AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 176 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En France, c'est par l'auto-édition que se fait connaître Audrey Pleynet dans le milieu de l'imaginaire. de son premier roman, Noosphère, on ne gardera le souvenir que d'un roman inabouti, au mieux médiocre et ennuyeux. Par la suite, on la retrouve dans la revue Bifrost avec la nouvelle Encore Cinq ans qui rassure sur la sensible amélioration de sa plume mais aussi sur le traitement de ses thématiques science-fictives. À présent, c'est dans la collection Une Heure Lumière du Bélial' que l'on retrouve la française pour un titre aussi doux qu'évocateur : Rossignol.
Que vaut cette nouvelle incursion dans le genre de la science-fiction ?

Pour tout dire, l'immersion est difficile. Rude même.
Audrey Pleynet choisit de balancer le lecteur au beau milieu de son univers et cela sans ménagement. Raccrochons-nous à donc ce que nous pouvons…
D'abord, le lieu : une sorte de station intergalactique créée suite aux guerres (la rencontre entre les espèces différentes se soldent souvent par ce genre de désagrément apparemment ) par des déserteurs et contrebandiers de races diverses, qui phagocyte les civilisations extra-terrestres comme elle consomme les astéroïdes.
La singularité de ce lieu, hormis son florilèges de peuples différents, c'est d'être capable de s'adapter aux multiples physiologies et capacités de ses habitants pour que tous puissent vivre ensemble. Une technologie appelée Paramètres…mais que plus personne ne sait guère contrôler.
Ensuite, les personnages, où, devrait-on dire, le personnage puisque c'est une narratrice qui va nous guider dans ce dédale civilisationnel, une « Humania » Majo… comprenez que ses gênes sont majoritairement Humania, une race que l'on devine assez proche de l'humain.
Enfin, l'intrigue qui tourne autour d'un conflit politique entre deux factions, les Fusionnistes et les Spéciens, les premiers voulant poursuivre cette intégration multiraciale plus avant tandis que les autres veulent imposer un régime plus « pur » en termes génétique.
Ainsi résumé, Rossignol semble assez simple à comprendre dans son versant « Utopie en péril ». Ce qui n'est pas du tout le cas car la lecture demande une attention de tous les instants puisque le lecteur apprendra cela par petites touches.
L'univers, au fond, est solide, bien que présenté de façon fouilli. Autre bon point, l'écriture d'Audrey Pleynet continue sa marche en avant et s'avère, cette fois, particulièrement convaincante et solide.
Rossignol est-il pour autant une réussite ?

À ce stade, il faut bien comprendre que beaucoup d'éléments concourent à saluer le travail de la française mais que c'est le format choisi qui va, de façon surprenante, la desservir. le lecteur est littéralement noyé sous les espèces et les variations génétiques dans cet univers où tout repose finalement sur vos pourcentages de telle ou telle race.
Si quelques rares extra-terrestres sont particulièrement bien exploitées (notamment les ‘Has), la plupart ne font que passer et la succession des noms étranges devient un catalogue plus qu'autre chose. Ce qui manque ici, c'est l'incarnation des personnages qui gravitent autour d'une narratrice qu'on devine pourtant émouvante et sincère dans sa quête d'un amour maternel et filial.
Audrey Pleynet a du mal à gérer l'aspect émotionnel de la relation de sa narratrice avec son enfant, Joshua, tout en jonglant avec une sorte de révolution conservatrice qui en dit long sur les thématiques sociales exploitées ici, parabole sur le vivre ensemble et la tolérance qui, pourtant, semble particulièrement bien trouvée.
Ce qui déçoit en réalité, ce n'est ni le style ni l'univers ni l'ambition, c'est cette constante sensation de frustration qui naît du trop peu.
Dès lors, les races comme les personnages semblent effleurés, sous-exploités, comme si Adam-Troy Castro avait voulu résumer l'univers d'Andrea Cort en une novella de 130 pages ou comme si la Nouvelle-Crobuzon de China Miéville se survolait au lieu de s'explorer.
Le résultat, dès lors, semble bancal et l'on peine à trouver des prises émotionnelles véritables sur ce que l'autrice met pourtant une grande énergie à construire. N'est pas Ken Liu qui veut…

Infusé de sense-of-wonder, intelligemment pensé mais malheureusement bien mal agencé, Rossignol est une tentative de science-fiction qui se loupe en touchant pourtant ses objectifs du bout des doigts. On espère que l'univers ici effleuré sera un jour exploité à sa juste valeur.
Lien : https://justaword.fr/rossign..
Commenter  J’apprécie          302
Évidemment que Rossignol faisait partie de ma liste d'achats de l'année ! En plus dans la très bonne collection d'UHL. Audrey Pleynet est une autrice qui brille dans la SF au format court. Jusqu'ici auto-éditée (j'ai également son recueil Ellipses en PAL), j'avais hâte de découvrir son entrée dans le monde de l'édition traditionnel. Alors que pensez de Rossignol ?

