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sur 539 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La proposition est audacieuse : mettre en scène Dom Juan sous la forme… d'un western. Mais voilà : à la veille de la première, la star qui joue le plus célèbre des séducteurs – un rôle qui lui va comme un gant – manque à l'appel. Il semble s'être purement et simplement volatilisé.
Qui est cette voix off, ce « je » qui fait parfois intrusion dans la narration et commente les évolutions en se référant aux codes du western ? Car il s'avère que ce livre que nous tenons entre nos mains et qui prend des airs de script ou de scénario (« Cela commence à Paris, au théâtre… ») serait en réalité, lui aussi, un western. N'allez pas imaginer que ces pages vont vous entraîner au Far West ni même que le rythme sera galopant. Mais on y trouvera, effectivement : la route par une chaleur de plomb, la fuite vers l'Ouest, la tension des moments où il ne se passe rien, le héros qui n'a plus rien à perdre, celui qui débarque et qu'il faut désarmer, la traque.

Ce « western »-là cristallise avec justesse (mais sans jugement) notre époque, ses bullshit jobs et ses conflits moraux, son arbitraire et son cynisme, ses scandales et ses coups médiatiques, ses villes sauvages et ses campagnes harassantes. C'est cruel et cru. Maria Pourchet brosse tout cela d'une plume nerveuse et féroce, dérangeante par son détachement qui lui fait évoquer d'un ton égal les pulsions sexuelles et le désespoir, les ambitions et les jeux de pouvoir.

Difficile de baisser la garde dans un tel décor, d'autant plus qu'on ne sait qui joue quel rôle, où finit l'amour et où commence la prédation… On serait d'autant plus transporté.e d'y trouver ce que l'on n'attend plus ni dans un western, ni dans notre monde de brutes.

Un roman déconcertant mais qui parvient à développer un point de vue original et stimulant sur les déboires du donjuanisme et de la vulnérabilité dans notre ère post-me too. Et puis se saisir des codes du western pour tourner en dérision le machisme, ça ne manque pas de sel.

Merci à Stock et à Netgalley pour cette lecture !
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Dom Juan 2023

Le nouveau roman de Maria Pourchet raconte une rencontre improbable entre un comédien célèbre et une mère célibataire. Ils ont tous deux quitté leur vie parisienne pour se retrouver dans un village aux environs de Cahors. C'est là que la France post #metoo va les rattraper.

Au fronton d'un théâtre parisien, on annonce déjà la nouvelle adaptation de Dom Juan, avec Alexis Zagner, comédien célèbre, dans le rôle-titre. Pendant ce temps Aurore s'épuise à mener de front sa carrière et son rôle de mère célibataire dans un Paris qui devient ingérable. du coup, l'annonce du décès de sa mère est presque un soulagement. D'autant qu'elle hérite d'une maison dans le Quercy, certes peu confortable mais idéale pour quelqu'un qui entend changer de vie, car rien ne la retient vraiment dans la capitale, même pas une relation que l'on pourrait qualifier de simple confort sanitaire, histoire de contrôler que tout fonctionne encore, maintenant que la «fracture d'avec les hommes, d'avec l'amour, d'avec la joie, pour la simple sensation du moteur» est consommée, qu'après l'acte elle est renvoyée «à la solitude la plus totale dont un adulte puisse se souvenir».
Un avenir sans perspectives va pousser Aurore prendre le large, à essayer de sortir du piège dans lequel elle était prise, ayant appris à «tout avaler sans rien dire. À commencer par Tchernobyl à six ans, à pleins poumons, puis les conneries sur l'Europe réunifiée en pleine tête, la pilule microdosée, le non à Maastricht, le sperme, d'abord un peu puis tout car dans ELLE on disait que c'était coupe-faim.»
Au moment de se retrouver avec sa fille dans une bâtisse plutôt inconfortable et loin de tout, elle se souvient de ses rêves avortés. «Elle a cru à l'amour comme marché, à la libéralisation des échanges hommes-femmes, elle a pensé en termes d'offre et de demande, puis offensive et force de vente, s'est appliquée à déclarer ses sentiments la première, y compris sans certitude, s'entraînant ainsi à ne plus être un objet passif du désir. Elle a cru au travail, à la patience et qu'en France on pouvait rire de tout. Elle a cru pour un discours de vieux stal moins mal écrit que d'habitude que le communisme était une idée neuve.»
C'est donc très méfiante qu'elle ouvre sa porte au visiteur du soir. Et c'est encore plus méfiante qu'elle va lui demander de partir au petit matin, ne voulant plus partager son foyer avec un homme, fut-il un comédien célèbre. «Elle sait de cet homme son nom, sa frayeur, cette tenace odeur de ville, sa bonne volonté musculaire et ça suffit. Elle est déjà pleine de prénoms et de romans, pleine de traces que depuis un an elle s'applique à effacer.»
Mais Alexis lui explique alors qu'il est ici chez lui, qu'il a acheté la maison en viager. À cet imbroglio vient aussi se greffer pour le Dom Juan une tentative de fuir Paris et ses rumeurs. Car les médias se sont emparés d'un témoignage qui laisse croire à une emprise forte exercée sur une jeune comédienne. La machine va s'emballer quand un journaliste part en chasse du scoop et détaille l'histoire du maître et de son élève. Très vite, elle finira dans son lit, très vite il va échanger avec elle des messages brûlants. Abus de position dominante ou passion amoureuse librement consentie? Toute la question est là. Car comme le résume la fille d'Aurore, «le problème avec une vie, même méprisable, c'est que lorsqu'on la détruit, elle est terminée.»
Après la confrontation proposée l'an passé par Pascale Robert-Diard avec «La petite menteuse», le procès mis en scène en 2019 par Karine Tuil dans «Les choses humaines» et l'injonction de Mazarine Pingeot la même année avec «Se taire», Maria Pourchet poursuit l'exploration de la société française post #metoo avec beaucoup de finesse. Des relations complexes qui lient hommes et femmes, la romancière réussit, dans son style inimitable, à jouer sur le registre de la subtilité, comme elle le faisait du reste déjà dans Feu, son précédent roman. Loin du brûlot féministe, elle choisit de décrire plutôt que de juger, laissant le soin lecteur de se faire une opinion.


