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EAN : 9782493714015
280 pages
L'Homme sans nom (12/05/2023)
3.62/5   175 notes
Résumé :
Pour Dana, jeune femme issue d’un milieu modeste, Basil Paternoster a tout du compagnon idéal : séduisant, éloquent et de bonne famille. Mais lorsque vient la rencontre avec les beaux-parents, dans leur vaste propriété de campagne lors d’un été caniculaire, les choses s’engagent mal. Ballottée entre les apéritifs qui n’en finissent pas, les traditions qui lui sont étrangères, et les échos de sombres secrets de famille, Dana doute. A-t-elle vraiment envie de faire pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (95) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 175 notes
Pater-noster : nom commun invariable. (latin pater noster, notre père)
Sorte d'ascenseur continu, formé de cabines ou de cages reliées entre elles par des chaînes, comme les grains d'un chapelet, afin d'assurer un transport régulier à la verticale de marchandises, de dossiers ou de personnes.

C'est tout d'abord la couverture magnifique et énigmatique qui a happé mon regard sur l'étalage central de ma librairie préférée. Cette couverture porte à elle seule le visage du texte, un visage incrusté dans un autre visage, le même visage d'une femme qui s'en détache comme un pas de côté, entre les deux visages je percevais à peine une différence, peut-être seulement dans les yeux...
Un visage enfermé dans un autre visage, comme une sorte de réclusion consentie, tout est peut-être déjà dit sur cette couverture.
Paternoster, c'est aussi le nom d'une famille bourgeoise très bien sous tous rapports.
Tout commence par la rencontre d'un soir entre deux âmes esseulées. Dana, jeune femme d'origine kabyle issue d'un milieu modeste vient de faire la connaissance de Basil Paternoster. Ils passent la nuit ensemble, - une folle nuit d'amour dans les vapeurs d'alcool. Chacun sort fragilisé d'une histoire amoureuse et douloureuse toute récente encore.
Au lendemain matin, il semblerait que Dana voit déjà en Basil le compagnon idéal : il est un séduisant avocat, éloquent et, - paraît-il, de bonne famille.
Entre octobre et juillet se scelle leur idylle.
Ce roman de Julia Richard, jeune autrice que je découvre ici, commence comme un conte de fée, la suite est d'un tout autre genre.
Comme souvent, le rite de passage est la rencontre, pour ne pas dire la confrontation avec les beaux-parents. Je vous rassure, souvent cela passe très bien. Ici c'est plus nuancé, le jeune couple est invité à séjourner dans une vaste propriété de campagne du sud de la France, lors d'un été caniculaire. Ici la rencontre s'enclenche mal dès le départ.
Une tension naît à cet endroit dès le début de l'histoire, infime, subtile, sourde, une sorte d'hostilité de la belle-famille à l'égard de Dana, qui devient vite réciproque. Même le chat de la propriété s'en mêle, c'est dire...
Nous allons passer le reste de l'été en leur compagnie...
Le malaise grandit à chaque page et nous dérange. Nous happe aussi dans la nasse de l'écrivaine.
Julia Richards met ici en scène une famille qui incarne une France profondément traditionnelle et très patriarcale. Peu à peu la différence, le racisme et le mépris de classe entrent dans les pages, parfois de manière insidieuse, plus tard de manière flagrante, mais toujours révoltante.
Et c'est furieusement addictif.
