Le cri muet de l'iguane de
Daniel Picouly
Est-ce bien un roman que cette biographie d'un ancêtre ? A trop vouloir mélanger les genres, l'auteur perd le lecteur dans un récit labyrinthique et touffu. Il le contraint à sauter d'une période à une autre sans s'assurer qu'il suit son pas de course, assommé de surcroît par un bavardage torrentiel. Les différents épisodes pourraient se révéler passionnants si le narrateur veillait un tant soit peu à fournir une trame plus logique. Les personnages sont taillés à la hache, difficile de s'y attacher. On retiendra le meilleur parmi ses pages trop vite remplies : l'explosion de la montagne Pelée, récit qui nous décrit une femelle vengeresse grosse d'un monstre dont l'accouchement meurtrier dévaste toute une ville livrée par aveuglement administratif aux nuées ardentes. On apprendra bien des choses sur cette île de la Martinique qui a vu naitre
Aimé Césaire sans toutefois arriver à faire un distinguo entre la réalité historique et la vision onirique d'un auteur un peu trop préoccupé à vouloir faire dans l'originalité. Dans son sublime roman «
le siècle des lumières »
Alejo Carpentier nous enivre de parfums capiteux, nous éblouit de couleurs éclatantes, nous enchaine à ses personnages au point de toucher le grain de leur peau, nous étourdit de sons, de cris, de chants, de musiques et là, avec
Picouly, on finit par s'ennuyer agacé par des dialogues bien plats.
On referme ce livre en disant : « au fond qu'ai-je lu ? » Oui, le fond, c'est bien ce qui manque le plus à cet ouvrage simple récit en mal d'une âme plus forte et d'un esprit plus clair.