Audrey Pleynet nous entraîne dans un futur lointain, au sein d'une Station abritant des centaines d'espèces extra-terrestres différentes. L'autrice déploie une grande imagination pour nous décrire des individus complètement différents, aussi bien culturellement que biologiquement. Chaque espèce n'a pas besoin des mêmes éléments pour survivre, de la même température et la composition chimique de l'air nécessaire à l'un peut tuer l'autre. Mais comment est-il dès lors possible de cohabiter ? La vidéo de la chaîne du Nexus VI résume très bien la problématique. La Station est dotée des Paramètres, une solution technologique présente dans les pièces comme au sein de combinaisons que portent les habitants. A chaque nouvel environnement, la pièce comme la combinaison produit les adaptations nécessaires pour que tout le monde soit à peu près à l'aise et puisse survivre. La Station de Rossignol est donc un lieu de brassage culturel et technologique unique dans la galaxie. Il y un véritable effort pour créer des individus complètement éloignés des standards anthropocentriques : écailles, plumes, tentacules, nature des yeux, absence de bouche ou de corps complet, capacités psychiques ou physiques… Certaines descriptions tiennent plus du Grand Ancien là où d'autres oeuvres de SF proposent des êtres extra-terrestres toujours très proches de notre physionomie pour favoriser l'empathie, Rossignol pose la question du vivre ensemble à un degré d'autant plus poussé.

Un lieu unique dans une galaxie où les espèces ont tendances à se replier sur elles-mêmes. Une vision qui se transmet à la Station, où de plus en plus d'individus se montrent fiers de leur grande pureté génétique. En effet, avec autant d'espèces présentes, la Station se transforme en laboratoire génétique et complexifie encore la gestion d'autant d'extra-terrestres différents : il est très rare que des individus ne soient pas un minimum hybridés. Audrey Pleynet met en scène un monde où la Majo, Majorité génétique, joue un rôle culture prépondérant, ainsi que les différents pourcentages. Il y a une opposition idéologique forte entre les Fusionnistes, partisans des mélanges génétiques, et Spéciens. Une opposition qui a lieu jusque dans l'enfance du personnage principal. Légèrement métissée, elle a grandi sur la Station parmi des espèces variées, tentant de partager les mêmes expériences malgré les limites physiques. Sa mère, également métissée mais née sur un monde humain qui l'a rejetée, est du coté Spécien. Ce conflit intime permet de mieux comprendre les tournants et aboutissants du conflit qui secoue la Station, un conflit vu de très près grâce au statut ambivalent de la protagoniste, à la Majo très humaine mais à l'expérience universaliste.

Audrey Pleynet est réputée pour être particulièrement brillante sur le format court, et je me suis demandée comment elle est arrivée à proposer un texte aussi riche sur une novella ! Elle a opté pour un choix narratif qui ne plaira pas à tout le monde : une narration qui ne suit pas d'ordre chronologique mais le cheminement de la pensée de la protagoniste. Avec le nombre de races évoquées, les conflits politiques ou philosophiques et les spécificités des Paramètres, le lecteur pourra être vite enfoui sous l'information. D'autant plus que le début du récit, à la première personne, ne prend pas par la main et nous enjoint de raccrocher les wagons petit à petit. Mais je n'ai pas été gênée outre mesure puisque c'est le jeu de la novella, qui peut parfois donner l'impression de ne pas laisser la place à un univers de se développer. Mais cette narration permet également de donner de l'amplitude au récit en jonglant entre passé et présent, introspection et action, pour porter le message de manière riche. Cette complexité permet de mettre en scène dans son universalité l'expérience et les ressentis de la protagoniste de manière plus entière, qui m'a très légèrement rappelé du Nouveau Roman dans sa façon de mettre en scène l'expression de la pensée individuelle dans ce qu'elle a de plus personnelle.

