerranée. Un bon point, on échappe au choc des civilisations, aux clichés régionaux et au pittoresque à deux francs cinquante. Si Leoni note des différences entre le Nord et la Corse, il n'émet que des remarques occasionnelles. Pas d'inventaire exhaustif opposant le Nord et le Sud. Pas davantage de “ah !” ni de “oh !” en mode explorateur qui s'ébaubirait devant une contrée exotique. le personnage déménage, il ne change pas de planète.
Pour décrire la métropole lilloise, Piacentini procède par touches. Leoni se pointe un lendemain de braderie, le carnage est brossé en quelques lignes. Au gré des déplacements liés à ses enquêtes, Leoni aura l'occasion de visiter pas mal d'endroits. Chaque fois, une ou deux phrases suffisent pour se faire une idée. le procédé colle au contexte : le gars n'est pas là en touriste, il a autre chose à secouer que détailler les lieux et se lancer dans des exposés socio-historico-architecturaux. Ce serait de toute façon une erreur de narration : le personnage ne connaît pas le coin, il n'a donc rien à raconter sur le sujet.
Maîtrisant Lille par coeur pour y avoir vécu vingt ans, je n'avais pas besoin de plus. Pour quelqu'un qui n'aurait jamais mis les pieds dans la capitale des Flandres… je dirais la même chose. Inutile d'assommer le lecteur de détails en veux-tu en voilà, le roman est un polar, pas le guide Michelin.
Au final, Piacentini en dit assez pour poser son décor et y implanter un protagoniste fraîchement débarqué. du polar régional – l'éditeur d'origine étant Ravet-Anceau, spécialisé dans la chose – sans le régionalisme trop appuyé “couleur locale”.


Ici la couleur est importée, avec non pas UN Corse à Lille mais DEUX ! Leoni, donc, et mémé Angèle.
Le premier est corse mais pas trop. Dans le sens où on n'est pas devant une espèce de figure romantique ou caricaturale (fier et ombrageux, fainéant, irascible, amateur de cagoules et de fromages explosifs…).
Mémé Angèle, elle, est corse jusqu'au bout des ongles. Elle parle corse, cuisine corse, évoque la famille et les amis en Corse. Pour autant, elle ne se limite à quelques proverbes et recettes, elle est un personnage essentiel du roman (et mon préféré). Pierre-Arsène est policier avant tout, on le voit oeuvrer comme tel, un flic à Lille. A travers mémé Angèle et tout ce qu'elle évoque, un background complet se met en place : racines, famille, amis, valeurs… Elle construit le personnage, le corsifie. Sans elle, pas de Leoni, ou alors faudrait passer par le procédé plus classique du personnage qui raconte sa vie à ses collègues.
Et puis au-delà des ficelles narratives, mémé Angèle… ben c'est mémé Angèle. La grand-mère que tout le monde voudrait avoir, une comme on n'en fait plus. de ces vieilles gens attachées à leur terroir, simples, dures à la tâche et droites dans leurs bottes… animées d'une tendresse un peu rude, capables de te passer le savon du siècle pour t'inculquer les règles et de te filer une part de tarte dix minutes après.
Un personnage au sens fort du terme, qui, en peu d'apparitions, occupe un espace énorme. Elle apporte aussi une bouffée d'oxygène bienvenue.


