AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,11

sur 539 notes
*Le con en rut est le truand*

L'écriture de Maria Pourchet pique aux yeux, et ce n'est rien de le dire. Les mots claquent, les phrases s'entrechoquent, c'est cru, c'est cuit. C'est parfois incompréhensible si nous n'avons pas à disposition les neurones de l'autrice pour nous éclairer. Bref, on ne rentre pas dans ce roman comme dans un bon bain tiède. Il faut d'abord l'apprivoiser.

De Western, il n'y a que le titre. Oh Maria Pourchet tente bien à la fin de chaque chapitre de nous restituer en quoi ce cela est pour elle du western. Autant dire que, pour moi, ce n'en est que plus nébuleux.

Et ça parle de quoi ce western ?
Alexis, bel acteur, joue Dom Juan. Alexis, sous des airs bien comme il faut saute (sur) tout ce qui bouge... dont Chloé, une de ses élèves. Assez sensible. Il a divorcé d'Olivia.
Un jour notre Dom Juan, en a sa claque et disparait sans laisser de trace. Il coupe réseaux et téléphone et va dans l'ouest. Là, il se retrouve chez Aurore.

Aurore, elle vit avec son fils dans la maison de sa mère qui est décédée quelques mois plus tôt. Alexis débarque chez elle. Et quand un inconnu débarque chez vous comme ça, qu'est-ce qu'on fait ??? Ben on l'emmène dans sa chambre et on le baise. (Je pense que Maria Pourchet a comme des fantasmes de plombier de film de cul parfois).
Et puis, Alexis lui apprend que la maison est à lui et que maman l'avait vendue en viager (Rassurez-moi, il y a bien des notaires en France que l'on voit obligatoirement en cas de décès pour l'héritage des biens immobiliers ??? Non ??? ). Elle ne veut pas s'en aller, il ne veut pas s'en aller, ils vont apprendre à s'aimer. Mais aimer, est-ce bien ce qui leur convient ?

Pour moi, c'est un roman sans grand intérêt. Les personnages sont pathétiques à souhait. Trop de scènes de cul qui ne servent pas du tout le roman. Pourquoi 3 étoiles alors ??? Parce que j'avais quand même envie de savoir comment ça allait se terminer
Commenter  J’apprécie          9031
C'était avec une grande impatience, que j'attendais la sortie de ce roman. Un livre au delà de mes attentes, c'est un véritable petit bijoux.
Grace à une écriture fluide, elle nous envoute dans une histoire complexe, mais tellement prenante. Elle manipule les mots, une grande richesse d'orthographe. Elle relate cette histoire avec dextérité et intelligence .Elle met en scène plusieurs sujets sujets , la domination, le féminise, la manipulation et les meurtres.
Une histoire qui mélange le théâtre, à travers le personnage de Dom Juan, et une part de la réalité de la vie actuelle. C'est totalement déroutant et bluffant.
Trois personnages , trois personnages différents, mais un lien les unit, lequel. Elle disseque leur mentale, nous rentons dans leur psyché complexe, nous rentrons dans western.
L'auteure m'a mis dans le questionnement qui perdure jusqu'au final. Une fin qui me laisse dans la réflexion.
Une belle réussite. A lire de toute urgence.
Commenter  J’apprécie          696
Pourquoi cet acteur connu et aimé du public a t-il brutalement disparu, laissant derrière lui une troupe orpheline (il était sur le point de jouer Dom Juan) ? Et pourquoi nous, lecteurs, le retrouvons nous dans une maison isolée au coeur de la campagne profonde, tapant à la porte d'une jeune femme qui a elle aussi tiré un trait sur son passé ? Après un coup médiatique bluffant, un deuxième scoop bouleverse l'opinion publique, prompte à retourner sa veste au gré de la désinformation ambiante.

Histoires banales d'amours déçues, d'emprise supposée et de ce que le succès ou l'échec fait aux gens, l'intrigue en elle-même surfe sur les marronniers de la littérature contemporaine. Avec l'attrait de personnages complexes pris aux pièges de nos démons modernes.

