Ils sont dix. Dix petits soldats qui partent à la guerre la fleur au fusil, le sourire aux lèvres. Il y a Martin, Gégé, Jo, Laurent, Robert, Raymond, Rudolf, Jean et les deux autres dont on ne connaît pas le nom. Tour à tour, ils vont disparaître. le dernier enlèvera son bel uniforme rouge et son grand chapeau noir. Il les déposera près de son fusil, et il partira.
Comme souvent chez Rapaport, le sujet est grave. Comme souvent chez Rapaport, le texte est minimaliste. Comme souvent chez Rapaport, les illustrations vous sautent à la gorge. Des doubles pages sur fond blanc, sans aucun décor avec du noir et du rouge comme couleurs dominantes. le texte est écrit en gras, les dessins sont énormes, tout en nervosité. On a l'impression qu'il faut tenir l'album à bout de bras, l'éloigner des yeux pour mieux lire les images.
Il n'y a là aucune empathie pour les petits soldats appelés à partir les uns après les autres. Juste des prénoms. Après tout, ils n'avaient qu'à pas écouter la reine leur crier : « Courez donner votre vie ». On pense aux moutons de Panurge chers à
Rabelais. Seule l'attitude du dernier, le déserteur, mérite que l'on s'y attarde. Finalement, lui seul semble avoir tout compris.
Qui a osé dire que les albums, c'est pour les bébés ? Lisez Rapaport et on en reparlera.
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