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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1718. A tout juste 14 ans, ce jeune breton orphelin vit dans la misère, entouré de vieillards obscènes, se nourrissant de tout ce qui bouge, aussi bien les mulots que les lézards. Tandis qu'une jeune paysanne lui apporte de quoi se nourrir convenablement, lui voudrait bien goûter autre chose que son pain. Mais, la jeune fille se refuse à lui. Pris d'un élan soudain, il l'étrangle pour avoir son dû. Se vantant auprès des bouseux de son geste, ces derniers veulent le livrer à la maréchaussée. Ne se doutant pas de la violence de son crime, il s'enfuit dans la nuit venteuse et pluvieuse...
C'est dans une auberge de Brest qu'il s'est fait oublier pendant un an. Il aide les servantes, bercé par les chants et les récits des marins. Un soir où il raconte sa mésaventure à l'un d'eux, celui-ci lui propose de rejoindre l'équipage de son navire. Heureux de pouvoir servir le Roi, il jubile déjà à l'idée de naviguer. Engagé comme mousse à bord de l'Etoile Matutine, il fait la connaissance de Mac Graw, en qui il découvrit un vrai père, et le capitaine George Merry...

Ce récit de Pierre Mac Orlan est somptueusement mis en image par Riff Reb's. Tourmenté par son passé, ce vieil homme qui, jadis, navigua en eaux troubles, se livre sans pudeur. L'on est pris dans les filets de cette vie agitée, riche en rencontres et en événements. L'on croise ici et là des boucaniers, des pirates, des marins cruels, sanguinaires et voleurs, un capitaine arrogant. De Brest à Porto Bello, l'épopée fut fantastique et dépaysante. Riff Reb's nous plonge dans un récit inquiétant et obscur, d'une force et d'une intensité incroyables. Porté par un trait puissant, une mise en page dynamique et des couleurs bichromatiques sombres, ce récit nous submerge totalement.

Bienvenue à bord de l'Etoile Matutine !
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Qu'aurait donc bien pu penser Pierre Mac Orlan de ce que Riff Reb's a fait de son "Etoile Matutine" ?
Lui qui a publié son chef d'oeuvre en 1920, qui l'a trituré et repensé durant de nombreuses années, qui l'a complété une première fois en 1927, une seconde en 1934 et finalement terminé sous forme de brouillon en 1955 ?
En ce qui me concerne, j'aime à penser que le mythe de la chute, enfermant l'homme et le verbe dans le même cycle infernal, a aussi créé la Littérature.
Et la Littérature est ici, dans l'adaptation de Riff Reb's, partie prenante.
Elle n'a, dans la transposition, rien perdu, ni de sa force, ni de sa beauté.
C'est pour que le démon cesse de le tourmenter que l'humain prend la plume.
Car il cache souvent derrière lui quelque sombre secret.
Un vieil homme, ici, a pris la plume pour raconter l'enfant qu'il était, le crime qu'il a commis et sa ténébreuse destinée ...
L'album de Riff Reb's est magnifique.
Il est paru en 2009, et il est le premier d'une série splendide.
Il annonce d'autres réalisations difficiles, mais toutes jusqu'ici réussies : "le loups des mers", "hommes à la mer" et un premier tome reprenant "le vagabond des étoiles" de Jacques London.
La quatrième de couverture de l'album est signée par Francis Lacassin.
Qui donc mieux que lui aurait pu le faire ?
Mais, ceci étant dit, la référence, même posthume et prestigieuse, n'est rien sans le talent.
Le dessin, l'écriture, la mise en couleur, tout le travail de Riff Reb's colle, comme une vieille peau sur un squelette de pendu, au récit de Pierre Mac Orlan.
Ici, peu ou pas de place pour le fulgurant récit de mer.
Foin du romantisme accroché au gentilhomme de fortune !
La désespérance ne cède qu'au désenchantement.
Depuis longtemps, jamais peut-être, la bande dessinée ne s'était aussi brillamment, aussi fidèlement dans son esprit, emparé d'un grand roman maritime.
J'avais toujours pensé que le récit de Pierre Mac Orlan aurait fait un grand film noir et salé.
Après avoir lu, et relu, cet album, je ne suis plus certain qu'une adaption cinématographique, même réussie, puisse rajouter au propos.
Car, il me semble que cet album résonne comme un épilogue au périple, un épilogue que sans nul doute Pierre Mac Orlan aurait aimé.
Aussi, souhaitons bon vent, bonne mer à Mr Riff Reb's, qu'il nous offre encore de nombreuses splendides traversées ...

