Faisons court: c'est un livre prétentieux et inutile.
Le pitch était sympa: un mendiant assiste à la création des « Menines » où il apparaîtra même - puisque nul ne sait qui accompagne la duègne, alors même que tous les autres personnages du tableau ont été nommés.
Sauf qu'écrire un roman à partir de là suppose deux ambitions: livrer quelque analyse nouvelle du tableau, où tout au moins être capable de romanesque, pour simplifier être crédible.
Pour ce qui est de ma première attente, elle m'a conduite à relire la notice de Wikipedia qui en dit plus en beaucoup moins de pages.
Quant à la seconde... Ben oui, comme d'habitude quand on n'est pas fichu de créer des situations, on campe des bavards. Ça cause, ça cause, inutilement et pompeusement. Et pour que les personnages prennent vie, on les leste de réactions outrancières genre film muet, ils roulent des yeux, s'excitent pour des vétilles, comme si la vraisemblance était soeur de l'hystérie.
Et avec tout ça, le mendiant sait lire et écrire, l'infante se déplace elle-même dans l'atelier de Velasquez pour lui dire qu'elle n'aime pas ses tableaux, et quand la conversation roule sur un écrivain, c'est le moment qu'il choisit pour entrer en coup de vent et taper dans le dos de toute l'assemblée.
Cela dit, ça ouvre des perspectives (ah ah). Avec une documentation minimale, on doit pouvoir écrire « La grisette de Manet » ou « La Mona de Léo ». Un genre est né.
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Chiné dans une librairie de seconde main, j'ai commencé ce livre sans a priori. Les récits qui romancent autour d'oeuvres d'art plus ou moins connues suscitent quasi-systématiquement mon intérêt le plus total.
Je l'achète donc et le commence.
J'ai rapidement été saisit par l'intrigue. Un mendiant, Mendigo, se fait faucher par une voiture (de l'époque bien entendu). Puis son propriétaire à son retour le retrouve et lui propose de le suivre. Nous sommes propulsés de la rue, jusqu'au château du Roi Philippe IV, près de sa famille, sa vie nous apparaît, mais sans détails, seulement dans les moments où le narrateur se rapproche de lui. le personnage de Velázquez est ambivalent mais très attachant.
On n'entend jamais le mendiant parler. La narration est faite ainsi, ses paroles ne sont pas transcrites mot pour mot. Seule l'idée générale de ses propose nous est donnée. Jamais de dialogue francs, sortant de sa bouche. Cette particularité est sans doute due à la volonté de l'auteur, de romancer des faits non avérés. Ce personnage, du moins, n'a rien de véritable. Seuls Velázquez et la famille royale sont des personnalités historiques, dont l'existence et les actions, dans le roman, sont les plus proches de la réalité.
Je connaissais ce tableau de nom, parce qu'il ressemble beaucoup à celui de van Eyck « Les époux Arnolfini » que j'apprécie beaucoup (jeux des miroirs, sentiments que peut éprouver celui qui le regarde…).
Le mendiant de Velázquez est un bon roman, il n'est pas LE livre à livre absolument et au plus vite, mais un bon roman, dépaysant et tendre, que je ne regrette pas d'avoir acheté…
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Diego ne se trompait pas: un visage ne se donne pas d'emblée. Empilement de masques, il faut en trouver les dessins successifs pour atteindre la vérité. percer son histoire pour restituer son mouvement et la dépasser pour saisir la durée à travers l'instant.
Il n'existe pas de refuge pour la bêtise.
Il observa les traits de cette proie que la mort convoitait. comme un peintre, elle avait ses repentirs. Elle se livrait à des ébauches, effaçait un contour, le reprenait, le peaufinait jusqu'à trouver le trait final.
N'oublie pas que l'on respecte un homme tant qu'il n'existe pas de limites à ses audaces. C'est la seule façon de s'imposer aux grands de ce monde, qui sont les petits du notre.
Mendigo savait que l’abondance vous change un homme en un rien de temps. Plus on en a, plus en en veut, plus il en faut.
Qu'est-ce qu'Auschwitz aujourd'hui pour ceux qui ne furent ni victimes, ni bourreaux, ni témoins directs de la Shoah ?
Ce livre s'attache essentiellement à décrypter l'empreinte mystérieuse et indélébile que laisse une seule journée sur le sol d'un endroit dont l'esprit se demande s'il est bien de ce monde. (...) Une journée de janvier 1999 avec son fils de 17 ans.
Cet essai cherche à exprimer ce que peut ressentir aujourd'hui un homme né après 1945, ni victime, ni témoin, ni bourreau, resté quelques heures seulement là où des millions de personnes ont péri, en quelques minutes ou après d'interminables agonies.
François Rachline est essayiste et romancier. Il est membre du bureau exécutif de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). Il a été professeur d'économie et vice-président du conseil de direction de Sciences Po Paris.
Il a également publié chez Hermann, une trilogie biblique : La loi intérieure, Au commencement était le futur, et Un monothéisme sans dieu.
Éprouver Auschwitz, Hermann, 148 p., 12 euros. Parution le 8 janvier 2020.
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