En effet, le style de l'autrice est très travaillée, souvent beau et poétique. La diversité des espèces offre à la plume la possibilité de construire un texte organique, tout en textures et émotions. Même si on parle d'individus très différents, le récit met en avant le point de commun de tous : un besoin et la recherche d'Amour au sens large. On parle aussi bien de la recherche de connexion avec ses semblables, qui pousse ainsi au rejet de l'altérité. le lien amical, qui permet de trouver des âmes similaires. Bien sûr, l'Amour filial, qui se traduit aussi bien à travers la relation difficile que la narratrice entretient avec sa mère, et celle bien plus fluide et évidente avec son fils Joshua, enfant au métissage complexe. L'émotion est symbolisée à travers une ritournelle terrienne qui transcende les générations, « à la claire fontaine », qui donne également son titre à l'oeuvre. Finalement, malgré la forme complexe, le récit touche juste en se dirigeant vers une vérité simple et universelle.

La novella est un texte intelligent sur un thème d'actualité. Rossignol pose la question du vivre ensemble, mais de manière extrême en mettant en scène un environnement adaptable capable d'accueillir une grande variété d'espèces, mais un fragile écosystème mis en danger par les velléités de pureté de certains individus. Audrey Pleynet met en scène un univers vaste en peu de pages, admirable mais qui pourra parfois perdre le lecteur. Une prouesse réalisée en partie grâce à la narration éclatée, qui permet d'alterner entre passé et présent pour bien comprendre le cheminement de la narratrice, qui se tient en équilibriste entre les différentes parties en conflit. Mais l'apparente complexité est transcendée par un message universel porteur d'espoir, bien exécuté, sur l'Amour sous toutes ses formes, celui qui transcendent les différences, le temps et les générations.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
Commenter  J’apprécie          182
La science-fiction à sa plus haute puissance spéculative et poétique, lorsqu'une station orbitale géante, melting pot des espèces spatiales, devient le lieu d'affrontement clos des haines politiques – et des calculs les plus mesquins – autour du métissage et de la pureté.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/06/09/note-de-lecture-rossignol-audrey-pleynet/

La narratrice est née ici, à bord de la Station, prouesse technologique au sein de cette galaxie où co-existent tant d'espèces intelligentes, parmi lesquelles celle issue, il y a déjà bien longtemps, de la Terre telle que nous la connaissons. Mais ce qui fut jadis un simple avant-poste minier, toutefois particulièrement profitable et donc constitutif d'une gigantesque richesse à partager, est devenu au fil des années tout autre chose : un immense lieu quasiment utopique où génétique et électronique permettent aux peuples de l'espace non seulement de se côtoyer, mais de se mêler véritablement, de se métisser et de s'hybrider, jusqu'à ce que chacune et chacun ne puisse plus, le cas échéant, être désigné(e) et identifié(e) que par la trace « majoritaire » de ses gènes d'origine plus ou moins lointaine. Dans ce brassage qui n'a rien d'une dissolution mais qui attise au contraire, y compris par les voies les plus paradoxales, compréhensions et curiosités réciproques, la narratrice devient qui elle est. Jusqu'à ce qu'elle voie, par le retour des pulsions identitaires, des excuses purificatrices et des replis craintifs mal assumés, son univers se mettre à changer à nouveau, et des situations de moins en moins larvées de « chasse aux sorcières » apparaître dans ce contexte où elles étaient réputées jusqu'alors particulièrement absurdes… La fuite est alors la seule issue apparente. Mais où fuir, dans un cas pareil ?

Le motif de la station spatiale comme « point de rencontre » est discret mais ancien en science-fiction. Clifford D. Simak en a fait, avec « Au carrefour des étoiles » (prix Hugo 1964), l'un de ses plus beaux romans, aux côtés du subtil assemblage que représentait son « Demain les chiens ». Au cinéma, la série « Men In Black », sous l'égide de Barry Sonnenfeld et avec l'aide bienvenue de Linda Fiorentino, de Will Smith et de Tommy Lee Jones, en a fourni un aboutissement comique quasiment logique entre 1997 et 2012. Même si entre temps, on pouvait noter par exemple le rôle essentiel de Point Central dans la série de bande dessinée « Valérian et Laureline » de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, à partir de « L'ambassadeur des ombres » (1975), ou, bien sûr, de la télévisuelle « Babylon 5 » de Joe Michael Straczynski, entre 1993 et 1998, la station spatiale géante, appliquée à la rencontre entre espèces spatiales, restait généralement un lieu de co-existence, mais certainement pas un lieu de métissage et d'assimilation à divers degrés toujours variables.

