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EAN : 9782070487240
Gallimard (14/09/1978)
3.56/5   9 notes
Résumé :
René sortait de prison et Gourdon du commissariat. Ainsi, rien de fortuit à ce que l'un portât le vice sur son visage et l'autre un képi sur la tête. Nadia, elle, sortait de son lit. Quant à Rochette, il sortait peu de lui-même. II portait sur le monde un regard d'enfant grincheux convié à une fête qui l'ennuie. II n'avait pas encore choisi son déguisement, son masque, de Mardi-Gris, mais les feux n'étaient pas d'artifice. Les masques devinrent funèbres et la danse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Emile conclut sa lettre par cette formule de politesse singulière : «… veuillez croire, Monsieur le Commissaire, à l'expression de mon profond mépris. » Dans ce courrier, il nie toute implication dans l'assassinat du brigadier Gourdon. Ce policier raciste avec lequel il se querellait fréquemment a été abattu au pied de son immeuble. Il choisit de ne pas rentrer chez lui pour se soustraire à la pression des enquêteurs. Et puis il n'en peut plus de cette existence bloquée entre les quatre cloisons d'un HLM bien blême. Alors non, il ne regagnera pas l'appartement familial où il est attendu pour dîner avec son beau-frère raciste et sa soeur geignarde. Il trouve refuge dans le pavillon d'un ami où il rencontre René qui sort tout juste de prison. En voilà un drôle d'acolyte : petit, fluet et doté d'une drôle de tête pleine d'idées libidineuses. Après un accrochage avec des Hell's Angels, les deux garçons prennent la route pour rejoindre une communauté implantée dans le Cantal. Mais le bon air du Massif central ne va pas apaiser la colère d'Emile. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour ce personnage. C'est un tendre, un rêveur, un poète, qui va rompre brutalement avec la médiocrité de sa condition de banlieusard. Mais il est saisi par une haine étouffante qu'il ne parvient plus à contrôler et qui le conduit vers la violence. Hervé Prudon se démarque par son style frénétique. Son écriture impétueuse est faite de fulgurances qui révèlent un désespoir qui ne pourra connaitre qu'une fin tragique. Après avoir terminé la lecture de ce roman, j'ai repris des passages pour mieux les apprécier. Une belle découverte.
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Dans un quartier de banlieue, un flic se fait assassiner. Rochette, un petit zonard fiché, vaguement anar, se sauve et se cache car il sait que les soupçons de la police se tourneront vers lui. Il se terre dans une villa délabrée où il rencontre, chez un ami de Nadia, sa copine occasionnelle, René, un pauvre petit bougre qui l'admire. Ensemble, ils vont partir et se retrouver au coeur de la France profonde dans une communauté de babas-cools abandonnée où seule reste "Nana-Cool".
Jusqu'à la boucherie finale, Rochette restera une énigme, René se retrouvera sur la côte et Nana-Cool ira rejoindre la société.
L'originalité de ce polar de facture très classique, au style efficace, vient du fait que d'emblée, Rochette apparaît sympathique dans sa haine du système et des flics mais il est aussi très ambigu. C'est un inadapté pardonnable vu son milieu (banlieue, famille beauf, mère éplorée…)mais c'est aussi un maniaque du crime si l'on considère la description très réaliste de l'assassinat des deux gendarmes. René a des désirs d'employé et Nana-Cool se fait embaucher, rampante et mielleuse mais Rochette reste une espèce d'Hamlet moderne, bouffon noué à une éternelle tragédie.
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Remarques liminaires : ce roman noir a été écrit en 1978, c'est le premier de l'auteur Hervé Prudon, journaliste, né en 1950 et décédé en 2017.

Ce qui surprend, agréablement il va sans dire, c'est d'abord le style. Familier, oralisé, qui vaut quelques phrases exquises : "Elle savait que Rochette avait une tête fragile. Il pouvait rester des heures entières sans rien dire. Elle le regardait et pouvait entendre grincer tous les ressorts dans sa tête. Un ressort avait pu lâcher." (p.171) Les idées et trouvailles d'Hervé Prudon sont au service de son histoire noire et désespérée. 1978, la fin des années de reconstruction, de plein emploi. Les chocs pétroliers sont passés par là, la crise pointe le bout de son nez, l'exode des ruraux vers les villes pour s'entasser dans des HLM construites à la va-vite, les hippies sont fatigués et le "No future" des punks débarque. Rochette est le symbole de cette société qui croit de moins en moins en l'avenir. Il a, à quelques chose près, l'âge de l'auteur.