Mais ce qui frappe avant tout, et m'a totalement séduite, c'est la précision de cette écriture, qui allie les procédés narratifs, et peut dans la même phrase proposer un certain lyrisme, dont l'effet sera brutalement cassé par une expression populaire ou une grossièreté qui rompt le rythme et créera surprise, pour le plus grand bonheur de la lectrice que je suis !

J'aime aussi le parallèle suggéré avec les codes du western, bien vu et original.


C'est donc un gros coup de coeur pour ce roman, de Maria Pourchet, dont j'avais déjà beaucoup aimé Feu.

Merci à Netgalley et aux éditions Stock

304 pages Stock 23 août 2023
#Western #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          670
La proposition est audacieuse : mettre en scène Dom Juan sous la forme… d'un western. Mais voilà : à la veille de la première, la star qui joue le plus célèbre des séducteurs – un rôle qui lui va comme un gant – manque à l'appel. Il semble s'être purement et simplement volatilisé.
Qui est cette voix off, ce « je » qui fait parfois intrusion dans la narration et commente les évolutions en se référant aux codes du western ? Car il s'avère que ce livre que nous tenons entre nos mains et qui prend des airs de script ou de scénario (« Cela commence à Paris, au théâtre… ») serait en réalité, lui aussi, un western. N'allez pas imaginer que ces pages vont vous entraîner au Far West ni même que le rythme sera galopant. Mais on y trouvera, effectivement : la route par une chaleur de plomb, la fuite vers l'Ouest, la tension des moments où il ne se passe rien, le héros qui n'a plus rien à perdre, celui qui débarque et qu'il faut désarmer, la traque.

Ce « western »-là cristallise avec justesse (mais sans jugement) notre époque, ses bullshit jobs et ses conflits moraux, son arbitraire et son cynisme, ses scandales et ses coups médiatiques, ses villes sauvages et ses campagnes harassantes. C'est cruel et cru. Maria Pourchet brosse tout cela d'une plume nerveuse et féroce, dérangeante par son détachement qui lui fait évoquer d'un ton égal les pulsions sexuelles et le désespoir, les ambitions et les jeux de pouvoir.

Difficile de baisser la garde dans un tel décor, d'autant plus qu'on ne sait qui joue quel rôle, où finit l'amour et où commence la prédation… On serait d'autant plus transporté.e d'y trouver ce que l'on n'attend plus ni dans un western, ni dans notre monde de brutes.

Un roman déconcertant mais qui parvient à développer un point de vue original et stimulant sur les déboires du donjuanisme et de la vulnérabilité dans notre ère post-me too. Et puis se saisir des codes du western pour tourner en dérision le machisme, ça ne manque pas de sel.

Merci à Stock et à Netgalley pour cette lecture !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          659
Cette chevauchée au coeur de la condition humaine et des relations amoureuses m'a très vite ennuyée après un début prometteur.
Imaginez un comédien dans le rôle de Don Juan qui disparait brusquement de la scène et de la vie parisienne.
Western fait référence à ces changements qui font basculer une vie et celle d'Alexis, comédien adulé, va prendre un sacré tournant. Réfugié dans un village perdu du Lot, il rencontre Aurore, mère de Cosma, elle aussi en retrait de la vie parisienne, et qui se pose de sacrées questions sur sa vie amoureuse. Tous deux vont se raconter à l'autre.
Et puis il y a ce journaliste fouineur qui va exploiter la correspondance d'Alexis avec Chloé, une élève comédienne qu'il a séduite et vampirisée. On découvre soudain un pervers un narcissique qui joue la partition de Don Juan. Mais le Don Juan du XXIe siècle n'est plus celui du XVIIe siècle. Il prend, il détruit et s'en va.