C'est ce défi et cette potentialité de dépassement qu'Audrey Pleynet, dont on avait déjà tant aimé, par exemple, la nouvelle « Entrer en résonance » dans le recueil collectif « Nos futurs solidaires » de 2022, a relevé ici avec un extrême brio. Ce « Rossignol », publié dans la belle collection Une Heure-Lumière du Bélial' en mai 2023, réalise presque à la perfection l'une des visées spéculatives centrales de la bonne science-fiction, celle qui soumet des préoccupations contemporaines aux cribles et aux filtres d'une situation imaginaire puissante et cohérente. Si la découverte de l'altérité est une figure centrale de la science-fiction, la confrontation aux peurs, aux rejets et aux replis nés de ce constat de différence l'est moins directement – et la mise en place fine et poétique d'alternatives menacées, de combats retardateurs éventuellement désespérés, d'enthousiasmes sincères ou fugaces et d'élans d'ouverture contre vents et marées, tous enchâssés au coeur d'un roman bref, paradoxalement policier, guerrier et étonnamment intense, atteint des sommets de grâce efficace.

On comprendra donc sans peine, à la lecture, que L'Épaule d'Orion ait évoqué « un récit cruel, et un récit qui déborde d'intelligence et de sensibilité » (ici), que le Culte d'Apophis nous indique qu'il s'agit d'un « roman éblouissant d'intelligence, d'humanisme et d'émotion » (ici) ou que François Angelier, dans le Monde, signale « un bel exemple de sociologie-fiction et de space opéra poétique » (ici). « Rossignol » s'inscrit d'emblée parmi les lectures centrales d'un corpus science-fictif qui se respecte, et de toute réflexion politique et poétique contemporaine sur ce qui compte.

Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          122
Il est tout en sensations, ce récit. Tout en souvenirs. Tout en équilibre sur le fil de la pensée. Eh oui, car il se retrouve face à la difficile question de décrire quelque chose non pas d'indescriptible, mais de visuellement difficilement imaginable pour les terriens et humains que nous sommes.
.
Imaginez une station peuplée de centaines d'espèces intelligentes venues des quatre coins de l'espace. (Depuis quand ça a des coins, l'espace ?) Toutes ne sont pas bipèdes, très peu sont humanoïdes, certaines ne revêtent même aucun physique palpable, beaucoup communiquent par télépathie, nombreuses sont sensibles à une gravité différente, bref, nous voilà face à une multitude de vies plus différentes les unes que les autres, toutes intelligentes, toutes ayant des besoins pas toujours adaptables aux autres, et pourtant, pourtant, ensemble, elles ont construit la station qui les accueille, les héberge, les fait vivre.
.
L'idée était séduisante.
J'ai aimé essayé de me figurer ces formes de vie, (pas toujours avec succès mais c'est pas grave, c'était agréable quand même), j'ai aimé imaginer la bonté passée qui les a fait s'unir dans cette station perdue au milieu de l'espace (après les coins, voilà qu'elle nous met un milieu à l'espace !), et bien évidemment, j'ai adoré envisager peu à peu, par petites touches d'abord, par événements tragiques ensuite, les problèmes qui s'y accrochent fatalement...
.
Eh oui, pas d'enjeu si tout roule !
Avec en toile de fond, outre la thématique évidente de la tolérance, l'importance de la transmission, répondrons nous à la question : que laissé-je derrière moi, à ma mort ? Les actes minimes sont-ils condamnés à l'oubli ? A quoi bon ? ...
.
Un très bon moment de lecture pour ma part, dans une ambiance un peu irréelle, un peu onirique, un peu volubile.
Commenter  J’apprécie          98
Une très belle plume, un sujet original, un traitement intelligent, on est avec ce Rossignol dans un texte de science-fiction tout en finesse et de grande qualité, comme on n'en croise pas si souvent.

Pas un coup de coeur cependant car il a manqué pour moi une histoire, une vraie, avec quelques surprises et des rebondissements. J'ai eu un peu de mal à m'intéresser jusqu'au bout au récit de cette narratrice qui m'a semblé assez linéaire et attendu. J'aurais trouvé sans doute plus captivant d'alterner les points de vue, et d'être mieux plongée dans les tenants et aboutissants des événements qu'on ne fait tout le long que survoler, ou en tout cas c'est l'impression qui me reste après avoir terminé cette lecture.

