Après deux ans de navigation à bord de l'Isabelle, Thibault, le prince héritier du royaume de Pierre d'Angle sait qu'il devra bientôt rentrer au bercail. Or, sa décision s'accélère lors de leur dernière escale au cours de laquelle une passagère clandestine s'est réfugiée à bord. Elle serait à la recherche de sa soeur kidnappée et envoyée dans les royaumes du Nord. Alors que son amiral insiste pour la débarquer, Thibault n'en fait rien et accepte de l'emmener. Une rencontre inattendue qui va donner à sa vie un tournant surprenant même s'il l'ignore encore.
Dans le Royaume de Pierre d'Angle,
Pascale Quiviger nous immerge dans un univers de fantasy d'inspiration médiévale que l'on découvre d'abord à bord d'un navire. Dès lors le récit prend de suite un goût d'aventure drainant l'image populaire de la piraterie.
D'escale en escale, on séjourne rapidement dans les différentes cours des royaumes voisins, ce qui nous fait prendre la mesure de la futilité et de la perfidie de la noblesse qui y siège. le peuple y est mal traité, parfois asservi et les complots s'y épanouissent posant une chape de plomb malsaine sur l'ambiance générale. Il en va bien différemment à Pierre d'Angle où les roturiers vivent avec les notables sur un pied d'égalité. C'est un royaume qui se veut neutre, considéré par beaucoup comme un havre de paix. Mais cette sécurité et cet équilibre dépendent surtout du monarque qui monte sur le trône. Or, la transmission du pouvoir répond à des règles strictes menaçant ici de voir le royaume tombé aux mains du cadet si d'aventure l'aîné n'était pas là dans les temps pour recevoir la couronne. Voilà déjà une première menace encourue mais ce n'est pas la seule car derrière l'image idyllique, une malédiction accable également les lieux qui prend sa source dans ses origines et fait même peser un risque sur la dynastie royale.
Le Royaume de Pierre d'Angle esquisse les contours d'une utopie en mettant en exergue ici le modèle d'une société égalitaire et respectueuse. Ici, liberté, égalité et fraternité ne sont pas de vains mots car les relations que les gens entretiennent affichent de l'égard et de la déférence quelque soit leur niveau social. Pour autant, ce fonctionnement tient surtout à la personnalité du roi car l'image qu'il renvoie ici fait tout. Or, si celui-ci devait arborer un visage plus hargneux, doublé d'un comportement hostile et despote, il en irait clairement autrement.
A travers la diversité de ses personnages, le Royaume de Pierre d'Angle nous parle de discrimination, d'intolérance mais aussi de misogynie notamment par cette défiance des marins de voir une femme monter à bord d'un navire. C'est un texte riche qui aborde donc avec beaucoup de subtilité des faits de société.
Lecture fortuite par la hasard d'une Masse Critique mais véritable alchimie entre le premier tome d'une saga fort prometteuse et mon coeur de lectrice. Est-ce que cela tient à la fluidité du style ou à la sensibilité de la plume, je ne saurai dire si ce n'est que ce tome 1 est un vrai coup de coeur et qu'il me tarde déjà de lire la suite !
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