Il faut sans doute reconnaître ici la qualité indéniable du ressort narratif d'une construction implacable, mais aussi celle de l'écriture, faisant de ce récit une véritable réussite sous l'angle romanesque. La plume de Julia Richards relève d'un exercice de virtuosité que je salue.
Glaçant, obsédant, ce livre se situe à la lisière de plusieurs genres sans jamais en franchir radicalement les frontières, le thriller psychologique, le conte fantastique, le récit horrifique, mais en définitive il se lit comme une claque dans la figure.
Tout au long du récit, nous oscillons entre plusieurs mondes.
Tiens ! Et si ce n'était rien d'autre qu'une fable politique et sociale, après tout...
Je me suis demandé si nos regards de lecteurs pouvaient être les mêmes, posés sur les pages de ce livre, celui de l'homme que je suis, celui des femmes que vous êtes, et parmi celles-ci il y a sans doute de multiples histoires de vies, de parcours, peut-être autant de points de vue sur le sujet, donc de multiples regards aussi...
Pour le reste, selon le chemin qui sera pris, puisque différents chemins de lecture sont proposés, certains y verront un magnifique plaidoyer féministe, une allégorie criante dans le parcours d'une femme qui assume sa différence dès le début du roman, puis qui...
Il est possible en effet de lire ici une vision terrible et percutante des sacrifices que font les femmes pour obéir aux normes de réussite sociale dans une société impitoyable faite par les hommes et pour les hommes.
D'autres y verront un simple thriller psychologique ou peut-être quelque chose de bien moindre, une chronique estivale en famille, tiens, pourquoi pas ?
La fin du roman est déroutante et peut se lire là aussi de plusieurs manières.
Si vous prenez le chemin de l'allégorie, vous échapperez à l'impression que le propos est manichéen. Paternoster est ce roman qui parle de l'emprise d'une société construite par les hommes et pour les hommes, avec certes la complicité de femmes, mais ont-elles le choix puisque tel est le processus construit et perpétré depuis plusieurs générations ?
Dana appartiendrait-elle à la catégorie de celles qui se taisent, sourient quand elles n'ont aucune raison de sourire, celles qui apprennent à faire semblant... ?
En creux, ce roman s'adresse aussi aux hommes. Je l'ai reçu comme cela. L'autrice a fait de ce récit une intention sociétale claire dont les itinéraires peuvent dérouter, peuvent se perdre dans les méandres de l'histoire. La postface du livre signée de l'autrice assume un acte furieusement féministe dans son propos, justifiant la genèse de son roman, le sens qu'elle a voulu y mettre, proposant de renverser l'ordre des choses, faire entendre une autre voix face aux forces dominatrices.
Alors, si c'est le cas, en tant qu'homme lecteur, j'ai pris à mon tour une sérieuse claque par le récit de cette autrice qui révèle peut-être entre les lignes ce qu'un homme peut-être ne voit pas...
Selon la lecture que nous pouvons faire de ce roman, celui-ci peut faire froid dans le dos.
Une dernière fois je contemple la couverture du livre. Une fois connue la fin du récit, je comprends beaucoup mieux le sens de cette image.
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Je referme ce livre quelque peu perplexe. Comme beaucoup il m'a captivée, toutefois je m'attendais à autre chose : le prologue effroyable et les étiquettes « thriller » et « fantastique » me promettaient de l'action et de l'angoisse. de l'angoisse, oui, il y en a, de l'action, un peu aussi, et j'ai pu constater beaucoup de démesure de la part des protagonistes.