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J'ai présenté avant-hier ma lecture du roman de Pierre Mac Orlan - À bord de L'Étoile Matutine -.
J'ai expliqué pourquoi ce retour aux sources.
Pour rappel, ayant vécu l'expérience de la lecture de l'ouvrage de Lola Lafon - Quand tu écouteras cette chanson -, ouvrage au coeur duquel la figure centrale est celle d'Anne Frank... sans m'être préalablement interrogé sur ce que le temps ( plus de cinquante ans ) m'avait permis de conserver du - Journal d'Anne Franck -, j'ai compris après lecture que j'aurais dû remettre à jour ce qu'Anne et les siens avaient vécu au quotidien durant leur enfermement, qui était cette adolescente iconisée par Hollywood et un lointain après-guerre qui avait voulu stariser Anne sans réellement lui donner la parole, tout au moins en lui imposant certains codes respectueux d'une certaine morale, et désireux d'assurer une rentabilité financière maximale au " Journal ", à ses produits dérivés et à son héroïne...
Voulant découvrir la transposition en BD du roman de Mac Orlan par Riff Reb's et fort de " l'expérience Lola Lafon ", j'ai cette fois pris les devants et relu la version originelle avant de m'attaquer à la BD.

Je ne vais pas refaire aujourd'hui pour la BD un long résumé, quarante-huit heures après celui proposé pour le roman.
D'autant que si Riff Reb's affirme que sa version est " librement adaptée " du roman de Mac Orlan, sa " liberté " n'a en fait consisté que dans le choix des tableaux qu'il n'a pas tous gardés... un regret en ce qui me concerne pour au moins deux d'entre eux...
Mais en revanche, ceux qu'il a conservés respectent scrupuleusement le narratif du romancier - à ceci près que les planches synthéthisent ce que les mots tentent de dessiner... selon le principe bien connu " une image vaut X mots..."-, au point qu'à de très rares exceptions près les bulles reprennent fidèlement et minutieusement les mots du livre... ce que je n'aurais pu affirmer sans cette lecture quasi synchronisée des deux oeuvres...

Dans l'histoire de ce vieillard retiré dans le Londres du XVIIIe siècle, entouré " d'un perroquet et d'une fille de Covent-Garden qui le gruge ", un ancien " gentilhomme de fortune " raconte ce que fut sa vie.
Orphelin miséreux, enfant sauvage livré à lui-même et subsistant dans des carrières auprès de vieux inconnus, il tue une jeune fille par " curiosité sexuelle ", une curiosité sexuelle naturelle, une mort sans discernement du bien et du mal...
Obligé de s'enfuir, il sert d'aide à des servantes dans une auberge de Brest.
Des gentilshommes de fortune vont convaincre le gamin, qui n'en demandait pas tant, d'embarquer avec eux sur le schooner " L'Étoile Matutine ".
Débutent alors les aventures maritimes de ce navire et de son équipage, dont Riff Reb's reprend quelques-unes desdites aventures - sous forme de tableaux - chez Mac Orlan et de planches au graphisme très stylisé chez Riff Reb's.

Le " crayon " grossit les traits des personnages pour mieux faire ressortir l'intime, le fond enfouis sous ou derrière ces traits, donner une expressivité démesurée à leur vie de démesure et d'outrance, à une époque marquée du même sceau.

L'excès ne nuit pas à l'esthétique, ne trahit pas Mac Orlan mais au contraire le sert et l'illustre.
Le choix de ne pas polychromer ses planches mais d'alterner le noir et blanc ou la mono ou bichromie en dégradés s'avère judicieux.

Le réalisme et la beauté des paysages marins sont épatants ; il n'est qu'à voir la couverture du livre pour comprendre de quoi je parle.

La quatrième de couv' illustre à elle seule l'intensité émotionnelle que l'artiste a réussi à trouver et à nous faire passer grâce à son talent.

Je terminerai par quelques mots de Riff Reb's et de Francis Lacassin.
" le mythe de la chute nous dit
que l'homme et le verbe sont tombés sur terre
où ils demeurent captifs
et qu'ainsi est née l'histoire." ( Riff Reb's )

" Sans pitié, sans romantisme, sans espoir... mais pas sans lyrisme. Ces orphelins de la société, ces enfants perdus de la mer ont inspiré à Mac Orlan une épopée de la pègre exotique où les coups de sabre laissent sourdre une poésie sauvage et violente.
À bord de L'Étoile Matutine a fait de Mac Orlan le Goya des gueux de la mer." ( Francis Lacassin )

Une BD roman digne du grand écrivain qui l'a inspirée.

PS : une BD à découvrir de préférence après lecture du roman de Mac Orlan. Ce n'est que mon avis...






