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EAN : 9782367950013
150 pages
Chèvre-feuille étoilée (22/03/2013)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Elle s’appelle Anah. Elle a brûlé d’amour.
Elle peint son dernier tableau.
Du Maroc à la France, l'itinéraire d'une femme entre deux rives.
Le geste, celui que j’ai cherché, que je cherche encore.
Mon équilibre, le contre-poids. La toile blanche est mon commencement.Vouée, rivée, sans cesse revenue à elle.
Cette histoire qui allait naître, ce support qu’elle m’a donné.
Quatre-vingts ans aujourd’hui.
Mon âge, je l’ai l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lurette: le dictionnaire de l'Académie française définit ce terme comme suit : "mot désignant le Temps passé…".
Et c'est bien de cela qu'il s'agit, puisqu'en ce jour de ses quatre-vingts ans qui sera fêté le soir, Anah, artiste-peintre, va créer son ultime tableau : autoportrait brossant toute sa vie. La réalisation du tableau et les souvenirs qui ressurgissent seront rythmés par les heures qu'égrène la pendule.
Depuis le Maroc où elle est née et a grandi au sein d'une famille aimante et attentive; en passant par Paris où elle a étudié les Beaux-Arts, s'est mariée avec Yvon, a eu deux enfants (Jules et Pauline), puis une petite-fille (Charlotte), a vécu une aventure avec un amant (Luc) qu'elle a sacrifié sur l'autel de la raison; jusqu'à la Bretagne où elle et son mari maintenant décédé se sont retirés. C'est là qu'elle vit seule, mais proche de ses enfants, de sa petite-fille, de son ami commissaire d'exposition Charles et de Jeanne, la fidèle aide-ménagère de la famille.
C'est au travers du double regard d'Anah et de Pauline que nous traversons le récit.
A l'instar de l'élaboration d'un tableau, chaque évocation des souvenirs d'Anah commence par des phrases, tels de longs aplats de couleur esquissant les formes; puis des mots sont jetés telles les touches de couleurs des impressionnistes. Toute sa vie émaillée de bonheurs et de malheurs tantôt pétille de couleurs éclatantes, tantôt se décline en clair-obscur.
A l'approche de l'heure de la fête, le récit est repris par Pauline qui se souvient elle aussi de sa propre vie et qui a découvert une face cachée de sa mère lors de la venue d'un client, écrivain qui se relève être Luc, l'ancien amant de sa mère.
Puis le tableau final, le rangement après la fête et le questionnement d'Anah sur la sagesse acquise, sur l'avenir, sur la transmission, le lignage qu'elle laissera derrière elle : un arbre dont elle n'est qu'une petite feuille.
J'ai franchement apprécié ce roman qui couple mes deux passions : la lecture et la peinture. J'ai ainsi découvert une auteure qui m'était encore inconnue. J'ai vraiment ressenti l'atmosphère du livre au point de me sentir très proche de l'héroïne et d'avoir eu quelque difficulté de m'en détacher une fois la dernière page du livre tournée. Elle m'a laissé une belle leçon de vie.
Merci Babelio de m'avoir fait parvenir ce livre dans le cadre de Masse critique
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Belle Lurette d'Hélène Pradas – Article d'un jour de neige.

« Un anniversaire, cela se fête dans des bulles, non dans des vagues », cette petite phrase murmurée par Charles, au mitan de ce roman d'Hélène Pradas, justifie la douceur du titre, Belle lurette, et la tendresse des aquarelles de la vie d'Anah, peintre octogénaire qui nous apprivoise au long d'un récit ponctué au fil des heures, et des quarts d'heure, par sa pendule.
Hélène Padras a situé ce petit bijou entre les bulles de souvenirs du Maghreb qui remontent de l'enfance de son héroïne et les vagues océanes de la Bretagne où se termine son existence. On navigue avec elle entre les berges de l'Atlantique et celles de la Méditerranée, ces rivages qui enveloppent le coeur de sa vie, enclos dans les villages parisiens de la capitale.
