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EAN : 9782708704268
Editions Présence Africaine (03/09/1983)
5/5   1 notes
Résumé :
Un livrecomplet , un exposé tant ethnologique que destiné à être lu pour toute personne voulant connaitre les rites et les coutumes de ce pays d'Afrique équatoriale, rites à la fois sanglants et aussi profondément humains.
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Tout d'abord, la grande forêt équatoriale, impénétrable, profonde, cachant le ciel par la touffeur de ses arbres hauts comme des cathédrales, entourés d'arbustes serrés et d'une foison de végétaux en empêchant totalement la pénétration.
« De plus, nous dit Raponda- Walker, l'épaisseur des nuits en forêt, le scintillement des lucioles, les cris étranges de certains oiseaux nocturnes ou de quelque mammifère arboricole, les diverses maladies qui apparaissent, sans que l'on sache pourquoi, les hallucinations produites par l'absorption de certaines plantes ont contribué à faire naitre et développer chez les indigènes cette notion de surnaturel et de mystère. »

Les forces inexpliquées, les dangers de cette nature exubérante ont pour conséquence un réflexe d'auto-défense d'où les talismans, les sortilèges, les pratiques rituelles, les interdits et la création d'une société secrète, le Bwiti.
Car mieux vaut se liguer contre les dangers dans le silence et l'anonymat.

Le père de l'auteur, Robert Bruce Walker est envoyé au Gabon en 1860 par la Société de Géographie londonienne ; il est un des premiers, malgré les menaces de la jungle, à pénétrer par le fleuve Ogooué à l'intérieur des terres, il se marie avec une princesse gabonaise, et retourne en Angleterre avec son fils âgé de 4 ans, lequel préfère revenir chez sa mère et deviendra savant botaniste, linguiste, historien et ethnologue, auteur des « Rites et croyances des peuples du Gabon, » une somme jamais égalée puisqu'il vivra dans son pays plus de 90 ans. : André Raponda-Walker.

La ligue confidentielle du Bwiti exige une initiation, dans laquelle une drogue dure, l'iboga, est absorbée, provoquant hallucinations et développant certains pouvoirs, comme de prédire l'avenir, voir l'invisible, provoquer l'hypnose, guérir, s'opposer aux jeteurs de sort pullulant dans ces contrées éloignées. le bwiti a aussi un rôle social, facilitant l'accord entre les différents villages, gérant la régulation de la chasse et de la pêche, veillant à l'interdiction des abus. Dans sa conclusion, l'auteur émet l'hypothèse que ces rites initiatiques secrets aient été fomentés par les esclaves, ce qui, par transmission de pensée, m'évoque le jazz des esclaves noirs, et le flamenco né dans les arrières cours de Séville, tous, à des niveaux divers, ne pouvant s'exprimer que par le biais du caché qui chemine dans l'inconnu.

Enfin, le Byeri, apparenté aux dieux-lares des Romains, culte rendu aux morts d'une même famille, se compose de crânes dans une boite ouverte, surplombée d'une sculpture d'un ancêtre, homme ou femme. Ces statues ont été achetées par Picasso et d'autres européens, très peu de familles en possèdent aujourd'hui au Gabon.

Si l'iboga existe, de multiples poisons aussi. Celui qui veut empoisonner un ennemi lui propose en gage d'amitié de boire ensemble, l'assassin a pris un contrepoison auparavant…
Parmi les talismans, les philtres d'amour, les amulettes porte-bonheur, les maléfices enfouis dans la terre d'un ennemi, les boissons diverses pour se rendre invulnérable, pour être puissant : les « traitants » c'est à dire les responsables de l'esclavage, pour posséder ce talisman, devaient immoler un de ses proches parents. S'enrichir est pourtant mauvais signe au Gabon, de même que si plusieurs morts arrivent dans la famille, on peut toujours vous accuser d « avoir mangé ». Des talismans spéciaux faits de cadavres humains, de cheveux et d'ongles constituent la protection contre ces accusations.
La société gabonaise est donc partagée entre des adeptes mystiques, guérisseurs et profondément humains, et des rites sanglants, avec sacrifices humains que l'auteur évoque surtout quant aux jumeaux, affirmant que cette pratique est révolue, et l'anthropophagie dont il nie l'existence mais dont on sait bien par ailleurs qu'elle a prospéré, comme le dit Livingstone, lui aussi un homme d'église.

Un livre complet dont je n'ai fait qu'érafler l'écorce, à lire absolument pour prétendre comprendre ce pays d'Afrique équatoriale, sa complexité et ses richesses.
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