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Réécriture de Dom Juan à la lumière de #MeToo, transposition du western dans notre ère ultra-informatisée, ce roman joue avec les mises en abyme et les mythes d'hier, pointant du doigt les rôles attribués depuis toujours – femmes victimes, hommes bourreaux. Maria Pourchet s'en amuse tout en les dénonçant, parfois de manière trop schématique (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/08/28/western-maria-pourchet/)
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Alexis Zagner, comédien réputé pour son talent, doit incarner Don Juan, mais coup de théâtre, il disparait de la circulation, laissant la troupe et ne donne plus signe de vie. Quelques jours plus tard, il dit abandonner le rôle à la comédienne censée jouer Elvire, au nom du féminisme.

De son côté, Aurore décide de fuir Paris et un travail où elle n'est pas très reconnue, direction la maison de sa grand-mère décédée dans le Lot. Dorénavant, elle supervisera en mode télétravail, toujours dans la même entreprise. Elle emmène son fils dans ce nouveau défi.

Mystérieusement, Alexis débarque un soir chez elle, soi-disant par hasard. Une relation étrange va ainsi se nouer. Hélas, la nature ayant horreur du vide, le comportement passé donjuanesque d'Alexis va refaire surface et tout le monde va s'en donner à coeur joie, quand une ancienne conquête, une jeune comédienne dont il fut plus que le mentor a mis fin à ses jours. On brûle ce qu'on a adoré…

Ce roman m'attirait par le thème abordé : le harcèlement moral et ses conséquences, ainsi que la manière de l'aborder, en mode western. Certes, il faut reconnaître que l'auteure a bien creuser son analyse, expliquant le parallèle entre le mode fonctionnement (machiste, n'ayant pas peur des mots) du western ses codes, la manière dont se déroule l'action et la rencontre des héros.

J'ai aimé l'analyse de la solitude de Chloé, sa descente aux enfers, l'impuissance de la justice, le comportement de la presse. Par contre, le comportement de la mère m'a irritée, car elle parle à la place de sa fille, (dont le silence est largement compréhensible) et cela donne l'impression d'une relation ambigüe voire malsaine.

Le comportement du prédateur est bien analysé : la manière dont il tisse sa toile, les lettres qu'il envoie et les termes utilisés pour séduire et rendre l'autre dépendant… on passe du lyrisme aux détails crus, limite, pornographiques. Tout grand acteur qu'il soit, il n'inspire aucune compassion. Dom Juan, sors de ce corps !

