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EAN : 9782072819841
128 pages
Gallimard (11/10/2018)
3.55/5   10 notes
Résumé :
Auteur de la Série Noire, Hervé Prudon est mort en 2017 d'un cancer annoncé. Les deux derniers mois de sa vie, il les a consacrés à écrire des poèmes qui témoignent avec lucidité de son dernier combat : revendication de la solitude, détachement, conscience de la mort qui vient, souci de celle qui reste seule. Ils dessinent au-delà de la mort la personnalité d'un homme radical, porteur d'une douleur existentielle qu'il cherchait à conjurer.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avec un brin de poésie dans l'air, j'ai trouvé au hasard dans ma librairie préférée : " Devant la mort " de Hervé Prudon, publié aux éditions Gallimard.

Ce recueil de poèmes témoigne du sentiment de peur et d'angoisse face à la mort, qui était omniprésent durant les deux derniers mois de la vie d'Hervé, et de l'urgence de coucher sur papier ses ultimes pensées (noires).

Atteint d'un cancer et se sachant condamné, Hervé livre sa dernière bataille à travers des poèmes fort sombres, dévoilant un combat bien difficile, même dans les plus banales de ses activités quotidiennes.

Une souffrance de ne rien pouvoir faire et une impuissance face à l'inévitable le pousseront à écrire jusqu'au dernier moment.
Bien qu'anéanti par l'idée de ne devenir bientôt plus rien, Hervé nous livre avec force et courage ses angoisses les plus profondes. Il évoque tout ce qu'il va laisser derrière lui, et tout particulièrement sa femme, mais aussi la tristesse dont il est empreint face à cet abandon trop soudain.
Au fil des pages, nous assistons à la décadence de l'auteur, de plus en plus fatigué et à bout de forces.

Il s'agit du premier livre que je lis de cet auteur et j'ai agréablement été surprise. Pensant qu'il allait s'agir d'un recueil ni plus ni moins lugubre, on y retrouve quand même une certaine douceur. Une douceur grandissante dans les derniers poèmes, comme si l'auteur se libérait enfin de son triste sort dont il était prisonnier et acceptait enfin ce funeste destin auquel nous sommes tous destinés …

Je recommande cette lecture à tout(e) passionné(e) de poésie mais pas uniquement. Nul besoin d'être fan de poésie pour ouvrir un tel livre qui touche par sa sincérité et la véracité de son écriture. Ce livre vous laissera une forte impression je n'en doute pas !

Lien : https://www.facebook.com/ros..
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"Ceci n'est pas une critique"... C'est en effet presque impossible d'écrire une "critique" après avoir lu des mots écrits dans de telles circonstances. Mais il faut tout de suite ajouter que ce sont bien des "poèmes" que l'auteur couche sur le papier, et si les conditions sont, comme on s'en doute, très difficiles, cela est d'autant plus méritoire.

C'est donc une lecture poignante. Mais, en même temps, cette lecture étonne, réjouit presque, car l'auteur a encore conservé la force de penser, de faire des jeux de mots, de faire danser les mots. On est ébahi.

Je dois préciser que je ne connaissais rien des autres ouvrages de l'auteur avant d'avoir ouvert ces pages. Je n'avais lu que le bref et beau résumé écrit par sa femme ou sa compagne, sur la dernière page de couverture, dont je retiens en particulier ces mots : (Ces poèmes) "dessinent en creux la personnalité d'un homme, porteur d'une douleur existentielle qu'il chercha toute sa vie à conjurer par la légèreté". Comme c'est bien dit.

J'avais également lu la préface d'un certain Olivier Rolin qui parlait de lui comme quelqu'un d'à la fois proche et lointain, d'une manière qui donnait envie de lire les poèmes, même si un détail m'avait frappé, c'est que le préfacier dévoilait que l'auteur avait connu un problème avec l'alcool.

Ma curiosité était donc grande, mais cette lecture ne m'a pas déçu, signe d'un vrai talent et de la grâce d'une personnalité contrastée, riche à la fois de profondeur et de légèreté, comme le mentionnait son épouse ou sa compagne.

Pour lui rendre hommage, je choisirai un peu au hasard de transcrire un ou deux poèmes.
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Le grand auteur de la série-noire, sentant la mort approcher, jette sur le papier ses derniers poèmes, et c'est très beau !
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En dépit des conditions dans lesquelles ce recueil fut écrit, il n'est pas déspérant, et parfois même enprunt de légéreté, c'est beau.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
la mort n’existe pas
  
  
  
  
la mort n’existe pas
elle n’est rien ni personne
on ne la voit pas
elle n’est ni feu ni flamme
ni cendre ni nuage
on n’y voit pas les âmes
voltiger dans les airs
elle n’est pas l’air elle n’a pas l’air
ni l’heure elle est pas même ailleurs
elle n’a même pas le temps
le temps est éternel
et moi qui serais orphelin de vivre
il sera maternel
la mort ne peut pas suivre
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pense au vent penses-y
tant que tu es vivant
pense à la pluie
pense au plaisir
pense à la plaie qui se referme
pense bien pense au mal
pense à corps et à cris
pense à torts et à travers
pense fort pense encore
pense à la mort tant que tu vis
pense à la vie penses-y
pense à la poésie
pense en douce danse en ours
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tous les jours je vois
  
  
  
  
tous les jours je vois
apparaître à l’ouverture de sa
fenêtre une dame en
déshabillé et majesté épanouie
elle projette sa bienveillance
dans ma chambre d’hôpital
elle ferme sa fenêtre mais sa
lumière pénètre et la douleur
m’est douceur
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j'ai pris feu fumée nuage
j'ai pris la pluie j'ai pris l'air
ne cherchez pas un trou
un mausolée un tombeau un caveau
ni même un cénotaphe
un ossuaire une maison
des morts j'ai pris la poudre
d'escampette j'ai pris la poussière
balayez-moi d'un revers
de main si les absents
ont toujours tort
que dire des morts?
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j'attends la mort
on m'a dit de m'assoir là
elle va venir bientôt
je ne suis pas son seul client
restez tranquille en salle d'attente
je suis trop fatigué pour gigoter
mais trop pour attendre longtemps
je suis au bout du rouleau
au bout du bout foi d'animal
j'empire sans respirer
j'expire j'écris mal
parce que j'ai mal

(P47)
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