Qu’est ce que vous faites dans la vie quand vous ne cherchez pas votre frère ? Demanda la Grande Sauterelle
Je suis écrivain, dit l’homme . Et vous ?
Mécanicienne. Dit-elle. J’ai étudié la mécanique automobile.
Vous avez un diplôme ?
Non et vous ?
Moi non plus, dit il en souriant
Il y a des gens qui disent que l'écriture est une façon de vivre; moi, je pense que c'est aussi une façon de ne pas vivre.
Et il fut ainsi renvoyé à lui-même et à sa propre écriture
Mais n’écrivant pas, (Jack) était en mesure de lire et, comme il pensait sans arrêt à son frère, il cherchait des livres ayant un rapport avec le voyage à Saint-Louis.
Je me demande, si j’aimais vraiment Théo. Peut-être que j’aimais seulement l’image que je m’était faite de lui.
Pour l’instant (Jack) n’avait pas de roman en chantier, Il vivait les moments d’angoisse qui attendent les écrivains quand ils ont terminé un livre et que, déjà conscients des faiblesses de cet ouvrage et encore incapables d’imaginer l’œuvre suivante, ils se mettent à douter de leur talent.
Les rêves sont comme des îles. Alors on est tout seul quand on rêve et ça ne peut pas être autrement.
Un jour, pour se changer les idées, ils prirent le Volks et se rendirent dans le secteur de Haight et Ashbury, où le mouvement des hippies avait fleuri dans les années 60. Ils ne s'attendaient pas à rencontrer des hippies, mais ils espéraient voir des traces du mouvement, quelques indices qui auraient rappelé que des milliers de jeunes et de moins jeunes, venus de tous les coins du pays, avaient essayé de mettre en pratique dans ce secteur une nouvelle conception de la vie et des rapports entre les gens. Or, ils ne virent que des boutiques et des restaurants. Jack déclara que les commerçants étaient les gens les plus stables au monde.
-Ils sont capables de survivre à tous les changements et à toutes les modes, dit-il. Un jour il ne restera plus que des commerçants sur la terre.
Ils demandèrent à un gardien de leur indiquer la section réservée aux "French Impressionists" et, après avoir grimpé un escalier, ils découvrirent une salle exclusivement consacrée aux œuvres de Renoir.
- Peut-être que vous aimez vos livres ? suggéra la fille
-Non.
-Pourquoi ?
-Ils ne changent pas le monde, dit-il sur un ton péremptoire.
-Vous croyez que c'est nécessaire ? demanda-t-elle.
-Evidemment. Sinon, ça ne vaut pas la peine. (p. 148)