Tout part de l'interrogation de Moïse sur le nom de Dieu : la Bible hébraïque, texte sacré, lui donne en effet une réponse porteuse de questionnement : « je serai ce que je serai ». Moïse y voit Dieu et assoit ainsi le monothéisme.
Cela signifie-t-il que le terme « Dieu » peut alors être remplacé par la seule assertion « je serai »? ou une interprétation non religieuse du verset 14 du chapitre 3 de l'Exode est-t-elle possible ?
En effet nous pourrions-nous pas voir à travers la phrase suivante un message d'humanisme athée? « si vous entendez avec votre coeur et votre intelligence ce « je serai » alors vous saisiriez que le devenir est votre certificat de vie. »,
Ainsi la libération des Hébreux par Moïse serait à associer à la volonté humaine, le peuple considérant qu'il possédait un avenir en dehors de l'esclavage.
C'est donc dans une ambivalence du texte que François Bachline nous propose de nous plonger.
Tout au long de cet essai, aucune réponse ne sera donnée au lecteur. C'est bien à ce dernier de se faire une idée, son avis. le cheminement n'est pas toujours simple. Les références théologiques sont nombreuses. Il faut parfois poser ce « petit » texte et le reprendre avec courage, quelques jours après. Mais plus qu'une réponse à une simple curiosité, une réflexion de fond sera le résultat des efforts du lecteur.
Alors… tentez l'exercice même si la complexité n'est jamais loin voire toujours présente (reproche principal) !
Commenter  J’apprécie         80
Ce livre aurait pu s'appeler « qu'est-ce qu'une religion pour vous ? ». Il pose une question très simple : une religion est-il révélée par Dieu ou est-elle un code de vie, une éthique qui permettent à un humain d'avoir une ligne directrice pour grandir en dignité ? le travail de l'auteur porte sur la bible et plus particulièrement l'anion testament. Il montre, à la lecture des travaux historiques récents, que la bible n'est pas un document révélé, mais un ensemble de textes compilés sur plusieurs siècles et mis en lumière plus particulièrement par Josias et plus tard Esdras. Alors qui est Moïse ? Une personne qui a créé ce code d'éthique à la base ou un mythe ? Ce qui rend ce livre intéressant est qu'il montre que nous pouvons avoir les deux lectures des textes : le texte religieux et/ou le texte « éthique ».
Il donne des exemples de traduction d'un même texte hébreu : tout est question de sensibilité du traducteur.
Mais il va encore plus loin et se pose la question de comment un ou des personnages ont pu faire évoluer des cultures polythéistes vers une culture monothéiste et une éthique de vie.
Si vous allez au-delà de la religion juive, vous pouvez vous poser les mêmes questions : le catholicisme a choisi l'axe religieux sous l'influence de Paul, quand le bouddhisme est plus tourné vers une éthique vie (il y a des deux cas toutes les religions).
Un livre passionnant qui tourne autour d'une question simple : la lettre ou l'esprit ?
Dans un monde actuel où chacun cherche à retrouver des racines, il aide à faire la part des choses entre le rejet de tout et le fanatisme.
Commenter  J’apprécie         10
Dans toutes légendes il y a une part de réalité. Dans toutes religions du moins monothéistes il y a une base commune.
Cette base a formé notre code de conduite , notre éthique.
Mais tout texte est soumis à l'interprétation de l'homme et une interprétation différente change le regard.
Commenter  J’apprécie         00
Je serai ne peut laisser personne indifférent. Spinoza ne se trompait pas en admirant surtout chez Moïse le meneur d’hommes. Non pas seulement celui qui au charisme allie l’intelligence des situations et des personnes, mais celui qui sait aussi susciter l’engagement.
Il est difficile d’imaginer comment la foule composée de braves gens, pour la plupart sans doute analphabètes, a réagi en écoutant ce Je serai, à supposer bien entendu que cette scène ait eu lieu, ce qui est loin d’être avéré. Mais si elle relève de la légende ou du mythe, si elle est le produit de l’imagination d’un ou de plusieurs rédacteurs, la pensée demeure. Et cela seul compte. Un verset d’une seule petite phrase ébranlait ainsi des siècles de pensée humaine.
Qu'est-ce qu'Auschwitz aujourd'hui pour ceux qui ne furent ni victimes, ni bourreaux, ni témoins directs de la Shoah ?
Ce livre s'attache essentiellement à décrypter l'empreinte mystérieuse et indélébile que laisse une seule journée sur le sol d'un endroit dont l'esprit se demande s'il est bien de ce monde. (...) Une journée de janvier 1999 avec son fils de 17 ans.
Cet essai cherche à exprimer ce que peut ressentir aujourd'hui un homme né après 1945, ni victime, ni témoin, ni bourreau, resté quelques heures seulement là où des millions de personnes ont péri, en quelques minutes ou après d'interminables agonies.
François Rachline est essayiste et romancier. Il est membre du bureau exécutif de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). Il a été professeur d'économie et vice-président du conseil de direction de Sciences Po Paris.
Il a également publié chez Hermann, une trilogie biblique : La loi intérieure, Au commencement était le futur, et Un monothéisme sans dieu.
Éprouver Auschwitz, Hermann, 148 p., 12 euros. Parution le 8 janvier 2020.
+ Lire la suite