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4,19

sur 684 notes
°°° Rentrée littéraire 2022 # 13 °°°

Ravie de retrouver cet auteur italien dont j'avais adoré L'Ile des âmes ! Une nouvelle fois j'ai dévoré les 600 pages de ce thriller qui défile à toute allure.
La scène inaugurale harponne d'emblée. Dans une cour d'appel, un pédophile avéré est acquitté, la procédure s'étant engluée dans les limbes d'un système judiciaire saturé, au point de lui ouvrir l'issue d'une prescription. Colère du public, désespoir de la victime. Tout cela sous le regard d'un homme qui, quelques heures après, attend tranquillement le violeur chez lui avant de le kidnapper et de poster via WhatsApp une vidéo devenue virale intitulée « La loi, c'est toi. ». On l'y voit aux côtés du pédophile torturé, mutilé toutes ses dents arrachées sommairement (remises au préalable à la jeune femme violée en cadeau de réparation), appelant le peuple à voter dans un délai de 3 heures pour décider si cet homme doit vivre ou mourir. Un clic et c'est la mort.

S'en suit une course contre la montre pour empêcher le tueur en série, surnommé le Dentiste, de passer à l'acte. Dans un style très cinématographique d'une rare efficacité, Piergiorgio Pulixi propose un montage serré de chapitres courts ( 3-4 pages maximum ) et des dialogues vifs au coeur de l'action. C'est un excellent metteur en scène, dosant avec justesse scènes sombres bourrées d'adrénaline, suspense haletant et moments calmes permettant de reprendre son souffle entre descriptions s'attardant sur un détail, plans rapprochés ou images fixes.

A l'intrigue de la traque du Dentiste, l'auteur coud une dimension sociétale sur le rapport à la justice et aux médias lorsqu'ils dysfontionnent, poussant le lecteur vers une réflexion non manichéenne sur cette double thématique. Les motivations et le modus operandi du tueur soulèvent de nombreuses questions. Si la loi ne protège plus les citoyens contre toute forme de violence perpétrée par des criminels, pourquoi le citoyen ne s'arrogerait-il pas l'exercice direct de la puissance punitive étatique ? pourquoi la communauté nationale n'assumerait-elle pas la charge de rétablir l'équilibre brisé par les défaillances d'une justice injuste, inefficace voire corrompue ? le débat agite même les représentants de l'ordre, lassés de l'obscène disproportion entre le crime et la peine. Pour certains, le Dentiste « lubrifie la machine judiciaire avec du sang » au point de risquer de faire exploser tout le système.

Entre le Bien et le Mal, une grande porosité. le lecteur devient un acteur à part entière, traversé par un vent incohérent qui fait vaciller ses certitudes ou plutôt qui joue avec elles. D'autant plus que Piergiorgio Pulixi complexifie le parcours des consciences en faisant intervenir dans l'arène une racoleuse émission de justice-spectacle, Verdict, animée par une bimbo sur le retour, qui alimente la curiosité morbide des téléspectateurs, se goberge dans leur impulsivité. Impossible de ne pas penser au film Joker, Pulixi saisissant comme Todd Philipps, le cauchemar d'une époque marquée par la haine numérique, la fureur populaire ne fonctionnant qu'à l'impulsivité des émotions ou de l'indignation et le pilori médiatique. La foule prend parti pour le Dentiste vu comme un héros justicier. Et c'est glaçant.

A ce stade-là, le thriller est déjà excellent, ménageant des surprises indéchiffrables dans le scénario comme ce gros changement de braquet à mi-parcours. Il gagne en profondeur et humanité avec la formidable caractérisation de la triade d'enquêteurs avec lesquels on se connecte immédiatement. Ceux qui ont lu L'Ile des âmes retrouveront le duo d'inspectrices Mara Rais / Eva Croce avec leurs traits de caractère déjà bien campés mais avec des précisions importantes sur leur évolution psychologique, notamment Eva. L'auteur a l'excellente idée de leur adjoindre un fascinant personnage en la personne du criminologue Vito Strega. Un autre paria du système policier, une autre solitude hantée par les démons du passé qui, additionnée aux deux autres, constitue une formidable force de frappe pour traquer le Dentiste.

Un thriller qui m'a captivée. Il peut se lire indépendamment du premier volet des enquêtrices Mara Rais / Eva Croce mais ce serait vraiment dommage de passer à côté de L'Ile des âmes ( très différent dans les thématiques abordées et l'atmosphère déployée ).