Le style par contre, l'écriture brouillonne, où Maria Pourchet raconte ce qui arrive dans la vie des deux héros, puis tout d'un coup, irruption du « je », des détails à n'en plus finir, une véritable dissertation sur l'art de la rhétorique, tout cela vient gâcher le plaisir. J'ai failli abandonner ce roman en cours de route tant l'écriture me déplaisait.

Avis mitigé donc !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur

#Western #NetGalleyFrance !
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L'auteur suit de près deux personnes différentes en apparence mais qui toutes deux ont fui leur vie quotidienne devenue trop étouffante. Bien entendu, vous vous en doutez, ces deux personnes vont de manière totalement improbable, se rencontrer.
Il y a d'abord Alexis Zagner, un acteur très connu même en dehors du milieu parisien, beau et sûr de lui, de son talent et de son charme. Il a peur, il pressent un événement important, "quelque chose qui va tomber", suite à des regards, des remarques qui l'angoissent mais rien de précis pour autant.
Le roman démarre alors que les comédiens l'attendent pour jouer la répétition générale de Dom Juan, dont il a le premier rôle, il ne se montre pas. Tous s'impatientent et vont découvrir qu'il a disparu, ni sa mère, ni Olivia sa femme qui vient de le quitter, ne savent où il est. Mais avant de partir il a, bon prince, écrit une lettre où il propose au metteur en scène de céder son rôle à sa collègue Diane, qui jouait Elvire, car il a découvert qu'elle était beaucoup moins bien payée que lui. Les associations féministes le portent au nu mais vont très vite déchanter.
Il y a aussi Aurore, qui élève seule Cosma, son jeune fils, et n'arrive plus à supporter sa vie quotidienne étouffante, ni ses amours, ni son travail. Elle est épuisée et profondément dépressive pour ne pas dire désespérée. le décès de Sabine, sa mère, sera un déclencheur. Aurore va tout quitter pour aller, s'installer dans la maison où elle vivait, située au fin fond des Causses. Là elle va pouvoir se retrouver et grâce au télétravail continuer à gagner sa vie et à élever son fils qu'elle aime par dessus tout.
Un soir, un homme frappe à sa porte. Certes le chemin de Saint-Jacques n'est pas très loin et il y a beaucoup de passage, mais Aurore n'est pas très rassurée pour autant, elle ouvre. le visiteur vous l'aurez deviné n'est autre qu'Alexis. Elle accepte qu'il reste une nuit mais quand elle lui demande de partir le lendemain, il lui apprend qu'en fait, cette maison lui appartient car Sabine la lui avait vendu en viager quelques mois avant sa mort prématurée. le monde d'Aurore s'effondre.
Mais rien ne se passera comme prévu. Car pendant son absence parisienne les médias se sont emparés de son histoire, et Alexis va apprendre par la presse que la jeune Chloé, une jeune fille qu'il avait prise sous son aile pour l'aider à progresser au théâtre, et vous vous en doutez, plus encore, s'est suicidée. Il va être accusé de violence psychologique. Son heure de gloire est bien derrière lui.
Véritable passion ou abus de pouvoir ? Les messages brûlants échangés avec la jeune fille (les mêmes, au mot près, qu'il avait écrits à son épouse des années auparavant) sont publiés au grand jour.
Mais le lecteur le sait, et il en est révolté : malgré ses dires, Alexis Zagner, tout célèbre qu'il est, est un véritable Dom Juan dans la vie comme au théâtre. Il a vraiment détruit la petite Chloé. Quand il l'a rencontré un an auparavant, elle a cru en lui, il ne lui a pas laissé d'espace pour réfléchir à ses propres sentiments, ni de temps pour résister. Il lui a proposé son aide, pour ne pas dire qu'il la lui a imposée, puis il a tout fait pour la conquérir, pour enfin, la (re)jeter une fois arrivé à ses fins.
Le lecteur découvre le point de vue de tous ceux qui ont eu maille à partie avec l'acteur, Olivia sa femme, Elisabeth sa maîtresse, la mère de la jeune fille, ses collègues de travail.
La machine médiatique s'emballe, on entre dans la démesure. Les faits divers, le public adore et partout sur tout le territoire, ceux qui aimaient l'acteur, se mettent à détester l'homme...

