AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 91 notes
5
11 avis
4
7 avis
3
8 avis
2
5 avis
1
0 avis
Texte hybride, alliant théâtre et récit, écriture sublime.

C'est Peau d'âne dans une version moins féérique : un père chasse sa fille unique, lorsqu'elle atteint l'âge de sa mère à son décès, en suite de couches. La jeune femme est une image en miroir de ce que fut sa mère et la souffrance est trop profonde pour l'homme.

C'est en reclus qu'il va se consacrer à une tâche pour le moins originale : transcrire en musique les sons du jardin, de ce jardin qui fut celui de son épouse. Immortaliser les sons quand le visage aimé n'est plus visible et chasser l'incarnation de l'aimée qui redonne vie à la défunte et détruit le souvenir volontairement figé.

C'est un texte profondément poétique, lent ,lourd des chagrins portés, simple dans sa forme et complexe dans ses émotions, alternant des dialogues de théâtre et un récit. Et le résultat est une musique qui se substitue à celle que l'auteur évoque et que l‘on entend pas, celle que le révérend tente de capturer dans son décor, pour combler le vide d'une absence mortifère.


Le texte est court et c'est tant mieux car un développement plus étoffé sur le même mode eut constitué un risque de décourager le lecteur.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          690
Amour exacerbé qui fait aimer le passé plus que le présent, la morte plus que sa descendance. Le passé perpétué dans ce que l'être disparu a vu, touché, entendu, senti dans ce jardin qui était son refuge, son paradis sur terre.

Amour exacerbé au point de convier son fantôme dans des chimères déraisonnables. Au point de chasser la fille culpabilisée de la mort de l'accouchée. Au point de convertir en notes de musique, sur le vieux piano de la maison, le chorus de tous les bruits qui témoignent de la vie. De sa vie.

Je n'ai pas été séduit par cette poésie moderne qui glorifie un amour égoïste au point de culpabiliser l'innocence. Au point de fermer son cœur à tout autre.
Commenter  J’apprécie          240
Je ne connaissais Pascal Quignard, écrivain prolifique, que par l'adaptation magnifique au cinéma de son roman « Tous les matins du monde ».
J'ai découvert il y a quelques années sa production romanesque par « Les escaliers de Chambord » un roman présent dans les livres de la bibliothèque de mes beaux-parents( «héritage » si précieux que nous nous sommes partagé).
Je n'avais pas vraiment apprécié ce roman qui décrit l'histoire un peu froide d'un homme collectionneur d'objets anciens.
Mais comme il m'est arrivé que la première lecture d'un auteur ou d'une autrice ne m'ait pas plu, et pourtant que depuis elle, ou il, fasse partie de mes préféré(e)s, ainsi en est-il de Marguerite Duras, ou de Dostoïevski, je me suis tourné vers ce roman, dont le thème, un pasteur transcrivant les chants des oiseaux et autres bruits de son jardin, m'attirait.

Hélas, une nouvelle déception. Ce roman, que l'auteur a voulu présenter sous une sorte de forme de Théâtre de No, parle essentiellement d'un homme, Simon Pease Cheney, accablé par le souvenir de sa femme Eva morte à 24 ans en accouchant de sa fille Rosemunde, peu tendre avec sa fille qu'il chasse parce qu'elle lui rappelle sa chère femme. Et de musique des oiseaux et des bruits du jardin ou de la maison, on n'entendra rien ou si peu.