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Commençons l'année 2023 par...mes meilleurs voeux à vous tous , amies et amis babeliotes qui me faites l'honneur de m'accorder votre confiance et me renouvelez sans cesse votre inestimable intérêt . Que la morosité ambiante ne nous empêche pas de nous adonner sans mesure à notre passion commune de la lecture et de partager encore et encore ...
Et , oui , c'est que la morosité , elle est partout et , entre autres , dans le domaine de la santé .Pas moyen , par exemple , de trouver un mèdecin pendant les fêtes ....Tenez , moi , j'ai souffert d'une violente rage de dents et bien , vous me croirez si vous voulez , personne pour me soulager ! de rage (!) , je me suis mis à ......( lire , boire ) pour oublier et j'ai tourné les premières pages d'un des cadeaux apportés par le Père Noël ! "l'illusion du mal " de Piergiorgio Pulixi .Oui , c'est ça , l'auteur de "L'île des âmes " , ouvrage déjà grandement commenté et apprécié dans lequel on a pu rencontrer Eva et Mara , les deux héroïnes enquêtrices . Tout ça pour vous dire que je n'ai pas lu le premier opus ( je compte bien le faire rapidement ) mais que je n'ai pas du tout été gêné ....Bon , mais je cause , je cause et j'oublie ( magie de la lecture ) ma rage de dents .J'y reviens .Vous ne me croirez pas , mais Eva , Mara et le criminologue Vito Strega ( trés bel homme , parait il , mesdames ) en recherchent un de dentiste .Ou plutôt LE Dentiste .Peu au fait des motifs de cette quête , moi , dés lors que j'en ai eu connaissance , j'ai décidé ....de les suivre !!!! Et là , chers amies et amis babeliotes , les pages ont tourné toutes seules et je me suis tout simplement demandé pourquoi , au fond , j'étais allé fourrer mon nez dans cette histoire .En fait , ça commence dans un tribunal où un individu peu recommandable retrouve la liberté en raison de défaillances de la justice italienne .Il quitte le tribunal sourire aux lèvres .Beau sourire moqueur , du reste , le dernier....Allez sourire , vous , avec 29 dents en moins !!!La télé s'en mêle puis s'emmêle ; 29 dents ...oui , et sans anesthésie !Et ce n'est pas fini mais moi , à ce moment là , déjà , même si je n'ai pas vu le Dentiste , je n'ai plus aucune douleur , si , si , je vous assure . Par contre , j'aimerais comprendre alors je vais suivre ( de loin ) Mara , Eva et(le beau ) Vito , trois personnages dont on aura l'occasion d'apprécier les caractères bien trempés , charismatiques et attachants ....Prêts et prêtes à vous lancer à la poursuite de l'ennemi public numéro 1 , un ennemi capable de diriger la vindicte populaire vers l'organisation sociale et le gouvernement d'un pays , d'utiliser les médias ? ....
Mais oui , amateurs du genre , ne laissez pas passer l'occasion de faire un beau ( enfin , si on peut dire ...) voyage entre la Sardaigne et Milan dans un ouvrage trés bien traduit et vivant , un ouvrage qui se dévore .
Allez , asseyez- vous sur le fauteuil , détendez vous et dites moi quelle dent vous fait souffrir , il ne faudrait pas se tromper , hein ? Bon , de toute façon , on va toutes les enlever , comme ça , on sera certain ....Une petite anesthésie ? Mais non , vous allez voir , il n'y en a pas pour longtemps .....Comment ? Mais non , je n'ai pas la " moindre dent contre vous " pas du tout .
Un excellent roman , plus profond qu'il n'y paraît sur des sujets sociétaux importants et complexes qui montrent que l'équilibre de la vie commune des individus est précaire et qu'elle mérite attention . Pulixi a beaucoup plus de talent que moi pour vous le démontrer .A bientôt .
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Déjà une bonne nouvelle, le trio d'enquêteurs Mara, Eva et Vito sera opérationnel dès avril prochain pour les "Quais des polars" de Lyon, et des adaptations cinématographiques sont possible, le tout selon l'auteur récemment rencontré en promotion.

Le roman surfe implacablement sur un sujet de société prégnant en Italie, la qualité de la Justice, ses dérives potentielles supputées ou avérées et ses conséquences sociétales telles la dérive populiste et la vindicte personnelle, expéditives et démagogiques, délicats à traiter avec rigueur.

