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Jean-Pierre Ricard (Traducteur)
EAN : 9782081231450
588 pages
Flammarion (28/08/2010)
4.29/5   39 notes
Résumé :
Aucun conflit, dans l'Histoire, n'est aussi riche d'enseignements pour notre époque que la guerre du Péloponnèse : cette conviction est au cœur de l'enquête menée par l'historien Victor Davis Hanson sur la lutte qui opposa, il y a près de deux mille cinq cents ans, Sparte et Athènes. Car la guerre du Péloponnèse préfigure nombre de conflits modernes : ce fut un affrontement titanesque entre deux superpuissances et leurs alliés, une sorte de guerre mondiale à l'échel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Non, je ne suis pas un monstre.
Je n'aime pas la guerre et les massacres. Pourtant, paradoxalement, j'aime les récits qui en parlent.
Et cette guerre du Péloponnèse là est, dans le genre, somptueux et extrêmement éclairant.

Victor Davis Hanson est un spécialiste de la période. Il connaît l'histoire grecque antique comme sa poche. S'appuyant avant tout sur Thucydide – ce livre pourrait presque en être une exégèse – mais aussi sur Xénophon, Diodore de Sicile et Plutarque, il nous propose non pas une chronique des événements mais une approche thématique de cette interminable guerre entre la puissance maritime Athènes et la puissance continentale Sparte qui eut lieu entre 431 et 404 av. J-C. Chaque chapitre attaque le sujet à partir d'un thème déterminé : la peste, les sièges, les batailles d'hoplites, la guerre en mer, etc. Se faisant les événements se mettent en place par touche, sont interprétés de plusieurs points de vue et finissent par former un tableau clair… et macabre.
Le procédé est contrôlé, pas aléatoire. Hanson, en plaçant astucieusement ses thèmes dans son récit, commence par le début de la guerre et termine par la fin, ce qui n'est pas forcément garanti dans une approche thématique.

Le résultat est éclairant, disais-je. Je ne savais pas cette guerre si longue et si complexe. Ce mélange de conflit idéologique et de realpolitik pourrait donner des complexes à la géopolitique moderne. Imaginez pour l'exemple qu'Athènes est le défenseur des régimes démocratiques tout en étant le maître d'un empire dont elle maintient les chaines souvent sans scrupules (Athènes détruira des cités « amies » qui risquaient de quitter sa ligue) alors que Sparte favorise les régimes oligarques forts tout étant considérée par beaucoup comme le libérateur de la Grèce.
Hanson nous montre rapidement que notre image d'Épinal de la bataille entre phalanges d'hoplites n'est pas le type de combat le plus meurtrier ni le plus répandu dans cette guerre. La cavalerie a un rôle important, les techniques de guérilla à la Laurence d'Arabie aussi, sans parler des combats en mer. On retient surtout l'importance des carnages, les milliers de prisonniers massacrés, les villes réduites en cendre, l'effroyable peste à Athènes. Mais aussi les incroyables retournements de situation, quand l'espoir change de camp.

Un autre aspect éclairant est la relecture que ce livre permet des tragédies de Sophocle et d'Euripide et des comédies d'Aristophane. Je ne connais pas encore l'oeuvre de ce dernier, mais j'ai déjà beaucoup lu les deux tragédiens, et j'ai toujours analysées leurs pièces selon un angle moral ou mythologique. Hanson nous dit qu'elles contiennent en fait beaucoup des événements terribles qui avaient lieu pendant qu'elles étaient représentées. Qu'on pense à Hécube qui raconte le sort de la famille royale de Troie assassinée ou réduite en esclavage, et qui se veut aussi un cri porté contre l'attitude d'Athènes à l'égard des cités alliées qu'elle détruit sans vergogne. Assurément, j'aurai cela à l'esprit lors de mes prochaines lectures de ces auteurs.

Difficile de résumer un livre aussi foisonnant. Je n'ai fait que l'effleurer jusqu'ici. Au lieu de vous endormir par des longueurs sans intérêt, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre si la Grèce antique vous intéresse.
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La "Grande Guerre" des Grecs.