À nouveau, désolé pour l'auteur, j'ai trouvé l'histoire et le mode de narration froids et aussi un peu artificiels.
Faudra-t-il que j'essaie un autre titre, tel « Tous les matins du monde », ou « Les ombres errantes », roman pour lequel l'auteur a reçu le Prix Goncourt.
Ou bien considérer que, comme « chaque lecteur est quand il lit, le propre lecteur de soi-même », l'oeuvre de Quignard ne fait pas écho à ce que je ressens et j'attends, et qu'une nouvelle tentative ne sert à rien.
Commenter  J’apprécie          224
Pascal Quignard est un écrivain français né en 1948. Il a reçu le prix Goncourt en 2002 pour son roman « Les ombres errantes ». Après avoir écrit « Tous les matins du monde » qui a enchanté les lecteurs et relancé la musique baroque auprès d'un public qui ne l'avait guère fréquentée, grâce à l'adaptation cinématographique, il relate un autre musicien du XIXème siècle : le pasteur Simeon Pease Cheney.
Ce dernier meurt en 1889 après avoir vécu dans un presbytère avec sa fille dans l'Etat de New-York. Sa particularité est de transposer le chant des oiseaux en partitions grâce à une oreille absolue lui permettant de décrypter les sons tel que le vent qui s'engouffre autour du presbytère, dans les feuillages du jardin de sa cure.
Son épouse défunte avait fait de ce lieu un émerveillement, une embellie de ses mains laissant des souvenirs enchantés. le compositeur ne vit que pour ces oiseaux et leurs chants et reste obsédé par le souvenir de sa conjointe éteinte. Rien ne peut le distraire de sa passion même pas son propre enfant.
Un récit à trois voix, celle du narrateur, du pasteur et celle de sa fille Rosemund, est mis en scène comme une pièce de théâtre au scénario très explicite.
Cette forme scénarique de l'écrit m'a beaucoup plu. le talent de Pascal Quignard nous donne à ressentir l'ambiance monotone, l'atmosphère pesante, les sons et surtout les silences qui ont animé une vie austère et linéaire.
Commenter  J’apprécie          190
Partitions des oiseaux . « Wood Notes Wild, Notations of bird Music, Boston. 1892. » « Even inanimate things have their music »... Mélodie de la goutte d'eau. Que serait le quator à cordes N°12 de Dvorak sans le travail de Simeon Pease Cheney ?.. Que serions nous si nous devenions un jour incapable d'entendre la musique des arbres, des jardins, des chemins, la symphonie des parfums, des oiseaux…, de les rappeler en nous.  « Il est possible que l'audition humaine perçoive des airs derrière la succession des sons de la même façon que l'âme humaine perçoit des narrations au fond des rêves les plus chaotiques ».
« Cet homme noir dans le noir..est celui qui aide les disparus à revenir ». Saisir, noter, reproduire, revivre, renaître. Simeon Pease Cheney...Jean de Sainte Colombe. le lecteur sait qu'il entre dans le jardin des ombres. « Peu à peu la pénombre se défait.Une lumière pâle naît à jardin ». Tel est le monde de Pascal Quignard,.. précis, mélodieux, épuré..lumineux. « « Les oiseaux ne font que répéter les mots que nous avons oubliés » écrit Yôko Ogawa dans « petits oiseaux »... Pascal Quignard nous est essentiel.

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          191
Classer dans la catégorie roman par l'éditeur ce livre de Pascal Quignard ressemble plutôt à une fiction poétique et théâtrale. D'ailleurs, il en a fait un spectacle musical ce qui n'est pas surprenant car il y a beaucoup de dialogues et un récitant.
"Dans ce jardin qu'on aimait" évoque le lieu obsédé par l'amour qu'un homme porte à sa femme disparue.
Il s'agit du Révérend Simeon Pease Cheney qui a consacré sa vie à transcrire en musique le chant des oiseaux, les bruits du jardin ou de la maison, par amour pour Eva. C'est une façon pour lui de garder ses souvenirs et de vivre avec le fantôme de son épouse morte en couches.
Ses fidèles de la paroisse de Geneseo reprochent à Simeon de préférer la nature à leur sort. Mais le plus terrible est qu'il chasse de la maison sa fille Rosemund lorsqu'elle dépasse l'âge de sa mère à sa naissance, la tenant responsable de sa mort. Ce n'est pas très charitable pour un pasteur, c'est le moins qu'on puisse dire.
Elle reviendra toutefois vers lui à la fin de sa vie pour l'aider à publier le seul ouvrage de musique qu'il a écrit, regroupant ses transcriptions et intitulé "Wood notes Wild".
Je trouve qu'il manque quelques descriptions sur la façon dont il travaille car on sait seulement qu'il se met au piano.
Si ce texte est plaisant parce qu'il ressemble à un cri d'amour, sa lecture ne m'a pas vraiment enthousiasmée.


