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EAN : 9782903721572
68 pages
Lettres vives (01/11/1993)
5/5   5 notes
Résumé :
Un poème lyrique d'une imagination métaphorique et d'une liberté d'images considérables. L'identité du poète s'étend à toute la nature. Il est pour ainsi dire traversé par l'identité infinie où l'essence de l'humain se reconnaît dans l'essence du monde.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
     
... l'écho et la source multiplient les demeures
mobiles évanescentes
rythmées dans la nacre
où le monde bat comme dans une conque
si la figure se perd l'espace parle encore
la grande rumeur le cri et le silence
le vide s’entrevoit sous l’excès ou la carence
comme une galaxie inexistante ou une amande du vertige
les lignes tremblantes les couleurs scintillantes se combinent
en pétales de hasard ou d'un kaléidoscope fustigé par la brise
mais toute cette incohérence est encore un don ou une invitation
à la création continue ...


pp. 39-40
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Une pierre profonde une pierre polie
je ne sais par quelles paumes
je ne sais pas quel vents
par quelles eaux incessantes
par quelles flammes quels silences
si pure si nue
dans sa virginité lisse
où le regard trouve le plus simple des délices
la main la palpe telle une goutte dense
de l’univers
l’imagination respire
à travers sa nudité
à travers son nom
Je suis issu de la main du mouvement
de la matière incessante
ou d’un fleuve de mots
avides obscurs
[..]
elle est un mot et la chose même
du mot
avec sa couleur d’horizon
et sa pure gravité
d’adolescence nouvelle
elle est née de l’abîme et de la fûmée du sable
et de l’insurrection du souffle originel
elle est née du néant comme une petite chose muette
devenue aussitôt mystérieusement proche
dans sa réserve absolue
dans sa concrétisation de l’espace
dans sa ressemblance à un lointain indéfini
dans sa noce matérielle avec le silence
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Avant la tombée de la nuit
je veux entendre le battement secret
de cette pierre assoiffée
pour qu’un instant je ne sache pas de quels confins
mon front reçoit cette fraîcheur bleue
retour à une bouche entrouverte
au centre oscillant de mon espace
A cette obscure offrande du lointain
je donnerai les yeux obscurs de la parole
qui n’a pas été écrite qui ne sera jamais écrite
mais qui sera le tremblement végétal de mon chemin
J’entends la pierre du temps les milles détonations
du néant d’être des blocs opaques
du passage de l’existence inhabitable
mais le désir de m’annihiler et de m’unir
à mon haleine secrète
souterraine expansion
vers le plus pur des horizons
éveille ce que je ne suis pas dans la distance immobile
et le silence du tréfonds se dilate et s’élève
à la voûte d’eau de l’oubli
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C’est l’heure de la lente urgence de l’abandon
pour n’être pas plus qu’un navire d’eau sur les eaux
ou accomplir l’élan subtil et léger d’une flamme
Nul ne me dit à l’oreille ce secret
de la matière solaire d’eau de lune
nul dieu ne m’inspire la voix qui danse
et qui naît seulement de mon désir d’air
et de la complicité avec l’indolence obscure
d’un corps indéfini mais ouvert
quelque chose s’offre dans l’abîme quelque chose m’accepte
[..]
où n’étant rien et privé de forme je suis la totalité
fugitive de l’air dans la corolle de l’instant
Je me perds et me retrouve dans l’ombre même que je suis
[..]
Je sens le poids et la légèreté d’une sphère
et j’appartiens dans ma fuite à un domaine indicible
dans une ascension sans aile dans une tour interminable
où le désir est le mouvement qui se donne
et s’élucide dans un centre lumineux et fragile
qui se projette devant lui et se renouvelle
sans perdre la fertile obscurité de personne
ni la blancheur de l’horizon qui surgit
de son offrande souterraine et ardente
Le monde se dilate et se concentre dans la distance
où l’ombre féconde un corps offert
qui n’appartient qu’au mouvement qui réunit
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Quelqu’un n’a pas trouvé l’espace
mais seulement une sourde ondulation
dans un bateau de fumée et d’ombre
Tout pourrait commencer dans la fragilité pure
d’un presque rien d’une syllabe de soleil
sur la page calcinée
Combien d’images combien de miroirs combien de mains
combien d’armes suspendues
sont noyées sous une liquide sépulture
violement figés par une glaciaire inflorescence
Mais quelque chose veut émerger une flèche secrète
une simple ligne en profondeur
des murmures
des prémices de fraicheur
et un arc s’élève
une constellation bleue s’allume
une corolle oubliée scintille sur les pierres
[..]
Ouverts depuis peu sont les chemins et les bois
et la nuit cette pierre intemporelle
confond sa secrète haleine
avec la très pure respiration de l’instant
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Video de António Ramos Rosa (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de António Ramos Rosa
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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