« Les messages d'Alexis constituent le bruit de fond d'une existence désormais vouée à les vouloir, à les attendre. Elle aurait pu vouloir autre chose ? Un rôle dans une pièce, un homme décent. Bien sûr que non, de sa volonté propre, Chloé a été doucement et progressivement privée, un véritable rapt doublé d'une sédation de la personnalité. »

L'histoire explore les coulisses de la manipulation psychologique, des relations toxiques mais également les relations amoureuses et le sexe.
Mais où est le fantasme, où est la vérité ? J'avoue m'être beaucoup perdue dans ce roman assez confus.
Je n'avais pas vraiment adhéré à Feu, et pas aimé le style de l'auteure. J'ai voulu tenter à nouveau l'aventure livresque mais ce Western ne m'a pas emportée bien loin. Peu convaincue par cette histoire alambiquée et un style à l'humour cynique qui me laisse de marbre, je crois que je passerai mon chemin au prochain roman.

Commenter  J’apprécie          621
A la différence de Feu, Western ne m'a pas enflammée. Et c'est bien dommage. Malgré la plume virevoltante de Maria Pourchet. Malgré ses réflexions incisives sur la séduction, l'emprise, la passion amoureuse, le théâtre. Et la fin très réussie du roman. J'ai trouvé l'histoire décousue et trop bavarde. le style qui habituellement me séduit m'a perdue parfois. Trop de verbiage. Et ces personnages en fuite qui finissent par se croiser et s'apprécier m'ont paru guère aimables. Je n'ai pas eu envie de les suivre, poursuivre, découvrir, aimer (rayer la mention inutile 😀)
Une lecture en demi-teinte par conséquent (pas moins puisque je l'ai terminé). Un coup de coeur chez d'autres
Il ne vous reste donc plus qu'à le parcourir pour vous faire un avis 😉.
De mon côté je continuerai à lire ses prochaines parutions, malgré cette petite déception
Merci à Netgalley et aux éditions stock pour le partage.
Commenter  J’apprécie          484
Dom Juan 2023

Le nouveau roman de Maria Pourchet raconte une rencontre improbable entre un comédien célèbre et une mère célibataire. Ils ont tous deux quitté leur vie parisienne pour se retrouver dans un village aux environs de Cahors. C'est là que la France post #metoo va les rattraper.