Mais rien que pour la très belle écriture, l'atmosphère unique et le thème original développé au fil des pages ('hybridation interespèces dans un futur lointain et ses conséquences), une lecture qui vaut le détour.
Commenter  J’apprécie          80
Un récit brillant par sa profondeur conceptuelle mais pêchant par une forme trop ampoulée, dans le style comme dans son éclatement chronologique, superflu à mes yeux.
J'ai passé plus de temps à essayer de remettre les choses dans l'ordre et à comprendre de quoi il était question qu'à réellement réfléchir aux implications de ce qui se passait sous mes yeux. Même si je ressors globalement convaincu par les idées d'Audrey Pleynet et ce qu'elle en tire, je demeure un peu frustré de sa façon de faire.
À charge de revanche.
Lien : http://syndromequickson.com/..
Commenter  J’apprécie          70
Qu'il est difficile de critiquer cette novella...

Il apparaît évident que le roman divise, tant sa lecture tient autant de l'expérience sensorielle qu'au récit social.
Presqu'au stade d'expérimentation, l'autrice nous amène dans un espace flou, la Station, où s'entremêlent des dizaines de peuples et de races différentes. le thème de la diversité est ici poussé dans ses retranchements, puisque la plupart du temps, les conditions mêmes de vie séparent ces individus, ne cohabitant que grâce à l'action de "Paramètres", argument technologique adaptant l'environnement à l'individualité. Naturellement, des tensions apparaissent entre intégristes et progressistes, les uns aspirant à revenir à un concept d'espèce et de culture marqué, les autres à un panspécisme absolu..
Bref, je n'ai, j'imagine, pas vraiment d'intérêt à vous détailler la réflexion autour de ces thèmes qui apparaît assez claire dès la lecture du synopsis.

Engagé à coup sûr, le récit brille par son atypie : on est bien loin de l'essai, mais d'un récit d'expérience, d'un témoignage nous amenant dans un contexte volontairement vague vers des perspectives politiques.
Cela permet une réinvention politique d'une question qui a titre personnel, et par sa surreprésentation dans la media, a tendance à me lasser.

C'est un livre qui vaut vraiment le coup d'être lu. Je n'enlèverai pas une certaine perplexité à sa lecture, curieuse mais pas agréable pour autant.
Commenter  J’apprécie          60
Bon récit avec de bonnes idées qui auraient pu remplir un roman entier voir une saga complète mais ce n'était pas le but de l'auteure.

Pour ma part il ne s'agit pas de Hard SF car on n'y explique quasiment rien du fonctionnement des technologies et le sujet n'y est pas forcément la science et la technologie dans son aspect technique.

Le sujet c'est le résultat sociologue et politique de toute cette science et de ces technologies. On y parle de station spatiale, de paramètres, de formes de vies conscientes très diverses et très variées qui cohabitent grâce à une technologie aussi sophistiquée que brumeuse.

Le décor ainsi planté est idéal pour parler métaphoriquement de sujets tels que les relations inter-raciales, de métissage, de mélange des cultures et des religions, de tolérance mais évidemment de racisme, de haine, de complot et de destruction...

Est-ce que ça m'a émue ? Bof.. j'ai l'impression d'avoir lu de la SF façon Disney+ : trop de raccourcis, de simplifications, difficile de ne pas le faire en 100 pages. Je comprends.

Certes c'est très bien écrit, il y a de l'imagination et du talent, c'est indéniable. le résultat final me laisse un goût de trop peu. Peut être que le sujet était trop ambitieux que pour tenir en 100 pages ?

Malgré ces quelques faiblesses, l'univers proposé m'a fait voyager, m'a fait rêver et j'aurais aimé me plonger pendant encore plusieurs centaines de pages dans le quotidien de cette station.
Commenter  J’apprécie          60
Attirée d'abord par la couverture, je me suis souvenue de cette petite collection du Bélial' qui propose des romans de science-fiction plutôt courts. J'avais découvert Ken Liu à l'époque, grâce à Une heure lumière. Et puis le résumé promettait une histoire comme celles que j'aime lire en ce moment : l'aventure de communautés vivant en symbiose ; j'ai aussi lu, avant Rossignol, la moitié de la série Les Voyageurs de Becky Chambers (quelle régalade cette série), et j'avais l'espoir d'y retrouver ce genre de narration.

