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EAN : 9782756401768
319 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (01/01/2009)
4/5   1 notes
Résumé :
Jeanne de France
A partir de documents souvent inédits, Henri Pigaillem raconte la vie tourmentée et passionnante d'une reine injustement méconnue qui fut, en réalité, une femme volontaire et dévouée. Sœur de Charles VIII et d'Anne de Beaujeu, elle naquit contrefaite et fut, dès son enfance, éloignée de la Cour par son père, Louis XI. Celui-ci finit par la marier au futur Louis XII. Sans enfant, le souverain décida, dès son accession au trône, d... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le dévouement de Jeanne.

Le comte d'Angoulême reste fidèle à son cousin germain Louis d'Orléans. Il apprend que le duc a encouru la disgrâce du roi et envoie deux de ses gentilshommes supplier Charles VIII de lui rendre la liberté. [ . . . ]
Comme le comte d'Angoulême est en grande faveur auprès du roi, Anne de Beaujeu, craignant qu'il ne parvienne à vaincre ses résistances, et peut-être aussi qu'il essaye de gagner le gouverneur du château où Louis est enfermé, ne veut pas le laisser plus longtemps dans la prison de Sablé. Elle le fait conduire à Lusignan et ordonne qu'il soit désormais privé se ses serviteurs. On lui permet seulement de garder son médecin, Salomon de Bombelles.
En apprenant le sort de son époux, Jeanne sollicite la permission d'aller lui rendre visite. Elle arrive à Lusignan, escortée de Louis de La Palud, " écuyer d'esprit assez délié ". En reconnaissant la voix de la princesse, Louis ne daigne pas se soulever de sa couche et lui lance . " Madame, laissez-moi mourir en paix, n'insultez pas un malheur dont vous êtes seule la cause. Il est vrai que vous avez trop sujet de me haïr ; et je ne me plains pas de tout ce que je souffre. Mais de grâce, ne venez pas ajouter à mes maux par un faux-semblant de commisération et de pitié. " Jeanne lui répond : " Dieu m'est témoin qu'au lieu d'avoir occasionné cette nouvelle disgrâce, j'ai tout fait pour la prévenir ; et s'il ne fallait que ma vie pour vous rendre la liberté, je la sacrifierai avec joie. Dans l'impuissance où je suis de vous procurer ce bienfait, souffrez au moins que je partage votre sort. Je serais trop heureuse de passer le reste de mes jours à vous servir dans ce cachot. " Dûment chapitré par des serviteurs fidèles qui lui représentent qu'il se perd en traitant ainsi la sœur de Charles VIII, le duc se montre un peu plus aimable avec sa femme et accepte de partager quelque temps avec elle sa chambre de prisonnier.
On se demande quelle peut être la nature des sentiments de Jeanne à l'égard de Louis, quand on voit la constance, la délicatesse, l'attachement qu'elle lui témoigne. Pour pouvoir le servir comme il se doit, et pour plaider sa cause auprès des Beaujeu et du roi, elle abandonne un moment ses résidences du Blésois pour la Touraine, et reste particulièrement longtemps à Plessis-lès-Tours. Elle insiste tant pour que l'on transfère Louis dans son Berry familier que Charles VIII finit par accepter. Au mois de juillet 1489, après un an de séjour à Lusignan, le duc fait donc route sous bonne garde, puis on l'enferme à Mehun-sur-Yèvre, où, près de trente ans plus tôt, Charles VII s'est laissé mourir de faim. Jeanne accourt et partage son cachot pendant plusieurs jours.
Elle fait preuve d'un dévouement hors du commun avec celui qui l'a délaissée. Elle dit à Salomon de Bombelles : " Ne croyez-vous pas que je fasse tout ce que je peux et tout ce que je dois ? " Il répond que le duc d'Orléans l'en aimera davantage. Pour améliorer le confort de sa cellule et y mettre quelques meubles de prix, Jeanne va jusqu'à vendre ce qu'elle a de plus précieux, plus particulièrement sa vaisselle d'argent et ses bijoux. Elle ne se contente pas de cela. Bien qu'elle connaisse tous les torts du captif et qu'elle n'ait pas sujet d'espérer qu'un nouvel acte de clémence le ramènera pour toujours au devoir, elle demande encore sa liberté et importune sans cesse non seulement le roi, mais sa sœur, qu'elle sait être la plus acharnée contre lui. Mais la régente tient trop à conserver le pouvoir pour céder à ses prières. Le roi a déjà tenté de s'affranchir de sa domination et a parfois laissé voir une inclination marquée pour le duc d'Orléans. C'est plus qu'il n'en faut pour faire ombrage à la régente et la rendre sourde aux pressantes sollicitations de sa sœur.
[ . . . ]
Anne de Beaujeu, toujours défiante, envisage à présent de faire transférer Louis dans un lieu qu'elle juge plus sûr. Peu de temps après son arrivée à Mehun, le duc est ainsi conduit à la Grosse Tour de Bourges. Cette tour reste célèbre dans l'histoire pour sa structure et la qualité des personnages qui y ont été détenus : Jacques de Bourbon, comte de La Marche, en 1411 ; le cardinal Jean La Balue, en 1469 ; le duc de Milan, Ludovic Sforza, surnommé le More, en 1500 ; le cardinal Ascagne-Marie Sforza, frère du précédent, au mois de juillet de la même année ; Guillaume Poyot, chancelier de France, en 1542.
Cette Grosse Tour, bâtie par Philippe Auguste et située à l'angle sud de la muraille gallo-romaine, vers le point le plus accessible, a longtemps été l'effroi de la ville, qu'elle domine de ses créneaux. À partir du rez-de-chaussée, elle a environ trente-trois mètres de hauteur, et la basse-fosse enfonce encore de près de sept mètres. On y descend par une échelle au moyen d'une ouverture pratiquée dans la voûte, et on monte à la plate-forme par un escalier de cent soixante-neuf marches. Les murailles, construites en grandes pierres d'appareil taillées en pointe de diamant, ont six mètres d'épaisseur à la base et quatre mètres au sommet. Une large courtine, flanquée de cinq tours, l'environne de tous côtés, et on y pénètre de la ville par une de ces petites tours, en face de la rue Moyenne.
Les habitants de Bourges reçoivent l'ordre de meubler deux chambres pour Louis d'Orléans. Cet ameublement est modeste, car, à cette date, il n'est question dans les comptes de la ville que de courtines de serge et de vaisselle d'étain.
Dans la Grosse Tour, comme au château de Lusignan, le prince ne peut retenir auprès de lui que Salomon de Bombelles, son médecin.
[ . . . ]
Si son époux ne lui garde pas une reconnaissance particulière de ce dévouement, il en restera cependant impressionné. Il avouera plus tard à Georges d'Amboise, alors son conseiller : " Ce qui me met au désespoir, c'est que je n'ai point de raison ; je me hais moi-même de haïr une personne qui m'a toujours constamment aimé et qui a fait pour moi des choses qui auraient touché tout autre cœur que le mien. " " Quelle bonté de femme ! écrit d'ailleurs Brantôme. Et là-dessus croyez si elle n'estoit pas bien au vray sa femme et tres-bien cognue, en importunant tous les jours le roy son frere, dont il en fut blasmé de mescognoissance lorsqu'il la répudia, et sa sœur qui répugnoit tant qu'elle pouvoit. "


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Dans les draps de l'histoire de Henri Pigaillem aux éditions Télémaque
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