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François Pollet (Autre)
EAN : 9782849509265
Syllepse (17/06/2021)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
La crise sanitaire a achevé de dédiaboliser la démondialisation, soit l’idée d’un recul de l’interdépendance des économies, longtemps accaparée par la droite populiste.
La nécessité de récupérer des formes de souveraineté politique sur la production et l’échange de biens met désormais tout le monde d’accord, ou presque.
Si, derrière la rhétorique, la plupart des dirigeants envisagent des ajustements pragmatiques, soit le rapatriement des secteurs indus... >Voir plus
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Perte d'imagination sociale au sein de la communauté progressiste

Dans son éditorial, publié avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse, François Polet discute, entre autres, d'insertion « plus souveraine » dans l'économie mondiale, des coûts et des risques de la dépendance « aux flux internationaux », de la vulnérabilité liée à l'approvisionnement dans des chaines de valeurs internationales, « Les contributions rassemblées dans cette livraison laissent entendre l'existence d'une tension forte entre insertion dans les chaînes de valeur internationales et volonté de préservation d'un haut niveau de souveraineté économique. Une souveraineté que certains auteurs s'emploient à problématiser, les usages locaux et populaires des ressources naturelles s'opposant régulièrement à leur exploitation dans le cadre des politiques de « développement national » », de « mal organisation du monde »…

L'éditorialiste revient sur les mobilisations contre l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la place du soi-disant libre marché, l'importance de la construction de « commun », la doxa libre-échangiste, les effets de la crise de 2008 et de la pandémie, les évolutions de et dans la division internationale du travail, le raccourcissement des chaines d'approvisionnement, le nouveau contexte de guerres commerciales, les débats autour de l'« autonomie stratégique »…

Je souligne les paragraphes sur les pays du Sud, l'inégale répartition des gains de la mondialisation, les effets du « dynamisme économique » de la Chine, le cycle des matières premières, les phénomènes de désindustrialisation, l'augmentation des niveaux d'inégalité sociale, les limites des politiques de redistribution, la rente liée aux exportations de ressources naturelles, le mouvement de « dépossession massive des communautés rurales », la concentration des terres…

Les effets de la mondialisation « non-heureuse » – surtout en absence de critiques radicales et émancipatrices pour toustes – peuvent aussi se manifester par des cristallisations nationalistes et conservatrices, des croisades « morales », des clivages « identitaires ». En Inde, le gouvernement Modi mène une politique ultralibérale tout « en mobilisant le sentiment nationaliste hindou »…

François Polet présente des « Scénarios alternatifs, face à la (dé-)mondialisation ». Il discute de « marges de manoeuvre nationales », de modification dans la division internationale du travail, d'exportation de biens « à plus haute valeur ajoutée », de régionalisation de « libre-échange », d'alternatives au marché mondial, « un décentrage vis-à-vis de ce dernier et un recentrage décisif de l'appareil productif sur les marchés intérieurs », de déconnexion, de ruptures qualitatives avec le productivisme et le centralisme politique, d'examen critique de la « souveraineté » dans la souveraineté alimentaire, « tantôt dans les sens de souveraineté nationale-étatique tantôt celui de souveraineté populaire » (je reste plus que dubitatif sur une éventuelle réconciliation entre souveraineté étatique et souveraineté populaire).

« Les contributions rassemblées dans cet Alternatives Sud pointent l'existence de stratégies nationales progressistes face au marché mondial, qu'il s'agisse de mieux s'y insérer, de s'en décentrer ou de s'en protéger. À leur manière, elles prolongent et renouvellent la question postcoloniale non résolue de la participation souveraine, c'est-à-dire guidée par des priorités démocratiques internes, au sein du système mondial ».



Sommaire :

François Polet : La démondialisation est-elle l'affaire du nord ?

Approches transversales

Walden Bello : Démondialisation, un paradigme à revendiquer

Rob Davies : Un espace politique national pour subordonner le commerce au développement

Approches nationales

Adeet Dobhal, Badri Narayanan Gopalakrishnan, Raihan Akhter, Sachin Kumar Sharma : Pourquoi l'Inde s'est-elle retirée du partenariat régional économique global ?

Grain, ICCFM : Résistance au libre-échange en Inde : les mouvements paysans montrent la voie

Puspa Sharma : Quelle « souveraineté » dans la souveraineté alimentaire ? le cas népalais

Gilberto Bercovici : La souveraineté économique et le démantèlement de l'Etat au Brésil

Approches régionales

Rob Davies : La zone de libre-échange africaine, levier pour la diversification économique ?

Roberto Pizarro Hofer : L'intégration de l'Amérique latine, plus nécessaire que jamais

Juan Pablo Morea : Développement souverain et gestion territoriale en Amérique latine

Je n'aborde que deux textes.

Walden Bello constate que « le paradigme de la démondialisation a été détournée par l'extrême-droite » et propose : « Sa récupération par les forces progressives exige de réaffirmer les valeurs qui le fondent et de le mettre à jour, en précisant comment la démondialisation intègre les apports de courants critiques émergents, notamment la décroissance, la souveraineté alimentaire et l'écoféminisme ».