Un Corse à Lille n'est pas un roman noir d'apocalypse où le monde ne serait que ciel gris, chômage, alcoolisme, meurtre et pédophilie. Si tout n'est pas rose, loin de là, le texte s'offre des moments de grâce pour relâcher la pression. Une bonne chose, j'avoue être gavé du noir pour le noir, déconnecté du réel à trop forcer le trait. Une pointe de légèreté rend le roman plus vivant – l'IRL n'est pas toute blanche ou toute noire – et n'en donne que plus de force aux passages sombres.
Recette simple mais efficace.
On en dira autant de l'intrigue. Piacentini part de bases très classiques. Neuf scribouillards sur dix accoucheraient d'un roman déjà vue douze mille fois sur papier ou sur écran. Elle, non. Là tu vas me demander pourquoi… Question inutile, j'avais prévu de donner la réponse de toute façon.
La rigueur et l'humanité.
Seul moyen de ne pas se casser la figure ET de sortir du lot sur ce genre d'histoire. Ici, on part d'un groupe de flics et autant d'archétypes (le chef, le briscard, la bleusaille, le séducteur…). Piacentini leur injecte à chacun un petit quelque chose qui leur permet de transcender leur type, de dépasser leur statut de personnage pour ressembler à des gens.
La fine équipe mène deux enquêtes en parallèle, parce que ce n'est jamais une ni trois. Les trois quarts du temps, les affaires sont liées. Et dans les trois quarts de ces trois quarts, le rapprochement découle de plans criminels plus alambiqués qu'un atelier d'alchimiste et/ou de facilités d'écriture qui défient le sens commun. Pour savoir si les deux dossiers d'Un Corse à Lille sont indépendants ou n'en forment qu'un seul, lis le bouquin, c'est marqué dedans, comme le Port-Salant.
En amont de la résolution, les investigations et la progression des enquêtes suivent un cheminement rigoureux. Certes, les flics procèdent beaucoup par intuition, mais ça change des brouettes d'indices, kilomètres de fibres et tonneaux de sécrétions pleines d'ADN qui passent entre les mains du CSI:Lille. Et leur instinct n'obéit pas aux lois de la quatrième dimension. Entre hypothèses, déductions, fulgurances, leurs conclusions, même quand elles ne sont pas étayées de pièces à conviction, ne débordent pas au-delà du raisonnable. Sans raccourcis faciles, sans incohérences WTF, sans violer la logique par tous les trous chaque fois que le scénario doit avancer. du travail propre.


Pour avoir lu un paquet de premiers romans pétris de bonnes idées et de bonnes intentions mais très faibles au plan formel, j'avais une petite appréhension en remontant l'arbre généalogique de la série. Un Corse à Lille n'entre pas dans cette catégorie, exempt des maladresses stylistiques de débutant. Du bon boulot de bout en bout.
Lien : https://unkapart.fr/un-corse..
Commenter  J’apprécie          90
Mon amie Marie-Claire m'a offert le Cimetière des chimères, gentiment dédicacé par l'auteur. Et comme nous parlons d'un personnage récurrent, j'ai eu envie de démarrer la découverte par le tout premier volet de ses aventures: Un Corse à Lille.

Pierre-Arsène Léoni est un flic corse… parachuté à Lille. Il arrive avec armes et bagages… et sa grand-mère au grand coeur, à la vitalité débordante, et au parler corse dépaysant!

L'homme est carré, droit dans ses bottes et un peu abrupt… mais juste! Et ça, les gens du nord aiment! C'est ainsi que sa nouvelle équipe s'adapte rapidement à ses méthodes pour mener les enquêtes auxquelles elle se retrouve confrontée, et c'est avec P.A que nous apprenons également à les connaître, et à les apprécier.

J'ai beaucoup aimé Un Corse à Lille, cette prise de contact avec P.A et son équipe est emplie de potentiel et augure de futures aventures trépidantes et un attachement certain pour les vies personnelles de chacun, tant ils sont différents des uns des autres!

Dans cette approche, nous abordons le milieu du coaching et de l'éthique inhérente à cette profession et de ses dérives. Ou comment peut-on contrer, adapter, transformer ou manipuler la psyché de l'individu? Peut-on sans vergogne user de stratagèmes pour contraindre autrui? Et un coach a-t-il le droit et le pouvoir de jouer avec les esprits qu'il estime tordus?

Nous avons aussi des prostituées qui disparaissent et une stagiaire policière qui va enquêter en sous-marin, plonger un de ses collègues dans les affres de l'angoisse.

De troublantes disparitions de prostituées et des morts rituelles de personnages antipathiques… une course contre la montre, une certaine pression pour boucler l'affaire au plus vite car des vies sont en jeu.

Une équipe sur tous les fronts, soudée dans sa complémentarité.

Un Corse qui s'adapte étonnement rapidement à son nouvel environnement.

Le tout offre un premier roman de facture classique mais de qualité, au ton énergique et savoureux, un tremplin pour suivre ce Corse à Lille, pour être à ses côtés dans les prochaines enquêtes!

Une très belle découverte d'un auteur français que je prendrai grand plaisir à suivre!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
Commenter  J’apprécie          70
Au lendemain de la Grande Braderie, le commandant Léoni, emmenant dans ses bagages sa grand-mère, beau brun ténébreux et célibataire endurci, débarque à Lille en provenance de Marseille muté à sa convenance pour des raisons obscures.

A peine le temps de prendre contact avec son équipe que deux enquêtes aux profils différents s'ouvrent à lui.

