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3,7

sur 303 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Damien North, paisible prof de philo dans une université et par ailleurs petit-fils d'un héros national, se voit brutalement accusé de posséder une collection importante d'images pédo-pornographiques dans son ordinateur. Pour lui qui n'y connaît rien en informatique, c'est le ciel qui lui tombe sur la tête ! Enquête de police, procès, prison, c'est l'engrenage infernal...

Un roman glaçant du début à la fin... Comment cet homme introverti, timide, voire un peu falot, a-t-il pu se retrouver en possession des images qui le condamnent ? Pourquoi une telle inertie lors des interrogatoires de police puis lors du procès ? Damien North semble assister à sa propre vie comme à un spectacle, en personnage extérieur, et c'est assez troublant. Il analyse ses pensées à la manière d'un psy, il décortique ses propres sentiments mais finit par se laisser embarquer par les gens qui le croient coupable, jusqu'à douter même de son innocence, alors qu'elle ne fait aucun doute. Ce roman fait également un terrible réquisitoire contre la justice (alors même qu'on ne sait pas dans quel pays l'histoire a lieu). Personne ne semble se poser de questions tant l'accusé est un coupable idéal aux yeux de l'opinion, c'est effrayant. le style d'Alexandre Postel, plutôt sobre, vient renforcer ce sentiment de solitude et d'introversion d'une manière terriblement efficace mais il décèle également une certaine poésie par moments. Une découverte agréable malgré un sujet un peu plombant et je trouve que le Prix Goncourt du Premier Roman que l'auteur vient de remporter est bien mérité !
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Damien North est professeur de philosophie, A son domicile,Il reçoit la visite de policiers qui viennent l'arrêter pour détention illicite d'images pédopornographiques sur le disque dur de son ordinateur. Abasourdi, car innocent, il est bientôt villipendé par la presse locale, les points de vue primaires et parfois violents des justiciers des réseaux sociaux… Condamné à deux ans de prison après avoir plaidé coupable pour minorer sa peine selon les conseils d'un ténor du barreau…. Cette histoire met en évidence les dangers de notre société actuelle faisant circuler toute information (vraie ou fausse) très rapidement et souvent avec une amplification médiatique coupable. On peut-être condamné par la rumeur avant d'être jugé, pourvu que le Buzz soit garanti ! Des dégâts, parfois irréparables peuvent détruire une vie.Belle illustration d'une démocratie en danger.
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Ce roman mérite amplement son prix Goncourt du premier roman. Quelle maîtrise !
Comme le titre l'indique, le personnage principal est un homme effacé. Discret et solitaire, mal à l'aise en société, il vit comme un vieux garçon, entre l'université (située dans une ville imaginaire) où il est enseignant et sa maison. Lorsqu'il est accusé de possession d'images pédopornographiques, il n'y a personne pour le défendre, personne pour croire en lui car personne ne le connaît vraiment.
Mais le titre est aussi révélateur de l'effet de cette accusation sur Damien North. C'est un homme à la personnalité effacée certes, mais pas seulement. Effacé par sa vie détruite. Effacé car il n'est plus Damien North, il perd son identité pour devenir aux yeux de tous un pervers puis une victime.
Effacé, broyé, démoli. Damien North est écrasé par les rouages de la justice où chaque parole, chaque geste est interprété au prisme de l'accusation, où la parole la plus innocente peut se retourner contre vous, où un geste anodin peut être interprété tout autrement. Damien North est détruit aussi par le pouvoir de la rumeur, la puissance des médias.
C'est une plongée en enfer passionnante, très bien écrite et qui pose de nombreuses questions sur notre monde actuel.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Un homme effacé, d'Alexandre Postel


Comme évoqué dans un précédent billet, j'ai découvert Alexandre Postel dans des Podcasts de France Inter. L'homme m'avait semblé sympathique et sérieux, et très volontaire quant à son envie d'oeuvrer pour la diffusion de la littérature.

En fouillant sur lui, j'ai appris qu'il avait eu le Goncourt du premier roman pour cette oeuvre en 2013. Anecdote intéressante : ce manuscrit a été refusé par tous les éditeurs de la place parisienne. Au bout du rouleau, Alexandre Postel, également professeur de français, décide de prendre son courage à deux mains et de transmettre ce manuscrit à un ancien professeur de français devenu écrivain, Daniel Pennac, parce qu'il sentait bien « qu'il y avait quelque chose à faire avec ce manuscrit malgré tout ». Daniel Pennac, manifestement un mec sympa, lit ce manuscrit de ce type qu'il ne connaît ni d'Ève ni d'Adam. Plutôt bluffé, il le transmet à son éditeur chez Gallimard. La suite, je vous l'ai dévoilée : Goncourt du premier roman, merci Daniel ! Comme quoi, et malheureusement, publier est aussi (surtout ?) une affaire de réseau…

Bref, de quoi parle ce premier roman au prix prestigieux ?

