Ce livre est pour moi une Jubilation géographico-littéraire car avec "94" de
Jean-Bernard Pouy, je suis chez moi.
Même si je suis née à Paris, j'ai toujours vécu (et bien vécu) à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. Et ce département de Petite Couronne la mérite bien son auréole. Il faut dire que sa particularité c'est d'abord la diversité de ceux qui y vivent.
Ce livre s'appelle roman mais il ressemble plutôt à un essai, je dirais même qu'il s'agit d'un recueil de courts récits et de témoignages.
À la manière de Georges Perec Jean-Bernard Pouy se donne des contraintes comme écrire des textes de 182 mots parce que le 182 est son bus préféré ou s'imposer 94 chapitres parce que le Val-de-Marne c'est le 94, mais il y déroge, bien évidemment, comme tout rebelle qui se respecte.
En tout cas j'y ai retrouvé ma banlieue adorée. J'ai fait une belle promenade du lycée
Romain Rolland à Ivry-sur-Seine au pont suspendu de Vitry-sur-Seine (on entend déjà la résonance des villes jumelles), en passant par l'
Institut Gustave-Roussy de Villejuif, la prison de Fresnes ou le lac de Créteil… (et bien d'autres)
Jean-Bernard Pouy n'oublie pas certains lieux insolites de la banlieue rouge comme les îles ou Chinagora au Conflent de la Marne et de la Seine. Il en profite pour raconter certains souvenirs de jeunesse. Ce qu'il dit, en quelques sortes, c'est que la banlieue ce n'est pas seulement la galère.
Et puis, on trouve également dans ce livre des textes de val-de-marnais écrivain amateur mais qui ont des choses à raconter. Il y a la vie dans les cités, les émigrés, les ouvriers, la musique et le 1% culturel.
La référence de Pouy c'est le film de
Jean-Luc Godard «Bande à part».
C'est donc du vécu et j'aime beaucoup ça car le Val-de-Marne c'est avant tout des Val-de-Marnais.