Je reconnais tout de même m'être bien accrochée à ce récit parce que l'ambiance glauque, l'ambiguïté de certains personnages, la façon de cette famille d'imposer ses vues et les décisions extrêmes concernant Dana semblent provenir d'un complot qui la transforme en pantin qui n'a pas voix au chapitre. Je m' attendais toutefois à une autre fin que celle qui est proposée, et ma réflexion a dû dévier pour envisager l'avenir de cette jeune personne une fois le livre refermé.

A certains moments de ma lecture, je me suis mise dans la peau personnage de Dana. Il est vrai qu'elle arrivait, étrangère, dans un « clan » déjà formé et fermé, découvrant par elle-même des aspects de cette famille non précisés par son compagnon, Basil. Que le père se montre un peu trop exubérant et abuse de son autorité de Pater Familias, que la mère semble obtuse, qu'elle prend des décisions concernant Dana, sur des sujets sensibles qui ne la regardent pas, mais les pensées de Dana peuvent apparaître comme relevant du délire paranoïaque, ou simplement une certaine interprétation de sa part. Basil qui se laisse bercer dans ce cocons familial ne l'aide pas à faire la part des choses.

Le fantastique, je l'ai perçu bien difficilement, et je continue à me demander où il se trouve. Peut-être dans certaines allusions de la famille, dans la psychologie familiale de part son attachement aux traditions, dans le non-dit constant qui amène à envisager de lourds secrets de famille, certainement.

Et si c'était ce roman décrivait le sort de la majorité des femme vouées à se marier, à subir (ou pas) la belle famille et à accorder ses violons ? L'auteure semble bien dédier son livre à toutes celle qui ne sont pas restées elle-même, qui ont dû se plier pour être admises dans la communauté famille dans la joie et le bonheur qui pourtant semble généralement partagé.
La fin vous fera réagir et réfléchir en fonction de votre ressenti, futurs lecteurs de ce bon roman.
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J'ai été attirée par la belle couverture de Paternoster de Julia Richard, un visage énigmatique, deux expressions.

Dana, est célibataire depuis deux heures et elle ne s'en remet pas. Pourquoi s'est-elle faite larguée ? Qu'est-ce qui ne va pas chez elle ? En rentrant à son appartement, elle se mêle aux invités de sa colocataire et son coeur reprend le dessus. Un beau blond lui fait de l'oeil, Basil Paternoster. Une nouvelle idylle est née.

Elle est issue d'un milieu modeste, d'origine algérienne et elle découvre lors de la présentation à ses futurs beaux-parents, que Basil est d'un milieu bourgeois, il est avocat, beau, romantique, elle n'aura plus qu'une envie, c'est d'être acceptée au sein de cette famille.

Tout ne se passe malheureusement pas, comme elle l'aurait rêvé. La vieille maison familiale, est loin de tout, près des étangs de la Dombe. L'accueil est glaçant, la mère, Célia, la met mal à l'aise, elle est froide, la contredit, comme si elle avait le monopole de la science infuse. le père, Homère, pourrait être plus agréable mais par son comportement, il pousse Dana à accepter des choses qu'elle a toujours refusées.

Règne un climat pesant, des mystères entourent cette famille, Dana ne sait plus que penser, Basil ne la met vraiment pas à l'aise.

C'est à se demander, comment Dana, libre, qui ne se laisse pas mener par le bout du nez, peut accepter par amour, de se conformer aux règles en vigueur dans cette famille, elle ressent fortement, le poids de la différence de classe, du racisme. Elle est agaçante de ne pas réagir. Peut-on vraiment tout accepter pour une ascension sociale ?

Mon deuxième livre sur la condition féminine, je n'ai pas du tout accroché, je l'ai trouvé lent. le récit alterne entre le début de leur histoire et les 15 jours dans la famille à Basil.

Je vais changer de sujet, trop c'est trop…Il y a de belles critiques, ne vous fiez pas à mon seul avis. Il n'était pas pour moi.


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J'ai été captivé par la plume de l'autrice et l'intensité de son récit. Ce premier roman que je lis d'elle est une prouesse, je suis impatient de découvrir ses autres oeuvres. Notamment Carne, qui me semble tout aussi prometteur. En somme, un livre poignant et engagé qui marque durablement l'esprit.

J'ai dévoré ce roman à une vitesse incroyable tant il était addictif et bouleversant. J'ai ressenti un certain malaise sur tout le long. le personnage principal, animé d'une ferveur sans faille, lutte contre les normes sociétales imposées aux femmes avant de sombrer dans ces dernières... Mais de quelle façon ?

Au milieu d'une ambiance générale pesante, une multitude de mystères et de possibilités planent sur le récit. Je suis sûr que chaque lecteur trouvera son bonheur en le lisant.

