AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,65

sur 47 notes
5
4 avis
4
1 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ma relation aux images de Claude Ponti fait des tours et des détours bizarres. Voilà des années que j'en ai un en face de moi à longueur de journée pour des raisons professionnelles, un fragment ou plutôt une citation, un hommage qui me touche beaucoup parce qu'il joue avec mon patronyme et mon caractère en représentant un soleil qui s'étire mollement sur un oreiller. Ceci dit, la personne qui a fait ce dessin m'a clairement expliqué d'où venait l'emprunt mais, jusqu'à présent du moins, impossible de me souvenir du nom de l'auteur. Bref : l'occasion où jamais de fixer définitivement ce souvenir en passant par la lecture de ce livret cartonné (un conseil sur un site de vente encourageait à éviter les versions poches quasi illisibles puisque les dessins sont quelquefois très fouillés). Mô-Namour, donc, titre emprunté au nom qu'un personnage brunâtre et pataud, Torlémo de son prénom - et n'est-ce pas que Claude Ponti tord les mots souvent - donne à l'héroïne après l'avoir rencontrée dans son champ de bois morts. Un ouvrage qui accumule la violence de manière systématique, en effet peu de scène où il n'y ait quelque brutalité : un accident sur la route des vacances, jeux de balle où la balle est systématiquement l'héroïne qui en prend pour son grade, désintégration des chairs du personnage secondaire dont il ne restera que les os dans lesquels un coup de pieds enverra le crâne valdinguer, empoisonnement - suicide ou assassinat - je passe sur la recette magique du gâteau qui ouvre les portes d'un nouveau monde. J'en viens à me poser la question de la destination de ce livre. Qui en est le vrai public ? Les enfants ? Vraiment ? J'ai parcouru des livres pour adultes qui contenaient largement moins de scènes traumatisantes. Alors, peut-être, est-ce une fable allégorique, ou un rêve, destiné à un public bien plus âgé, un public qui pourrait décrypter le symbolisme ainsi que les contenus virtuels, latents diraient les psychothérapeutes à tendance freudienne, de toutes ces images - de toute cette violence. Et si, en me laissant glisser sur le coin du zinc du bistrot le plus proche à l'interprétation du rêve, ce voyage, commencé avec les parents n'était pas plutôt une représentation symbolique de la vie de l'héroïne, Isée qui, par accident, est séparée de sa famille comme le fil habituel de la vie finit par éloigner la plupart des enfants de ceux qui ont pour tâche de les conduire - ici la voiture prend un sens - vers l'âge adulte. Voilà donc Isée, loin de ceux qui ont toujours été sa référence, les points cardinaux de ses choix. A la recherche de son autonomie, elle construit son abri toute seule. Vient le moment de la rencontre de l'autre. Ici, il prend les allures d'un Lennie digne Des souris et des hommes de John Steinbeck : lourd, front bas, cheveux en bataille, pas spécialement futé, habillé de peaux de bête - style red neck du pire endroit reculé d'un pays façon Délivrance à la John Boorman (le son du banjo ne s'entend que difficilement au travers du bruit des claques) ou du géant abruti dans les adaptations du jack et les haricots magiques façon Bugs Bunny - mais visiblement plus grand, peut-être plus âgé - certainement plus âgé - la différence de taille est importante dans le dessin. La relation qui s'établit est une relation de violence absurde. D'échanges où les valeurs sont inversées : coups et douleurs d'un coté, prétendument expression de l'amour, de plus en plus durs et violents, payés en retour par le plaisir de la bouche et des saveurs pâtissières de l'autre - les gâteaux à étages sont de plus en plus grands... Une chronique qui finit en queue de poisson mais que dire sur la fin de l'histoire ? Il y est question d'un rite de passage. L'héroïne est encore une fois obligée de faire appel à des choses qui ne sont pas d'une grande propreté : crotte de nez, rognures d'ongles sales, cérumen séché, bave, salive et poils, peluchons et cheveux gras. Une leçon de vie ? Ne pourrait-on pas mener sa barque vers le bonheur dans se salir un peu les mains ? On est loin de la lumière éclatante du conte de fée classique : pas de prince charmant ni de chevaux blancs ni de carrosse et aucune bétaillère remplie de marmaille piaillante n'est garantie pour l'avenir. Isée retrouve tout simplement ses parents. Oui... Bon... voilà.
Commenter  J’apprécie          121
Ayant découvert récemment La venture d'Isée, j'ai eu envie de connaître le début de l'histoire.
Bien m'en a pris, cet album est épatant. Il traite de sujets durs et sérieux (l'accident de la route, le deuil, la maltraitance) avec la grâce et la finesse qui caractérisent l'oeuvre de Claude Ponti.
La petite Isée, dont nous suivons ici l'aventure (devrais-je déjà dire la venture...?) fait preuve d'un courage et d'une force de caractère hors du commun. Son visage ultra expressif donne un ton particulier au livre, et même si l'on retrouve des thèmes chers à l'auteur - les monstres, les gâteaux, les arbres, les objets personnifiés - et les merveilleux mots inventés, j'ai senti quelque chose d'autre, un je-ne-sais-quoi de différent, pour mon plus grand plaisir.
Mes enfants ont adoré également, pour eux c'est le côté rituel qui prime, ils adorent retrouver les références connues, comme ici Blaise le poussin masqué par exemple. Ils aiment aussi beaucoup Tadoramour, qui suscite de nombreux débats, l'un pendant que c'est un doudou, l'autre un petit frère... Mais mais je pense que Ponti n'aimait pas les cases !
Une très belle histoire, je recommande.
Commenter  J’apprécie          50
Un jour, Isée part en vacances avec ses parents et Tadoramour mais "la voiture explose contre l'arbre Borderoutt". Les parents s'envolent et disparaissent et Isée rencontre l'exécrable Torlémo...

