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EAN : 9782914577274
101 pages
Lettres vives (28/10/2005)
5/5   1 notes
Résumé :
Le Café des immobiles prend place dans ce Nord déshérité où la rudesse de la vie met à vif toute parole, aiguise toute émotion, habite tout regard. Sous la forme d'un récit, l'auteur croise de manière très singulière les destins de Pierre et de Simon à travers le déchiffrement d'une correspondance et d'un petit carnet trouvés par le narrateur chez un brocanteur. Sur cette trame, l'imaginaire tisse sa toile avec une précision d'horloger. L'écriture de Pocentek - dont... >Voir plus
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N°421– Avril 2010
CAFÉ DES IMMOBILESJean-François Pocentek - Éditions Lettres Vives.

Le décor, le canal de la Sambre à l'Oise avec deux maisons qui se font face, un narrateur, employé au service des objets trouvés et amateur de vieilleries. Il fait l'acquisition de vieux papiers dans une brocante, un registre aux pages vierges, un carnet vert où il y a des histoires intimes « un tas de bribes, de fils à tirer, de morceaux à recoler », des mots, des conseils, une sorte de liste de courses à faire ou de choses à réaliser, des gens inconnus ou à jamais présents, des objets inutiles, du temps et un paquets de lettres pliées.
Ces lettres sont une énigme pour le narrateur. Elles ne comportent pas de date et n'ont probablement jamais été envoyées à leur destinataire qui est une femme, peut-être la soeur de celui qui en est l'auteur mais, comme ce dernier reste inconnu, il est baptisé Pierre. Les termes de ces missives sont mystérieux, parlent d'une maison près du canal, de livres, d'endroits au nom bizarre, d'un temps révolu qu'on veut sans doute oublier, de l'autre côté de la frontière... Quant au rédacteur du carnet vert, également inconnu, il est surnommé Simon. Mettre un nom sur des mots inconnus est toujours plus rassurant!
Ce registre plein de pages blanches n'attend que l'encre de l'écriture, le narrateur se dit qu'il a quelque chose à y faire «  En finissant d'ouvrir le gros registre à petits quadrillages, je me suis dit qu'il faudrait que je raconte un jour cette histoire à la patronne d'ici ». Alors, tout au long d'une semaine, l'auteur va remonter le temps, imaginer avec l'aide d'autres personnages, bien réels ceux-là, Robert « petit, rond et curé », M. Jean qui ressemble à une petite souris, qui peuvent bien être Pierre et Simon, ce que peut être leur histoire d'avant? le narrateur explore cette correspondance d'un autre âge avec un oeil à la fois curieux et inquisiteur, tombant presque amoureux de cette soeur inconnue « Combien en ai-je déjà fait de ces mariages de chimères , sous l'oeil complice d'ombres lumineuses, de bons-hommes de papier, passant ma nuit de noces entre les pages d'un livre ».

Il complète son décor dans ce petit café avec ses clients, ces consommateurs d'alcool ou de bière, ces petites gens qui le fréquentent en silence, par habitude,par désespérance, pour tuer le temps ou dans l'espoir que leurs peines se dissipent ou que leur chagrin s'amenuise. Il est d'autres gens qu'il côtoie aussi, Serge et Claudette, unis dans la fratrie autant que dans la pauvreté « Ils étaient de ces gens qui savent aller au bout des choses , les faire durer, non pas seulement par souci d'économie, mais par sens de la réalité et de la mesure ». Tous ceux-là, personnages de papier ou de chair se mêlent dans le monde imaginaire du narrateur avec pour seul témoin une chienne aux yeux tristes, confidente silencieuse elle aussi, de toute cette histoire ou le réel le dispute à l'imaginaire. Et puis les choses se précisent, Pierre et Simon se connaissent, sont voisins près de ce canal et l'histoire prend corps. Les lettres de Pierre « font gazette », c'est à dire relatent l'histoire de sa vie avec « un oeil posé sur la fragilité du monde ». Il est « le veilleur silencieux qui sait la marche du monde ». Simon, sur son registre, note à la manière d'un adolescent la présence fugace de Julia, nom « calligraphié dans de multiples formes, répété à l'envi comme un rituel magique pour partager l'amour et le rêve ». le narrateur sent confusément qu'il doit entrer dans cette histoire qu'il a lui-même imaginée et il tisse à nouveau le décor de ce café, convoque les souvenirs autant que la nostalgie. On dit de lui qu'il est « le collectionneur » mais lui se voit en « détrousseur de cadavres , (s') abreuvant d'un sang déjà séché » .

Le style est attachant et entraîne le lecteur vers la fin du récit avec curiosité et émotion. Comme je l'ai déjà dit, le plaisir de lire commence à la rupture des pages que le coupe-papier, parfois maladroit, écorche comme si le livre se refusait à un lecteur trop pressé. Lire est un moment d'exception, un moment précieux pendant lequel le monde extérieur s'arrête.


Hervé GAUTIER – Avril 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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