Sur ce terrain glissant, pouvant vite déraper, de la masse populaire avide de sang spectacle aiguillée par de cyniques tribuns, l'auteur réussit l'équilibre entre ces differents ancrages sociétaux et politiques, sans prendre ouvertement parti.

Les vissitudes de la télé poubelle spectacle, quasi culturelle en Italie, sont particulièrement bien mis en exergue, et jouissifs, et l'on prend presque en pitié l' animatrice toute puissante dont la brutale déchéance illustre qu'un clou chasse l'autre sur un cercueil médiatique.

J'assimile l'oeuvre à une vague de surf qui une fois engagée ne peut plus qu'être suivie jusqu'à sa fin quelques soient les secousses ; et il y en a quelques unes, telles les scènes tortures physiques et psychiques.
Le roman, à la belle mécanique tant de suspense que d'intrigue, certes dur, taillé au cordeau, fait la part belle aux personnalités complexes et trempés de Mara et Eva et du nouvel enquêteur Vito qui les rejoint sur cette enquête embrouillée d'ampleur nationale, pour former un trio d'avenir semble-t-il selon les informations de l'auteur himself. Et avec des personnages secondaires quelquefois truculents, par des répliques et échanges incisifs savoureux, le livre s'allège quelque peu sans perdre son mordant.

Et l'on apprend beaucoup d'insultes regionalistes sardes, siciliennes et vénitiennes selon l'intervenant.
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J'ai découvert Piergiorgio Pulixi avec L'île des âmes qui fut un coup de coeur. Ici, L'illusion du mal est dans un tout autre registre. Plus moderne, plus contemporain mais toujours avec nos deux enquêtrices Mara et Eva, rencontrées dans le précédent opus.
Tout de suite l'auteur nous plonge dans l'action. Un prologue qui nous introduit immédiatement dans le vif du sujet comme le dit si bien la citation en exergue: "Le droit est terrible comme la vie " (Salvatore Satta dans le Jour du jugement).
Le récit nous met en pleine face les lacunes de la justice italienne (peut-être de toutes les justices finalement) qui pour le commun des mortels semble bien trop souvent protéger les coupables. Ils sont libérés pour vice de forme, pour lenteur administrative, des jugements où, semble-t-il, le bon sens est balayé au profit de la procédure.
L'illusion du mal c'est les verdicts d'un justicier masqué qui fait appel à la vindicte populaire pour condamner. Il enlève des criminels libérés, les torture et demande au peuple s'il doit les faire mourir ou pas à l'aide d'un vote populaire sur Internet. Votez coupable ou non, on a trois heures pour décider ! On se croit revenu au temps des condamnations aux jeux du cirque chez les Romains de l'Antiquité. Et c'est très efficace car je me suis sentie prise à partie en tant que lectrice. Parce que trop souvent certains jugements nous semblent injustes, certaines peines trop clémentes.
Une narration efficace qui mise sur les dialogues et les chapitres courts ce qui donne du rythme au récit et nous entraine. Des personnages bien campés, bien caractérisés, crédibles et qui semblent nous dire que ce n'est qu'un au revoir. Un polar noir ? En tout cas, un polar social car bien ancré dans une réalité toute actuelle qui nous force à réfléchir sur le tribunal populaire qu'engendrent les réseaux sociaux, sur les voix souvent haineuses qui condamnent rapidement et sans discernement. Une enquête prenante qui nous parle de justice, de victimes, de médias et de l'outrageuse influence de ceux -ci.
Je recommande vivement cet auteur et ses deux titres L'ile des âmes et L'illusion du mal.



