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EAN : 9782234087552
256 pages
Stock (20/03/2019)
3.13/5   41 notes
Résumé :
Il fait si chaud à Paris l'après-midi du 29 août 2014. Eléna Filleul, ancienne joueuse de tennis, va chercher son fiancé Ismaël Chèvreloup à la gare de Lyon. Plus tôt, Eléna a vu ses amies de lycée. Elles se sont remémoré leur adolescence, le rôle joué par la famille Chèvreloup, et tout particulièrement celui de Catherine, figure emblématique pour ce groupe. Au cours de cette journée qui aurait pu ressembler à toutes les autres, Eléna se confronte aux fantômes et au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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« le problème était dans mon caractère. J'aimais jouer, j'aimais la victoire, mais j'y mettais peu d'âme, peu de coeur. Quand j'ai, en rêve, à me défendre devant un juge du meurtre de mes possibilités, comme d'un infanticide, l'angoisse m'émiette le visage, car je cherche un argument pour me justifier, et… rien. J'étais libre. Voilà mon histoire dont voici la conclusion ironique. Favorisée comme je l'étais, si j'avais réussi, je ne l'aurais pas dû à mes seuls mérites, par contre, je peux me glorifier de devoir mon échec à ma propre inconsistance. »
Page 19.

Je ne pourrai pas dire mieux sur ce livre dont voici un extrait qui dès la page 19 vous indique dans quel nombril vous êtes tombé.
D'emblée, l'auteure, la narratrice, les deux en fusion, vous indique le la du diapason. Je, je, je j', j', je, j' et j' et je et j' et je, m', mon, mes, me , ma, me, j'…, 6 lignes et 20 déterminants (pronoms personnels, possessifs, adjectifs possessifs, etc…) à la première personne du singulier (si j'ai bien compté).
Nous avons donc ici la quintessence du roman. Mme le personnage (l'auteure) s'examine et nous tartine ce qu'elle voit.
Donc elle nous tartine qu'elle a échoué et que c'était de sa faute… NON, non, de son absence de volonté. Son inconsistance. C'est elle qui le dit.
Le mot est magnifiquement adapté au roman : inconsistant.
Mais franchement qu'est-ce qu'on en a faire de ces gamines qui s'examinent leur nombril.
Ah oui, il parait qu'elles écrivent dans un langage moderne, rapide. Rapide, certes, car comment s'attarder sur autant d'inconsistance (ce n'est pas moi qui le dit) et autant d'insignifiance, autant de vide. En effet, parler du vide, ca peut être vite fait.
Ensuite, les dialogues, pour remplir, on fait des dialogues, insipides, on ne sait plus qui parle ou ne parle pas. Et puis, les dialogues, c'est pratique. Ils autorisent un irrespect absolu et complet de la langue. Les négations, je les nie, les temps des verbes, je m'en tamponne, la ponctuation, non mais quoi encore, et la richesse lexicale mais c kesako !
Mais c'est moderne.
Non abandonné mais lu en quatrième vitesse, car furieuse envie de me replonger dans du consistant.
Je veux également dire que, les petits soucis d'enfants gâtés d'un auteur, ne m'importent pas, quand je lis un roman, c'est-à-dire une oeuvre, l'oeuvre d'un artiste. Un artiste qui par son art transcende une réalité universelle.
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Si Proust avait été encore vivant, jamais je n'aurais osé écrire cette chronique. La pensée même qu'il aurait pu la lire au hasard d'Instagram m'aurait horrifiée. Car depuis son Contre Sainte-Beuve, plus personne ne se risque à penser qu'une oeuvre est le reflet de la vie d'un écrivain.

Mais voilà, la tentation est trop forte. Quand on sait que Lolita Pille a été célébrée (et chahutée) à 17 ans comme un véritable prodige après le succès fracassant de son roman Hell, comment de ne pas voir dans son dernier livre une métaphore de son propre destin ? Elena et les joueuses raconte une journée dans la vie d'Elena, ex-prodige du tennis, qui a stoppé net sa carrière avant même qu'elle n'ait décollé.

