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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Raconter, c'est penser à haute voix. Un ami est toujours habile à la maïeutique, il suscite en nous une réflexion honnête et objective ». (Francesco Alberoni)



« L'Apologie de Socrate » est considérée comme l'une des oeuvres les plus importantes de Platon et de la philosophie occidentale en général.



Platon était un philosophe grec de l'Antiquité, né en 427 av. J.-C. à Athènes. Il était l'un des disciples de Socrate et il est considéré comme l'un des fondateurs de la philosophie occidentale. Il a fondé l'Académie à Athènes, qui était la première institution d'enseignement supérieur de l'Antiquité. Il est connu pour ses dialogues, qui sont des textes de « fiction » dans lesquels les personnages discutent de questions philosophiques. Il a écrit plus de 30 dialogues, dont la plupart ont été conservés jusqu'à nos jours.



« L'Apologie de Socrate » offre une défense passionnée de la vie et de l'enseignement de Socrate, qui était accusé d'impiété, d'introduction de nouvelles divinités dans la cité, et de corruption de la jeunesse. Platon utilise l'occasion pour exposer la philosophie morale et politique de Socrate, mettant en avant sa croyance en la sagesse et en l'importance de la recherche de la vérité. L'un des aspects les plus remarquables de l'Apologie est la manière dont Platon utilise le dialogue pour défendre la position de Socrate. Il est écrit sous forme de dialogue, où Socrate répond aux accusations portées contre lui en argumentant avec ses accusateurs. Cela permet à Platon de montrer la force de la raison et de la logique de Socrate, ainsi que sa capacité à persuader les autres de sa position. (La maïeutique).



En outre, « l'Apologie de Socrate » est également remarquable pour la façon dont l'auteur défend l'idée de la sagesse et de la moralité en tant que valeurs suprêmes. Socrate soutient que la vie d'un homme moralement bon est la seule vie qui vaut la peine d'être vécue, et il met en avant l'importance de la recherche de la vérité et de la connaissance pour atteindre cet objectif.



Enfin, « l'Apologie de Socrate » est aussi important par la manière dont il aborde les questions de la justice et de l'État. Socrate soutient que la justice est la base de tout État stable et prospère, et il critique les institutions et les individus qui cherchent à s'enrichir aux dépens de la justice.



En somme, « l'Apologie de Socrate » est un texte complexe, riche, et fondamental - bien que contingent a priori - qui offre une dévaluation profonde de la vie, de la morale et de la politique de Socrate, un témoignage de la pensée de Platon/ Socrate, un classique de la philosophie occidentale qui continue à inspirer des générations de lecteurs à travers les siècles pour sa profondeur, sa complexité et sa pertinence.



Le dialogue qui suit immédiatement - « Criton » - dans la présente édition les événements de « l'Apologie de Socrate », où ce dernier vient d'être condamné à mort, est relatif à la visite de « Criton », son ami, qui lui rend visite avant sa mort.



Dans ce dialogue, Criton offre à Socrate la possibilité de s'échapper et de fuir la ville. Socrate réfute les arguments en faveur de cette possibilité et discute avec Criton de la question de savoir s'il est moralement justifié de violer les lois d'un État, même moralement injustes.



L'un des aspects les plus remarquables de « Criton » est la façon dont Platon utilise le dialogue pour explorer les questions morales et politiques soulevées par la condamnation de Socrate. Il met en avant l'importance de la conscience morale, de la responsabilité personnelle, et, surtout, de l'importance de la constance philosophique, en soulignant que chaque individu doit être prêt à affronter les conséquences de ses actions.



De plus, « Criton » est également essentiel pour la manière dont il aborde la question de la loyauté envers les lois et les institutions d'un État. Socrate soutient que les individus ont des devoirs envers l'État, mais qu'ils doivent par ailleurs être conscients de la justice et de l'injustice des lois et des institutions. Il critique l'idée selon laquelle les lois sont toujours justes, mais qu'elles doivent être respectées.