Challenge Coeur d'artichaut 2022
Challenge Riquiqui 2022
Challenge Multi-défis 2022 100
Challenge ABC 2021-2022
Commenter  J’apprécie          120
Un jardin comme un sanctuaire, un lieu où demeure celle dont l'absence ne peut être comblée.
Auprès, dans, au rythme de, en osmose avec ce jardin vit un homme, le révérend Simeon Pease Cheney. Il y retrouve son épouse aimée, Eva, morte en donnant naissance à leur fille unique Rosamund. Quand celle-ci dépasse l'âge qu'avait sa mère quand elle est morte, l'homme, son père, lui demande de partir. Il veut habiter la solitude, la peupler de souvenirs de celle qu'il a aimée et qu'il aime toujours avec passion, y voir évoluer son fantôme. il ne supporte plus de regarder celle qui lui ressemble davantage à mesure que les années passent.

Le voilà donc seul et heureux de l'être, heureux avec lui-même et avec ses pensées au coeur desquelles "vit" son épouse perdue : elle "habite" ce jardin, l'étang, derrière les roseaux,. Son évanescence la rend présente en tout lieu de ce coin de nature, en tout végétal, en toute âme qui y a élu domicile qu'il soit définitif ou éphémère pour une saison.

Le silence comme confident parce que le deuil veut que l'on aspire à fuir, à se cacher des autres.
Les oiseaux pour seuls compagnons.
Leurs pépiements pour seule conversation échangée.
La musique pour nourrir l'esprit, le coeur, habiller les heures qui passent : musique jouée sur le vieux piano ou murmurée pour soi-même.
Et tout naturellement, il transcrit les bruits qui peuplent son existence, le bruit de l'eau, de la pluie, les chants d'oiseaux en notes de musique comme la traduction d'un autre langage, comme pour maintenir l'éternité d'un fil tendu entre lui-même, éploré, et celle dont l'absence le consume, comme une imaginaire conversation partagée.
Où mieux que dans ce jardin que son épouse aimait et auquel elle a insufflé,jadis, jour après jour, la vie, la couleur, la présence ordonnée de cette nature consolatrice, peut-il être au plus près de celle qu'il ne veut plus quitter avant de la retrouver, enfin, pour toujours.

Un texte qui dit le deuil, la perte, les douleurs qu'il faut apprivoiser. Pour ce révérend, il dit aussi la consolation de cette solitude choisie pour s'éloigner des autres, pour avancer dans la multitude des jours en seule compagnie des souvenirs remplis de l'allégresse de celle qui n'est plus.
Un texte comme une célébration de la solitude nécessaire pour vieillir en compagnie de l'invisible, comme une déclaration d'amour éternelle à cette autre partie de soi qui a disparu.
Un texte comme un long poème qui s'étire au fil des phrases, de la musicalité des mots, comme une suggestion des couleurs en camaïeu, celles de la végétation qui varie au fil des saisons, un texte comme une évocation des senteurs du lieu, un texte enfin, habité par le frôlement des plumes de ces oiseaux présents tout en transparence.
Un texte comme un morceau de musique pour célébrer, en la faisant revenir, la vénérée.

Et pourtant si elle revenait, ne le tourmenterait-elle pas de ses aveux, ne désirerait-elle pas aussi habiter une certaine solitude en son jardin ?

Un jardin en témoignage d'une vie, des chants d'oiseaux devenus partition pour la retrouver et la célébrer.

(Août 2021)
Commenter  J’apprécie          110
C'est l'histoire d'un révérend qui collecte des sons, mais étrangement, ce n'est pas de cela dont on nous parle.
C'est d'amour dont il s'agit, de nostalgie, et peut être aussi de désamour. le tout enveloppé de lumière.
Est ce une fiction, un poème, une pièce de théâtre? Un peu tout cela à la fois, mené avec une grande simplicité.
Une écriture et une approche singulières pour nous décrire un personnage qui du l'être tout autant.
SP
Commenter  J’apprécie          100
À propos du Festival 2022, je lis sur liberation.fr : "Avignon : Dans ce jardin qu'on aimait, par Marie Vialle, un théâtre de haut vol. La comédienne et metteuse en scène présente l'adaptation du roman éponyme de Pascal Quignard au festival avignonnais".

