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Pour moi ce livre est merveilleusement écrit pourtant cela aurait pu être très sombre étant donné le thème abordé.

Mais comme il est dit :
"On n'entre pas impunément dans la mémoire des tsiganes ... Mais c'est d'un pas léger que Paola Pigani y pénètre pour faire entendre leur parole et leur fierté".

Le maître mot de ce livre est Liberté, et celle-ci est présente à chaque instant, son souffle y est incontestablement autour du feu, des roulottes, des chevaux, des enfants, des hommes qui font de la musique, des femmes qui dansent et même conservée précieusement dans les mémoires pour résister à l'enfermement.

C'est plein de pudeur, de tristesse, d'attente, de résignation parfois, mais surtout de courage, d'espoir et de ce je ne sais quoi qui vous insuffle un air de liberté extraordinaire.
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Quand il m'arrive de manquer de références de livres à lire (je plaisante bien sûr !!!), je fréquente les cafés littéraires...

C'est comme ça que j'ai récupéré celui de Paola PIGANI : "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures".

Je dois bien l'avouer, j'ai totalement fait confiance aux lectrices qui ne tarissaient pas d'éloge pour ce livre, en ignorant même jusqu'au sujet.

Et là, surprise ! Quand ce n'est pas moi qui cherche les romans historiques, ils viennent à moi !

Nous sommes dans la région d'Angoulême en novembre 1940. L'ordre est donné par la Feldkommandantur aux sans domicile fixe de rejoindre le camp des Alliés. Alba a 14 ans à l'époque. Sa famille, comme de nombreuses autres, va devoir s'y installer. La sédentarisation devient la règle, les roulottes doivent être mises au rebut et les chevaux vendus. Même le feu est interdit. Pour combien de temps ?

C'est un magnifique roman sur les Tziganes, leurs modes de vie, leurs rites, leurs traditions, leur relation fusionnelle avec Dame Nature, source de richesses. Il retrace cette soif de liberté que seul le mouvement peut assouvir. Il met en valeur la place des femmes parfaitement incarnée par le personnage d'Alba, et plus encore par Rita, cette vieille femme qui fait obéir l'ensemble du clan, hommes, enfants, tous s'y soumettent. Ce roman m'a fait penser à "Grâce et dénuement" d'Alice FERNEY dans cette approche ô combien respectueuse des Tziganes et de leur condition.

C'est aussi un roman qui a le mérite de relater, une nouvelle fois, une page de l'Histoire négligée par les programmes scolaires. Ce roman est écrit sur la base des témoignages d'Alexienne Winsterstein qui a inspiré le personnage d'Alba. 350 Tziganes furent internés au camp des Alliés entre 1940 et 1946. Il s'agit du dernier camp d'internement libéré sur la trentaine qui a existé en France occupée. Au total, ils ont accueilli 6500 hommes, femmes et enfants.

Il traduit le désarroi de ces familles contraintes de se regrouper et de renoncer à leur existence passée :

"Durant la toute dernière partie du voyage, ils avancent hébétés comme si on leur avait intimé l'ordre de marcher sur l'eau. de fait, c'est une horde de noyés qui franchit le portail du camp des Alliés ce jour de novembre 1940." P. 37

Il s'attache à décrire leurs conditions de vie. Nous sommes en temps de guerre. La misère, la faim, le froid... guident leurs moindres faits et gestes.

J'ai été bouleversée par cette scène des fêtes de Noël. Une parenthèse avec des femmes belles, lavées, des enfants gâtés avec des sucettes de caramel réalisées dans des cuillères à café, et puis ce spectacle d'ombres chinoises donné par Louis, le père d'Alba. Un très beau moment de fraternité.

Ce roman met le doigt sur le choc des cultures qu'exacerbe ce type de structures. Comme souvent, il y a les dominés et les dominants. Pour les premiers, il s'agit d'imposer à ce peuple une manière d'être, de vivre...