« Il s'ensuit que même face à l'injustice, il ne faut en aucune façon répondre par l'injustice » (P201)



Enfin, "Criton" est de plus remarquable pour la façon dont il explore les questions de la vie et de la mort. Socrate affirme que la mort est un passage vers une autre vie et qu'il ne faut pas craindre la mort, mais plutôt vivre de manière à mériter une vie éternelle. Il met en avant l'importance de la vie morale et de la recherche de la vérité pour atteindre cet objectif.



De ces deux textes, il ressort, selon les transcriptions des discours de Platon, que la mort de Socrate était inéluctable pour que vive la philosophie.



Michel.

Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Un livre que j'ai du lire quand j'étais en terminale.. et oui pour le bac !! j'en garde un très bon souvenir. il est abordable et surtout plein de bon sens
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L'oeuvre de Platon est composée presque exclusivement de dialogues mettant en scènes les formulations classiques des problèmes majeurs de l'histoire de la philosophie occidentale. Nous en sommes en présence de deux textes majeurs, que nous apprécions grandement tant ils sont riches d'enseignements et de réflexions. le premier raconte le procès de Socrate sous la forme d'un échange qui tourne au débat entre l'accusé et ses accusateurs. le deuxième nous présente une discussion entre Socrate et son ami d'enfance Criton. Cet échange verbal se déroula dans la cellule de Socrate, là où il attendait son exécution capitale. Les deux (courts) livres sont très intéressants car ils évoquent des thèmes fondamentaux et donc toujours actuels : justice, injustice, religion, le pouvoir, l'amitié, l'attente face à la mort et la mort elle-même…



Prenons le temps de rappeler brièvement le contexte. En avril 399 av. J.-C., Socrate est accusé par Mélétos, et ses amis Lycon et Anytos, de trois crimes : ne pas reconnaître les dieux de la cité ; introduire des nouvelles divinités ; corrompre la jeunesse. Ce procès dépasse le seul cadre juridique « d'incroyance et d'impiété » comme nous le démontrerons. Athènes et Sparte, deux cités-états très puissantes se sont férocement livrées bataille de 431 à 404. Les combats se déroulèrent à la fois sur terre et sur mer. Les belligérants mirent tout en oeuvre pour littéralement détruire l'ennemi. Victor Davis Hanson, un des plus grands spécialistes de la Guerre Antique, parle même de « conflit total » (1). Cependant, à la fin de la guerre, Sparte la brutale ne fera raser que les seuls murs d'Athènes, épargnant chefs-d'oeuvre et citoyens.



Quoiqu'il en soit, la brillante et raffinée Athènes est vaincue par Sparte la guerrière, et l'empire athénien s'effondre de la même manière que tant d'autres avant et après lui. Cette défaite ne constitue pas en soi un mince revers. La guerre a duré presque trois décennies, au cours desquelles tous les coups ou presque furent permis. Athènes se vit dépossédée de sa flotte - or sa domination reposait entre autres sur cette capacité de projection - et elle perdit en outre un quart de ses citoyens. de plus, elle connut une dramatique crise financière et d'importantes tensions politiques. de son côté, Sparte la victorieuse devenait la principale force dans le monde grec, mais son hégémonie fut de courte durée. En effet, une fois la victoire acquise très chèrement par Sparte, celle-ci subira rapidement le joug d'autres adversaires.



La reddition d'Athènes en 404 est souvent considérée comme la fin de l'âge d'or de la Grèce antique. Cela en dit long sur l'état d'esprit qui animait les vaincus ayant dû subir l'occupation et les humiliations du vainqueur. Ainsi, certains Athéniens commencèrent à rechercher ou à désigner des coupables. Précisons qu'au début du conflit, une défaite athénienne ne semblait nullement envisageable, tant celle-ci apparaissait forte, puissante et riche. On sait ce qu'il advint. Pendant ce conflit que nous pouvons qualifier de fratricide, des voix à Athènes s'élevaient contre les tenants du pouvoir au point que certaines remettaient déjà en cause le régime démocratique. L'ingénieux tacticien et controversé Alcibiade, ami, disciple voire amant de Socrate selon certains, avait déjà tenté d'installer un régime oligarchique en 411. Lui aussi fut accusé d'avoir moqué les dieux et mutilé des statues les représentant, et même d'avoir trahi les Mystères d'Eleusis. Ne voulant pas être jugé, Alcibiade préféra l'exil chez l'ennemi héréditaire Sparte, pour ensuite finir ses jours chez un satrape perse. Sa mort fut à l'image de sa vie (2)…



