Les lois du coeur

Je tiens tout d'abord à remercier les Éditions Marabulles et Babelio pour l'envoi de ce beau livre dans le cadre d'une opération masse critique, Julie Raptor pour son beau récit et Audrey Lainé pour ses belles illustrations.

Je salue l'initiative de Julie Raptor de stimuler par un roman graphique le nombre de donneurs d'organes et donc de résorber l'attente d'une greffe souvent vitale pour des dizaines de milliers de personnes.

Par un concours de circonstances familiales, j'ai été amené à suivre de près les premières transplantations rénales à la clinique universitaire Saint-Raphaël de Louvain au début des années 1970 et depuis lors les réalisations médicales stupéfiantes dans ce domaine et le problème de l'énorme manque de donneurs d'organes ont continué à m'intéresser.

Je me souviens des premiers transports d'urgence d'organes et en particulier de l'atterrissage d'un hélicoptère sur le toit dudit hôpital avec le rain d'un gamin mort dans un accident avec sa bicyclette au sud du Danemark. Cela a dû se passer en 1972 et j'ai été fort impressionné par l'extraordinaire efficacité qui permettait illico presto, par une opération de greffe rénal, de sauver la vie à une autre jeune victime de la route.

Dans le récit de Julie Raptor le point de départ est également un accident de la route, mais ici il s'agit d'une greffe cardiaque, qui permet à Charles Wagner, victime d'un infarctus fatal du myocarde, de continuer à vivre comme un homme... nouveau.

Un "nouveau coeur, une nouvelle vie" (page 75), mais cependant pas tout à fait comme avant... et quand bien même si "un coeur n'a pas de mémoire" (page 82), des souvenirs étranges et insolites s'imposent.

Cette histoire, qui compte quelque 181 pages, se lit très vite, même en prenant le temps d'admirer les dessins d'Audrey Lainé, qui malgré son âge - à peine 30 ans - n'en est pas à son premier exploit graphique.

Les données et statistiques relatives au don d'organe, qui figurent en annexe du livre, après les remerciements, ajoutent à la valeur d'un ouvrage qui mérite sa place dans notre bibliothèque.

Il est des ouvrages où je fonds littéralement en larmes devant certains drames humains qui peuvent nous toucher comme la perte accidentelle de l'être aimée. Certes, je ne suis pas un cérébral mais plutôt un sentimental. C'est sans doute le lectorat visé...

On ne peut qu'être sensible à la situation que vît la pauvre Elodie qui vient de perdre son mari. Les premières pages m'ont fendu littéralement le coeur. Il est question justement de cet organe vital puisqu'il fait l'objet d'une greffe qui va bénéficier à Charles, le bosseur invétéré dans une multinationale.

Par la suite, il va ressentir des choses étranges qui arrivent souvent à ceux qui sont greffés. Evidemment, la science donne des explications rationnelles en rejetant le fait que c'est une part vivante du défunt. Cela va emmener Charles à se poser des questions et surtout à remonter à la source alors que c'est strictement interdit par la loi.

J'ai adoré ce récit ainsi que la thématique. Il faut dire également que les auteurs ont réalisé un beau travail que ce soit graphique ou scénaristique. C'est fluide et dynamique avec ce qu'il faut de délicatesse pour traiter un pareil sujet.

On ne s'ennuie pas avec une telle histoire humaine. A noter également la présence d'un dossier en fin d'album pour nous expliquer le don d'organe qu'il faut promouvoir pour sauver des vies.

J'ai été un peu surpris par la fin mais c'est une bonne surprise tel un cadeau. J'en profite également pour remercier Babélio ainsi que l'éditeur Marabout qui m'ont offert cette magnifique BD que je ne peux que recommander à moins évidemment d'avoir un coeur de pierre. Les lois du coeur nous emmène dans une dimension plus affective.

