Rossignol

Un texte de haut vol, ambitieux, inventif, coup de poing dans son propos aussi puisqu'il évoque (notamment) la richesse apportée par la multiculturalité (à travers ici les mélanges génétiques et les questions que ça impliquent) qui se heurte à la peur du changement chez les traditionalistes, craignant de se perdre, de perdre leur identité.
Et aux extrémités auxquelles cette peur peut mener.

C'est intelligent et bien écrit, malheureusement la novella se perd un peu en digressions pas toujours utiles autour de sa narratrice qui alourdissent l'ensemble, ce qui est dommage. On met du temps à arriver au dénouement qui retourne l'estomac et même si j'ai été un brin émue par la dernière ligne, j'ai eu du mal à me sentir concernée par le sort de la narratrice en elle même. J'en suis surtout restée sur les thèmes et les réflexions apportées, sur ce que ça ouvrait comme perspectives, ce qui est déjà pas si mal.

Ce petit point noir ne m'a toutefois pas empêché de lire Rossignol d'une traite et de me réjouir que la littérature SF francophone soit dotée d'une autrice d'une telle qualité.

J'ai beaucoup aimé ce Rossignol avec une écriture qui a vraiment su faire naître en moi une vraie sensation presque palpable d'évocation, une écriture qui touche aux sens (au sens ?). J'imagine qu'on peut ne pas accrocher comme avec n'importe quel livre certains aspects sont un peu survolés, novella oblige, mais sur moi, ça a marché à plein.

Le début du roman est un peu flou faute à des descriptions permettant difficilement de se représenter les nombreuses espèces. de plus les différentes temporalités rendent le récit parfois peu clair et l'histoire a du mal à prendre son envol. Enfin la philosophie semble un peu trop manichéenne avec d'un côté les méchants spéciens nazis machos et de l'autre les gentils fusionnistes LGBTQ+ friendly. Sur ce dernier point le reproche pourra demeurer. Puis la plume se déploie, gagne en précision, la notion d'hybridation devient passionnante, l'histoire prend forme. le rossignol s'envole. le dernier tiers du roman est excellent et fonctionne parfaitement. Les emotions de la protagoniste finissent par ne faire plus qu'un avec celles du lecteur d'autant plus que ce texte résonne terriblement avec notre actualité…

🕊 Nous sommes dans un espace lointain, sur une station qui voit cohabiter plusieurs espèces extraterrestres. Cette station, elle va nous être racontée par une narratrice.

🕊 L'entrée en matière de cette novella est abrupte. Directement plongé dans cette station que la narratrice a connu toute sa vie, les espèces extraterrestres se succèdent au fil des pages qui racontent son histoire. Pourtant, ce qui transparaît surtout est, qu'elles arrivent toutes à coexister, notamment grâce aux Paramètres qui gèrent la station. Des tensions vont malheureusement finir par germer et menacer l'équilibre de ce lieu.

🕊 Rossignol est un texte magnifique et fort, qui impressionne par la richesse et la justesse des thèmes traités. Avec une narration intelligente, qui alterne présent et passé, on découvre par petites touches comment cette station va basculer dans un conflit presque inévitable.

🕊 Audrey Pleynet réussit, avec cette novella, à parler d'amour, de tolérance, de la perception de la différence mais aussi de la façon dont des idéaux racistes, fanatiques arrivent à détruire des vies, des systèmes et une société.

🕊 Encore un exemple qui montre que la SF sait parler de choses très actuelles.

🕊 C'est un texte à lire et qui mérite amplement ce prix Utopiales 2023.
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Comme beaucoup, j'ai tendance à me méfier des oeuvres que tout le monde encense, aussi me suis-je empressée de lire la novella dès sa sortie pour être certaine que mon ressenti serait le moins influencé possible. Bien que la collection "Une heure-lumière" soit un gage de qualité des textes, tous ne m'ont pas plu et ceux que j'aime le sont à des degrés divers. Les goûts et les couleurs, etc.
Mais ici, que l'on n'accroche ou pas au style de l'auteure, le texte n'en est pas moins dense et l'univers riche, à tel point qu'avec le recul, il me fait penser à la saga Terra Ignota d'Ada Palmer.
Le lecteur est plongé dans le grand bain et c'est à lui de se faire ses propres repères afin de ne pas être submergé par la quantité d'informations données en peu de pages. Il s'agit d'un texte exigeant, nécessitant une concentration intense et une bonne dose de patience pour voir les explications de certains concepts.
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Après 40 page (sur 130) d'atermoiement adolescents, de descriptions floues et de présentations des races et du monde, il ne se passe absolument rien et on s'ennuie page après page. L'absence d'histoire et de charme me fait abandonner sans aucun regret ce livre...

Un bon moment de lecture !
Même si je ne pense pas aller au-delà. J'ai aimé la façon dont la station et toutes les espèces qui y habitent sont décrites par petites touches, comme beaucoup de choses sont suggérées et notre imagination fait le reste. Tout ce qui concerne la station m'a vraiment fait ressentir le "sense of wonder" de la SF. Mais le tout ne m'a pas non plus bouleversé comme je l'espérais.
Donc je reste entre deux eaux.

Sur une station spatiale, diverses espèces ont appris à vivre ensemble et pour certaines, à se conjuguer entre elles. Ainsi, se reconnaît-on non pas à son apparence, mais à son pourcentage génétique. Un nombre incalculable de paramètres ont également été mis en place pour que l'atmosphère puisse s'adapter à chacun. Une Utopie, en somme, et la plus belle qui soit. Sauf que certains considèrent ces métissages comme une abomination quand d'autres, au contraire, souhaiteraient les renforcer. le conflit semble donc inévitable et c'est sur les épaules d'un être considéré comme insignifiant que sa résolution va peut-être peser.

Mon avis sur cette novella ? 🤩 Voilà, tout est dit. J'ai cru comprendre qu'il avait été difficile pour certains d'entrer dans l'histoire, car c'est tout un univers aux espèces plus que nombreuses qui défile sur à peine plus d'une centaine de pages. Ce peut être déstabilisant, en effet, mais personnellement, je me suis laissée totalement portée par ce récit, de sa construction par petites touches entre souvenirs et présent, à l'épilogue, logique et profond, sans compter les questions humanistes qu'il porte. J'ai sincèrement adoré.

Au début, cette Novella est déstabilisante. On entre dedans comme dans un flot d'informations dont on aurait manqué le début. (...) Petit à petit cependant, tout se construit autour de nous. On apprend. On glâne des bribes d'informations, notre cerveau s'adapte. On frôle les êtres comme si nous y étions. Par la danse, la pensée, la parole, l'amour ou le toucher. Une explosion sensorielle fascinante qui nous amène à penser autrement, et un cri de révolte contre tout ceux qui voudrait que cela cesse.
Ce n'est pas un hasard si ce livre m'a donné envie de me replonger dans Star Trek. On y trouve la même recherche d'un universel ouvert et inclusif qui respecte les différences culturelles. La même ode à la rencontre de l'autre non par la peur de ce que nous ne connaissons pas mais par la curiosité et l'envie d'élargir l'horizon.

critique complète sur sodomeetgomorrhe.com
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Une novella pleine d'espoir, de poésie parfois. L'émotion est palpable. On imagine une transposition savante entre les souvenirs de l'héroïne sur une station complexe et ceux de l auteure. Il n'y a pas de complaisance, beaucoup de finesse. J'ai particulièrement aimé la fin, cette solitude magnifique et héroïque.