“Quand j'ai renoncé, […] j'étais classée en dessous des trois cents […]. C'est ma faute… je hais la douleur. Jamais j'ai réussi à aimer en elle le moyen d'une plus grande perfection. Je m'esquive en général à son approche. Mais si j'avais eu assez de dureté et de vision pour me hâter à sa rencontre, la prendre à bras le corps et lui rendre son baiser au centuple, je serais peut-être, au moment où je te parle, en train d'affronter Serena Williams […]. Ou pas”.

Le roman raconte une journée de la vie d'Elena, longtemps après cette carrière manquée. Ce 24 août 2014, elle déambule dans Paris ; le matin même elle a vu ses copines de lycée, un peu après elle ira chercher son amoureux à la gare de Lyon. C'est l'occasion pour elle de se confronter aux dieux de sa jeunesse, qui comme de véritables janus révèlent un visage parfois tout à fait démoniaque.

Cette déambulation prend l'allure d'une tournée des enfers. Lolita Pille décrit un monde vidé de ses dieux, où les êtres humains prennent des masques trompeurs, où la vérité est toujours cachée par des apparences fallacieuses. L'enfer, thème de prédilection de Lolita Pille ?

Malgré cette similarité, ce roman n'est pas le simple pendant de Hell. La dénonciation fougueuse a laissé place à une vision singulière, le cri a pris du style et laisse parfois deviner un chant. Sous le monde moderne, on perçoit les reflets chatoyants du classicisme. La transposition littéraire est bien là. Proust peut dormir tranquille.

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Ceci est un droit de réponse de l'autrice au commentaire diffamatoire signé Asai.
Madame. Votre contresens au sujet de mon roman est total. Face à une telle méprise, je ne peux que rêver de l'intervention d'anges capables de présenter à votre conscience aveuglée par les préjugés la juste image du texte et du geste que vous croyez bon de salir. Comment pouvez-vous laisser entendre que je me "tamponne" du temps des verbes? Sachez que, tout au contraire, c'est pour moi une question de vie ou de mort.
Le mystère de la discorde entre deux amies élévées ensemble. La disparition de l'une d'entre elles. Les liens de dépendance et de fascination qui unissent une orpheline à la grande famille qui l'a recueillie dans des circonstances opaques. le traumatisme d'un inceste. La tentation de la religion. Barbès qui s'embrase après l'assassinat d'un jeune homme noir par des policiers. Les fleurs de la fin août qui s'étiolent, le passage des heures, la fin de la jeunesse. Tout cela était dans Eléna et les joueuses. Si vous lui aviez accordé l'unique chose que réclame la littérature, sa substance vitale, l'attention, peut-être auriez-vous retiré de cette lecture des sentiments meilleurs.
Simone Weil a écrit : «  L'attention extrême est ce qui constitue dans l'homme la faculté créatrice."
Malheureusement, la faculté créatrice ne peut vivre sans la faculté réceptrice. Une même « attention extrême » doit émaner du lecteur. La personne qui reçoit les nuances émises par le génie de Proust est un génie soi-même. le « vide » ou le «  néant » imputé à une personne ou à un objet est souvent une projection du sujet : l'effet même de l'inattention.
Ce livre est le fruit d'années de travail minutieux. Soyez sûre qu'il ne me rapportera pas un sou. C'est sur la vulnérabilité que vous tapez avec tant d'allégresse, chère madame.
Mais une chose m'interpèle. Pourquoi ce pluriel soudain dans votre commentaire? Pourquoi destinez-vous ensuite vos flèches à «  ces gamines qui s'examinent le nombril? » de qui parlez-vous au juste?
A vous lire, il y aurait d'un côté des « gamines inconsistantes, insipides, insignifiantes, irrespectueuses, qui tartinent leurs soucis d'enfants gâtés, etc », et de l'autre « un Artiste qui transcende par son art (sic) une réalité universelle ».
Seriez-vous une misogyne? Pensez-vous qu'une « gamine » est incapable de transcender par son art … ( pardonnez-moi, je me suis endormie).
On suppose volontiers que le « je » d'une femme n'engage que son égo et sa vie alors que le « Je » d'un homme témoignerait naturellement de toute l'humanité et de tout l'univers.
Le sexisme ordinaire qui déborde de votre commentaire est tout ce que je combats : le déni de littérature fait aux femmes et particulièrement aux jeunes femmes depuis des siècles. Il y a deux manières de déposséder les femmes de leur littérature: en attribuer la « paternité » à un homme ou nier toute valeur à leur expérience, leur style, leur geste littéraire. Les assimiler systématiquement à des privilégiées pour invalider encore plus la signification de leur existence. Aller jusqu'à mettre en doute leur maîtrise de la langue. La ponctuation, vous croyez vraiment que c'est hors de notre portée? Que nous sommes si paresseuses que « hihihi! nous faisons des dialogues pour remplir la page ce sera moins fatigant »? Sérieusement?
Nous écrivons. Que nous les «  gamines » ou les ex gamines écrivions des livres ne revient pas à un amoindrissement de la langue et de la littérature comme vous le suggérez. Au contraire. Nos livres témoignent du monde, et ils témoignent de nous. « Il y a trop d'égo dans ton cosmos », disait Léonard Woolf à sa femme, Virginia. Depuis quatre millénaires, seuls des Egos d'hommes bien nés peuplent et parfument le Cosmos de la littérature. Je considère comme une très bonne chose qu'à présent nos égos de « gamines insignifiantes » répandent également leurs clartés.
Bien à vous
Lolita Pille
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Elena et les joueuses est un roman très surprenant. Classique et moderne à la fois, avec une histoire bien ficelée autour de divers personnages qui suscitent beaucoup de mystère.

