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EAN : 9782070493715
160 pages
Gallimard (15/02/1994)
3.45/5   11 notes
Résumé :

Edith Starsky, c'est la fille avec le couteau dans le ventre. Dany, l'assassin présumé, s'est évanoui dans la nature et moi, je rêve d'un retour vers le futur.Pour y parvenir, je dois passer par Hambourg, les Beatles et quelques cadavres. Avec, comme récompense, une génuflexion dans la Chapelle Sixties.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un délicieux noir de noir. Euh non ... Vous faites fausse route. Je ne vous parle pas de chocolat à 85% de cacao mais bien de cette Corvette de nuit (1981 - un Marc Villard, brut de décoffrage, faisant ses premiers pas dans l'univers du roman noir) petite madeleine de Proust d'une époque définitivement révolue.
Tout y est glauque et suintant, crade à souhait, puant la solitude, l'angoisse, la misère sociale, affective et bien d'autres choses.
Des morts, des écorchés de l'existence, des losers pitoyables, des salauds magnifiques ... En veux-tu ? En voila !
Des types (mâles ou femelles) propres, nets, droits dans leurs bottes ou à l'aise dans leurs baskets vous pouvez les compter sur les doigt d'une main, et encore !
Tout le monde en prend pour son grade, la distribution des médailles est gratuite. Petites faiblesses, grandes lâchetés, coups fourrés, reniements,... sont au rendez-vous.
OK ça pourrait parfois être mieux écrit, plus inspiré. L'intrigue, au départ, ne casse pas trois pattes à un canard quoique ... j'ai connu pire. Mais la progressive montée en puissance du récit et son dénouement final valent largement le déplacement.
Une vertigineuse plongée en apnée dans les profondeurs abyssales de la petitesse humaine, bien saturée de rock'n'roll et généreusement saupoudrée d'humour ... noir : tu déconnectes dur et c'est diablement bon tout en faisant fichtrement mal.
P.S. : Tout cela m'a donné envie de revoir le film "Neige" (scénarisé par Marc Villard) de la très, très regrettée Juliet Berto mais ne sais plus où le trouver. Snif, snif. Je cherche, je cherche, je vous laisse.
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Marc Villard est un auteur né en 1947 qui s'est essayé à l'art plastique, à la poésie « beatnik » (je ne savais même pas que cela existait), et qui est un lecteur assidu d'écrivains de la « Série Noire » des éditions Gallimard et féru de Rock N' Roll.

L'homme se lance dans l'écriture de romans et, très vite, incorpore la fameuse « Série Noire » avec ce titre : « Corvette de nuit ».

Sans être son premier roman (il s'agit du troisième), ni son premier polar (il s'agit du second), « Corvette de nuit » semble comme une oeuvre liminaire dans la bibliographie de Marc Villard.

Rien d'étonnant alors que l'auteur semble y avoir mis beaucoup de lui, de ses aspirations, de ses phobies, de ses obsessions.

Effectivement, le récit narré à la première personne conte les mésaventures d'un artiste peintre qui a du mal à éclore après avoir passé une adolescence à rêver de gloire et de sueur sur les scènes rock.

Trente-cinq ans et toutes ses dents, Harry vivote de sa peinture, d'amour (avec Anna) et de whisky.

Un jour, il apprend à la radio le meurtre d'une jeune femme dans un hôtel, tuée d'un coup de couteau. le principal suspect serait un dénommé Danny Waxman, un ancien chanteur de rock qui se serait évaporé dans la nature.

Il n'en suffit pas plus pour que sa vie bascule dans le passé, 15 ans auparavant, quand, adolescent, il était sous le charme de Danny Waxman, chanteur de rock fonceur, et qu'il faisait parti de son groupe en tant que batteur.

Harry décide alors de partir sur les traces de Danny, plus pour retrouver un sens à sa vie, que pour l'innocenter. Pour ce faire, il va retourner dans la ville de sa jeunesse et plonger dans une terrible nostalgie qui va se heurter à la réalité de l'instant présent.

Tout le monde a changé, lui, les autres membres du groupe, la vie, la ville, la société... mais pas Danny, tant, pour tous, il est demeuré dans l'idéal de l'époque, sorte d'icone d'une jeunesse, symbole d'une vie d'insouscience.

Je n'ai pas lu beaucoup de romans de Marc Villard, en fait, celui-ci est le second, après « le roi, sa femme et la petit prince » mais les deux romans, de six ans d'écart, offrent de nombreuses similitudes. D'abord, la narration à la première personne (si je me souviens bien), la nostalgie, le Rock N' Roll, l'asile psychiatrique, le voyage initiatique (ou nostalgique), la poésie, l'insoucience de la jeunesse que l'on perd en vieillissant...

