È bé bon dié, ce n'est pas une douce romance que nous conte L'enfant-bois !
En effet, mieux vaut avoir le coeur bien accroché pour découvrir la sombre et douloureuse histoire d'Eva, une Martiniquaise dont la vie est très tôt stigmatisée par le désamour et la violence. Sa mère la déteste car, conçue hors mariage, sa peau est beaucoup plus foncée que celle de sa soeur et de ses frères. Seule sa grand-mère Nou, une réfugiée haïtienne, l'aime. Jusqu'à ce qu'un drame vienne tout bouleverser…
A travers des allers-retours dans le temps, entre la vie d'enfant d'Eva et sa vie d'adulte qui tente de de reconstruire, mêlée à celle de son aïeule Nou, les destins individuels évoquent une histoire collective marquée par la répétition de traumatismes originels. Ceux d'une sexualité dans ce qu'elle a de plus violent exercée sur les femmes caribéennes, héritage de la traite négrière.
La découverte de ce roman a été une très belle surprise !
Je l'avais entamé sans aucun enthousiasme particulier mais j'ai très vite été envoûtée par la magie caraïbe et le savoureux mélange de français et de créole utilisé par Audrey Pulvar. Cependant, je n'ai pas pu lire, mais juste survoler, certains passages dont la violence m'a paru insoutenable.
Commenter  J’apprécie         191
Un livre déroutant au démarrage mais dans lequel on se laisse transporter rapidement au travers de l'histoire bouleversante de ces femmes - indienne, haïtienne, martiniquaise... - et dont on découvre les destins bouleversés.
Eva, l'héroïne, tente de se reconstruire, de sortir de cette malédiction qui touche les femmes de sa famille, en faisant ressortir les plus lourds secrets pour enfin trouver sa propre paix...
Magnifique !
Commenter  J’apprécie         00
Un merveilleux roman qui peut dérouter, mais qui m'a transportée dans un univers magique.
Commenter  J’apprécie         10
Il y avait eu ce jour, maman, et puis cet autre, celui-là. Je t'ai devinée clamant que tu voulais plus de moi. Alors je me suis laissée glisser. Je ne voulais pas hurler, griffer, ni mordre ou m'accrocher et vomir quand deux messieurs et une infirmière m'arrachaient à tes bras. Je ne voulais pas une deuxième fois la honte brûlante de tes mains m'écartant, agacées, ta voix laide et tes yeux secs. Je voulais juste m'envoler, me dissoudre, ne plus être. Partir. Loin. Ailleurs. Je ne sais pas... Je suis montée dans mon arbre, et puis j'ai entendu tes paroles sauvages, et puis j'ai senti que je ne voulais plus. Plus tout ça. Il me fallait fuir. Loin. Ailleurs. Avalée dans le vide. Je ne savais pas que je serais encore là pour peser sur ta vie. Un peu plus sourd. Handicapée. Pardonne-moi, maman, je t'en prie, je t'en supplie. Je promets, maman, de ne plus être mauvaise. De ne plus être méchante. Garde-moi encore avec toi. Je t'en prie, je t'en supplie. Laisse-moi rester auprès de toi. S'il te plaît. Je t'en prie.
Je t'aime, maman. Je te hais.
Tu es repartie. Dans mon petit lit, j'ai senti l'espace se fracasser autour de moi. Je me souviens de chaque mot, de chaque soupir, de chaque souffle, de chaque intonation. De l'odeur de l'air. Des sons de nuit. De tout. Et souvent encore aujourd'hui, au soir tombant, voilà que rougeoient à nouveau ces gifles. Voilà que revient la glace qui a parcouru mon sang, quand l'aveu de ton désamour l'a dévoré.
Dans mon petit lit, j'ai senti l'espace se fracasser autour de moi. Je me souviens de chaque mot, de chaque soupir, de chaque souffle, de chaque pause entre les mots, de chaque intonation. De l'odeur de l'air. Des sons de nuit. De tout. Et souvent encore aujourd'hui, au soir tombant, voilà que rougeoient à nouveau ces gifles. Voilà que revient la glace qui a parcouru mon sang, quand l'aveu de ton désamour l'a dévoré.
Autour de nous, en nous, un vide sans bruit. Un vide sans effluves, sans toucher, sans vie. Une absence de tout..
Audrey Pulvar : "La violence économique touche les femmes de plein fouet."
A l’occasion de la journée mondiale contre la violence faite aux femmes, Audrey Pulvar, journaliste féministe, a réagi face à la caméra de l’Humanité.fr sur le sens qu’elle donne à ce phénomène de société. Cette campagne de sensibilisation n’a jamais été autant dans l’actualité selon elle.