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Un prologue de 5 pages plonge le lecteur dans le vif du sujet, si j'ose dire. Piergiorgio Pulixi entraîne ses lecteurs au tribunal. À cause d'une « succession d'erreurs du système judiciaire » italien, la présidente de la cour d'appel prononce, avec regret, l'acquittement d'un pédophile : il bénéficie de la prescription des faits. La victime est désespérée, la salle manifeste bruyamment son désaccord et le coupable se permet de sourire. Un homme quitte discrètement le tribunal. On le suit jusqu'au domicile du pédophile. Visiblement, il connaît déjà les lieux. Après avoir enfilé une cagoule, il se cache dans l'armoire de la chambre. Il sort de son sac une petite boîte et commence à toucher délicatement ce qu'elle contient : des dents humaines. Trois parties trépidantes suivies d'un épilogue nous emmèneront à la poursuite du « Dentiste »…
***
Contrairement à ce qu'il faisait dans L'Île des âme, Piergiorgio Pulixi adopte toutes les caractéristiques du thriller dans L'Illusion du mal : chapitres très courts, cliffhangers, omniprésence des dialogues, fausses pistes, etc. On se retrouve ici avec, peut-être, un bon exemple du genre, mais bien loin de la profondeur et de l'originalité de son précédent roman. On accompagne de nouveau le tandem mal assorti et très efficace composé de Mara Rais, irrévérencieuse dure à cuire toujours tirée à quatre épingles, et d'Eva Croce, rousse flamboyante et femme très secrète, qui semble se ficher de son apparence. Elles vont travailler sous la supervision de Vito Strega qui semble cristalliser sur lui tous les clichés du héros masculin : il est grand, il est beau ; il est plus qu'intelligent, il se comporte en vrai gentleman ; son charisme lui vaut l'admiration des femmes et le respect des hommes ; etc. le chapitre 24 (p. 118-122), celui dans lequel il rencontre les deux inspectrices, marque le début de ma déconvenue et de ma grande déception par rapport au roman précédent du même auteur. Dommage, parce que les thèmes traités par le biais de ce thriller sont passionnants et brûlants d'actualité en Italie, mais pas seulement : inefficacité de la justice, télé-poubelle, populisme, démagogie, vindicte populaire, vengeance et plusieurs autres encore. Je ne doute pas que ce roman puisse plaire à de nombreux lecteurs, mais, pour ma part, je ne suis pas fan des thrillers : trop de coïncidences, trop d'invraisemblances, trop de clichés, trop de trop. Je suis allée vérifier si le traducteur était le même que pour l'autre roman parce que je trouvais l'écriture moins fluide, moins intéressante. C'est bien le même, Anatole Pons-Reumaux. Si les périphrases qui traduisent certaines des insultes sont amusantes, la quantité d'interventions dans les différents dialectes a fini par me lasser. Déception pour moi…
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Bonjour,
Voici « L'illusion du mal »de Piergiorgio Pulixi. J'ai adoré ce thriller dont l'intrigue se révèle captivante et machiavélique. L'auteur nous propose un voyage à Cagliari en Sardaigne et à Milan. Deux enquêtrices et un criminologue sont chargés d'une affaire complexe: retrouver un justicier qui kidnappe et torture des personnes qui ont échappé à la justice, et qui fait voter le public pour savoir s'il leur laissera la vie sauve. le récit, glaçant de réalisme, dénonce les travers de la justice, l'impact profond des réseaux sociaux et celui des émissions à grande écoute. Les rebondissements multiples m'ont donné des sueurs froides. Les trois enquêteurs, au passé douloureux et tourmenté, se montrent très attachants et profondément humains. L'écriture de l'auteur est percutante, incisive, visuelle, avec cette pointe d'humour qui fait la différence. Un thriller coup de coeur à découvrir au plus vite !
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« La loi, c'est toi ».

Telle est la légende d'une vidéo contenue dans un message Whatsapp que reçoivent un jour plusieurs centaines de milliers d'Italiens. Dans ladite vidéo, la diatribe contre une justice qui n'est plus capable de la rendre, à force de corruption et d'inefficacité, par un homme masqué, qui sera rapidement surnommé le Dentiste. Pourquoi ce sobriquet ? Pour illustrer ses propos, il a enlevé un homme coupable de pédophilie mais acquitté pour vice de procédure, dont il a arraché toutes les dents à vif avant de les donner à la dernière victime de celui-ci… et propose aux destinataires du message Whatsapp de voter dans les trois heures s'ils veulent qu'il exécute l'homme ou le sauver. Les médias s'emballent évidemment pour l'affaire, et la tension avec les forces de police, directement attaquées, monte rapidement. Un contexte donc plutôt tendu pour une course contre la mort entre la police et le Dentiste, menée par les enquêtrices sardes Mara Rais et Eva Croce, que l'on avait déjà rencontrées dans le précédent roman de l'auteur, « L'île des âmes ».