La Guerre du Péloponnèse est la grande affaire des grecs de l'Antiquité.
Elle se déroula sur plus de 30 ans entre 431 et 404 avant Jésus-Christ. Elle oppose l'Athénes impériale à une coalition du Péloponnèse et de Béotie menée par Sparte. Cette guerre mit définitivement fin à la puissance impériale d'Athènes. Elle n'en fit pas, pour autant, le succès de Sparte. Ce fut finalement la Thèbes d'Epaminondas et surtout la Macédoine d'Alexandre qui allaient gagner l'hégémonie sur la Grèce.

Victor Davis Hanson est un historien talentueux de l'histoire grecque antique. Son "Le Modèle occidental de la guerre : La bataille d'infanterie dans la Grèce classique " est désormais un grand classique (voir mon commentaire par ailleurs).
Ce texte, publié en 2005 sous le nom de "A war like no other" retrace l'histoire de la guerre du Péloponnèse d'une manière originale. Il faut rappeler que ce conflit nous est connue par l'ouvrage éponyme du général-historien Thucydide. D'ailleurs le commentaire d'Hanson sur le travail de Thucydide est passionnant !

L'angle d'attaque de Hanson est original car, au lieu de relater le conflit de manière chronologique, il va traiter son sujet à travers de faits saillants du conflit, à savoir: le feu : la guerre contre la terre, La maladie : la peste à Athènes, La terreur : la guerre de l'ombre, La cuirasse : les batailles d'hoplites, Les murs : les sièges
Les chevaux : le désastre de Sicile , Les navires : la guerre en mer
Le paroxysme : combats de trières en mer Egée, La ruine ?, Vainqueurs et vaincus.

Cela peut apparaître parfois déroutant mais c'est bien ce qui fait la qualité de cet ouvrage.
Cette approche par thème lui permet d'approfondir son analyse d'une manière à la fois originale et fine. Certains se plaisent à critiquer régulièrement Hanson pour sa manie de re situer certains événements antiques par rapport à l'histoire contemporaine voire à l'actualité. C'est oublier que cet historien, néo-conservateur affiché, est avant tout un spécialiste de l'histoire antique. J'ai particulièrement apprécié d'ailleurs les volumineuses notes commentées et sa bibliographie bien complète.

Avec cartes dans le texte, bibliographie, index des noms et des lieux, portraits des principaux acteurs.

Indispensable aux amateurs d'histoire antique.
Lien : http://www.bir-hacheim.com/l..
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A mon sens, c'est un incontournable, notamment en géopolitique, le jeu des alliances, la guerre sur terre et sur mer... Thucydide s'exprime dans un langage efficace, compréhensible de tous. On apprend bon nombre de choses sur les cités-état grecques, juste après la tentative d'invasion perse. J'ai ainsi pu être renseigné sur le rôle de Périclès l'Athénien ou bien celui de Brasiadas, le Lacédémonien. Plus largement, on comprend très bien l'esprit de chaque camp, les Athéniens, entreprenants, maritimes et offensifs (leur excès de confiance leur coûtera la victoire finale à cause d'une expédition hasardeuse en Sicile), et les Spartiates, terriens, conservateurs et défensifs. Cette lecture peut s'accompagner, pour ceux qui sont férus d'histoire, d'un manuel historique, ce qui permet de mieux placer les faits sur un calendrier, Thucydide ne précisant pas toujours la date, ou bien se rapportant à une datation par rapport à des événements dont le lecteur ne sait pas la date, comme des jeux olympiques ou bien des saisons.
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Livre rare par son érudition son accessibilité à un non spécialiste, son parti pris de dépasser le strict cours chronologique et la technicité de la guerre à cett'e époque pour extraire de ce coflit l'universel de chaque guere et que déjà Thucydide avai tdéjà noté
1 on sait quand on commence un guerre jamais quand elle s'arrête
2 une guerre ne se passe jamais comme on l'avait prévue
3 le plus souvent quelque soit le talent c'est celui qui a le plus d'argent qui gagne
4 Et quelquefois c'est le plus con qui gagne
5 Pir le plus souvent une guerre m^me sanglante ne sert à rien