Le corps d'une jeune femme retrouvée morte dans un fossé et dont les premières constatations laissent à penser qu'il s'agit d'une prostituée. Mais la mise soignée de la victime laisse entrevoir la possibilité qu'elle n'est peut être pas ce qu'elle semble paraître. La deuxième victime est un chef d'entreprise, dont le corps scarifié et mis en scène de manière particulière laissent perplexe les enquêteurs.

Deux enquêtes de facture classiques, menées en équipe : chacun ayant ses propres tâches assignées et qui va conduire les enquêteurs à découvrir d'étranges coïncidences bien que les deux affaires ne soient pas liées. Avec les premières auditions de témoins, il apparaît que la victime était un patron particulièrement tyrannique, et chacun de ses employés était un suspect en puissance. Les éléments découverts par les enquêteurs vont orienter l'équipe vers un cabinet de coaching personnel. Un deuxième meurtre et un enlèvement de patrons aux profils similaires et récents clients du cabinet vont rapidement confirmer leurs soupçons. La deuxième enquête va elle aussi rapidement s'orienter vers un réseau de prostitution belge.

Deux enquêtes qui n'apportent rien de révolutionnaire au genre, mais maîtrisées dans la forme, même si leurs conduites empruntent certains raccourcis et laissent parfois dans l'expectative quand à certaines conclusions des enquêteurs. Mais ces enquêtes sont plus là pour mettre en avant les différents personnages et de créer une certaine ambiance pour la suite des enquêtes de l'équipe. La thématique principale du coaching et de l'amélioration personnelle est traitée de fort belle manière et soulèvent chez le lecteur une question primordiale : jusqu'où un conseiller peut-il aller sans abuser de ses pouvoirs.

Ce premier opus des enquêtes du Commandant Léoni, plus que les enquêtes en elles-mêmes, est surtout pour le lecteur l'occasion de prendre contact avec Léoni et les différents protagonistes créés par l'autrice. Une équipe attachante avec des personnages certes fortement caractérisés, qui peuvent sembler caricaturaux, marqués chacun d'eux par le poids d'histoires différentes. le panel est très diversifié : le Commandant direct, carré, et un peu abrupt de prime abord, un adjoint jovial, débonnaire bon vivant, un prêtre défroqué, un séducteur, beau gosse, issu d'un quartier difficile, un ancien militaire, bourru et au grand coeur, une stagiaire, issue d'un milieu aisé, en conflit avec son père pour avoir choisi cette voie, une légiste border-line. Et pour terminer cette galerie haute en couleur, Mamone, une grand-mère au grand coeur, débordante de vitalité, au franc parler Corse dépaysant, et qui désespère d'arriver à caser son petit-fils encore célibataire à 35 ans, et qui apporte la touche d'air pur bienvenue à un premier opus à l'ambiance nauséeuse. Des personnages qui certes prennent le pas sur les enquêtes mais que l'autrice dépeints dans leurs pensées et dans leurs actes de fort belle manière.

Le style de l'autrice est direct avec des chapitres extrêmement courts, très visuels et qui donnent une excellente dynamique de lecture. Bien que pouvant au départ paraître saccadé, il est un point fort pour la suite de l'histoire. L'écriture est simple, directe, par certains moments peur-être un peu trop légère. Les descriptions de Lille et des lieux de la communauté urbaine visités par l'enquête sont effectuées à petites doses, l'autrice a apparemment choisie de décrire la région au fil de ses romans et c'est positif car cela n'empiète pas sur l'enquête.

Au final, on a une enquête classique mais plutôt bien orchestrée, des personnages certes peut être un peu trop poussés mais attachants, des dialogues bien travaillés, un suspense présent, un ton énergique. Un Corse à Lille se révèle comme un très bon policier régionnal.


Lien : http://imaginaire-chronique...
Commenter  J’apprécie          10
Au lendemain de la grande braderie de Lille, à l'heure où la ville digère encore ses excès de bière, de moules et de frites, le commandant de police Pierre-Arsène Léoni, 35 ans, beau brun ténébreux et sans attaches, débarque rue Princesse dans le vieux Lille.

Un flic corse à Lille ? Quelle drôle d'idée… Je vois déjà le genre : « Bienvenue chez les chtis » dans la police…. Que nenni ! Point de clichés ni de caricature dans ce roman, où le dépaysement est traité de façon très subtile.