Anah avait anticipé le conseil de Charles, le fidèle ami: « On ne plonge pas dans un amour comme un sucre dans une tasse de café chaud. On se dissout sinon. »
Femme-caméléon aux facettes rassemblées dans le prisme de ses couleurs, Anah ne s'est pas dissoute car les couleurs ne disparaissent pas, parfois plus belles quand elles s'atténuent et que tout se recompose. Bleue dans les yeux du père, brun or dans ceux d'Yvon, rouge sous les paupières de Luc, cette « femme de bruine et de brume » trace devant nous dans ce récit l'ultime autoportrait de la vie traversée du « souffle de ses yeux ».
Canotant d'une teinte à l'autre, parfois mélancolique, dans l'unité de temps d'une journée – celle de son quatre-vingtième anniversaire – l'écluse du passage des âges – elle compose sans fard ce roman-tableau, bilan de ses « quand même »...
Anah sait aujourd'hui que les imperfections de la vie dessinent en silence la force d'aimer. Et si l'enfance et la vieillesse se tiennent la main dans de fragiles avancées, femme entre Jules et Jim dans le tourbillon de sa vie, elle dessine au seuil de la mort l'estampe apaisée d'une forme de sagesse et de fougue mêlées.
Ce livre magnifique fait écho au film de Miguel Gomes - « Tabou » - dans lequel Aurora, la vieille lisboète, confie à Pilar, voisine de palier, ses secrets de femme. Complicité féminine retrouvée ici entre Anah et Jeanne qui l'aide au ménage. Dans ces deux récits en abyme… le passage de témoins parallèles d'Aurora et d'Anah vers leurs filles. Passages… Walter Benjamin, l'auteur berlinois promeneur des « passages », aurait déambulé dans les pages de Belle lurette au côté d'Hélène Pradas dont « la présence [était] ici, dans la ville, dans les rues contenant les passages »…
« Je suis la finitude » ainsi se définit Anah - celle qui même entourée reste seule -, artiste des paradoxes qui cherche en même temps « le pays où jamais ne prend fin ce que l'on a aimé. »
Cet anniversaire a des airs de ménage de Jeanne, nous confie-t-elle, soulevant les souvenirs, balayant l'inutile, ravivant au grand air les couleurs de l'histoire. […] J'ai peint aujourd'hui un livre d'images, mon jardin intérieur, espace habité de présence, seul témoin de mon passé, venu chatouiller ma peau, mes souvenirs, geste simple de chemin lointain, dessin d'enfant mûri par l'âge. Comme Siri Hustvedt, la romancière de Brooklyn auteur de l'essai sur la peinture « Les mystères du rectangle », Anah-peintre, est « une femme qui tremble »… ses « tableaux bien trempés ».

Lien : http://chevre-feuille.fr
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Je n'ai pas aimé ce roman. L'histoire est belle mais je n'ai pas accroché a l'écriture, au style.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je m’appelle Anah. Prénom de femme que l’on a choisi pour moi. On, ma mère, mon père. Je suis cet héritage, une lignée. Celle qu’un jour on a désignée.
De Tafraout où je suis née, j’ai gardé la matière, le pisé. Ville de pentes sortant du roc. Mon enfance m’a modelée, aiguisant mon regard aux angles des rues. Elle m’a appris le presque rien possédé. Le puits, la maison de terre, les tapis à secouer, les mains rougies dans l’eau, le linge, le linge toujours, la voix de ma mère, est-ce possible d’avoir tant d’enfants, le savon qu’elle faisait, les champs cultivés. Sol aride, repas de peu.
J’ai grandi dans le pas grand-chose et pourtant souveraine. Souveraine du regard de ma mère. Le noir qui éclaire. Mes yeux bleus, hérités d’un grand-oncle. Yeux de rivière disait mon père.
J’ai grandi dans l’enclos vaste, aimant, de leur regard.
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Jours rougeoyants, brasier de cet automne, entrée dans un hiver de feu. Nous nous quittions brûlés des flammes léchant nos désirs durcis, les recoins cachés du volcan en nous. Nous nous retrouvions peureux,
heureux de nos embrasements.
Je retrouvais avec Luc l’espace vierge des premières fois, comme ces microscopiques îles dont on redécouvre le nom sur les cartes du monde, Fidji, Cook, Tobago Cays. Première approche, premier regard, première danse des lèvres, saveur contre mes dents, ma nuque, lignes aiguisée et lobes de mon corps, fruit de la langue, prendre, laisser, reprendre le fruit.
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