"Le camp d'internement se veut être un camp d'éducation où tout le monde doit oublier son mode de vie antérieur, apprendre les joies de la sédentarisation, le plaisir de vivre dans les ersatz de maisons qui se putréfient sur des sols froids et humides, traversés de toutes sortes de rongeurs et d'insectes nocifs, le plaisir d'être coupés de la bienfaisance des arbres, du vent et de la lune." P. 61-62

Pour les dominés, il y a la force irrépressible des origines, des valeurs, des codes, des références, et les déchirements qu'occasionnent l'abandon de ce qui donnait un sens à leur vie, à l'image de leurs animaux...

"Leurs chevaux sont leurs ailes, leur puissance, leur signe extérieur de richesse." P. 55

Je fais partie de celles et ceux qui pensent que les livres peuvent nous permettre d'évoluer dans notre relation à l'Autre. Dans le contexte actuel d'afflux de migrants en Europe et plus près de nous, en France, le roman de Paola PIGANI donne indéniablement un éclairage tout particulier sur les écueils de certaines modalités d'intégration. Essayons de ne pas les renouveler !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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un bel hommage au peuple tsigane, sa liberté enchaînée dans les camps pendant la 2e guerre mondiale, avec une écriture tout en délicatesse et en poésie. Hymne à la différence et à la tolérance de l'autre.Témoignage nécessaire pour apporter un éclairage historique et romancé sur des événements historiques et un peuple souvent méconnus.
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N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures Paola Pigani

C'est un roman sur un sujet grave l'internement des Manouches au camps des Alliers en Charente, pendant la seconde guerre mondiale.
L'auteure raconte de façon romancée l'histoire d'une Manouche qu'elle a connu et qui a été interné dans ce camp.
La jeune Alba entre dans ce camp encore enfant, 14 ans, et n'en ressortira que 6 ans plus tard. Elle verra dépérir et mourir des êtres chers mais elle y trouvera aussi l'amour.
C'est un beau roman sur une page sombre et méconnue de notre histoire, je savais que les Tsiganes avaient été déporté en Allemagne, mais je ne savais pas qu'ils avaient été interné aussi en France.
Dans ce roman on passe du sourire aux larmes. La souffrance de ces pauvres gens est palpable, même si ils ne sont pas victimes de sévices, comme ont pu l’être les déportés dans les camps de concentration. Ils sont mal nourri, logés dans des conditions déplorables et les autorités françaises leur ont tout pris du peu qu'ils possédaient, chevaux, mules et surtout roulottes. Et beaucoup mourront de ces mauvaises conditions de vie.
Pourtant il y a de l'espoir, Alba continue à avancer pour son petit frère dont elle prend soin et ensuite pour son premier enfant et son amour.
Plus d'un an après la Libération ils seront relâchés et renvoyés sur les routes totalement démunis.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire. C'est rempli d'humanité, d'espoir et on apprend beaucoup sur ces gens pour qui la liberté de voyager, de bouger même si parfois ils ne vont pas très loin est la chose la plus précieuse qui puise exister.

c'est vraiment un texte à lire.

Challenge abc 2014/2015
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Quelle belle écriture pour nous emmener sans nos chaussures dans cette histoire en forme de devoir de mémoire.

Merci à l'auteure d'avoir ainsi mis en lumière l'internement des manouches lors de la seconde guerre mondiale. Ces personnages sont si forts et si faibles à la fois, traités comme des moins que rien et privés de tout...J'ai honte de ce que l'homme est capable de faire à ses semblables...

Et dire que l'histoire ne fait que se répéter...aujourd'hui ce sont les réfugiés qui se retrouvent ainsi...