Cependant « Dans ce jardin qu'on aimait » n'est pas un roman, mais une récitation pour quatre voix, celles de Siméon, Éva, Rosemund et du Récitant, accompagnées par l'Interprète, récitation donnée en Avignon et à Tours, Bordeaux, au Havre, à Caen, à Aix et à Châteauroux en 2016-2017. Dans cette récitation, la prosodie domine le sens : « Oui, la mort est là et elle arrive continûment désormais dans l'afflux de mon sang. Et combien la peur que j'en ai l'accompagne ! Et l'étrange hâte où elle presse toute chose dans son étrange mouvance, dans son vigoureux afflux, à l'entour d'un visage qu'on ne voit pas, dont on se souvient mal, — me presse, me tire » (p 116). le sens : le veuf abandonné par la morte ; la nouvelle-née abandonnée par son père ; le père consolé par la musique perçue dans son jardin — les oiseaux, le vent, quelques tintements — ; la fille mal aimée publiant les partitions de son père, dont les contemporains ne veulent pas.

Le style est lent, méditatif, postromantique, pour tout dire sentimental. le génie musical de Quignard romancier se lit ailleurs : dans Tous les Jardins du monde, ou dans L'amour, la Mer.
Commenter  J’apprécie          81
Dans l’introduction de son ouvrage, l’auteur nous précise que le seul compositeur à s’être inspiré de cette musique étrange des sons naturels fut Antonin Dvorak qui composa un quatuor à cordes, le n°12, en prenant des « notes » des oiseaux qui peuplaient les arbres et les roselière du révérend Cheney. C’est donc peu dire que le vénérable ecclésiastique n’eut que très peu d’audience. C’est en particulier ce que rapporte le court ouvrage : c’est la fille du Révérend, Rosemund, vieille fille professeure de chant, de piano et de violoncelle, qui publia à titre posthume les pages et les portées que son père avait noircit en transcrivant les sons quotidiens qu’il entendait dans son jardin, dans sa maison, dans sa tête.
Ecoutez les premières notes du quatuor de Dvorak, et vous entendez bien les oiseaux qui pépillent. C’est la musique naturaliste, celle qui avait déjà été mise à l’honneur par exemple par Vivaldi.
Mais en fait le livre de Pascal Quignard n’est pas un livre de musique ou même un livre de musicien. On entend très peu les sons. C’est avant tout un livre d’un amour figé par la mort, celui que le révérend Cheney portait et porte toujours, jusqu’à sa propre extinction, à son épouse chérie, Eva Rosalba, morte en couches à 24 ans en donnant naissance à sa fille Rosemund.
Durant leur mariage très court, la jeune épousée passait son temps dans son jardin, le jardin de la cure, qu’il vente, qu’il neige, elle était toujours dehors. Pour honorer la mémoire de sa défunte, Cheney décide de passer aussi du temps dans le jardin et surtout d’y écouter les sons, les bruits qui lui rappellent son amour perdu.
La fille née de cet amour, le révérend la chasse une fois adulte, car elle lui rappelle trop sa mère, qui elle n’a pas survécu. Elle devient professeure de musique. La vie du révérend tourne alors autour de deux obsessions : son épouse morte et la musique qu’il écrit et qu’il tente de faire publier, sans succès.
Voilà pour l’histoire, la trame. Mais ce n’est absolument pas le plus important dans le livre de Pascal Quignard. Le plus important et le plus déroutant est la forme. Le livre est court, 170 pages. Ce n’est pas à proprement parler un roman, c’est plutôt un livre qui déambule entre la poésie, le théâtre et le scénario. Les chapitres sont en réalité des scènes, avec très peu de personnages, dont le révérend Cheney, sa fille, le fantôme de sa femme et un récitant. Le passage des dialogues entre chacun des personnages n’est pas évident à suivre pour le lecteur.
La forme peut être très décourageante, très difficile à aborder. Ce fut le cas pour moi. Au final, je ne saurais dire si j’ai aimé ou non ce livre, petit et étrange, parcouru d’une mélancolie dépressive et d’une tristesse profonde. La mort, l’abandon, la solitude sont bien plus présentes que la musique, la joie qu’elle peut procurer, la sensibilité qu’elle amorce. De toute façon, ce livre fait partie d’une œuvre plus large que ce simple moment de littérature et il est à considérer dans cette globalité, celle d’un homme qui écrit et qui construit petit à petit sa propre musique.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (189) Voir plus



Quiz Voir plus

Tous les matins du monde

En qu'elle année Pascal Quignard a-t-il écrit Tous les matins du monde?

1816
1917
1991
1899

10 questions
285 lecteurs ont répondu
Thème : Tous les matins du monde de Pascal QuignardCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..