Être muté de Marseille à la P.J. de Lille, ce n'est pas à franchement parler une promotion et les circonstances qui ont conduit à cette affectation restent mystérieuses. Plus original, il arrive accompagné d'Angèle, sa mémé corse qui l'a élevé et pour laquelle il a toutes les attentions. Mémé Angèle, qui voue un amour sans bornes à son petit-fils, et lui prépare de bon petits plats aux odeurs de leur île natale. Parfums de broccio, de figatellu et d'huile d'olive qui sont pour Pierre-Arsène comme la madeleine de Proust.

Une jeune femme est retrouvée morte dans un fossé. Les premières constatations font penser à une prostituée, mais le style et la mise soignée de la victime laissent à penser qu'elle n'est peut-être pas ce qu'elle paraît. La suite va mettre au jour un réseau de prostitution international, vers des maisons où les filles sont soumises aux plus extrêmes sévices.

D'autre part, le meurtre d'un chef d'entreprise, selon une étrange mise en scène, ne laisse pas d'interpeller les policiers. Que signifient les scarifications infligées à la victime ?
Le commandant Léoni se met vite dans le bain, et dès la première prise de contact, s'assure une adhésion pleine et entière de son équipe, séduite par son écoute, son professionnalisme et son énergie.

« Pierre-Arsène venait de gagner des points auprès de chacun des membres de son équipe. Et même si le capitaine Baudouin se demandait encore comment il allait faire avaler la pilule aux services du légiste, il se réjouissait de cette initiative. le « corsois », comme il l'avait déjà surnommé, avait pris les commandes et il ne s'en laisserait pas conter.«

Avec les premières auditions de témoins, il apparaît que la victime était un patron particulièrement tyrannique, et chacun de ses employés était un suspect en puissance. L'enquête s'oriente sur la relation de la victime avec un cabinet de coaching personnel. Enquête qui va connaître une accélération avec la disparition et le meurtre d'un deuxième patron, et l'enlèvement d'un troisième, ayant sollicité eux aussi une société de conseil en coaching.

Ce récit nous fait pénétrer dans le monde mystérieux des sociétés de coaching et d'amélioration personnelle. Dans quelle mesure le conseiller oeuvre-t-il pour le bien de ses clients, et dans quelle mesure peut-t-il user, ou abuser de son pouvoir psychologique pour devenir une sorte de gourou et influer sur leurs vies. C'est là toute l'ambiguïté de cette profession.
Dans le même temps, l'enquête sur la jeune femme assassinée évoque le monde de la prostitution et de ses dérives extrêmes, jusqu'aux « snuff movies ».

Dans ce premier roman mettant en scène Pierre-Arsène Léoni, nous faisons connaissance avec le héros, célibataire endurci, au désespoir de sa mémé Angèle, qui voudrait bien le voir enfin « casé ». Un policier très humain, à l'écoute de ses hommes, et qui n'hésite pas à payer de sa personne.

Son équipe est composée de personnages très attachants, au caractère bien marqué, chacun d'eux portant en lui le poids d'histoires différentes, dont les détails nous seront révélés à la toute fin du roman. Il se crée au sein de ce groupe une alchimie, des affinités que ne manqueront sûrement pas de renforcer les prochains épisodes.

Le style est enlevé, l'écriture légère et précise, faite de chapitres courts, rythmés. L'intrigue, tortueuse, demeure tout de même facile à suivre et l'on s'attache rapidement à ces hommes et femmes aux tempéraments si différents, mais si complémentaires, qui forment l'équipe de Léoni.

Un premier contact très agréable avec la plume d'Éléna Piacentini, auteure corse exilée dans les frimas du Nord, à l'image de son héros. Je reviendrai, sans aucun doute, suivre les enquêtes de Léoni.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
Commenter  J’apprécie          00
Il était une fois… gottferdam !

Ça fait toujours quelque chose d'assister à la naissance de quelque chose… surtout quand il s'agit de celle de Pierre-Arsène Léoni et même si on l'a déjà vu faire ses premiers pas ou entendu dire ses premiers mots.