Un livre à lire pour la beauté de son écriture, pour le devoir de mémoire, pour ne pas oublier.
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J'ai lu ce roman, inspiré d'une histoire vraie, il y a quelques temps mais j'en garde un vif souvenir.
J'ai l'habitude de lire des ouvrages sur la seconde guerre mondiale, mais j'ignorais que les gens du voyage avaient eu aussi été parqués dans des camps à part des autres, et qu'ils avaient interdiction de voyager pendant la guerre.
Ce roman est très touchant, j'ai été captivé par l'histoire et j'ai beaucoup aimé le personnage d'Alba.
C'est vraiment un très bon livre, à qui je mets avec plaisir 5 étoiles, et qui ne s'oublie pas de sitôt.
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La Kommandantur l'avait demandé : plus aucun nomade sur les routes...verboten ! Kontrol Bitte !!...
Alors du préfet au simple gendarme,tout le monde a obéi...La grande Histoire de la France, est parfois, voire souvent, faite de turpitudes des hommes au pouvoir. L'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, de la collaboration, nous le confirme.
Une bassesse de plus de ce régime nous est dévoilée avec ce roman de Paola Pigani.
On est bien loin, avec de nouveau titre, de la poésie "Des orties et des hommes", roman qui m'avait permis de faire connaissance avec l'auteure.
Mais là encore j'ai pu apprécier le réalisme de cette auteure.
Pétain et son régime ont donc fait enfermer dans des camps, ces amoureux de la liberté, que sont les gitans, les manouches, les romanichels...Oui ces voleurs de poules, ces gens sales et ignares, sans domiciles fixes, à leurs yeux, étaient dangereux et devaient de ce fait être écartés, regroupés et mis à la disposition des autorités allemandes, qui pouvaient à discrétion puiser dans cette main d'oeuvre disponible pour son Service du Travail Obligatoire : le sinistre STO
"En période de guerre, la circulation des nomades, individus errant généralement sans domicile, ni patrie, ni profession effective, constitue, pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté", disait le décret du 6 Avril 1940 qui leur imposait de se rendre dans les commissariats ou gendarmeries .
Il fallait à tout prix casser ces voleurs de poules vivant dans des roulottes, casser ce qui faisait leur personnalité, leur amour de la liberté. Alors on les a regroupés dans les baraques ouvertes aux quatre vents en supportant la proximité d'autres familles, eux qui aimaient leur espace clos, mais petit qu'étaient leur roulotte. On les a dépossédés de leurs papiers d'identité, de leurs roulottes et de leurs chevaux, on leur a fait bouffer des soupes infâmes...Il fallait à tout prix leur faire perdre ce qui faisait leur vie, leur culture, leur âme. Casser l'unité et la force du groupe!
Là dans ces camps, dont personne ne parle, dans le camp des Alliers proche d'Angoulême, dans cette Charente qu'affectionne Paola Pigani, dans cette honte, ces amoureux de la liberté sans patrie pour le législateur eurent faim, eurent froid, ont vécu dans la crasse, la promiscuité. Leurs chevaux qui broutaient à l'extérieur eurent faim, leurs dépouilles furent emportées par l'équarrisseur, les roulottes servirent pour faire du feu ou pourrirent.
Les femmes vendirent quelques paniers d'osier afin d'améliorer l'ordinaire, et les hommes furent recrutés par la Kommandantur pour effectuer des travaux pénibles payés au lance-pierre.
C'est Alba, adolescente de 14 ans qui nous conte cette histoire. Elle vivra six ans dans ces sinistres baraquements, bien au delà de la fin de la guerre, bien au delà du départ des armées allemandes...le Gouvernement de la Libération avait sans doute d'autres chats à fouetter....la libération n'avait pas la même valeur selon les origines...Sinistre réalité.
Dans ce camp, ils s'aimèrent malgré tout et surtout purent survivre grâce à la solidarité du groupe.
Et quand il fallut repartir sur les routes, leur âme connaissait le chemin de leur liberté, leur débrouillardise sut reconstruire des roulottes.
Afin d'écrire ce roman, Paola Pigani rencontra la vieille femme qui lui inspira le personnage d'Alba, qui lui conta ce passé trouble et méconnu. Cette souffrance jamais oubliée.
Merci pour cette découverte d'une partie de notre Histoire oubliée...par honte sans doute
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Au printemps 1940, la Prefecture de Charente décide de parquer les tziganes dans un camp: le camp des Alliers. Ils sont obligés de laisser leur cheval et leur roulotte, eux qui sont profondément ancrés dans la terre, sont arrachés à leurs racines...
Histoire poignante peu connue du grand public qui nous fait découvrir d'un peu plus près ces "gens du voyage" et leurs croyances et coutumes. Belle oeuvre.
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Le 6 avril 1940 le gouvernement français de la 3ème République décrète :
« La circulation des nomades est interdite sur la totalité du territoire. « Les nomades, c'est-à-dire toutes personnes réputées telles dans les conditions prévues à l'article 3 de la loi du 16 juillet 1912*, sont astreints à se présenter sous les quinze jours qui suivent la publication du présent décret, à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de police le plus voisin du lieu où ils se trouvent. Il leur sera enjoint de se rendre dans une localité où ils seront tenus à résider sous surveillance de la police. Cette localité sera fixée pour chaque département par arrêté du Préfet ».
Le rapport relatif à ce décret précisait :
« En période de guerre, la circulation des nomades, individus errant généralement sans domicile, ni patrie, ni profession effective, constitue, pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté ».

