On a déjà établi précédemment que **
Bret Easton Ellis** était le meilleur dans sa catégorie. Tous ses bouquins (ou presque, parce que oui, je n'aime pas tout, de BEE, je blasphème, je souffre, argh...) sont des chefs-d'oeuvre instantanés et justement, ne cessent de poursuivre un unique objectif: le laisser en haut de sa catégorie, c'est-à-dire, toujours décrire avec plus de justesse une génération perdue, choisissant toujours le chemin conduisant au cul-de-sac et préférant sempiternellement la fuite, une solution de facilité comme une autre à laquelle on peut accéder par la drogue (par exemple).
On savait que **
Beigbeder** était un grand fan. Tentant de reproduire son oeuvre à l'écrit comme dans sa vie mondaine, Frédo a brillé par son échec mais a, au détour d'une défaite, découvert que son semblant de style pouvait être drôle et avoir un échantillon de succès. C'est pour ça qu'il reste, à mes yeux, un bonhomme assez sympathique. En revanche, on a avec **
Lolita Pille** un numéro bien différent. J'avais de vagues souvenirs d'adolescence du film *
Hell*, qui m'avait je crois un peu chamboulé. En voyant donc le bouquin sur un rayon caché d'une librairie non moins cachée, je me suis dit qu'il serait criminel envers moi-même de ne pas tenter l'expérience... Surtout que depuis, il y a eu **Ellis**.
Je m'étais déjà préparé à vous faire l'éloge de ce bouquin, en y glissant quelque phrase-choc, mais il n'en sera rien. Car *
Hell* est à mon sens une bouillie infecte, un calvaire gréco-tragique que je me suis imposé pour simple vérification de mon courage, de mon abnégation et mon dévouement envers le genre humain sous toutes ses coutures. Franchement, quelle horreur. Déjà, partons sde la constatation la moins élaborée mais pourtant la plus frappante: on se fait chier comme un rat mort avec ce bouquin qui est pourtant relativement court (150 pages tout au plus). C'est assez impressionnant, et cela défie même la logique: comment compiler autant de baillements, de soupirs d'ennui, de paupières lourdes dans une centaine de pages? J'ai quelques éléments de réponse. Ce bouquin est tout d'abord aussi fin qu'une poutre.
Hell est une connasse, comme elle se plait à nous le rappeler toutes les deux pages, vit dans la superficialité la plus totale, etc... Ceci est en soi déjà très agaçant. C'est peut-être fait exprès, mais cela parait si vain et si futile que même le propos final du bouquin ne vous fera ni chaud ni froid. On se branle de ce qui arrive à
Hell et Andrea. On est complètement indifférent face à leurs péripérties destinées à finir mal. Et du coup, l'espèce de prise de conscience par flash, ces éclairs de lucidité dont
Hell est victime sont juste à mourir de rire. Ce procédé est si grossier, si peu nuancé que c'est réellement rageant de lire **
Lolita Pille**.
En gros, les personnages ne sont pas attachants. On se branle des personnages. L'intrigue est inexistante et futile. On se branle de l'intrigue. le propos est grossier et agaçant. On se branle du propos. le style de l'auteur est pompeux et tout le bouquin est écrit avec des moufles, même si l'on peut relever ici ou là quelques jolies phrases. Mais globalement, on s'en branle aussi.
Alors je n'aime pas descendre gratuitement un livre que je n'ai pas apprécié, mais là, je ne vois pas vraiment ce qu'il y a à sauver, même si, comme je le répète à chaque fois, je peux concevoir que certains apprécient, je n'imagine simplement pas les raisons derrière un geste aussi sacrificiel.
Vous l'aurez compris, je vous recommande chaudement de ne pas toucher à *
Hell*, parce que ce n'est pas cool, mais alors vraiment pas cool. **
Lolita Pille**, je suis navré de te livrer une critique aussi définitive, tu as peut-être fait de belles choses depuis! Mais là, nan, nan et nan. Donc lecteurs, si vous ne connaissez pas **
Bret Easton Ellis**, jetez-vous sur *
Les Lois de l'Attraction*, par exemple. Et débarrassez-vous de *
Hell*. Ceux qui ont déjà lu **Ellis**, eh bien contentez-vous de vous débarrasser de *
Hell*.