Charles Wagner, la cinquantaine, marié, père de deux garçons, mène une vie trépidante : il a un poste à responsabilité dans une grande entreprise et ne pense qu'à sa carrière, délaissant sa famille. Et, un jour, c'est l'accident cardiaque, suivi d'une greffe de coeur. ● J'ai l'impression d'avoir maintes fois vu ce thème traité dans les romans, dans les téléfilms ou dans les films. Wikipédia ne répertorie pas moins de onze films sur le sujet, dont bien sûr, Réparer les vivants, adaptation du célèbre roman de Maylis de Kerangal. Notre site bien-aimé, Babelio, recense quant à lui 101 livres en traitant. Peut-être est-ce la première bande dessinée, mais le moins qu'on puisse dire, c'est que le thème est peu original. ● Et cela, d'autant plus que les autrices ont choisi de le considérer sous l'angle du receveur qui s'identifie au donneur, comme si en même temps que le coeur on lui avait greffé des souvenirs et une nouvelle personnalité : pas vraiment le comble de l'originalité, là non plus. ● Mais bon, après tout le sujet compte peu si le traitement est bon. Or j'ai trouvé la BD pesamment didactique, assez creuse, superficielle. le scénario est prévisible à chaque page. Les personnages manquent de profondeur. Et la fin, bâclée, est complètement ratée, au point que je me demande si je l'ai bien comprise. ● Je n'ai pas non plus spécialement apprécié les dessins, simplistes, manquant d'élégance. ● Je remercie Babelio et les éditions Marabulles de m'avoir envoyé cet album dans le cadre d'une Masse critique privilégiée.

Charles a une vie rythmée, très cadrée, précise. Sa priorité ? Son travail ! Cadre supérieur, il est fier de sa brillante carrière., Sa femme, Cathy, rencontrée à l'International Petroleum Week, n'est plus que l'ombre d'elle-même, ayant renoncé à son métier pour suivre son mari à la carrière prometteuse… Mais qui n'a plus guère de temps à lui consacrer. Il a deux enfants qu'il croise à peine.

Un jour, en pleine réunion, il s'effondre. Son coeur n'en peut plus…

Critique :

C'est un double roman graphique. D'un côté, on suit avec beaucoup de précision le parcours d'une personne greffée, de l'autre se construit petit-à-petit une histoire d'amour entre Charles et une inconnue, une femme qui a perdu l'amour de sa vie… Mais comment en arrive-t-il là ? Vous le saurez en lisant « Les lois du coeur » ! (Oui, je sais, c'est un peu facile.)

Très peu de couleurs, le graphisme repose sur le blanc, le noir et des lavis de gris. Les personnages sont extrêmement expressifs. le récit, pour la partie « crise cardiaque, soins, greffe » est très réaliste. Je ne suis pas médecin mais pour avoir subi un infarctus, j'avoue que je me suis retrouvé assez fort dans la peau de Charles. Des détails tels que l'envie pressante de reprendre le travail alors qu'on n'est pas encore remis de l'intervention sont on ne peut plus crédibles. Vouloir faire comme « avant », comme si ce « petit » incident était oublié et sans conséquences…

A la fin de l'ouvrage, la partie « Pour en savoir plus sur le DON D'ORGANE » est une excellente synthèse. Attention ! Les lois ne sont pas partout les mêmes à ce propos. La loi belge, par exemple, diffère quelque peu de la française évoquée dans ce livre.

Charles, homme d'affaire hyperactif subit une transplantation cardiaque .
Quelques mois plus tarde, il se sent étrange.
Des visions d'une femme le poursuivent.
Voilà un sujet assez inattendu en bande dessinée.
J'ai pensé à Charlotte Valandrey, à son histoire et à son livre « De coeur inconnu »
Voilà une histoire un peu similaire en version roman graphique.
Outre l'histoire en elle-même, se pose la question de la mémoire cellulaire.
Le texte est plutôt succinct mais efficace.
A la romance se mêlent des explications scientifiques.
Le texte et les dessins se complètent parfaitement.
Les dessins sont gris ou noirs pour la plupart et les quelques touches de couleur qui apparaissent parfois sont du plus bel effet.
Je les ai trouvés très beaux (sauf peut-être les visages)
Un plus à cet ouvrage, les cinq pages de documents et de renseignements sur les dons d'organes sont instructives et peuvent se révéler très utiles.

Merci à babelio et aux éditions marabulles.