« Un corse à Lille » marque donc le début des aventures de Pierre-Arsène Léoni, personnage récurrent d'Eléna Piacentini dont j'avais découvert les activités policières à travers « Des forêts et des âmes » (6ème aventure) et « Aux vents mauvais » (7ème aventure). La sortie chez Au-delà du raisonnable de ce premier tome marque la ré-édition des trois premiers tomes qui étaient épuisés chez leur précédent éditeur. Un peu de chronologie ne faisant jamais de mal, voici les titres dans l'ordre :
• Un corse à Lille
Art brut
• Vendetta chez les Ch'tis
Carrières noires
le cimetière des chimères
Des forêts et des âmes
Aux vents mauvais

Elena Piacentini met donc ici beaucoup de choses en place même si certaines sont vouées à disparaître pour être remplacées par d'autres, notamment en terme de personnages récurrents et membres de l'équipe de Pierre-Arsène Léoni.

Léoni débarque donc à Lille, lui le corse d'origine, quittant un poste dans le sud de la France pour des raisons obscures, à tout le moins quand débute ce roman. Il amène dans ses bagages Mémé Angèle qui est toujours lilloise après sept récits malgré sa corsitude invétérée.

Elena Piacentini ne perd pas de temps avec son lecteur : les caractères bien trempés des personnages, de Léoni à Mémé Angèle en passant par les membres de son équipe d'enquêteurs sont abordés bille en tête et sans concession. On cerne rapidement qui est qui même si Elena Piacentini prend un malin plaisir à commencer à distiller quelques informations sur la vie privée de certains personnages qu'elle développera ou réutilisera dans les histoires qui suivront.

De facture très classique, avec deux enquêtes, ce roman pose toutefois les bases de ce que sera Léoni et de ce que seront ses aventures. Rien de révolutionnaire donc, mais la forme et le fond sont parfaitement maîtrisés. Elena Piacentini prend plaisir à faire évoluer ses personnages au sein de ses récits et enquêtes pour leur donner du relief, leur mitonner de vraies relations entre euxqui peuvent aller au-delà de la simple relation professionnelle. Les personnages sont en symbiose entre eux, avec leur marionnettiste d'auteur et leurs lecteurs.

On y trouve déjà chez Léoni une droiture et une honnêteté, dont il a ses propres définitions, qui le font parfois prendre des chemins de traverses avec la légalité. Seul le résultat compte avec Léoni, mais l'objectif est toujours moralement en adéquation avec ses principes. Cela n'en fait pas pour autant un super héros, ni un anti-héros pour le coup, il reste un personnage hautement et profondément humain.

Et puis on y trouve aussi déjà Mémé Angèle, l'unique, la seule, la vraie. Ses plats et ses passions (Leoni et la Corse) ont le fumet et le goût de l'authenticité.

Eléna Piacentini nous livre une recette pas tout à fait complète, simplement la liste des ingrédients de base. Ses petites recettes et autres trucs et astuces de grand-mère, elle les garde encore pour la suite des aventures de Léoni !

(Toute utilisation de termes ayant trait à la cuisine n'est absolument pas fortuite. Toutefois, la maison tient à préciser qu'aucune plaque de cuisson n'a été martyrisée pendant la lecture du livre ou l'écriture de ce billet).

Je ne peux plus parler de découvertes concernant Léoni et Eléna Piacentini mais de retrouvailles pour l'instant toujours aussi heureuses. Allez, savourez avec moi...