La beauté de la langue est évidente, Lolita a une plume incroyable, riche et dense. C'est à la fois très recherché, imagé, poétique, émotionnel et littéraire. Les détracteurs diront que c'est "alambiqué", absolument pas ! C'est ce qui fait la magnificence de l'écriture, ces interminables phrases qui fourmillent.

« Il est privé, heureusement, des pouvoirs surhumains qui lui auraient permis de comprendre le sens de mes pleurs et de ma rougeur ; de mon mécontentement de moi, de mon besoin de lui ».
« La vérité, c'est que l'argent me brûle les mains… je cours m'en débarrasser par les moyens les plus vains ».
« le soir a froissé sur mes jambes sa tiédeur de feuilles mortes et j'ai vu qu'on s'était mis, sans le vouloir, à poursuivre le soleil. L'heure de manger sidérait les rues ».

Très vite, le suspense s'installe avec un mystère qui s'épaissit autour notamment de deux personnages, Elena et son passé mais aussi l'homme inconnu avec qui elle a été aperçu, et le personnage de Catherine. Que s'est il passé entre les deux femmes en Italie ? Qu'est devenue Catherine ? Pourquoi ne donne-t-elle aucun signe de vie ?
Ces questionnements nous tiennent en haleine.

J'ai beaucoup aimé le personnage d'Elena que j'ai trouvé très attachante et drôle dans ses répliques, parfois cocasse, et je me suis identifiée à elle sur pas mal de points, notamment les introspections, les dettes et les manières d'y remédier (ventes d'objets) mais aussi les convictions sur l'immortalité et la réincarnation.