L'histoire est plutôt originale. Elle retrace la vie d'un professeur de philo, Damien North, interpellé par la police pour visionnage et commande d'images pédopornographiques. À tort ou à raison, je ne vais bien sûr pas le dévoiler, mais c'est une question que l'on pose pendant les deux tiers du livre. Mais somme toute, ce n'est pas qui compte dans cet opus bien construit et bien mené.

Ce qui fait sujet ici, ce sont les autres, avec leurs masques et leurs conventions. À partir du moment où l'interpellation résonne dans la presse, et avant même que l'homme soit jugé ou non coupable, les proches changent leur fusil d'épaule. Car bien que tout homme soit présumé innocent avant d'être jugé coupable, cela n'existe plus lorsqu'il s'agit d'enfants. Ainsi, une interpellation fait office de verdict. Les proches s'inquiètent du temps que leurs enfants ont passé avec North ; la faculté qui emploie le professeur revisite les relations avec les étudiants ; le voisinage a finalement toujours trouvé bizarre ce type, etc. Une fois le ver dans le fruit, il est extrêmement compliqué de l'en retirer, à moins bien évidemment d'une preuve d'innocence irréfutable (ce qui, d'un point de vue judiciaire, est une folie). Par ailleurs, personne ne cherche à comprendre réellement qui est Damien North, ni si une telle accusation est fondée. À commencer par son avocat, qui ne peut s'empêcher de traiter cette affaire comme toutes les autres affaires du même acabit. Mais les affaires peuvent-elles être similaires sur des sujets si compliqués ? C'est bien là, entre autres, la question.

On pourrait en dire beaucoup plus sur l'histoire mais il ne s'agit pas de vous révéler ce qui fait l'intérêt du livre. Vous avez le début, à vous de découvrir le milieu et la fin.

Il y a quelques passages flottants, peut-être inutiles, mais jamais dérangeants. C'est un peu la signature que je perçois de Postel dans ces deux romans. Une écriture toujours belle et fluide, qui sauve les moments où la narration se traîne ou se perd un peu en chemin. J'ai un ressenti un peu ambivalent sur cette écriture si « parfaite » en un sens, et souvent « plate » dans un autre. Tout y est toujours bien senti, bien amené, bien expliqué, et pourtant on peut s'ennuyer, divaguer… Mais peut-être est-ce aussi cela, la littérature ? Une façon de nous tenir et de nous lâcher dans le même temps, de nous rendre libres d'aller jusqu'au bout, ou pas, sans chercher la mise en haleine permanente.

Il y a des trucs chez cet écrivain que j'aime bien et que je ne sais pas nommer. Sa ténacité et sa grande discrétion, sûrement.

Jo la Frite


Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Je n'aurais jamais découvert ce jeune auteur (ni son premier roman) si Babelio ne me l'avait fait découvrir avec les romans de la rentrée littéraire (attendez le 18 août...).
Dans ce roman finement construit, il est question d'emballement du système judiciaire, de culpabilité 2.0. le personnage principal Damien North est professeur de philosophie, veuf, introverti. Sa vie s'écroule des les premiers chapitres: il est accusé à tord de détenir sur son ordinateur des images pédopornographiques. Pas de détails scabreux, rassurez vous, l'intérêt du livre n'est pas là (heureusement). L'idée est le récit de l'engrenage judiciaire, qui ne voit plus que par une seule fenêtre: celle de la culpabilité évidente. La société qui l'entoure, moralisatrice a trouvé le coupable idéal quitte à le détruire...
Car ce qui intéresse l'auteur (et son lecteur) c'est comment ressort-on d'une erreur judiciaire ? quel avenir, quel après ?
le livre a reçu le prix Goncourt du 1er roman, j'approuve! Tant pis pour ceux qui reprochent à l'auteur une intrigue vue et revue. Ne boudons pas notre plaisir : c'est habile, haletant (la partie en prison assortie de tests psychologiques est suffocante) et le regard sur notre société de préjugés et de certitudes est troublant.
Dévoré en quelques jours, je le recommande fortement
Lien : http://popcornoreillechien.b..
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Le drame pour Damien North éclate : à ses propres archives se sont mêlés des éléments très compromettants. Les policiers l'accusent d'avoir visité des sites pédopornographiques et de stocker des photos interdites sur son ordinateur. Aucun virus ne peut être à l'origine de ce qu'il croit être une erreur et il connaît alors une véritable descente aux enfers. L'analyse de son disque dur prouve que ces preuves sont irréfutables et nul ne veut croire à son innocence. Les médecins, le commissaire de police, les psychologues, les collègues, les voisins, le juge, s'accordent pour trouver dans le comportement de cet homme discret, solitaire, « effacé », des arguments en faveur de sa culpabilité. Il reste seul.
le coup de grâce lui est asséné par son avocat qui lui explique que sa cause est perdue d'avance, que rien ne pourra prouver son innocence et qu'il a intérêt à plaider coupable pour espérer écoper d'une peine plus légère !
Ce roman pose à la fois le problème de l'erreur judiciaire et celui des nombreuses « archives » que nous laissons derrière nous sans vraiment en avoir conscience : tous ces indices qui traînent sur Internet et qui peuvent être collectés à la pelle par différents organismes.
Exemples publiés par l'Express le 7 juin 2013 :
le quotidien britannique The Guardian a publié une ordonnance de justice secrète forçant l'opérateur américain Verizon à livrer à l'Agence nationale de sécurité (NSA), à la demande du FBI, la totalité des données téléphoniques de ses abonnés, d'avril à juillet, en vertu d'une loi votée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.
le Washington Post et le Guardian ont affirmé sur la base de fuites d'un ancien employé du renseignement que la NSA avait un accès direct aux serveurs de neuf sociétés internet, dont Facebook, Microsoft, Apple et Google.
… La réalité dépasse la fiction.

