Effectivement, le livre de
Charlotte Pudlowski fait réagir.
Magnifiquement écrit, le premier cadre dénonce les mécanismes de l'inceste au travers de silences insupportables mais parfois inconscient et complexe de ce drame, souligne la perversité de cette "domination" si bien décrite par ailleurs par simone
De Beauvoir dans "Le deuxième sexe", hélas toujours d'actualité et finalement insiste, à bon escient, sur la construction nouvelle de l'être incesté. A titre d'exemple, la notion d'amnésie traumatique est essentielle à connaître pour comprendre les réactions des victimes.
Ce silence effroyable devant l'indicible est commun malheureusement à d'autres traumatismes, comme les rescapés de la Shoa ont pu le vivre à leur retour face à leurs proches.
Le deuxième cadre nous transporte dans le monde de Charlotte, sa profonde sensibilité et son immense intelligence, sa bienveillante catharsis qui ne mènera, malgré un long chemin, qu'à devenir une nouvelle victime collatérale de ce drame.
C'est surtout cette deuxième lecture qui m'a profondément touché car elle interpelle, bien sûr, sur l'effet papillon de ce fléau mais elle nous interroge surtout sur la nature encore une fois perverse de cette fameuse domination masculine qui se traduit de manière variable, peu positive, trop exclusive, trop malsaine.
Alors, ce livre, cet essai admirable par son contenu et surtout par sa forme, sa capacité à nous ouvrir des portes et des réflexions sur l'origine et la façon d'aborder ce sujet devrait nous permettre d'une part de changer notre comportement sociétal - oui, notre société possède une part de responsabilité à l'évidence dans les exactions de ses membres - d'autre part à nous engager à réfléchir aux multiples mécanismes qui pousse l'homme à dominer une autre personne et à commettre des atrocités qui ne disparaîtront jamais.
Une oeuvre majeure qui marquera ses lecteurs et qui mérite d'être récompensée pour son originalité et son pouvoir de réflexion.