Dana est un personnage vraiment captivant, cependant, je pense que la transition entre celle qui ne se laisse pas dominer par les hommes et celle qu'elle est plus tard est trop rapide. Par ailleurs, j'ai remarqué qu'il y avait un certain mystère entourant la création des personnages. Je vous invite à creuser sur Dana et la famille de Basil et lui-même

Que pensez-vous de la toxicité dans un couple ? Pensez-vous qu'il faut s'effacer au profit de l'autre ? À partir de quel moment le seuil se franchit ?
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Dana est une jeune femme tout ce qu'il y a de plus ordinaire qui aspire à une vie de famille et commence à s'inquiéter de voir l'horloge biologique tourner sans parvenir à trouver le compagnon idéal. Ses attentes vont toutefois se retrouver soudainement comblées par l'irruption dans sa vie de Basile Paternoster, un homme beau, romantique au possible et occupant une position sociale avantageuse. Issue d'un milieu plutôt modeste et souvent renvoyée à ses origines kabyles, Dana va rapidement tomber sous le charme du beau blond qui lui sort le grand jeu. Alors certes, tout n'est pas toujours tout rose, monsieur ayant tendance à souffler le chaud et froid et à se montrer un brin paternaliste, mais rien de rédhibitoire pour la jeune femme. Arrive le moment où, la relation devenant sérieuse, Basile décide de présenter sa dulcinée à sa famille, à savoir son frère et ses parents qui résident dans une vieille maison de famille dans la Dombes. Rencontrer ses beaux-parents n'a généralement rien d'une partie de plaisir, mais là, il faut admettre que notre héroïne est tombée sur de sacrés phénomènes. La mère, Célia, est d'une froideur qui frôle l'impolitesse et multiplie les remarque sibyllines qui font rapidement naître des sueurs froides chez la jeune femme, de plus en plus mal à l'aise. le père, lui, est d'un naturel plus avenant mais peut s'avérer par moment aussi déstabilisant, forçant l'air de rien la jeune femme à accepter des choses auxquelles elle répugne d'ordinaire. Très vite, le malaise grandit chez Dana qui ne se sent pas à sa place dans cette vieille famille bourgeoise dont elle ne connaît pas les codes et qui semblent lui rappeler constamment qu'elle ne fait pas partie du clan. L'inquiétude devient telle que l'héroïne en vient à se demander si elle ne serait pas carrément en danger dans cette maison. Après tout, il n'y a rien à des kilomètres à la ronde, et certaines allusions des Paternoster à leurs histoires de famille font froid dans le dos. Et si cette famille n'était en réalité pas ce qu'elle prétendait être ? Et si Dana était en train de tomber dans un piège ?

Le roman s'inscrit pleinement dans le genre fantastique mais le surnaturel ne se manifeste que par de tous petits phénomènes pour lesquels on pourrait tout à fait trouver des explications rationnelles, ce qui explique que l'ouvrage ait été plutôt catalogué en littérature blanche. L'autrice oscille habilement tout au long du récit à la frontière entre surnaturel et réalité, certains événements venant infirmer la thèse d'une famille simplement bizarre quand d'autres tendent au contraire à sous-entendre que Dana n'est pas toujours une narratrice fiable et que son jugement a pu être altéré (par l'alcool, une insolation, l'angoisse de rencontrer sa belle-famille…). Cette volonté de l'autrice de ne pas trancher et de sans arrêt entretenir le doute dans l'esprit du lecteur participe à rendre le récit addictif. le roman de Julia Richard a en effet des allures de véritable page-turner, le lecteur enchaînant les chapitres sans pouvoir s'arrêter tant l'envie de savoir enfin ce qu'il en est de la famille Paternoster est grande. La tension va croissante et la nervosité du lecteur grandit en même temps que celle de l'héroïne, d'autant que la famille a visiblement un appétit prononcé pour les blagues de mauvais goût et semble experte dans l'art de faire accepter à la jeune femme des choses qui lui aurait paru il y a peu totalement inenvisageable. Difficile de ne pas penser au film « Get out » de Jordan Peele tant la similitude entre le contexte et même certaines thématiques saute aux yeux, et l'autrice en a évidemment bien conscience puisqu'elle va même jusqu'à mentionner le long-métrage dans son roman. La matriarche Paternoster est en effet férue de films d'horreur, une passion qui, dans le contexte, n'a rien d'anodin. le seul reproche que l'on peut faire concerne la propension de l'héroïne à sans arrêt trouver des excuses à sa belle-famille et surtout à son compagnon qu'on a du mal à considérer autrement que comme un abruti suffisant et manipulateur. Certains passages sont ainsi très (trop) mièvres et, quand bien même on comprend bien que les séances d'auto-flagellation de la jeune femme au cours desquelles elle relativise la violence de ce qu'elle a vécu relèvent d'un mécanisme d'auto-défense, il n'en demeure pas moins que ces moments ont tendance à devenir répétitifs et lassants.

