Daniel Picouly a ciblé, dans ce livre sorti à la rentrée littéraire de 2020, son amour pour
Marcel Proust. Celui dans lequel il est tombé une fois adolescent. J'ai parfaitement compris l'ambition qu'il y avait derrière ce titre, et la raison pour laquelle il me tentait depuis si longtemps : comment faire pour (sur)vivre dans u
ne cité quand on aime si fort
Marcel Proust, aux antipodes de ce milieu ? Certes, il y a une part importante de cliché au sein de cette interrogation pourtant bien réelle et compréhensible. Regardez le milieu défavorisé et l'univers proustien (nous parlons bien de celui d'À
La Recherche du Temps Perdu), vous verrez bien à quel point ils sont séparés. D'un côté la galère, le manque, le contentement, le populaire, la pauvreté aussi parfois. de l'autre côté, le luxe, la bourgeoisie, l'aristocratie, l'intérieur, les phénomènes sociaux inconnus et inaccessibles… Lorsque l'on lit
Marcel Proust, nous
ne comprenons pas forcément tout instantanément – tant dans les mots que dans les phénomènes. C'est surtout le cas lorsque le lecteur se fait jeune : il faut avoir quelque peu vécu la vie et la mort pour comprendre
La Recherche. J'ai apprécié la tentative de l'auteur d'avoir fait une sorte de transposition de la Recherche, de façon assez vulgaire et cachée, au sein de ce milieu défavorisé, et d'en exprimer une lecture plus ouverte. Pour le coup, il y a pléthore de références à l'univers proustien, évidemment : des personnages réels prenant le nom de ceux de la Recherche, la mention de grands épisodes, de grands lieux… Mais souvent, je n'ai trouvé qu'une très large maigreur de promiscuité avec l'oeuvre titanesque que représente
La Recherche. A mes yeux,
Proust n'était qu'un tremplin pour vanter sa propre histoire, et je n'ai pas trop apprécié ce fait ; il y avait comme un effet de dégradation. Alors oui, je sais que je ne lisais ici non pas
Proust mais
Picouly, que les deux sont tout à fait différents, mais je pense que quand on dispose une oeuvre aussi énorme que celle-ci au sein de son roman, la faire seulement raisonner avec sa propre histoire était un petit peu irréel. Surtout que si cela avait été bien fait, en entier et non seulement par moments comme ici, cela aurait pu être très bien. Pour avoir lu toute
La Recherche, je peux tout autant dire que les parallèles étaient tout de même assez maigres, rares et répétitifs (comme toujours les mêmes figures reviennent, que certaines absolument indispensables disparaissent, et j'en passe).
Je pense que ce roman aurait pu tout à fait être bon. Très bon, même, si seulement il avait été bien réalisé. Ici, nous trouvons l'histoire personnelle de l'auteur qui prend toute la place par un tremplin assez monstrueux :
La Recherche de
Proust. Pour avoir lu toute cette dernière, je peux exprimer la maigreur du parallèle entre les oeuvres. J'ai pu tout comprendre…mais ça n'a pas fonctionné. {13}
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