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Sparte contre Athènes , quel beau titre de péplum ! C'est aussi le casting d'une guerre de vingt sept ans (entre 431 av. J.-C. et 404 av. J.-C.) entre les deux grandes puissances de la Grèce . Elle vit la floraison de nombreuses techniques militaires (bien sales …mais c'est un pléonasme) et la naissance de la science historique avec Thucydide.Livre bien documenté avec un riche apparat critique.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Quand les Athéniens, pressés de mettre un terme au ruineux blocus de Potidée, proposèrent de laisser sortir les habitants prisonniers, l'Assemblée athénienne, qui se remettait difficilement de la peste et de la lâche agression contre Platée, son alliée, fut scandalisée de cette indulgence. Même la nouvelle que Potidée allait faire l'objet d'une épuration ethnique et être donnée à des colons athéniens ne suffit pas à apaiser les démocrates, qui mirent probablement les généraux en accusation pour insubordination. Jamais plus au cours des années de guerre qui suivirent l'Assemblée athénienne n'accorda à des vaincus des conditions aussi "douces". La dureté des Athéniens, que ce soit à Mytilène ou à Mélos, ne fut pas le fait de généraux voyous mais d'un vote majoritaire des citoyens athéniens.
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La noyade était considérée comme la pire des morts dans la religion populaire grecque. C'est parce que des centaines des leurs étaient morts noyés que les Athéniens jugèrent leurs propres généraux après la victoire remportée aux Arginuses en 406. Six de ces généraux furent exécutés, alors même que l'ennemi avait subi des pertes beaucoup plus lourdes. Des milliers d'Athéniens pensaient que les âmes de leurs proches erraient sans repos dans les enfers tandis que leurs cadavres pourrissaient sans avoir pu être inhumés selon les rites. La chasse aux boucs émissaires après les Arginuses est en général considérée comme un des pires moments de l'histoire de la démocratie athénienne.
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Avant la guerre du Péloponnèse, la mise à mort des habitants d'une ville ayant décidé de se rendre était exceptionnelle. Les massacres de ce genre ne se multiplièrent qu'après le siège de Platée... Le dramaturge Euripide, qui intégra les événements contemporains à sa réécriture des mythes, fit représenter sa tragédie Hécube en 425, deux ans après l'écrasement brutal de Mytilène par les Athéniens. Dans cette pièce, Hécube rappelait au public athénien rassemblé le terrible destin de la famille royale de Troie après la prise de la ville : Hécube avait été vendue comme esclave, sa fille Polyxène sacrifiée, Cassandre emmenée comme butin, Polydore assassiné, tout cela après la mort au combat de ses fils Hector et Pâris, et l'exécution de son mari Priam.
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La plupart des Grecs virent cette lutte sanglante avec les yeux d'Athènes, puisque les auteurs athéniens exerçaient un quasi-monopole sur l'information et sur la réflexion à propos de la guerre. Les Grecs furent bouleversés de voir s'effondrer en trente ans seulement un rêve de renaissance culturelle. C'est ainsi qu'au nord de l'isthme de Corinthe, le conflit devint rapidement la "guerre du Péloponnèse", la guerre menée contre les horribles surhommes qui habitaient la péninsule méridionale de la Grèce, et non la "guerre contre Athènes" menée par Sparte contre les impérialistes, pour reprendre la formule employée par les Péloponnésiens.
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Sur le plan strictement stratégique, Athènes se retrouva dans la situation de l'Allemagne de la Seconde Guerre mondiale, qui fit la guerre aux vieux alliés européens, la France et l'Angleterre, affronta l'énorme puissance industrielle des États-Unis et essaya d'envahir la Russie soviétique. Hitler aurait pu gagner ou sortir honorablement de la guerre s'il avait affronté une seule de ces trois puissances, ou s'il les avait affrontées successivement. Mais il ne pouvait pas gagner en se battant en même temps contre deux de ces puissances, et encore moins contre les trois.
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>Grèce jusqu'à 323>Grèce antique>Grèce antique : 404-362 av. JC (6)
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