Voici la biographie romancée d'un des personnages les plus important dans l'histoire de la guerre du Péloponnèse, car il joua un grand rôle dans l'expédition de Sicile (415-413), véritable désastre de la flotte athénienne, qui signa en quelque sorte la fin de l'hégémonie d'Athènes sur la Méditerranée.
Ce récit fait partie de l'oeuvre fondamentale des "
Vies parallèles", ensemble de biographies d'hommes qui ont fait l'histoire, dont
Plutarque fait ressortir le caractère politique et moral de chacun d'eux.
Petite mise en contexte : à la fin du Ve siècle av. JC, la rivalité entre Athènes et Sparte va se déporter sur la Sicile, île stratégique dans le commerce méditerranéen. En effet, Syracuse - cité fondée par les Corinthiens - est en train d'étendre sa domination sur l'ensemble de l'île, et les Athéniens commencent à prendre conscience que si l'île leur échappe, cela compromet évidemment leurs chances de s'étendre en Méditerranée et d'en maîtriser le commerce.
C'est dans ce climat de tensions politiques qu'Alcibiade intervient.
Alcibiade était un stratège athénien issu de deux grandes familles aristocratiques de la ville, les Eupatrides et les Alcméonides, et il était doté d'un fort charisme d'orateur.
Ambitieux et désireux d'asseoir l'impérialisme de la cité, il plaida donc à l'Assemblée en faveur de l'expédition, en vantant les richesses des cités de la Sicile. Il suscita un tel enthousiasme qu'une grande expédition fut lancée, mais rien ne se passa comme prévu.
Tout d'abord, l'assaut se solda par un échec, mais surtout, Alcibiade se retrouva mêlé à une intrigue politico-religieuse qui le contraignit à s'exiler de la ville.
Ainsi commencèrent les aventures de notre protagoniste, qui maintes fois retourna sa veste, orchestrant les interventions militaires et les alliances politiques, allant de cité en cité, et occupant toujours le devant de la scène dans le conflit. Son ambition n'avait d'égale mesure que l'ampleur du conflit qui secouait tout le monde méditerranéen.
Dernier membre des Alcméonides, Alcibiade incarne pour
Plutarque l'idéal de l'homme politique de la démocratie athénienne de son temps, dont la force réside dans son ambition, son charisme et sa capacité à s'adapter. En bref, le personnage exemplaire de l'état d'esprit athénien. Mais il représente aussi la fin d'un système, car en 404 débarquera à Athènes Lysandre, et la page des rêves impérialistes de la cité sera définitivement tournée.