Au fronton d'un théâtre parisien, on annonce déjà la nouvelle adaptation de Dom Juan, avec Alexis Zagner, comédien célèbre, dans le rôle-titre. Pendant ce temps Aurore s'épuise à mener de front sa carrière et son rôle de mère célibataire dans un Paris qui devient ingérable. du coup, l'annonce du décès de sa mère est presque un soulagement. D'autant qu'elle hérite d'une maison dans le Quercy, certes peu confortable mais idéale pour quelqu'un qui entend changer de vie, car rien ne la retient vraiment dans la capitale, même pas une relation que l'on pourrait qualifier de simple confort sanitaire, histoire de contrôler que tout fonctionne encore, maintenant que la «fracture d'avec les hommes, d'avec l'amour, d'avec la joie, pour la simple sensation du moteur» est consommée, qu'après l'acte elle est renvoyée «à la solitude la plus totale dont un adulte puisse se souvenir».
Un avenir sans perspectives va pousser Aurore prendre le large, à essayer de sortir du piège dans lequel elle était prise, ayant appris à «tout avaler sans rien dire. À commencer par Tchernobyl à six ans, à pleins poumons, puis les conneries sur l'Europe réunifiée en pleine tête, la pilule microdosée, le non à Maastricht, le sperme, d'abord un peu puis tout car dans ELLE on disait que c'était coupe-faim.»
Au moment de se retrouver avec sa fille dans une bâtisse plutôt inconfortable et loin de tout, elle se souvient de ses rêves avortés. «Elle a cru à l'amour comme marché, à la libéralisation des échanges hommes-femmes, elle a pensé en termes d'offre et de demande, puis offensive et force de vente, s'est appliquée à déclarer ses sentiments la première, y compris sans certitude, s'entraînant ainsi à ne plus être un objet passif du désir. Elle a cru au travail, à la patience et qu'en France on pouvait rire de tout. Elle a cru pour un discours de vieux stal moins mal écrit que d'habitude que le communisme était une idée neuve.»
C'est donc très méfiante qu'elle ouvre sa porte au visiteur du soir. Et c'est encore plus méfiante qu'elle va lui demander de partir au petit matin, ne voulant plus partager son foyer avec un homme, fut-il un comédien célèbre. «Elle sait de cet homme son nom, sa frayeur, cette tenace odeur de ville, sa bonne volonté musculaire et ça suffit. Elle est déjà pleine de prénoms et de romans, pleine de traces que depuis un an elle s'applique à effacer.»
Mais Alexis lui explique alors qu'il est ici chez lui, qu'il a acheté la maison en viager. À cet imbroglio vient aussi se greffer pour le Dom Juan une tentative de fuir Paris et ses rumeurs. Car les médias se sont emparés d'un témoignage qui laisse croire à une emprise forte exercée sur une jeune comédienne. La machine va s'emballer quand un journaliste part en chasse du scoop et détaille l'histoire du maître et de son élève. Très vite, elle finira dans son lit, très vite il va échanger avec elle des messages brûlants. Abus de position dominante ou passion amoureuse librement consentie? Toute la question est là. Car comme le résume la fille d'Aurore, «le problème avec une vie, même méprisable, c'est que lorsqu'on la détruit, elle est terminée.»
Après la confrontation proposée l'an passé par Pascale Robert-Diard avec «La petite menteuse», le procès mis en scène en 2019 par Karine Tuil dans «Les choses humaines» et l'injonction de Mazarine Pingeot la même année avec «Se taire», Maria Pourchet poursuit l'exploration de la société française post #metoo avec beaucoup de finesse. Des relations complexes qui lient hommes et femmes, la romancière réussit, dans son style inimitable, à jouer sur le registre de la subtilité, comme elle le faisait du reste déjà dans Feu, son précédent roman. Loin du brûlot féministe, elle choisit de décrire plutôt que de juger, laissant le soin lecteur de se faire une opinion.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          482
Parmi les romans, j'aime particulièrement les histoires fictives calquées sur le réel et inscrites dans le cadre d'une actualité authentique et sensible. Alors qu'on débat de ce que pourrait ou devrait être l'amour post #MeToo, Western relate la rencontre fortuite d'une femme et d'un homme, une rencontre qui les confronte chacun à leur passé. Maria Pourchet la raconte sans parti pris, sans condamnation personnelle, en s'inspirant simplement des grandeurs et des petitesses humaines. Des situations imaginatives, inattendues. Une plume exceptionnelle en rend la lecture particulièrement excitante.

La femme, c'est Aurore, la petite quarantaine, plutôt pas mal physiquement, élevant seule son fils de huit ans. Une vie privée et une vie professionnelle de middle class parisienne moderne, qui l'a menée au bord de la crise de nerfs. La vogue du télétravail lui a permis de se replier, avec son fils, dans une maison de famille vide, dans le Sud-Ouest. Au calme. Mais la crise de nerfs n'est jamais loin.

L'homme, c'est Alexis, la quarantaine avancée, un physique avantageux, une voix à nulle autre pareille. Comédien et acteur français réputé, il est censé jouer le rôle-titre dans une nouvelle programmation du Dom Juan de Molière. Mais voilà qu'un pressentiment l'incite à fuir, à disparaître. Il débarque dans la maison où Aurore est réfugiée. A priori, pas le genre à crise de nerfs, c'est en principe réservé aux femmes, à ses femmes, Olivia, Elisabeth, Chloé. Mais ça lui viendra…

Pourquoi Alexis débarque-t-il chez Aurore alors qu'ils ne se connaissent pas ? C'est la première surprise du roman qui en réserve d'autres. La femme et l'homme s'observent, se parlent, s'intéressent l'un à l'autre, se questionnent, se découvrent. Retour sur des circonstances vécues, tantôt subies, tantôt provoquées. Une façon comme une autre de se révéler à soi-même.

Alexis est brillant, talentueux, séduisant. Cet homme public sait de surcroît se rendre admirable. Il est Dom Juan… à la scène comme à la ville ! En langage post #MeToo, on dirait : un « connard »… Ce qu'il pressent survient. La chute. Pour nos hommes publics, les chutes ne s'arrêtent pas, elles accélèrent, elles n'en finissent pas. La presse, les réseaux sociaux, les rumeurs, les petites vengeances. Magnifique travail de construction littéraire dramatique, chapitre après chapitre ! La chute est terrifiante. A en préférer presque la mort rapide de Dom Juan, précipité dans les flammes de l'enfer.