C'est un roman qui est bâti de manière tout à fait originale car on a vraiment l'impression d'être au théâtre et au cinéma à la fois. de temps en temps l'auteur répond à ses personnages, ce qui crée un décalage drôle nous permettant de casser le rythme et de se poser un instant pour réfléchir nous-aussi.
Les différents événements sont de véritables scènes filmées ou jouées. le lecteur passe de la vie parisienne, avec les personnages qui sont restés là-bas à la vie à la campagne dans cette petite maison isolée, accrochée à la falaise. de plus, quand les personnages dialoguent et se livrent, on a vraiment l'impression de les voir jouer un rôle et d'être assis face à eux, comme au théâtre.
Mais au-delà de cet aspect tout à fait plaisant, c'est un roman dérangeant donc je suis incapable de dire si je l'ai aimé ou pas, d'ailleurs en vérité je n'ai pas vraiment envie de me poser la question, je suis contente de l'avoir lu même si je sais que je n'ai pas totalement apprécié ses digressions fréquentes, j'ai aimé son écriture et ses propos autour de cette histoire et le fait qu'elle ne prenne jamais partie, ne porte aucun jugement.
Elle nous décrit des faits, de manière étonnamment directe et parfois crue, chacun des protagonistes prenant la parole tour à tour pour expliquer à l'autre pourquoi il a fui, et ce qu'il a fui et le pourquoi de ses actes. L'auteur aborde des thèmes douloureux de notre société, le harcèlement moral, la souffrance au travail, la solitude amoureuse, la violence sexiste, le pouvoir des hommes, et le féminisme. L'auteur dénonce et nous laisse avec notre propre ressenti, nous passons de la révolte à l'empathie.
Car Alexis et Aurore se comprennent même s'ils n'avaient rien en commun au départ, tous les mots ne sont pas prononcés, tous les événements ne sont pas racontés en détails. le lecteur suit leurs échanges, les voit s'attacher l'un à l'autre, avoir envie de mieux se connaitre jouer au je de "action" ou "vérité". Ces deux paumés vont arriver à se parler comme ils ne l'avaient jamais fait avec personne de leur entourage. L'auteur s'attarde sur les détails de leur vie pour nous montrer leurs failles et ce qui, à cause de la société d'aujourd'hui, les obligent à fuir après avoir trop longtemps jouer un rôle qui leur colle à la peau. Ils pensaient suivre leurs désirs mais ne sont que des acteurs dans un western qui ne font que passer et donc le spectateur ne devine pas toujours les intentions, ni où ils vont, ni qui ils sont.
Au lecteur de se faire une opinion sur cette société post #metoo telle qu'elle est décrite dans ce roman, violente, dérangeante, mais indispensable pour laisser libre cours à la parole. Les pages racontant les méthodes de drague d'Alexis, qui montrent l'emprise du prédateur sur sa victime sont criantes de réalisme et tout à fait révoltantes.
Comme dans un western, il ne peut y avoir d'un côté les méchants et de l'autre les gentils, c'est beaucoup plus compliqué dans la vraie vie...mais comme dans un western on retrouve les longs silences, la solitude du héros qui fuit parce qu'il n'a plus rien à perdre, la traque et la peur de mourir...
Une plume très littéraire, à la fois acérée, vive, tranchante, grave et cynique à la fois, à découvrir assurément.
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Encore une fois je suis carrément fan de cette écriture au scalpel sur notre société, de ce qu'on accepte sans trop y réfléchir, de nos habitudes médiocres dans lesquelles on se complaît pour pas dire qu'on s'en enorgueillit. A chaque fois des réflexions à couper le souffle tant elles sont provocantes, dérangeantes, inopportunes pour qui ne veut pas déranger les pierres. Et en même temps, d'un grand humanisme voire universalisme. Ici, c'est le monde médiatique et plus particulièrement le théâtre qui est la scène (!), et l'amour. La rencontre de deux êtres qui n'avaient pas vocation à se croiser, elle désoeuvrée, lui, grand acteur de théâtre. Lui qui refuse le rôle de Dom Juan et qui propose qu'une femme joue (enfin) ce rôle réservé aux hommes. Mais voilà il est rattrapé par une triste histoire d'amour passée, où il aurait été un manipulateur, étouffant, un mâle alpha dominant dans toute sa splendeur. Et donc, au final, un superbe parallèle réussi entre le Dom Juan que les foules s'empressent d'aller regarder depuis des siècles, de l'autre, une vie privée où tous les coups de coeur sont scrutés à la loupe. Réussi aussi parce qu'il va falloir le relire.
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Alexis Zagner, célèbre comédien de théâtre, s'apprête à jouer le rôle principal de Dom Juan. A l'étonnement de tous, il se volatilise du jour au lendemain à la veille de la première de la pièce et chacun s'interroge sur les motifs de cette étrange disparition alors que tout semblait lui réussir, vie professionnelle et conquêtes féminines.
Le héros, comme mu par une intuition de mauvais augure, fuit vers l'Ouest, dans une maison isolée du Lot qu'il a acquis en viager quelques années auparavant. Qu'est-ce qui pousse Alexis à prendre ainsi la route, tel un « poor lonesome cow-boy », bientôt pourchassé par les médias, la justice et la vindicte populaire ?

