La période byzantine est un continent ignoré de la littérature grecque. Longtemps, pour des raisons idéologiques, politiques et historiques (bien analysées par Anthony Kaldellis), la culture dite byzantine a encouru le mépris des universitaires, même des spécialistes de Byzance, des lettrés et des lecteurs influencés par ces derniers. On assiste aujourd'hui à une lente et progressive réhabilitation de cette littérature qui, parallèlement à la branche latine, continua de s'écrire dans une langue classique qui n'était plus parlée du peuple. Mais à la différence de l'Occident, à Constantinople et dans l'Empire Romain d'Orient, les oeuvres littéraires avaient un public connaisseur qui leur faisait écho et stimulait la création. L'université impériale et l'élite sociale maintinrent vivante la culture classique, ce que le moyen âge latin ne fit pas pendant les premiers siècles. D'où la Chronographie de Psellos, suite de biographies impériales sur le modèle de Suétone, dans la droite ligne des portraits antiques, élogieux ou satiriques, des grands de ce monde. Plus qu'une lecture instructive, c'est un plaisir et une découverte, et l'on envie les hellénistes qui seront capables de le goûter doublement, dans le texte et en traduction.
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(Romain III, 1028-1034)
Ce prince donc avait été nourri dans les lettres grecques, et il avait eu part aussi à cette culture qui s'attache aux lettres latines. Il avait la parole délicate et la voix pleine de majesté ; c'était un héros par la stature, et, par le visage, un vrai roi. Mais il croyait savoir plus de choses qu'il n'en savait. En voulant assimiler son empire à celui des grands Antonins d'autrefois, à Marc, ce philosophe accompli, et à Auguste, il s'attachait à ces deux choses, l'étude des lettres et la science des armes ; mais cette dernière, il en était absolument ignorant, et quant aux lettres, il n'en possédait la connaissance que loin du fond et superficiellement. Mais cette croyance en son savoir et le fait de se tendre au-delà de la mesure d eson âme l'ont conduit à se tromper dans les choses les plus graves.
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