Ces thèmes étaient présents dans « le roi, sa femme et le petit prince » et le sont déjà ici, avec un accent supplémentaire sur la nostalgie. D'ailleurs, si l'ensemble sombre dans la nostalgie, l'auteur ne livre pas une nostalgie féérique, idyllique, fantasmée, mais plutôt une nostalgie poisseuse, assez sombre, bien qu'elle suscite tout de même des regrets.

C'est donc un combat complexe où le passé et le présent se mélangent tant dans leur noirceur, leur pessimisme mais duquel sort vainqueur par K.O. le passé, sans que l'on sache exactement pourquoi, tant la vie actuelle du personnage semble bien plus satisfaisante que celle passée.

Il est notion de vénération de ce personnage de rockeur de la part de Harry, d'une vénération proche de l'amour, mais un amour dénué de désir physique auquel se substitue un désir psychique. Et, pourtant la vie actuelle et passée de Danny Waxman n'a rien d'envieuse si ce n'est cette insolence et cette liberté qui se révèle être la pire des prisons.

Ultra court roman, moins de 22 000 mots, qui se suffit à lui-même puisque l'auteur nous livre tout ce qu'il a à vomir, terme utilisé sciemment tant on a l'impression que Marc Villard se livre à une introspection à travers cet ouvrage. Cet effet est peut-être trompeur et peut n'être dû qu'à une réelle capacité de l'auteur à se fondre dans l'esprit du personnage, mais l'ensemble sonne tellement vrai que la nostalgie et les regrets énoncés par Harry eussent pu tout aussi bien sortir de la bouche de Marc Villard lors d'une consultation chez un psychiatre.

Mais faisons fi de toute psychologie de comptoir pour prendre le roman pour ce qu'il est avant tout : un très bon et très court roman (oui, 22 000 mots, même pour la « Série Noire », c'est très court) évoquant une nostalgie parfois déraisonnée de l'insoucience de la jeunesse et la passion tout aussi irraisonnée pour les personnages jusqu'auboutistes qui vivent à toute allure et meurent plus vite encore.

Au final, un excellent roman empreint de poésie, de nostalgie, de rock, et qui s'achève sur une scène finale qui surprend, ouvre de horizons et donne tout son sens au titre jusque là énigmatique.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans la nuit, au grand dam du garagiste, on m'a fauché mes deux rétroviseurs, et c'est un signe qui ne manque pas de sens car je n'ai plus aucun goût pour le passé.
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La radio était franchement pessimiste. Un certain Jambet avait battu sa femme à mort puis s’était fait justice avec une carabine de marque américaine, les salauds d’Arabes confisquaient le pétrole, un ministre plongeait dans un étang pour en finir avec la vie mais le pire, c’était encore l’énoncé du tiercé gagnant de la troisième à Longchamp. J’appris ainsi que mon favori, Jack Pot, sur lequel j’avais placé dix billets, s’était désintéressé de la course au point d’en oublier de coller à la croupe d’une jument portant les couleurs roses et noires de J.D. Starkey. Mon second canasson s’était débarrassé de son jockey à la cinquième haie ; quant au troisième, il terminait seizième, donc bon dernier. Agora, c’est son nom. Ne pariez jamais sur ce tocard.
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J’avais laissé tomber depuis quelques années toutes les expériences à la gomme du genre minimal art, body art, performance art et tous les simulacres de la création picturale, pour revenir à une bonne vieille figuration des familles. Je travaillais ça par larges touches, uniquement dans des couleurs terreuses qui contribuaient à « vieillir » l’image représentée. L’impression trouble d’avoir devant soi de vieux chromos du temps passé. Mais les sujets n’avaient rien à voir avec l’histoire ancienne : scènes de rues, accidents de la route, intérieurs de banques.
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Pour Anna, le passé se limitait à la semaine dernière ! Je ne l’avais jamais entendue évoquer le moindre souvenir de jeunesse. Quant au futur, il la terrorisait tellement qu’elle se refusait à imaginer le jour qui allait suivre. Je la distinguais sans vraiment la regarder, queue de cheval bien tirée, des yeux noisette à l’iris impeccablement centré qui lui donnaient l’air perpétuellement ébahi, plastique sans faille et des ongles rouges et courts.
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Avec toutes ses photos de James Dean punaisées sur les murs autour du lit, son blouson de nylon rouge, le même que Dean portait dans le film de Nick Ray, La Fureur de vivre. Il l’avait vu vingt-trois fois et la dernière, c’était avec moi. Bibendum connaissait toutes les répliques du film et psalmodiait sur la voix des acteurs en mettant le ton qu’il croyait être le bon. Puis ils l’avaient collé dans cette énorme boîte de sapin.
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