Lorsqu'il arrive enfin dans sa cachette, le lieu est occupé par Aurore, mère célibataire qui s'y est réfugiée avec son fils Cosma après le décès de sa mère, fuyant elle-même sa vie d'avant et tentant de se reconstruire dans une existence solitaire pour se décharger d'un lourd passé.

Ce livre est l'histoire de la rencontre violente, impudique, mais aussi intimiste entre ces deux êtres qui cherchent à fuir leur vie antérieure devenue insupportable ou dangereuse et qui vont peu à peu se livrer l'un à l'autre au risque de se perdre ou de s'aimer.

Il dénonce les vicissitudes de la société d'aujourd'hui où les rapports hommes/femmes, sous apparence de facilité et de liberté, sont parfois d'une violence psychologique terrible.

L'écriture de Maria POURCHET se distingue par sa grande originalité. Teintée tantôt de violence, tantôt d'humour, tantôt de profondeur, à la fois galopante comme un cheval, percutante comme un colt, elle sied merveilleusement bien à cette histoire de western moderne, métaphore de notre monde soi-disant « civilisé » où la sauvagerie des rapports humains est bien présente.

J'ai découvert et relirai volontiers cette autrice à l'écriture si particulière, reconnaissable entre toutes.
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L'autrice place son récit dans la codification des westerns.
À moins qu'elle utilise les codes du western pour créer son récit.
Dans les deux cas, ça donne un roman surprenant.
Une histoire d'amour non conventionnelle, des personnages qui fuient la ville et sa violence. Dans un style oral qui ne manque pas de littérature, l'autrice dresse un portrait de notre monde contemporain, affichant ses partis pris dans un subtil placement de « moi je pense que ». J'ai vraiment eu l'impression qu'une personne était là, tapie dans l'ombre et me racontait une histoire sur un ton cynique, ferme et engagé.
Je le redis, c'est surprenant, au début un tantinet agaçant mais plutôt amusant et libre, très libre.
D'un mot, d'une petite phrase, Maria Pourchet flingue nos institutions, les injonctions sociales que nous nous infligeons nous-même. Elle montre comment le monde marche sur la tête et comment il perd l'équilibre.
Une expérience de lecture relativement insolite et très goûtue.
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Se régaler par un ton, des tournures de phrases, une impertinence littéraire, ce fut mon émotion à la lecture de Western de Maria Pourchet. En raconter des brides serait, peut-être, se priver de cette découverte si particulière qu'est le style mordant de cette écrivaine. Et pourtant, en voici des éléments :

Décor
Comme dans un Western, mais ici sur le Causse, deux protagonistes s'affrontent : Alexis dont le métier est de faire semblant décide de s'effacer du monde. Aurore n'a plus rien que des habitudes. Elle a même réussi à effacer ses désirs. Et, sur le côté, un étrange enfant, Cosma, dont les pouvoirs divinatoires sont représentés par le maniement de pierres. La fin…car dans un western, on la connaît : retrouver l'envie, le désir et la spontanéité, et repartir plus à l'Ouest, pour un renouveau espéré ! La fin, donc, sera une composition particulière où Maria Pourchet, après s'être régalée à nous promener, réveille nos doutes et laisse ses personnages prospérer dans nos têtes.

Personnages principaux
Lui, est un professionnel du regard et de la voix, de l'observation minutieuse de l'autre et de sa duperie. Un Dom Juan moderne ! Après s'être effacé de ce rôle au théâtre, il devient l'image de l'homme moderne apprécié des féministes. Seulement, celui qui est adulé un jour est vilipendé le lendemain ! Car, Alexis doit répondre d'accusations de violences sexuelles par une de ses étudiantes. Lorsque les médias se déchaîneront, la fuite sera la seule solution.