Lien : http://wp.me/p2X8E2-Rb
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pierre-Arsène attendait avec impatience devant le comptoir des arrivées, cherchant la silhouette familière dans la foule pressée de se rendre à la livraison des bagages. Enfin il l’aperçut. Portant droit son 1 mètre 50, elle tenait à la main un grand sac de congélation qui annonçait pour lui des réjouissances culinaires. Son chignon bien serré, d’où ne s’échappait aucun cheveu blanc, son long manteau noir, sa démarche fière et assurée, la plaçaient d’emblée à part des autres voyageurs. Comme si elle appartenait à un autre monde, à une autre époque. « Et c’est bien le cas », se dit Pierre-Arsène qui se sentit à nouveau étreint d’inquiétude en songeant à quel point l’univers de sa grand-mère allait se trouver chamboulé par cette aventure lilloise.
– Mamone, tu as fait bon voyage ?
– Je ne peux pas me plaindre. Tu sais que j’ai toujours mal aux oreilles dans ces appareils quand on décolle et qu’on atterrit. Mais enfin j’avais emporté mes pastilles et du coup je n’ai rien senti. Tu en veux une ? Elles sont au miel, tu sais c’est bon pour la gorge.
Pierre-Arsène embrassa sa grand-mère dans le cou, capturant, en même temps que des effluves sucrés de lavande, un petit bout d’enfance.
Commenter  J’apprécie          20
– Comment va, commandant Leoni ? Prêt pour le tour du propriétaire ?
– Merci, Baudouin, appelle-moi Pierre-Arsène et lance-moi du « tu », je me sentirai encore mieux.
– Ça m’va ! Un tiot café avant les présentations ?
Les quinze minutes suivantes furent consacrées à l’inventaire des affaires en cours. Le cadavre d’une jeune femme découverte dans la vase d’un canal du côté des anciens abattoirs. Probablement une prostituée. Une vieille femme battue à mort par sa belle-fille, elle s’était oubliée une fois de plus, une fois de trop. Pierre-Arsène tiqua et se félicita que l’affaire ait été résolue aussi vite.
La méchanceté, précédée de la bêtise, ce couple immonde et malodorant, lui tordait toujours les tripes. Enfin, le patron d’une PME retrouvé poignardé dans son bureau la nuit précédente.
– Celle-là, elle devrait vous titiller. Y a deux ou trois trucs bizarres.
– Vas-y, étonne-moi, ça me changera des Misérables.
– Ben d’abord, l’gars était nu jusqu’à la taille. En guise de décoration d’un goût douteux, on lui a dessiné une grande croix au couteau sur toute la poitrine, et deux petites croix en plus au niveau du cœur. Ses deux mains étaient posées bien à plat sur le bureau, paumes vers le ciel. Enfin, pour faire bonne mesure, on lui a peint un sourire au marqueur rouge.
Pierre-Arsène regardait Baudouin avec un intérêt non dissimulé tout en se massant la tempe.
Commenter  J’apprécie          10
Pierre-Arsène était convaincu que Stanislas Bailleul avait été retenu prisonnier de cinq à sept jours, par la personne qui avait fini par le tuer. Sa mort n’avait pas été douloureuse, puisqu’elle avait été provoquée par une overdose de morphine. Quant aux blessures en forme de croix sur le torse, elles avaient été infligées post mortem, vraisemblablement par un scalpel. Tout cela ne militait pas en faveur de la thèse de la vengeance, et la mise en scène du meurtre semblait trop élaborée pour quelqu’un qui aurait simplement voulu égarer la police…
Commenter  J’apprécie          20
Il y a une catégorie d'êtres humains qui se sentent plus forts lorsque les autres sont à genoux, des voleurs d'âmes, des vampires, voilà ce qu'ils sont. Ces personnes ont pour moi une valeur négative à l'inverse de ceux qui donnent, qui réchauffent, qui créent, qui aiment tout simplement.
Commenter  J’apprécie          40
Thibaut Lemasure était prostré depuis deux heures sur son lit de mauvaise fortune. Le fait d’avoir perdu le contrôle de sa vie depuis de si longues heures qu’il en avait oublié le compte, l’avait peu à peu plongé dans un état d’hébétude dont il n’arrivait plus à s’extraire. Les moments de lucidité au cours desquels il imaginait encore des solutions de fuite se faisaient de plus en plus rares.
Il n’était sûr que d’une chose, sa vie s’était brutalement interrompue sur ce parking et sa fin était proche. Il avait un moment espéré une demande de rançon, mais ce faible espoir avait bien vite été balayé au cours des séances successives en compagnie de son tortionnaire. Il se repassait machinalement des scènes de sa vie, se demandant à quel moment tout cela avait bien pu déraper. C’est sûr, il avait fait une mauvaise pioche, tiré le mauvais fil. Là où quelques jours plus tôt, il ne voyait que sujet de satisfaction – son alliance avec une famille en vue, sa réussite sociale et financière – ne se dressaient plus que ruines. Sa vie lui apparaissait à présent comme un palace construit sur une immense décharge dont les détritus remontaient inexorablement à la surface. Une seule issue lui semblait encore possible, si seulement il pouvait puiser en lui les ressources suffisantes pour mener à bien cet ultime projet.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Elena Piacentini (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elena Piacentini
« Dans les entrailles de l'Argentu, le temps s'écoulait à l'échelle géologique, notre perception s'en trouvait faussée. Par la cheminée de la première salle, que mon grand-père avait baptisée la "Clairière", le monde extérieur se rappela à nous. Au-dessus de nos têtes, l'orage sévissait avec une force égale. » Elena Piacentini, **Les Silences d'Ogliano**
Plus d'informations sur le roman : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/les-silences-dogliano
#Rentreedhiver #RL2022
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (78) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..