C'est donc du noir, de l'espoir broyé dans la réalité ; tout cela, parfois un peu long, mais mis en mots dans un style qui claque, qui n'a absolument pas vieilli. Ce bouquin aurait pu être écrit et installé dans notre époque, à quelques détails près. Je ne connaissais pas Hervé Prudon, c'est une très belle idée que de rééditer ses ouvrages (dans la même collection, deux autres titres : Banquise et La langue chienne) surtout s'ils sont aussi bons qu'icelui.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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L'auteur appartient à la mouvance post soixante-huitarde du néo-polar.
L'histoire relate l'errance sanglante d'un marginal et d'un truand dans la France profonde (les lieux rappellent ceux fréquentés par les hippies d'ADG, autre figure du néo-polar). L'écriture, saccadée, tourmentée, émaillée de vulgarité et de jeux de mots sans relief, rend palpable le vague à l'âme et l'humeur désabusée de l'auteur lui-même. Roman noir, très noir, qui m'a laissé un sentiment de malaise.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Sur la photo qui trône sur la télé, il a déjà seize ans, il sourit moins, il est arrogant, il pose. Les cheveux ont un peu poussé, mais le costume est démodé. Il défie la vie, à nous deux, on va bien s’amuser, j’aurai plein de jolies filles et des grosses bagnoles. Sur la dernière photo, la seule en couleurs, il est super-sapé, c’est le mariage, Bobonne lui sourit, lui, il a pas l’air finaud, il sent déjà les deux gosses pleurnichards à torcher, la mousmé acariâtre, elle va rechigner d’ici peu à la besogne conjugale, son costume de mariage servira pour le bureau, il aura un jean à plis pour les week-ends, une voiture fiable et bourrée de gadgets pour promener Mimi et son jeune frère Toto, il est tourné vers sa photo de jeunesse et a l’air de penser qu’en ce temps-là, j’emballais sec, ça valsait les nanas, alors qu’en fait il se faisait chier dans un bahut sordide avec des azimutés des maths et des philosophes boutonneuses, des perverses de la version latine, qu’il se branlait en rêvant à des baiseuses de pissotières, qu’il rougissait devant la crémière aux gros seins…
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Partir. Ouais. Se barrer de cette Merdeville, avec ce foutriquet à faire rire les enfants, dans une bagnole de suburbain qui poussait son caddie au supermarché, en survêt' de week-end. Traverser le livide-room et tirer la chasse d'eau sur cet ennui pétrifié. Bye-bye, banlieues ! Fouette cocher !
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Retour de guerre, de clac, d'usine, dans la panade et la désillusion, quand le western a mal tourné, quand la biroute a fait banqueroute, quand l'avenir se met au chômage, l'homme se fait hérisson, escargot, bernard-l'hermite. Il contemple ses jouets brisés, il récite les mots qui ne l'ont pas protégé, il imagine des apocalypses vengeresses.
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Il acheta trois quotidiens du matin. Il fut étonné mais nullement soulagé de ne s'y voir point nommé. L'enquête ne faisait que démarrer. Les flics renâclaient, la veuve Gourdon maudissait, les gauchistes en prenaient pour leur grade, les basanés avaient tout intérêt à filer doux. Quand serons-nous vraiment protégés ? Où est l'homme fort qui prendra les mesures énergiques nécessaires ? Rochette balança au caniveau le Parisien, ce petit journal gentiment rétro dont les idoles, les hommes forts aux mesures énergiques, se cachaient au Chili ou en Argentine derrière des lunettes noires, ou avaient péri dans un bunker à Berlin il y a plus de trente ans. Il ouvrit Libé et la question était que la vengeance est-elle ou non une arme politique valable. Il posa Libé sur un rebord de fenêtre et ouvrit L'Equipe. La France avait montré aux Gallois ce que c'est qu'une équipe robuste et réaliste. Elle n'avait perdu que par deux points d'écart.
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Nana Cool en fait avait jeté son dévolu sur Rochette. Elle le taquinait, elle se trémoussait autour de lui comme une dinde congelée sur un dunlopillo. (...) Nana Cool n'était pas soigneuse, elle avait laissé crever les poules et ne cultivait que son plaisir dans les grands champs sémantiques du kamasoutra. Elle voulait assumer son corps de femme. Ménie Grégoire lui avait conseillé.
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