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Feu", ce n'est pas celui, romantique, idéalisé, magnifié par la tragédie grecque ou les grands romans de la Passion.
Et pourtant Laure, cette femme de 40 ans, mariée à Anton, mère de deux filles ( Véro, lycéenne de 18ans, en pleine révolte , et Anna, encore enfant, encore naïve) brûle d'y croire. Elle va faire une rencontre.
Celle d'un homme plus âgé, plus triste, plus désabusé ( ou moins aveugle?).
Et le
feu va s'embraser.
Maria Pourchet adopte une narration vraiment singulière : ses deux personnages monologuent en alternance, chapitre après chapitre.
Son écriture est directe, elle tranche dans le lard. le style est brut, (bien!) fait pour écorcher, pour faire saigner : ce n'est pas une amourette, c'est un incendie. Un
Feu, l'auteur n'a pas menti : ça ravage, ça boursoufle, ça crame. Bref, ça ne fait pas dans la dentelle.
Nous, lecteurs, sommes témoins de l'incompatibilité de ces deux-là qui s'amusent (d'abord) à s'enflammer, de leurs inconciliables attentes, de leurs mensonges - à l'autre, à eux-mêmes -, et de ce mur vers lequel ces êtres en manque de bonheur se jettent avec obstination.
Amère peinture du couple, sombre photographie de nos vies modernes, ce roman nous malmène sans nuance. Mais malgré ce terrible miroir qu'il nous tend, comme Laure s'acharne avec ce Clément, nous ne lachons pas ce livre qui ne nous fait pas de bien.
Mais à une époque où il est de bon ton d'être bienveillant voire doucereux, de s'entourer de pensée positive jusqu'à la niaiserie, de cultiver le feel-good et de se protéger de tous les coins de tables, le propos acide et cynique (on rit jaune, mais on rit!; l'humour est noir, mais il est là !), cette certaine clairvoyance sur nos lâchetés et nos pauvres manoeuvres, quoique sinistre, c'est un sacré coup de pied dans la fourmilière...
Alors
Feu !
(Si vous l'osez...!)