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Premier roman 2013
"Au fond, ce n'est pas parce qu'il a été innocenté qu'il est à tout jamais innocent", dit une de ses voisines.....
Phrase qui pourrait résumer ce roman.
Damien North est un paisible et timide universitaire, passionné par Descartes. Sa femme est décédée depuis 12 ans. Il se retrouve arrêté pour des téléchargements de pédopornographie retrouvés sur son ordinateur. Il a beau nier, rien n'y fait, bien sûr.
Ses moindres paroles, ses moindres gestes sont dénaturés (comme la photo de sa jeune nièce en maillot de bains sur une plage). Tout le monde le lâche, y compris son frère
Un roman sur l'hystérie, la surinterprétation pour faire correspondre la réalité avec ses fantasmes, le rôle néfaste de trop nombreux experts pressés de se faire un nom.
Quelques faiblesses, bien sûr, des personnages qui interviennent un peu trop au bon moment (ou au mauvais...), mais ce roman réussit à nous faire froid dans le dos, un très bon point.
Il m'a fait penser au film "La traque", à la pièce "Oléana" de David Mamet et à "La tâche" de Philip Roth (sur une accusation infondée de racisme), dans lesquels le personnage est pris dans une toile d'araignée kafkaïenne sans issue où qu'il se tourne.
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Premier roman d'Alexandre Postel dont j'ai apprécié l'écriture concise et recherchée. le portrait d'un homme solitaire, piégé par l'informatique et par le hasard, et qui se retrouve accusé injustement d'un grave délit. L'auteur nous démontre au fil des pages que la nature humaine est inconstante et facilement confondue par les apparences. Un constat somme toute assez décourageant!
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Me voila bien embêté au moment d'écrire mon avis sur cette chronique d'une mort psychique et sociale annoncée....... A la lecture de la quatrième de couverture, on trouve cette appréciation: "Alexandre Postel décrit avec acuité la farce des conventions sociales, les masques affables sous lesquels se cachent le pouvoir, la jalousie ou le désir de nuire ? et les dérives inquiétantes d'une société fascinée par les images". Oui, bon, mais encore.

Un rouleau compresseur passe sur un quidam, homme effacé, victime de notre société, son identité se voit effacée par une machinerie policière et judiciaire qui ne se pose pas trop de questions devant les faits. Un roman donc qui questionne le fonctionnement de notre société.

J'ai eu du mal à entrer dans le bouquin. Mais, dès que l'injustice est entrée en scène, je me suis accroché. J'ai semble-t-il eu raison puisque il y a une certaine réparation .... mon côté Zorro certainement ! Et j'ai poussé tard dans la nuit pour arriver à l'épilogue .... où une fois de plus, c'est le végétal qui trinque !!!! (mon côté Vert)

Cependant, le héros sur lequel est centré le roman (peu de personnages secondaires) reste néanmoins victime d'une erreur judiciaire aux conséquences dévastatrices, surtout par la teneur du crime lié à la pédo-pornographie.
J'ai été touché par l'anticonformisme naïf du personnage, taillé pour être le dindon de la farce. Je n'ai pu m'empêcher de faire le lien avec mon entrée en touriste au palais de justice de Paris où rien que le poids de l'architecture de ce lieu de justice t'écrase avant toutes choses.

Content de l'avoir choisi. Cette histoire va faire son chemin

Ancelle, le 19 avril 2019
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Le héros est professeur de philosophie à l'université. Sa vie est calme, rangé, dictée par des habitudes permanentes. Mais un jour il est accusé d'avoir téléchargé des photos pédophiles.
L'auteur questionne notre rapport aux apparences, à la justice douteuse, à la presse tape-à-l'oeil. Un engrenage parfait & glaçant dans lequel le protagoniste principal tente en vain de faire entendre sa voix. Et s'il s'en sort blanchi, le doute persistera toujours pour les autres. Une farce satirique élevée.
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