C'est ainsi que furent regroupés et assignés à résidence surveillée par la gendarmerie à Aubeterre et Villefagnan, les tsiganes du département de la Charente.

Précédemment, en juillet 1938, le Préfet ordonnait la création d'un camp, aux Alliers sur la commune d'Angoulême. Un an plus tard, en juillet 1939, il servait à interner 800 réfugiés Espagnols chassés de leur pays. Ils furent victimes d'une tragédie de l'histoire avec leur déportation à Mauthausen en août 1940.

Dès septembre 1940, une soixantaine de tsiganes, évacués de Lorraine, avaient été regroupés et internés par familles entières au camp des Alliers.

En octobre 1940, la Kommandantur d'Angoulême exigera du Préfet qu'il rassemble tous les tsiganes de Charente ainsi que ceux de Charente Maritime, sous l'encadrement et la surveillance de la police française. Ils rejoignirent ainsi les tsiganes de Lorraine dans ce camp.

Ce n'est qu'en 1946, qu'ielles purent retrouver la liberté.

Pas moins de 6500 hommes, femmes et enfants ont connu le même sort dans une trentaine de camp d'internement français. le camp des Alliers fut le dernier camp a être libéré. Aucune indemnisation ne leur a été versée pour le temps de leur internement alors qu'ils avaient tout perdu.
On ne connaît pas exactement le nombre de tziganes tués au cours de la Shoah. Les historiens estiment que les nazis et leurs alliés auraient exterminé de 25 à 50 % de tous les tsiganes européens.
Qui s'en souvient ?
Merci à Paola Pigani d'avoir retrouvé leurs visages, d'avoir porter le souffle de leur Âme jusqu'à nous.
Livre bouleversant.

Astrid Shriqui Garain

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Un seul regret pour ce livre : avoir tourné la dernière page ... mais il reste toujours la possibilité de le relire !

La rencontre avec Alba nous fait rencontrer, en fait , tout un peuple, toute une culture au travers de ces six années d'enfermement et d'adversité. Une foule de sentiments vous envahira à la lecture de ces jours, mois, années passés derrière des grilles dans la plus grande misère.
Mais tout autant que le récit qui permet d'ouvrir les yeux sur des faits oubliés , c'est l'écriture et le style de Paola Pigani qui vont vous emporter et vous envoûter tout au long de ces pages, une émotion émane des mots comme elle émane des faits.

Une magnifique lecture pour une leçon d'histoire. Un livre à lire absolument...
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