Lorsqu'Athènes médita sa défaite, plusieurs jugèrent que la raison de cet échec se fondait dans l'abandon des valeurs traditionnelles. On se mit à accuser les modérés, les sophistes et certains philosophes. Certains rappelèrent que le très proche disciple de Socrate Alcibiade passa dans le camp spartiate en plein conflit, sans oublier son attitude - réelle ou inventée - peu respectueuse à l'égard des dieux. Les preuves s'accumulaient… D'après plusieurs disciples de Socrate, celui-ci avançait souvent des idées contre le régime démocratique estimant « que ce n'est pas l'opinion de la majorité qui donne une politique correcte, mais plutôt le savoir et la compétence professionnelle, qualités que peu d'hommes possèdent », comme le lui fait dire Platon dans Criton. Socrate, par ailleurs, ne se privait pas de vanter les mérites des régimes non démocratiques de Sparte et de la Crète, ainsi que leurs lois.



Les amis de Socrate voyant la tournure que prenaient les événements - une mort certaine - lui proposèrent de l'aide pour s'échapper. Or, Socrate ne voulait pas fuir et agir comme un vulgaire brigand. Il refusa en invoquant l'argument suivant : « le respect des lois de la cité est plus important que ma propre personne ». Avait-il tort ? Raison ? le respect d'une loi ou d'une décision de justice iniques est-il louable au sens de servir la Vérité et le Bien Commun ? Chacun aura son opinion… En revanche, nous partageons sans aucune réserve cette idée de Socrate : « Il est préférable de subir une injustice que de la commettre ». Cependant, son ami Criton voulut lui faire entendre raison et ne se contenta pas d'acquiescer aux paroles du maître. Il argumenta en expliquant que si Socrate mourait à cause d'une décision injuste, non seulement sa famille et ses amis seraient tristes, mais surtout, ses proches pourraient être accusés de n'avoir rien tenté pour le sauver. Les conséquences s'enchaînent : en plus d'éprouver une très grande tristesse due à la perte d'un être cher, ses amis et parents passeraient aux yeux des Athéniens pour des lâches et des personnes infidèles abandonnant l'un des leurs dans la difficulté.



Socrate répondit avec sa verve antidémocratique que l'opinion publique se trouve inconséquente car la Vérité (et heureusement dirons-nous) ne dépend pas d'elle. La recherche de la richesse, de la renommée, de bien paraître aux yeux du plus grand nombre ne constituent nullement les attributs des gens sages, selon Socrate. D'une manière générale, celui-ci ne voulait pas s'évader au risque de violer une des lois de la cité. le dialogue avec Criton atteste sa volonté d'être digne face à l'injustice et de regarder son sort droit dans les yeux, en respectant les lois, même si celles-ci venaient de le condamner à mort… Il désirait, en quelque sorte, ne pas trahir le « Contrat social » passé tacitement entre sa cité et lui-même.



Sans connaître le contexte politique et historique, il est impossible de comprendre comment une ville aussi majestueuse qu'Athènes, qui a éclairé l'Europe pour des millénaires, a pu juger et envoyer à la mort l'un de ses plus brillants philosophes. Ces deux joutes verbales et la présentation des événements qui conduisirent à ce procès permettent de saisir que la démocratie au sens large du terme, le pathos et le sentimentalisme, conduisent souvent à la catastrophe. N'oublions pas que le procès de Socrate eut lieu peu après la tyrannie des Trente - un gouvernement oligarchique composé de trente magistrats appelés tyrans - qui succédèrent à la démocratie athénienne. Il est évident, pour reprendre une appellation qui n'avait pas cours à l'époque, que Socrate fut victime d'une chasse aux sorcières. S'agissait-il, en quelque sorte, d'offrir un sacrifice pour calmer la colère des dieux et des Athéniens ? Non. Il fallait éliminer un ennemi politique gênant faisant figure d'icône et frapper d'effroi ceux qui approuvaient ses idées. Et là, nous en arrivons à René Girard et à sa thèse passionnante consacrée à la notion de bouc-émissaire (4)…