En conclusion, il s'agit d'un roman exigeant, qu'il faut lire avec patience pour bien l'appréhender, servi par une plume ma-gi-strale ! Lorsque je parle de roman exigeant, je veux signifier qu'il faut, à mes yeux, aimer la littérature et avoir acquis une certaine maturité dans ses lectures pour y trouver du plaisir.
La fin nous laisse un peu sur…. notre faim, avec certaines interrogations au sujet de Catherine, mais Elena et les joueuses constitue le premier roman d'une trilogie. Il faudra donc attendre pour en savoir plus.
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Magnifique retour de la prometteuse Lolita Pille, qui n'en finit pas de bouleverser les codes, de surprendre le public et de déranger la critique française. Pour ce nouveau roman (Lolita Pille en a déjà publié trois autres, très différents et tous excellents), une très belle écriture, vive et dense, qui allie humour et poésie dans un Paris contemporain et gothique. Par rapport à ses précédents livres, le style est plus littéraire mais garde sa très forte originalité.
On découvre Éléna, ancienne joueuse de tennis déchue, et son groupe d'amies. Au début du roman, elles parlent de Catherine, l'idole de la bande, mystérieusement disparue, et des truanderies de sa famille mafieuse. Un peu comme dans les Vagues de Virgina Woolf, l'histoire se déploie entre présent et passé dans une chorale de voix, jusqu'à ce que l'apparition d'Ismaël, le frère de Catherine, précipite le choeur vers un chant plus tragique, plus passionné aussi. Une belle saga commence: à suivre!
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critiques presse (2)
LaPresse
01 juillet 2019
Entre autodérision et envolées furieusement lucides sur l'état du monde et la médiocrité de l'existence, le roman prend des accents tragiques enveloppés d'une atmosphère post-apocalyptique.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeFigaro
22 mars 2019
Lolita Pille n’a pas fini d’énerver: avec Eléna et les joueuses, elle prouve que son succès n’avait rien d’un accident.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Tu me fais penser à ces moustiques et ces sangsues qui sécrètent un anesthésique dans leur salive, sauf que tu te mords toi-même... Tu mords ta conscience, Eléna. Reconnais-le. Au moment où tu t’apprêtes à tricher tu diffuses dans ton cerveau un narcotique qui endort ta conscience pendant que ta volonté accomplit ses tricheries. Elle ne peut pas s’en empêcher. Mais toi, tu n’es pas au courant que tu as triché. Tu étais ailleurs ! Tu n’as rien fait ! D’où cette douleur dans ta voix, la grosse douleur de l’injustice... Car tu es de bonne foi... En ton âme et conscience, tu n’as pas, tu n’as jamais triché!
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Je respirais toujours aussi mal. La différence ne doit pas être si radicale entre le malheur et le bonheur. Ils se ressemblent dans notre coeur. Ils se passent et se repassent les mêmes séquences dans un ordre différent. Il y a autant d’espoir dans l’un que d’inquiétude dans l’autre.
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Je préfère pleurer par les rues, dans les bras de murs, que trahir une fragilité devant quelqu’un qui sait mon nom. J’ai honte de renfermer, comme du verre, ces fêlures mal visibles à la lumière, qui sont comme le journal des coups reçus, et qui finissent par exploser au moindre bruit. 
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J'étais libre. Voilà mon histoire dont voici la conclusion ironique. Favorisée comme je l'étais, si j'avais réussi, je ne l'aurais pas dû à mes seuls mérites, par contre, je peux me glorifier de devoir mon échec à ma propre inconsistance.
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 Il arrive que de radieux espoirs, d’un mot intercepté ou d’un bruit dans la rue, naissent en nous; vivent, le temps que quelqu’un monte un escalier, pousse une porte et montre un tout autre visage.
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Videos de Lolita Pille (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lolita Pille
Parler de la sexualité des jeunes garçons, on le fait avec humour, tandis que chez les filles, adresser le sujet sans sexualiser à l'excès n'a pas souvent été fait. En 2004, lorsqu'elle publie son premier roman "Hell", Lolita Pille est confrontée à un défoulement médiatique : si pour certains elle décrit habilement la jeunesse désabusée du début des années 2000, beaucoup s'accordent à la juger obscène, prolophobe et trop ouvertement sexuelle.
Discréditée dans les sphères littéraires de Saint-Germain-des-Près, elle revient aujourd'hui sur son adolescence et la parution de ce premier roman avec une autofiction féministe subtile dans les pas de Virginia Woolf : "Une féministe est n'importe quelle femme qui dit la vérité sur sa vie”.
"Une Adolescence" (Stock, 2022) fait le récit d'une jeunesse vécue à tâtons, où le désir bourgeonne avec difficulté contre la tempête d'une société misogyne.
Inspirée par Lolita Pille, Joy Majdalani livre de son côté "Le Goût des garçons" (Grasset, 2022), un roman sur la naissance du désir chez une adolescente de 13 ans, étudiante d'un collège catholique libanais.
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