L'oscillation constante et le flou savamment entretenu sont cela dit loin d'être les seules qualités du roman qui séduit aussi et surtout par son sous-texte politique et social. le message résolument féministe de l'ouvrage saute par exemple immédiatement aux yeux, l'intégralité des épreuves vécues et minimisées par Dana avec son conjoint ou au sein de sa belle-famille témoignant de ce que peuvent endurer les femmes pour se conformer tant bien que mal à ce que la société attend d'elles. L'histoire de Dana nous fait frissonner moins parce qu'elle pourrait impliquer une dose de surnaturel que parce qu'elle se compose d'une succession de mini renoncements qui feront échos chez beaucoup de lectrices et qui, mis bout à bout, amènent l'héroïne à nier ses origines, ses goûts, ses envies et, au final, elle-même. Ce n'est parfois qu'un geste anodin ou une remarque banale, mais l'autrice a le don pour mettre le doigt sur ces comportements ou ces mots qui en disent finalement long sur ce qu'on estime être la place et le rôle d'une femme au sein de la famille aujourd'hui. de part ses origines kabyles, la jeune femme est également victime de plusieurs attaques déguisées relevant du racisme ordinaire comme on peut en rencontrer partout, oui, y compris dans les milieux privilégiés, contrairement à l'idée reçue qui veut que seuls les prolétaires soient racistes. Et on touche là à une autre thématique abordée discrètement mais qui infuse dans tout le texte : celle de la violence de classe. Dana le dit elle-même : « en vérité, ils se moquent certainement que je sois Algérienne, Marocaine, Tunisienne ou que sais-je encore. Ce n'est pas mon origine qui est le problème. Ils seraient les premiers à dire qu'ils ont un bon ami maghrébin. Ce qui les dérange, c'est que je sois une prolo. Je serais une racaille bien blanche, une p'tite cassos appelée Amandine, ça serait pareil. » le malaise de Dana tient ainsi autant aux bizarreries propres à la personnalité et à l'héritage familial des Paternoster qu'à leur habilité à rappeler sans arrêt à la jeune femme qu'elle ne fait pas partie de leur milieu. Elle n'a pas les codes et, si elle veut s'intégrer et faire partie du clan, il va lui falloir se conformer à ces nouvelles règles qu'on lui expose avec une violence d'autant plus horrible qu'elle a aujourd'hui été totalement intégrée et banalisée.

Avec « Paternoster » Julia Richard signe un roman fantastique dans lequel règne une tension qui va croissante et qui permet de maintenir le lecteur en halène jusqu'à la toute dernière ligne. L'autrice se plaît à entretenir le doute dans l'esprit de son personnage qui se débat autant avec ses impressions contradictoires concernant sa belle-famille qu'avec le carcan dans lequel on tente de la faire rentrer. Éminemment féministe et politique, l'ouvrage dénonce les renoncements qu'on inflige et que s'infligent les femmes pour se conformer aux standards d'une société patriarcale, raciste et dans laquelle s'exerce une véritable violence de classe. A la fois terrifiant et fascinant de réalisme.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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critiques presse (1)
Syfantasy
31 mai 2023
Ce roman est la définition même du genre fantastique : on ne démêle pas le vrai du faux, le naturel du surnaturel. La condition féminine, le racisme et les inégalités sociales sont exploités ici pour servir le propos fantastique.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je jauge l’inconnu qui se dresse devant moi, passablement aviné, me présentant différentes bouteilles d’alcool bien entamées. Et je fais le point. Vingt-six ans de vie ne m’ont finalement pas vraiment armée pour faire face à ce genre de situations, à affronter les hommes de manière générale.