Pourtant, la justice finit toujours par faire son office. Effectivement, à peine Socrate mort et enterré, le bannissement ou la mort frappèrent immédiatement ses trois accusateurs publics. Pouvons-nous parler de prise de conscience ? Nous ne le croyons pas. Nous pensons surtout à la versatilité d'une foule dans une période de choc émotionnel comme il s'en produit tant en de pareils cas (5). La mort et le bannissement de ces trois hommes rendent-ils à la vie à celui qui venait de mourir ? Non. Est-il juste d'envoyer trois hommes subir de tels châtiments alors que dans une assemblée de 501 personnes une majorité de jurés les suivit pour voter la mort de Socrate ? Non. Décidément, pouvoir au peuple, rhétorique émotionnelle et sentimentalisme sont de biens mauvais conseillers.



En définitive, que faut-il penser des accusations d'impiété et de corruption de la jeunesse lancées contre Socrate ? Ami et enseignant d'Alcibiade, de Critias et de Charmide, Socrate pouvait passer, sans trop de difficultés majeures, pour le vrai mentor de certains jeunes hommes politiques, dont les inclinations personnelles les amenaient à considérer avec respect l'oligarchie et à rejeter la démocratie. Socrate, à l'instar de plusieurs philosophes ou sophistes, valorisait davantage la logique que la foi. Les vieux Grecs voyaient sûrement en Socrate un anticonformiste qui devait forcément dévier de la religion traditionnelle. Pourtant, dans son « Apologie » et même dans le « Criton », Platon n'écrit nullement que Socrate est athée ou incroyant voire même impie, bien au contraire. L'accusation d'impiété et de corruption des jeunes générations cachait en fait des motifs politiques… Deux conceptions du pouvoir, du savoir et de la relation à l'Autre s'affrontaient.



Paradoxalement, ce procès ne marqua pas tant que cela les contemporains, hormis les milieux dits intellectuels adversaires et partisans de Socrate. Effectivement, les Athéniens, dans leur très grande majorité, devaient panser leurs nombreuses blessures et surtout reconstruire leur Ville, considérée déjà à l'époque comme un haut lieu du savoir et de la connaissance. Cependant, la mort de Socrate reste un événement marquant pour la civilisation occidentale. La dimension du temps a permis de donner à cette étonnante affaire la pleine mesure de la justice et de l'injustice (6). de fait, la représentation du philosophe victime de l'intolérance de ses concitoyens démocrates, mais remarquable de lucidité, de courage et de sagesse conserve encore toute sa pertinence aujourd'hui, même si nous vivons dans un espace civilisationnel qui a répudié depuis fort longtemps les antiques vertus…







Franck Abed



(1) La guerre du Péloponnèse de Victor Davis Hanson



(2) Alcibiade de Jacqueline de Romilly



(3) Mémorables de Xénophon



(4) le bouc émissaire de René Girard



(5) Psychologie des foules de Gustave le Bon



(6) le procès de Socrate : un philosophe victime de la démocratie ? de Claude Mossé
Lien : http://franckabed.unblog.fr/..
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Le procès de Socrate est en même temps l'acte de naissance de la philosophie. Il a été condamné pour usage de sa raison: pour avoir soumis sa vie à l' "examen" philosophique et d'avoir encouragé les autres à faire pareil. Son procès est celui de la condamnation d'une vie réfléchie, où la dévotion aux dieux se conjuguent intrinsèquement avec l'usage de la raison.
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