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EAN : 9782330024444
408 pages
Actes Sud (02/10/2013)
3/5   4 notes
Résumé :
Phénomène littéraire de l'année 2011 en Hongrie, ce grand roman raconte une histoire vraie. Celle de la comtesse hongroise Sarolta Vay (1859-1918) qui vécut, écrivit et aima sous l'identité d'un homme, en se faisant appeler Sandor Vay. Au tournant des XIXe et XXe siècles, dans le cadre haut en couleur de la monarchie austro-hongroise en déclin, voici le destin étonnant et romanesque d'un personnage d'une grande modernité.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Retraçant la vie de V. S., Zsuzsa Rakovszky choisit un style romanesque résonant avec l'environnement du dix-neuvième siècle.

Mémoires, long récit du passé, confrontation avec la justice et l'expertise, un homme affirme son identité, ses choix « Je veux signifier à travers ma tenue qui je suis et pour qui j'entends qu'on me prenne ! »

Dire le passé et pudiquement se retenir sur le présent de tendresse, d'amour « Mais je ne souhaite pas livrer à la merci du regard froid de l'analyse scientifique le sentiment encore vivant qui me lie à une fem… à Mlle Engelhardt, au même titre que je ne voudrais pas m'allonger vivant sur une table d'autopsie ! ».

Dire l'espérance, contre la stigmatisation et la classification de celles et ceux qui inventèrent deux « sexes » pour restreindre la liberté « J'ai toujours eu la conviction qu'elle serait celle qui permettrait à mes rêves de passer de leur château de brume au monde réel, au monde peuplé d'êtres humains réels qui vivent en harmonie avec la société et l'ordre de la nature, et qu'à ses cotés, grâce à elle, je deviendrais aussi un tel être ».

Contre la parole médicale et ses classifications, le cri « Me débarrasser ? Demanda-t-elle, incrédule. Vous vous prenez pour Dieu le père ? »

Un homme, un être humain refuse l'identité et le genre assignés, malgré les réactionnaires d'hier ou d'aujourd'hui qui veulent le considérer comme une femme…

Un roman sur le soi, construit ou choisi, sur le refus d'une « normalité » socialement et humainement destructrice, un livre dans le souffle du printemps des peuples de 1848, « mon père et mon précepteur sont restés jusqu'au bout des adeptes inébranlables des idées de 48 ».

Et derrière ce langage d'un siècle passé, l'affirmation moderne du « genre » contre la fantasmatique et oppressive invention d'une bi-catégorisation femme /homme…

« Les reflets d'or d'une vitre à flanc d'éminence
Me font des signes engageants dans le brouillard,
Comme si la vie – le bonheur, la souffrance -
m'attendait encore et qu'il n'était pas trop tard. »
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VS est, dans ses grandes lignes, inspirée d'une histoire réelle : au cours de la 2e moitié du XIXe siècle, en Hongrie, une femme a vécu, a travaillé, a aimé, en homme. On trouve en ligne une photo de la comtesse Sarolta Vay – ou du comte Sándor Vay – prise sur le tard : légèrement de profil, joufflue, le début d'un double menton émerge d'un haut col blanc serré par une cravate. le portrait n'est pas très flatteur, et mieux vaut ne pas s'appuyer dessus pour se représenter l'héroïne du roman de Zsuzsa Rakovszky, publié en Hongrie il y a une quinzaine d'années.

Celui-ci retrace une période de quelques mois de la fin de l'année 1889, alors que « VS », le personnage éponyme (en hongrois, le nom de famille vient devant le prénom), vient d'être arrêté et mis en prison. le principal chef d'accusation est une dette contractée envers son beau-père, mais par-derrière se profile une autre accusation, tellement plus gênante pour ceux qui l'émettent qu'elle n'est évoquée qu'à demi-mots : celle d'avoir épousé une jeune fille, innocente et de bonne famille, sans révéler son identité biologique de femme – et sans que ni la jeune fille, ni la famille, ne se doutent de quoi que ce soit.

Le roman, constitué très majoritairement de divers écrits de VS (lettres, extraits de journaux de prison, longue autobiographie) donne le point de vue de l'accusée, et celui-ci est catégorique : elle a vécu en homme car elle se sent, et se pense, homme depuis toujours. le mariage n'est, finalement, que le point le plus abouti d'une rébellion plus ou moins avouée contre la place donnée à la femme par la société de son époque : au moment de ce mariage, cela fait déjà près de trente ans que VS refuse de porter les vêtements contraignants des femmes, et voyage, travaille (occasionnellement) et aime (souvent) à son gré. Les femmes qu'elle aime, en général avec des résultats désastreux par ailleurs, sont souvent, justement, le reflet de ce qu'elle-même ne veut pas être : des jeunes écervelées à l'éducation puritaine et limitée, ou des actrices, à priori plus faciles d'accès mais soucieuses de préserver leur bonne réputation et ainsi leur avenir.

VS : un personnage indépendant et décidé ? Toutes ces formes d'indépendance sont comme annihilées par le caractère presque outrancièrement romantique et théâtral, et en même temps parfois puéril, de VS. Peut-être l'écriture, haute en émotions et riche en exclamations, fait-elle de VS un pastiche de certains héros du XIXe siècle. Les quelques pages dédiées aux notes du docteur chargé de l'examiner montrent en tout cas la distance qui existe entre l'état d'esprit de VS, et le froid regard de la science. Là où VS évoque les tourments de son âme et son bonheur perdu, le docteur parle d'examens physiques et de mesures scientifiques.

Les arguments du coeur ont souvent peu de poids face aux arguments inflexibles de la loi !

C'est là d'ailleurs tout le sujet du roman : les actes de VS doivent-ils être jugés selon ce qu'elle ressent de sa propre identité, ou selon ce que la « science » dicte à la société de penser ? VS doit-elle donc, ou non, être jugée responsable de ses actes ? Quelle place, justement, faut-il donner à l'inconscient (le roman laisse une certaine place aux souvenirs confus de l'enfance ainsi qu'aux rêves) ?

J'ai lu ce roman avec intérêt mais sans grand plaisir, et cela principalement du fait du langage et du choix d'adopter un point de vue à la première personne du singulier mais exprimé au passé simple. Cela m'a paru assez forcé. Etant donné le choix, assez marquant pour le lecteur, de raconter cette histoire sous cette forme très subjective et immédiate, je me suis souvent demandé, au fil de ma lecture, comment un autre écrivain aurait donné forme aux éléments de départ fournis par la vie de VS. Cela n'empêche, malgré quelques longueurs, que le fond de l'histoire et la description d'un certain monde (la petite noblesse appauvrie, le milieu du théâtre, celui des déçus de la révolution de 1848…) restent intéressants.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Parce que je suis un homme et que je veux l'être ! Nul ne saurait me l'interdire
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Les reflets d’or d’une vitre à flanc d’éminence
Me font des signes engageants dans le brouillard,
Comme si la vie – le bonheur, la souffrance -
m’attendait encore et qu’il n’était pas trop tard.
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Je veux signifier à travers ma tenue qui je suis et pour qui j’entends qu’on me prenne !
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J’ai toujours eu la conviction qu’elle serait celle qui permettrait à mes rêves de passer de leur château de brume au monde réel, au monde peuplé d’êtres humains réels qui vivent en harmonie avec la société et l’ordre de la nature, et qu’à ses cotés, grâce à elle, je deviendrais aussi un tel être
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