Et alors que je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard plus longtemps, mon éclatante vulnérabilité floute tout le reste. Je suis toujours emmaillottée dans mes attentes, mes complexes, mes espoirs, mes désillusions et, à force, j’ai l’impression de perdre l’équilibre et de tomber à chaque occasion. Je tombe amoureuse, je tombe sur un con, je tombe de haut.

J’en ai un peu ras le bol de perdre l’équilibre et m’écorcher les genoux comme une gamine même pas capable de jouer correctement à la marelle.

À quel moment devient-on femme ? À quel moment les choses se simplifient-elles ? Plus le temps passe et moins j’ai l’impression d’y arriver. Cette soirée n’en est qu’un symptôme supplémentaire.

Je relève la tête. L’inconnu me fixe toujours, encouragé par la lumière tamisée du salon, complice. Son regard s’est un peu affûté. Il semble dessaouler légèrement et prend le temps de me considérer.

Je n’arrive pas à décider si je le trouve beau ou non. Il a du charme, c’est certain, et il dégage quelque chose de tout à fait atypique. De l’intelligence, de la malice aussi, et une aura trouble, brute, presque dangereuse. Ce mec, il a un truc.
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Je sais que je ne devrais pas prendre ça personnellement. Ce n’est pas tant du racisme qu’une violence de classe. Ils doivent s’imaginer que ma culture, si elle résiste, c’est qu’elle n’existe que pour leur apporter un peu d’exotisme. Le manque d’étiquette, en revanche, ça c’est la peste qu’ils combattent. Je crois que ça m’écœure encore plus. Les convenances, ce ne sont que des normes sociales qu’ils ont érigées pour nous mettre à l’écart. Ce n’est même pas le sort de la génétique qui nous sépare, mais leur volonté éclairée et active.
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J’ai l’impression de perdre l’équilibre et de tomber à chaque occasion. Je tombe amoureuse, je tombe sur un con, je tombe de haut. J’en ai un peu ras le bol de perdre l’équilibre.
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𝑺𝒊 𝒐𝒏 𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒕 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒖𝒏 𝒇𝒊𝒍𝒎 𝒅’𝒉𝒐𝒓𝒓𝒆𝒖𝒓, 𝒆𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒕𝒖 𝒕𝒆 𝒔𝒂𝒗𝒂𝒊𝒔 𝒆𝒏 𝒅𝒂𝒏𝒈𝒆𝒓, 𝒕𝒖 𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆𝒔 𝒒𝒖𝒆 𝒕𝒖 𝒕’𝒆𝒏 𝒔𝒐𝒓𝒕𝒊𝒓𝒂𝒊𝒔, 𝒏’𝒆𝒔𝒕-𝒄𝒆 𝒑𝒂𝒔 ?
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- Tu connais le film Scream ? reprend-elle. Non ? Un clas-sique, ça aussi. Au début du film, une actrice célèbre meurt alors que justement elle expliquait que l'horreur est son genre de pré-dilection. Le tueur s'est joué d'elle, lui a montré que même si elle connaît toutes les ficelles, lui aussi, il les a vus, tous ces films... Et elle meurt, appuie-t-elle.
- Hmm... Oui... Je vois... Donc, si je suis votre raisonne-ment, quelqu'un qui ne connaîtrait pas tous ces films d'horreur aurait justement plus de chances de s'en sortir, non ? Il, ou elle, aurait des idées plus fraîches sur le sujet... et pourrait se déjouer du psychopathe ?
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