Aurore est heurtée, déçue et même dégoûtée par ce qu'elle apprend. Cependant, elle s'introspecte. Vivre sans homme, sans amour, sans sexualité, ça va un temps. Pourrait-elle aimer un homme faible, inconsistant, un homme qui a peur, pour reprendre l'exergue pioché chez Musset ? Alors qu'un don Juan repenti, un connard qui se soigne, c'est porteur d'espoir. Femme ou homme, à plus de quarante ans, on ne peut pas renier son genre et les fantasmes qui vont avec. Et les mythes sont universels.

Maria Pourchet a-t-elle appris à écrire comme ça ? Une exubérance osée comme une parole spontanée. Une syntaxe maîtrisée comme un ouvrage fait main. Des variations de rythme haletantes. J'ai lu presque chaque page deux fois. Une fois à toute allure, parce que le tempo des révélations incite à se précipiter sur la page suivante. Une fois presque mot à mot, parce que chacun de ces mots était celui qu'il fallait, là où il était. Admirable ! Un peu de gêne avec la crudité du discours amoureux… et pas seulement du discours ! Que se passe-t-il donc à l'intérieur de la tête d'une femme ?

La narratrice est dans la tête d'Aurore, dans celle d'Alexis, elle parle pour eux, elle pense pour eux. Et son empathie est contagieuse. Pareil pour les autres personnages : un petit garçon astral touchant, une jeune comédienne désespérée émouvante. La narratrice, tel un choeur de théâtre grec, relie le tout par des commentaires décalés et pourtant dans l'air du temps. Souvent amusant, parfois cruel !

Je n'ai en revanche pas été convaincu par la symbolique du titre, sur laquelle l'autrice revient à chaque chapitre. Oui, le western est un genre qui a ses codes, même si Sergio Leone les a un peu brouillés. Oui, le genre humain fonctionne aussi sur des codes, sur des mythes… Alors, celui de Don Juan suffisait… Remarque personnelle, qui n'entache en rien mon coup de coeur pour ce roman !

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          471
Déçu par ce roman qui cherche à assimiler ses protagonistes à des héros de western. Et qui nous explique qu'il le fait, au cas où...
J'ai trouvé cela complètement artificiel, ou suffisamment sophistiqué pour être au dessus de mes capacités de compréhension...
Quant à l'histoire elle-même, je l'ai gentiment trouvée d'une banalité moyenne, affublée d'un scénario improbable. Avec des personnages loin de mon univers mental, de ma sphère de perception...
Reste la particularité de l'auteur : une écriture "coup de poing", un legato qui déstabilise, qui procure un réel effet émotionnel. Bravo pour ce dernier point.
Commenter  J’apprécie          360
Je m'excuse à l'avance auprès de mes babelamis qui sont fans de Western, car je souffre quand on dénigre les livres que j'ai adorés, ceci étant je respecte les goûts et les couleurs de chacun et je salue la différence. Je me sens très seule quand je vois que Western a décroché le prix de Flore – parmi les prix de Flore, j'ai beaucoup aimé deux ouvrages originaux qui m'ont touchée, Rhapsodie des oubliés de Sofia Aouine (2019) et le voyant d'Etampes d'Abel Quentin (2021) -, ou quand j'écoute Augustin Trapenard faire l'éloge d'une « phrase singulière, incisive et drôle ».

« le coeur a ses raisons que la raison ignore », la lecture c'est comme la musique, chacun l'aime ou pas selon sa sensibilité. C'est le pendant du métal à la musique classique ou folklorique. Pour moi, un bon roman doit m'offrir un voyage et de belles rencontres.

Plus qu'un roman, pour moi Western est une sorte d'autofiction sociologique. Pourquoi prendre Western qui est un concept cinématographique américain comme titre d'une fiction scripturale qui se passe à Paris et près de Cahors ? Les cowboys bien trempés sont remplacés par Aurore et Alexis Zagner, deux créatures de papier aliénées. Aux chevaux qui galopent et soulèvent la poussière succèdent des idées mots qui se bousculent et se heurtent. On nous décrit un ouest terne qui signe la décadence de l'occident. Une plaine minérale tient lieu de Far West.

