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EAN : 9782092834152
Nathan (01/01/1982)
3.5/5   1 notes
Résumé :

"Sans perdre une minute, le maigre a commencé à atteler Julina, bouclant les courroies que j'avais détachées à notre arrivée. Ses gestes étaient fébriles, comme si, des fourrés, un léopard allait fondre sur son dos... "Ce cheval est à nous ! ai-je crié. Laissez-le ! Laissez-moi ! ..."
Exprès, je pousse des cris d'orfraie à la figure du grand escogriffe. ll veut m'envoyer dinguer : ses pieds dérapent, les miens aussi, mais je n'ai pas lâché Julina ; j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« On aime une patrie, on se prend à en découvrir l'existence à la mesure des épreuves qui lui sont imposées, à la mesure des crimes qu'un occupant impitoyable et borné commet contre son âme, contre son génie, surtout quand celui-ci se nourrit de la plus noble des passions, celle de la liberté. »
Pierre Descazaux, professeur.

Jan Procházka est né en 1929 en Moravie, dans une famille de cultivateurs.
Il a beaucoup écrit pour le cinéma et nombre de ses nouvelles et romans ont été mis en images.
C'est le cas de « Vive la République !».
Il est décédé en 1971, après avoir été activement mêlé au
« Printemps de Prague ».

Dans « Vive la République ! », on est en 1945, dans un petit village morave.
Le jeune héros de ce roman, Oldřich, est un enfant de douze ans. Sa famille est de condition très modeste. Il est de petite taille, et cela le rend victime des railleries des enfants du voisinage.
De plus, il subit aussi la brutalité de son père.
Tout cela l'amène à se réfugier dans des rêveries permanentes…

Les accès de violence de son père sont redoutables et son seul mouvement de tendresse envers Oldřich, est de lui promettre qu'un jour viendra où il possèdera deux chevaux.
On imagine que son père souffre de la médiocrité de sa condition, comparée à celles de ses voisins, Kaderka, Vašák, Čumát, Rez… C'est que la pauvreté aigrit le caractère et peut rendre méchant !
Si Oldřich est le souffre-douleur des fils de ces voisins, qui sont les quatre gros propriétaires du village, ce n'est pas seulement parce qu'il est chétif et de courte taille, mais surtout parce qu'il est pauvre, et cette faiblesse est impardonnable aux yeux de ces nantis-là !

Dans le village, après le repli des troupes allemandes, tout le monde s'attend à voir arriver les soldats de l'Armée Rouge ! Alors, les villageois vont prendre les devants… Ils décident d'envoyer les enfants cacher leurs chevaux dans la forêt, avant qu'ils ne soient réquisitionnés par les Russes.
Et c'est le début d'aventures aux frontières de la folie et de la mort !

Ce qui est admirable dans l'écriture de ce récit, c'est qu'il nous restitue toute la vérité du réel.
On ressent la dureté de la guerre à hauteur des yeux du jeune Oldřich.
Dans ce village, on raille, on pille, on blesse, on accule au suicide, on condamne à mort, et sans l'ombre d'un remords !
Face à ces monstruosités, ces horreurs, ces crimes, Oldřich, ne paraît jamais être pris de court, car il est très débrouillard, vif, et facétieux. Devant l'ennemi il montre son postérieur, et lance des injures. Il est capable de mordre l'Allemand surpris en pleine déroute, capable d'affronter le Russe en combat singulier… bref, d'être toujours et partout, seul contre tous ! C'est un vaillant petit garçon !
Dans l'écriture du roman, on ressent bien la vaillance et la vivacité d'Oldřich. Les phrases sont très brèves, tout comme les actions rapides qui s'enchaînent, les unes aux autres, sans répit.

Oldřich éprouve beaucoup d'amour pour les bêtes. Il fait preuve d'une grande tendresse pour sa jument Julina et pour ses chiennes, Selma et Iza. Dans cette guerre et ses fracas, on le sent investi à porter secours à ses animaux innocents.
Enfin, le plus beau dans Oldřich, c'est son côté poète. Il sait s'abandonner aux rêves et à leurs pouvoirs illimités. Il est émerveillé par la riche demeure que la famille Singer a abandonnée dans la hâte. Il n'a qu'un souhait, c'est d'en emporter les poissons.
Il envisage un instant de mettre le cap sur l'Afrique, il enfourche un cheval volant et il gardera à jamais au fond de sa mémoire le souvenir fraternel d'un autre dispensateur de rêves, ce Ludvik-les-Guêtres, un humble marionnettiste ambulant, en qui il a su reconnaître l'un des plus « purs visages du génie naïf de son peuple ».

Ce roman a fait l'objet d'un film en noir et blanc en 1965.
Je l'ai visionné et je l'ai trouvé étonnamment moderne.
Le montage qui mêle des scènes de guerre et les rêveries d'Oldřich -rêveries qui l'aident à supporter une vie quotidienne terrible, est vraiment très réussi.

J'ai trouvé que le film réalisé par Karel Kachyňa était émotionnellement encore plus fort que le roman lui-même de Jan Procházka que je venais de lire. Les images lyriques et surréalistes du film retranscrivent un univers poétique digne d'un Buñuel ou d'un Fellini !
Les images en noir et blanc du film accentuent avantageusement le côté dramatique de la guerre.
J'ai moins ressenti cette force dramatique à la lecture du roman.

J'accorde néanmoins 3,5/5 au roman.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Monsieur Vašák avait toujours l’air un peu hagard ; doublement ahuri cette fois-là, ses maxillaires atteints de tremblement, l’élocution hachée par la panique ; j’eus l’impression que les orangs-outangs surgis des bois voisins avaient envahi notre village bien-aimé.
« Les Russes vont réquisitionner les chevaux, disait-il, nerveusement, à mon père. Ils les prendront tous, pour la guerre ! »
Mon père répondit qu’on était dans de beaux draps. Il ne se tordait pas les mains, mais il semblait brisé. A croire que nous-mêmes avions déjà dans la cour quelques-uns de ces orangs-outangs poilus, de grande taille. Il piétinait sur place, cillant des yeux, ses grands bras inertes le long du corps.
« On avait besoin de ça, laissa-t-il échapper. Là vraiment, ça nous manquait !
_Ils sont foutus d’embarquer ta Julina. Un éléphant pareil…, assura Vašák à mon père.
_Qui c’est qui l’a dit que les Russes allaient réquisitionner les chevaux ? objecta mon père.
Qui peut le savoir ? Ça ne serait pas des on-dit, à cause de l’affolement ?
_Tout le monde le dit. Les Allemands l’ont dit au curé. Les Russes se déplacent à cheval. Ils n’ont que des chevaux ! Les cosaques sont entrain de faire main basse sur toute la Moravie. »
Pour mon père, manifestement, le tuyau de Vašák n’était pas crevé.
« Les autres, qu’est-ce qu’ils font ? Kaderka, Rez ? …
_Ils envoient leurs bêtes dans les bois. Planquées au fin fond, jusque dans les rochers, près de la maison du garde.
_Il ne nous manquait que ça, dit mon père. C’est comme fait exprès !
_Avec les chevaux, on expédie les gamins. Tous en bande, comme ça ils n’auront pas peur.
_Les gamins ? … Confier les chevaux aux gosses ?
_A qui, alors ? Faut bien qu’on reste à la maison : si jamais il y avait le feu !
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