Alors, d'un côté oui, j'ai trouvé dans Rossignol ce que je cherchais : l'histoire prend place dans une grande station multi-espèces où règnent (ou régnaient) respect et tolérance entre habitants. L'héroïne, dont le nom ne nous est révélé que tard dans le roman, est une métisse principalement (Majo) humaine (Humania) et a notamment une amie ‘Ha, espèce dont les écailles se colorent selon ses émotions. de nombreuses espèces extra-terrestres nous sont présentées, plus ou moins humanoïdes, se côtoyant dans la Station. Cette dernière a une particularité : elle utilise les Paramètres, un système de gestion de l'environnement qui permet d'adapter les conditions de vie au vu des espèces présentes dans les espaces. D'ailleurs, tous les espaces de la Station ne sont pas accessibles à toutes les espèces en raison de leurs différences biologiques. Cette Station est donc une prouesse technologique et sociale, permettant la cohabitation de nombreuses espèces et de tous les métisses issus de l'union de celles-ci. Sauf que, bien sûr, l'utopie ne fonctionne plus tellement à cause de l'appât du pouvoir (et c'est un Humain qui met le dawa, comme c'est surprenant). Notre protagoniste, héroïne par un concours de circonstances, est donc pourchassée par les Spéciens (qui prônent la pureté des races) car elle semble avoir la clé de ce pouvoir, protégé par les Fusionnistes (qui pensent que le métissage est une richesse).

Bref, j'ai beaucoup aimé ce monde créé par l'autrice. La problématique politique est dramatiquement actuelle, entre guerres et jeux d'influence, et la paix n'est jamais un bien acquis. J'ai trouvé le déroulement de l'histoire assez original et la fin n'était pas du tout celle que je m'imaginais (mais on sent au fur et à mesure de la lecture que le récit pourrait finir de n'importe quelle manière).

Toutefois, j'ai eu du mal à accrocher vraiment pendant la première moitié du roman. Il y a beaucoup -beaucoup- de mots inventés, ce qui n'est pas forcément gênant en soi, mais le manque de contexte fait que j'ai compris de quoi il retournait assez tard dans l'intrigue. Ne serait-ce que la mention des Paramètres : sans relire la quatrième, j'ai mis quelques dizaine de pages à comprendre qu'on ne parlait pas de la loi ou de potentiels implants portés par les Stationniens. Les Majos et Minos aussi : pas un peuple, mais bien les gênes Majoritaires ou Minoritaires des habitants. Dans un sens, cela permet aussi plus de crédibilité de ne pas avoir un personnage qui explique tout, mais je trouve que c'était trop rapide. Au bout d'environ 80 pages j'étais rodée sur les nouveaux mots, mais il n'en restait plus tant pour l'histoire. Malgré ma concentration extrême, je pense avoir zappé des choses tant tout est dense et synthétique. Et je me sens un peu frustrée finalement, de ne pas avoir eu plus de temps pour comprendre tous les tenants et aboutissants de cette histoire, qui est intelligente et bien ficelée.

En bref, j'aurais aimé au moins cent pages supplémentaires de contexte, de présentation des personnages secondaires, de description de la Station. Il y a là toutes les idées et la matière pour faire une saga géniale que j'aurais dévorée. J'entends bien l'envie de faire court, mais pour moi c'était vraiment trop court. Petit regret donc, j'aurais pu m'amuser et m'investir plus !
Lien : https://folitteraires.wordpr..
Commenter  J’apprécie          50
Rossignol, d'Audrey Pleynet, novella de la superbe collection Une heure Lumière aux éditions du Bélial

Dans un lointain futur, une station spatiale où se mêlent de nombreuses espèces originaires de planètes différentes. 🪐⭐️🚀
Les Stationniens se définissent en fonction de leur origine principale, ainsi que de leur pourcentage génétique. Et la station s'adapte à chaque être en fonction de ses besoins propres.
Mais ce melting-pot utopique ne plaît pas aux Spéciens, qui préféreraient que les différentes espèces vivent séparément...

Que de choses dans ce roman court ! de nombreuses espèces dont on souhaiterait en savoir plus. Une station spatiale dont la technologie lui permet d'adapter ses paramètres à chacun de ses habitants. Une héroïne très attachante, majoritairement humaine dont on apprend le passé au fur et à mesure (et dont la vie n'est pas si parfaite au final sur cette station). Un conflit entre Fusionistes et Spéciens (pouvant rappeler des conflits plus actuels), mettant l'utopie en danger. ⚠️

Des thèmes assez actuels finalement, mais un format novella qui est malheureusement bien trop court pour exploiter toutes les possibilités de cet univers... 🌠
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (472) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4905 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}