Elle a relevé ses cheveux sous le chapeau de paille.
Au bout du jardin,
là où croissent les saules, les coudriers mêlés d’aubépine,
là où les pieds trébuchent dans les menthes,
à un mètre ou à un mètre et demi de l’étang,
en présence de la famille,
a été versé l’urne.
Dans l’étang,
il a jeté sa femme.
L’époux a fait couler doucement sur l’eau les cendres de celles qu’il aimait,
il a versé son regard,
il a répandu son souffle,
il est monté sur le canot arrimé par une chaîne à la rive,
en élevant sa main il a éparpillé sa vie encore tiède, son corps encore presque intact sur la surface grise au-dessus de l’eau sombre,
près de la rame noire.
Quand on perd brutalement celle qu’on aime, on se tait.
A jamais complètement née sous ton regard, papa.
Il est possible que l'audition humaine perçoive des airs derrière la succession des sons de la même façon que l'âme humaine perçoit des narrations au fond des rêves les plus chaotiques.
Un pasteur américain ,en 1860, a noté les sons que les gouttes de la pluie faisaient retentir sur l'herbe et les petits sentiers de graviers du jardin de la cure.
Pourquoi les arrosoirs existent-ils alors qu'il pleut tellement?
Mais nombreux sont les morts qui n'ont pas accompli toute leur vie dans leur vie!
Les rivières changent curieusement de nom au cours de leur parcours.
"Cet homme noir dans le noir - à la fois âgé et presque invisible dans l'ombre et dans le temps - s'assoit sur la banquette du piano."
"Même le nom d'une morte est une espèce de cri comme un oiseau qui chante !
Même le nom d'une morte est une prière qui module et qui résonne..."
"Dans la barque,
une mystérieuse rame toute seule repose
dans le noir
et reste sur le fond de bois humide
sans qu'elle pénètre dans l'eau inconsistante."
"Les morceaux de mon existence se craquellent exactement comme se craquellent les paragraphes sur la page d'un livre qu'on refuse !"