J'avais adoré ce premier volume, et j'ai retrouvé avec le même plaisir les deux enquêtrices de choc dans une nouvelle aventure aussi gore que la précédente, mais différente cette fois-ci : la spiritualité nurraghe et le magnétisme propre à la Sardaigne sont délaissées cette fois-ci par l'auteur au profit d'une réflexion morale sur la part sombre de l'homme, renforcée par les réseaux sociaux, qui souvent fait ressortir le pire et fait s'interroger le lecteur en lui faisant se demander s'il aurait voté, et pour quelle solution. Outre cette fragilité morale, fruit d'une époque un peu instable, la télé trash, probablement celle de la Rai même si elle n'est pas nommée, est aussi critiquée pour sa capacité à aller toujours plus loin dans le pire pour faire toujours plus d'audimat et de fric.

Piergiorgio Pulixi arrive ainsi à créer une intrigue plutôt originale, qui m'a tenue en haleine du début à la fin, et pleine de fausses routes, puisque je me suis mise à soupçonner des personnages, et pas d'autres (aurais-je pu être enquêtrice ? Pas sûr…), entretenant savamment ses rebondissements, qui tombent toujours au bon moment. Ses deux héroïnes principales, Mara Rais et Eva Croce, ont également cheminé dans leur vie, dans leur psychologie, et font vraiment un bon tandem complémentaire (outre les étincelles causée par les frictions finalement affectueuse entre ces deux enquêtrice, l'une toujours tirée à quatre épingles mais au langage de charretier sarde, et l'autre au look rebelle, au bord du précipice en raison de son histoire traumatisante), dynamisé par l'irruption d'un nouveau personnage, le vice-questeur Vito Strega, le criminologue prodige et beau gosse (on remerciera l'auteur de ne pas être tombé, même si à un moment ça a été un peu limite, dans la romance malvenue), qui me semble être appelé à rester dans le paysage, un nouvel épisode de la série ayant été publié en Italie au printemps 2022. J'ai hâte que Gallmeister le fasse paraître en France !
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*** Rentrée littéraire 2022 #4 ***

Piergiorgio Pulixi est un grand auteur de roman noir italien. Pour ce deuxième volet, l'auteur plonge le lecteur au coeur d'une nouvelle enquête, entre la Sardaigne et Milan, « L'illusion du mal » est une plongée critique au coeur du système judiciaire italien, mis à mal par ses propres négligences « ou omissions ? »..

Des négligences qu'un tueur essaie de combler...

A travers toute l'Italie, les téléphones portables vibrent à l'unisson. Au même moment, sans distinction d'âge, de race, de classe sociale, des milliers de personnes reçoivent une vidéo au titre surprenant « La loi, c'est toi » avec un lien.. et l'ouvre.. Sur cette vidéo filmée en directe, apparaît un homme masqué avec une perruque orange, au second plan, un homme, ligoté à une chaise de dentiste, torturé, le visage tuméfié. L'homme masqué prend la parole. Son objectif : faire voter en ligne le public et ébranler le système judiciaire jusque dans ses fondements. Commence alors une course contre la montre pour notre duo d'enquêtrices de choc.

Maria Rais, sarde, mise au placard au service des affaires non élucidées. Une vrai lionne. Grande gueule, toujours habillée avec élégance. Eva Croce, milanaise, mutée en Sardaigne après une agression violente, cherche à fuir son passé avec un sentiment de culpabilité. Ces deux enquêtrices, que tout oppose, vont devoir se surpasser pour empêcher le pays de dériver vers la vengeance et la loi du talion.

De la Sardaigne à Milan, Piergiorgio Pulixi nous entraîne dans une traque aux multiples rebondissements. Un récit addictif, haletant, plein d'émotions, et d'adrénaline. Il manie à merveille les ficelles du polar. Aucun temps mort. Une plume fluide au chapitres très courts, dans lesquels les personnages ont gagné en profondeur, en maturité. Une enquête omniprésente, portée par une intrigue palpitante et machiavélique. Un vrai page-turner.

Entre envie de justice et soif de vengeance, cette « illusion du mal » propose une véritable réflexion morale, sur les sujets très actuels que sont la cybersécurité et les défaillances du système judiciaire. Piergiorgio démontre également avec force ce que les réseaux sociaux peuvent engendrer. La déresponsabilisation. Voter pour la condamnation d'un homme bien caché derrière son écran. Un vote anonyme, intraçable, avec droit de vie ou de mort.