L'auteur aborde l'adhésion d'une grande partie de la gauche à la doctrine du libre-échangisme, les saisissements apparents de « réencastrement » du marché dans « un cadre raciste et nationaliste ». Il discute, entre autres, de l'élargissement de la prise de décision démocratique, d'une définition de la communauté comme « principe de valeurs partagées » et non comme le fait la droite extreme en termes de « race, ethnicité, sang ». Ce principe de valeurs partagées ne saurait cependant « transcender » les rapports de domination, contrairement à ce qu'exprime l'auteur, même s'il ajoute à juste titre que toustes « sont éligibles à l'ensemble des droits politiques, civils , économiques et sociaux ». Il propose de réévaluer le projet de démondialisation en quatorze points. Je souligne le principe de subsidiarité, les techniques respectueuse de l'environnement, l'élargissement de processus démocratique en matière d'économie, les institutions régionales fondées sur des principes de coopération, l'institutionnalisation de la supervision du secteur privé et de l'Etat par la société civile (il conviendrait plutôt, me semble-t-il de parler d'instances de contrôle et d'autogestion)…

L'auteur discute enfin d'alternative au développement, « nous entendons le développement comme la construction de la capacité d'une société à répondre aux besoins de la population », d'économie plus suffisante et plus respectueuse de l'environnement, de découplage et de décroissance, de souveraineté alimentaire, de contrôle démocratique, d'agroécologie, de féminisme…

Si certaines formules me paraissent discutables, l'ensemble forme cependant un socle pour des discussions fécondes. le titre de cette note est emprunté à ce article.



« La souveraineté alimentaire se différencie des concepts de droit à l'alimentation et de sécurité alimentaire en ce qu'elle conteste la mainmise de l'agrobusiness sur l'alimentation. L'idée de souveraineté se prête néanmoins à des interprétations divergentes, opposant le « peuple » à l'« Etat » ». Puspa Sharma souligne que « le droit à l'alimentation, la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire sont trois paradigmes portant sur l'aspect alimentaire des moyens de subsistance des êtres humains ».

L'auteur discute de « souveraineté nationale », de souveraineté populaire, de mouvement de revendication du contrôle et de l'autonomie du système alimentaire, des sens de la notion de « souveraineté » (« qui est le peuple souverain de la souveraineté alimentaire ? »), de démocratisation des systèmes agricoles et alimentaires.

Il analyse la situation au Népal, les dimensions internes et externes de la souveraineté alimentaire, la sous-estimation de la souveraineté populaire, la différence entre autosuffisance « nationale » et autosuffisance individuelle. Il conclut de manière forte sur : « Ce à quoi renvoie la « souveraineté » de la souveraineté alimentaire fait débat »…

Quatre remarques pour poursuivre ces débats.

Je ne suis sûr que la notion de « démondialisation » soit la plus pertinente – le terme est polysémique. Il masque, entre autres, les rapports sociaux et le mode de production capitaliste, les contraintes liées aux constructions socio-économiques ; sans pour autant faire ressortir les contradictions sur lesquelles s'appuyer pour tracer des pistes alternatives et émancipatrices.

Je trouve plus que discutable l'idée d'une « souveraineté de l'Etat » car elle ne prends pas en compte le rôle de l'Etat dans le fonctionnement du capitalisme et dans l'organisation des rapports sociaux. Elle contribue à faire de l'Etat une entité soi-disant neutre susceptible de défendre les intérêts de toutes les couches de la population, elle relativise les combats pour l'auto-organisation et les expressions de la « souveraineté » populaire, elle divise les populations par les frontières historiques…

Je suis étonné que certains fassent référence à l'Europe comme modèle possible d'intégration « économique », faisant fi des critiques contre ce montage institutionnel anti-démocratique. Les coordinations nécessaires entre populations supposent de dépasser la balkanisation et les frontières héritées du colonialisme, non de conforter les découpages historiques imposés ou de défendre le marché « intérieur »…

Cela ne signifie pas que des mesures de rupture partielle avec le marché mondial ne soient pas souhaitables et possibles. Elles nécessitent cependant une affirmation politique et des mobilisations sociales transfrontalières (pour ne pas sombrer dans la xénophobie). Il est peu probable que des bourgeoisies locales et les bureaucraties étatiques en soient les éléments moteurs…
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Les contributions rassemblées dans cette livraison laissent entendre l’existence d’une tension forte entre insertion dans les chaînes de valeur internationales et volonté de préservation d’un haut niveau de souveraineté économique. Une souveraineté que certains auteurs s’emploient à problématiser, les usages locaux et populaires des ressources naturelles s’opposant régulièrement à leur exploitation dans le cadre des politiques de « développement national » », de « mal organisation du monde
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Les contributions rassemblées dans cet Alternatives Sud pointent l’existence de stratégies nationales progressistes face au marché mondial, qu’il s’agisse de mieux s’y insérer, de s’en décentrer ou de s’en protéger. À leur manière, elles prolongent et renouvellent la question postcoloniale non résolue de la participation souveraine, c’est-à-dire guidée par des priorités démocratiques internes, au sein du système mondial
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La souveraineté alimentaire se différencie des concepts de droit à l’alimentation et de sécurité alimentaire en ce qu’elle conteste la mainmise de l’agrobusiness sur l’alimentation. L’idée de souveraineté se prête néanmoins à des interprétations divergentes, opposant le « peuple » à l’« Etat »
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le droit à l’alimentation, la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire sont trois paradigmes portant sur l’aspect alimentaire des moyens de subsistance des êtres humains
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Ce à quoi renvoie la « souveraineté » de la souveraineté alimentaire fait débat
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