Alexis Zagner est un Don Juan à la scène comme à la ville. Lassé de répéter les mêmes répliques et les mêmes scènes, il va abandonner traitreusement son rôle phare dans Don Juan, sa femme officielle, la femme du ministère qui le harcèle pour qu'il la baise à tout-va, la fragile jeune Chloé qui s'est amourachée de lui. Il va larguer les amarres pour se réfugier dans une maison près de Cahors qu'une vieille dame, Sabine, lui a léguée, sauf que quand il arrive, son alter ego féminin, Aurore, la fille de Sabine, qui se croit chez elle lui ouvre la porte. Ils ne savent pas quoi se dire, alors allez hop ! ils baisent.

Ils sont tous deux parisiens. Aurore élève seule son fils Cosma de sept ans. Elle est en plein burnout. Comme Alexis, elle cherche à combler sa perte d'identité, son manque de repères en baisant.

Notre Don Juan national est devenu un vil acteur sans personnalité. Aurore fantasme devant le Christ ! Appelons un chat un chat, Don Juan c'est Don Juan pas Alexis Zagner, le christ c'est un symbole de piété pas une idole sexy !

La déchéance des icônes va de pair avec un appauvrissement du langage. Ce que Maria Pourchet nomme pompeusement le discours amoureux ce sont des SMS. On a droit, sur deux pages (231-2) à une analyse sémantique et stylistique des SMS d'Alexis, avec nombre d'occurrences de tel et tel mot, les classiques métaphores, euphémismes, périphrases… etc., et aussi du jargon, antonomase, anacoluthe, prétérition, oxymore que je connais, pas comme astéisme, que je ne l'ai pas trouvé dans mon Petit Robert, il a fallu que je consulte mon Gradus, Les procédés littéraires de Bernard Dupriez. C'est assez mignon d'ailleurs.

Astéisme : badinage délicat et ingénieux par le quel on loue ou l'on flatte avec l'apparence même du blâme et du reproche.

Exemple, vers de Verlaine :
Il paraît que tu ne comprends
Pas les vers que je soupire…
Tu les inspires, c'est bien pire.

Augustin Trapenard s'extasie devant cette digression, pas moi ! que vient faire un TD de linguistique dans un supposé roman ?

Le processus de déconstruction de Maria Pourchet ne s'arrête pas là. Elle démystifie le travail d'écrivain. La narratrice s'immisce régulièrement dans le récit pour nous signifier qu'elle ne sait pas ce que pensent ou font les personnages.

« Après quoi, j'ignore ce qu'il a pu faire, du café forcément, ou manger quelque chose, dormir. » p.195

On loue les phrases ciselées de Maria Pourchet, moi je dirais qu'elles manquent de souffle et que les protagonistes et l'autrice s'entrechoquent.

Pourquoi as-tu lu ce livre ?
Par snobisme ! Je l'ai pris sur l'étagère des nouveautés de ma médiathèque pour en parler avec mes babelamis. J'aime vivre avec mon temps.

Quel intérêt de faire une chronique négative ?
Parce que ce livre m'a intéressée, j'ai d'ailleurs pris énormément de plaisir à rédiger cette chronique.
Je ne chronique pas forcément tous les livres que je lis. Il y a des livres que j'aime bien, qui m'aident à m'endormir, où tout est dit, dont je ne vois pas l'intérêt de les commenter.

Pourquoi ne mettre qu'une étoile à un livre qui t'a intéressée ?
Parce que chez moi un livre avec une étoile, c'est un livre que je ne cautionne pas, avec lequel je veux marquer mon désaccord idéologique.

Ouest terne n'est pas ma musique.
Commenter  J’apprécie          3428





Lecteurs (1258) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Cid (Corneille)

Que signifie "Le Cid" en arabe ?

le seigneur
le voleur
le meurtrier

10 questions
823 lecteurs ont répondu
Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..