Aurore est corsetée dans sa vie rituelle, fragile et fragilisée par sa vie passée. Elle n'attend plus rien et s'occupe entièrement de son petit garçon. Cosma a développé avec cette solitude la capacité de sentir l'invisible et prépare le lecteur aux complications diverses qu'il va rencontrer.

Combat des héros
Ici, pas de corps exsangue sur le sable de la rue principale. Juste, un réajustement vers plus de franchise, de naturel et d'envie qui profite à chacun après l'emprise, l'antagonisme et la tromperie.

Entre, Maria Pourchet analyse l'emprise, le pouvoir, la rencontre, la séduction et l'acceptation de désir revisitant le mythe d'un Dom Juan, bien actuel. C'est une analyse sociologique où tous les personnages, tous les points de vue y sont disséqués avec jubilation, ironie et, bien sûr, intelligence éclairée sur le monde actuel.

L'explication de texte sur les SMS et sur les lettres que le prédateur envoie à son objet est édifiante de ce que notre modernité ressemble à celle de Molière avec son Dom Juan. de la domination à la “vampirisation”, Maria Pourchet décortique avec son journaliste blessé et opiniâtre le processus du pervers qui laisse exsangue son jouet. Un régal !

C'est dans un film littéraire que nous immerge Maria Pourcher où elle observe tout, sous chaque angle, pour nous immerger dans son décor.

Des tas de détails viennent éclairer l'intrigue, la complexifier comme est la vie, en fait. Déjà, Alexis est à aimer et quelques pages plus tard, à détester, puis le doute s'installe au fur et à mesure qu'Aurore est obligée de lui ouvrir sa maison, puis le déplace dans la grange, puis etc.

The end
En peignant dans Western, une relation actuelle entre un homme et une femme qui se refuse d'être linéaire, Maria Pourchet analyse les jeux de pouvoir et, comme dans le genre cinématographique, entraîne vers un autre monde, plus à l'Ouest encore, à investir.
Un autre coup de coeur !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Je n'ai pas été aussi enthousiaste que je l'aurais cru. Pourtant, l'histoire m'a bien accrochée.
L'histoire, c'est celle d'Alexis Zagner, un artiste renommé, comédien de théâtre adulé, qui disparaît du jour au lendemain. Il s'installe dans un coin perdu du Lot, dans la maison qu'il a achetée en viager. Sauf que c'est aussi l'histoire d'Aurore, une jeune femme un peu cassée par la vie, par les hommes surtout. Aurore a besoin de souffler ; elle va se réapproprier, avec son fils, la maison de sa mère tout juste décédée, dans un village perdu du Lot.
Je ne veux pas dire la suite, ce serait dommage, mais j'ai beaucoup aimé cette ambivalence entre les personnages. On se prend rapidement d'amitié pour Alexis, qui arrive avec douceur dans la vie d'Aurore. Et finalement, l'autrice joue avec le jugement du lecteur, et j'ai trouvé ça très intéressant.

La plume est acerbe, aiguisée, dense, et j'ai aimé aussi. L'autrice s'autorise à parler directement, à dévoiler au lecteur au fil du roman le western. Il se dégage de cette façon d'écrire quelque chose de tout à fait unique, nouveau, intéressant.
Au départ, on a du mal à comprendre le lien entre les personnages. J'ai mis du temps à rentrer dans l'histoire, mais une fois dedans, on plonge.

Ce qui me fait mettre un bémol, c'est déjà une anomalie, et (c'est sans doute idiot) mais je suis toujours agacée par ce genre de "coquilles" quand je les vois. p. 108, on apprend sur la mère d'Alexis : "quitter à dix-neuf ans pour épouser enceinte, éperdue, son premier partenaire sexuel, le père d'Alexis" et déjà page suivante : "Elle n'était pas mariée au père d'Alexis". Bon, c'est pas grave, certes, mais mon côté psychorigide est titillé.
Et surtout (parce que la coquille, je l'avais oubliée au fil de la lecture), je n'ai pas trop aimé la fin. Ca manque de clarté selon moi, je n'arrivais plus bien à suivre, à être dedans.

En tout cas, c'est quand même une belle lecture, et -sans aucun doute- une autrice à suivre, car, quel talent !
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