Un roman de six cent pages qui se lit comme un claquement de doigt, et qui va rester longtemps dans la tête. Vivement le prochain !

Juste une dernière petite chose....

« Regardez au plus profond de vous et demandez-vous si cet acte de justice est nécessaire. Il suffit d'un clic. Une seconde de votre temps pour réparer un tort épouvantable. Et si vous êtes convaincus comme moi que le système doit changer, diffusez ce lien parmi vos contacts. Faites-les participer. Trois heures. D'une manière ou d'une autre, vous aurez encore de mes nouvelles... »

Et vous, auriez vous votez ?
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Outre améliorer votre glossaire personnel de délicieuses injures en sarde, sicilien ou vénitien, cet excellent thriller à le mérite de poser une question centrale. Où en est le peuple dans sa participation au rendu de la justice ?
En mettant en scène un justicier, certes sadique et sanguinaire, qui en appelle à la population pour voter les sentences, l'auteur plonge dans la vase des dessous d'une justice dont on peut trop souvent questionner la probité ou l'indépendance.
Entre corruption et solidarité de castes, il est vrai que nombre de verdicts font douter que justice soit réellement rendue au nom du peuple. En décembre 2023 une étude diligentée par Transparancy International France et la fondation Jean Jaurès révélait que 87% des français estiment que les personnes exerçant des responsabilités sont corrompues.
Même transposé en Italie ou en Sicile, le scénario est donc judicieux et d'actualité. Il pointe de surcroît le rôle des médias et des réseaux sociaux dans un système où il est facile d'orchestrer la haine et la vindicte dans de grossières mises en scène.
Depuis le pouce levé ou baissé des questeurs romains, l'adhésion du peuple est manipulée, mais le "peuple du droit n'est pas le peuple de la Loi", comme l'affirmait Schultz. Pulixi Piergiorgio reprends plus ou moins ce concept en faisant dire à l'un de ses personnages ce triste constat: " Des siècles de civilisation judiciaires balayés en trois heures..."
Personnages campés habilement et sans manichéisme, intrigue sans appels d'air, mon immersion et mon adhésion ont été immédiates, le tout étant en outre porté par une écriture d'excellente facture.
Bref, cela a été pour moi un très bon moment que les effluves de la cuisine sarde n'ont pas gâté. Et j'avoue une tendresse spéciale à Sofia, féline intrigante, dont les humeurs de tigresse rappellent qu'en amitié, l'honnêteté est souvent le maillon le plus fort...
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Avec quel livre avez-vous fini et commencé l'année ? Je gardais de côté L'illusion du mal de Piergiorgio Pulixi car je suis à l'affût des romans qui me permettent d'aller par procuration en Italie. J'étais tellement bien là bas que j'ai lu ce polar de 600 pages en même pas deux jours (vive les vacances aussi et le luxe de pouvoir lire plusieurs heures de suite sans que cela soit un problème). La bonne nouvelle est que L'illusion du mal met en scène deux enquêtrices, Eva Croce et Mara Rais, au coeur du précèdent roman de l'auteur, L'île des âmes. Une autre occasion de retourner en Sardaigne !

L'illusion du mal : le pitch
28 dents sont retrouvées sur le palier d'une jeune femme abusée par son beau père. Ce dernier n'a pas été puni, les faits étant prescrits. Eva Croce, en vacances à Belfast, rentre alors à Cagliari, pour découvrir aux côtés de Mara Crais, à qui appartiennent ces dents. Quand une vidéo du pédophile édenté est reçue par des milliers de personnes et que celui vite prénommé le dentiste appelle le public à voter en ligne sur le sort de son prisonnier, la vindicte populaire se met en marche. Alors que la colère du peuple grossit face aux manquements de la justice, Eva Croce, Mara Crais et Vito Strega (un criminologue réputé qui les épaule) se lancent dans une course contre la montre.

Pourquoi je n'ai pas pu lâcher ce polar ?
La construction
Le polar est construit en très courts chapitres et de manière à ce qu'on ait toujours envie de connaître la suite. L'intrigue se situe à la fois à Milan et à Cagliari, elle met en scène 3 enquêteurs avec des personnalités bien distinctes et le roman mêle leur histoire et l'avancement de l'enquête. Niveau rythme, il n'y a pas de temps creux, pas de chapitre en trop, cela se dévore ! suite de l'article sur le blog


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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