Rachel Blaustein est née en Russie, sur les bords de la Volga, mais c'est en Hébreu et en Terre Sainte qu'elle écrivit ces poèmes, entre 1923 et 1927, à Jérusalem, Safed et Tel-Aviv. Atteinte de tuberculose, elle se sent condamnée et abandonée. Sa poésie est cependant pleine de lumière, de sensibilité, de vibrations. le style est simple, poignant. Rachel utilise un hébreu moderne et biblique. le poème se fait chant, prière, oscille entre désespoir et consolation. Il est difficile de ne pas être touché par les mots de Rachel.
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Chant mélancolique
Entends-tu, si lointain, ma voix,
Entends-tu là-bas,
Voix d’un intense appel, voix qui sanglote,
Et par-delà le temps lègue sa bénédiction ?
Vaste l’univers, multiples les chemins
Qui se croisent imperceptiblement, s’écartent indéfiniment,
Un homme cherche, mais ses pas vacillent,
Il ne pourra atteindre ce qui est perdu.
Le dernier de mes jours approche déjà peut-être,
Déjà approche le jour des larmes d’adieu,
Je t’attendrai jusqu’à ce que ma vie s’éteigne,
Comme Rachel attendait son ami.
Traduit de l’hébreu par Bernard Grasset - p. 61
Ma source est abandonnée dans les profondeurs de la terre,
Mais ses eaux, il les a détournées,
Et de soif sans fin j’expire.
1923
Liesse fugace, joie comme traîne de lézard,
La mer jaillissant entre deux murs de la ville,
Le carreau de la fenêtre étincelant de soleil vespéral,
Tout est béni !
Tout est béni, pour tout il est un chant consolateur,
En tout des signes cachés, et tout aide
A enfiler le santal de suaves paroles
D'une main imaginaire.
Tel-Aviv, 1926
(p.61)