Encore un album de Ponti d'une grande richesse où il parvient à jongler habilement avec les mots et les images pour évoquer des thèmes graves.
Commenter  J’apprécie          40
Un accident de voiture laisse la petite Isée orpheline – c'est en tout cas ce qu'elle croit. Elle s'installe avec son doudou Tadoramour dans une forêt d'arbres morts. le grand et gros Torlémo passe par là et invite Isée chez lui pour, propose-t-il, « jouer à la baloune ». Il efface son nom : « Je vais t'appeler Mô-Namour, parce que je t'aime », et se sert d'elle comme d'un ballon de foot. Elle « bondit, rebondit, rebonbondit » sous les coups de pied de Torlémo. Et tous les jours, Torlémo joue à la baloune avec Isée, qui devient balle de baseball, de golf, volant de badminton, entre ses grosses pattes brutales. Et tous les soirs, Isée doit préparer un gâteau de plus en plus gros pour Torlémo, dont la gloutonnerie semble sans limites.

Les métaphores et le texte, toujours riche en inventions verbales, sont explicites, c'est de maltraitance infantile qu'il est question, de violences physiques et psychiques. Torlémo ment, il n'aime pas Isée, il l'utilise pour son seul plaisir : il « est content » de jouer, alors qu'Isée est toute « tournebouliglinguée ; « il se régale » des gâteaux qu'elle doit lui préparer, et devant lesquels il tire une langue de plus en plus avide.
Mais Isée trouve la force de s'opposer, et la suite de l'album raconte l'histoire de sa résilience : une étoile « tombée de sa douleur » grandit de page en page et l'aide à dire non. Son refus, sa colère et ses mots accusateurs réduisent Torlémo à un misérable tas d'os. Accompagnée par son étoile et Tadoramour, il lui faudra encore parcourir un long chemin et affronter le monstre Tulavi, avant d'arriver dans un monde apaisé, habité par de petites créatures bienfaisantes. Elle y retrouvera ses parents bien vivants. Ensemble, ils partiront vers des « aventures sans souci ». Un album fort et porteur d'espoir.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (93) Voir plus



Quiz Voir plus

Ponti Foulbazar

Si je vous dis Claude Ponti, quel animal répondez-vous ?

Un chat
Un alligator
Un poussin
Un loup

11 questions
67 lecteurs ont répondu
Thème : Claude PontiCréer un quiz sur ce livre

{* *}