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A bord de l'étoile Matutine... Une envie de mer épicétout...


♫ Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir !♫
Nous voilà dans le sombre, dans le noir, dans la violence... Bienvenue en enfer !
L'enfer des mers, l'enfer des hommes...
Bienvenu on rase gratis...
Pirates !

Pas le beaux, le choupi, le cliché imprimé sur pellicule technicolor... Non.
Là, on est dans la violence, celle des hommes, et des éléments... celle de la vie du bord... de la vie à bord.
Cruels et naïfs...
Tuer, une bêtise d'enfance...
Superstitieux et drôles...
Violents, rêveurs, croyants...
Et oui... Des pirates quoi...

Alors je dois dire que j'ai pas lu le roman de Pierre Mac Orlan (Mais je vais y remédier, ça c'est sûr!)... Oui cette bd est une adaptation de roman. Donc je ne sais pas si c'est juste, fidèle.. ça je sais pas.
Ce que je sais par contre, c'est que damned ! J'ai aimé !
J'ai aimé cette Étoile Matutine. Même si à bord c'est des glauques...

Parce qu'il faut aussi dire que je n'idéalise pas les pirates du tout... le pire côtoie le meilleur chez les pirates (Bon pas ceux-là)... parce que le pirate est un humain... et chez l'humain le pire peut côtoyer le meilleurs.
Et que je n'achète pas le cliché qu'on veut nous vendre, l'image cliché de ce pirate technicolor...les grands écarts entre la réalité et la fiction...
Là autant Orlan que Rebb's, nous font une sorte de remise à niveaux...
Donc si tu kiffes les pirates, tient je t'en donne une petite tranche et au passage je lave le cliché... je réveille le cerveau qui baigne dans l'eau tiède et rose qu'Hollywood leur a collé à la peau..
Et même si l'eau de rose tiède peut parfois être agréable... ce vinaigre, cette eau croupie ça fait du bien !

J'ai aimé pour le dessin de Riff Reb's.
Ouais y a de sacrée belles cases... son ombrage, ses décors, ses clairs de lune... parfois si proche de la gravure, des marines. Moi j'aime, je trouve que ça claque bien... ça le fait.
Il a sa patte, mais elle peut ne pas plaire à tous, ça c'est certain.
Parce que les tronche de Riff Reb's sont merveilleuses tout autant que très caricaturales, elles me font rire, sourire, et vu ce que l'on lit, un petit sourire ne fait pas de mal, ça allège voyez-vous...
L'humanité ... l'humanité en grande lumière...
Voyez ce qu'est l'humain...
Et cette colorisation, cette bichromie...
La bichromie de l'humain, le narrateur nous dit qu'ils sont bons... brave justes... vu les histoires, on lève les sourcils...
ou la bonté n'est alors qu'une question de point de vue ?
Le pardon ? La rédemption ? Vous n'en trouverez pas à bord de l'étoile Matutine !
Il n'est pas question de ça.

Cette bichromie... qui renvoie à cette bichromie de l'homme, et celle des éléments...
L'homme est un loup pour l'homme.. Et la mer les bouffe tous...
Enfin, presque tous.. des fois y a le gibet qui passe par là aussi. Ou pas... ^^
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Riff Reb's, avant d'adapter avec brio Jack London, dans un album que nous avons rencontré l'an passé dans ces pages, avait déjà goûté aux joies de la flibuste, en compagnie de gentilshommes de fortune de l'Etoile Matutine, roman de pirates de Mac Orlan, auteur moins connu mais pas moins doué au vu de l'exotisme, l'aventure et le panache que l'on côtoie dans ce superbe one shot. Il nous conte les Mémoires d'un homme dur qui pour échapper à la potence s'embarque sur un bateau de trompes la mort. Suite d'épisodes hauts en couleurs, les chapitres sont, comme sur le loup des mers, en bichromie, chacun dans des tons différents, et donnent lieu à des scènes d'anthologie. Que ce soit celle de la "sirène", celle du moine peintre, de la chasse au trésor tragique ou même celle des chiots, Riff Reb's dessine avec une maestria graphique et narrative qui donnent toute leur saveur à ces histoires et font de cet album une réussite indéniable. Et voici un score culte pour aller avec: http://bobd.over-blog.com/article-grands-espaces-sur-mer-et-dans-le-desert-116430770.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/ar..
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Je n'entrevoyais pas d'autres dessinateurs pour illustrer ce chef d'oeuvre de Mac Orlan. le grand Riff Reb's excelle ici dans son art de dessiner la piraterie et ses humeurs, les absences de sentiments, les visages fourbes et cruels. Une histoire de pirates ne peut être gaie, ces forbans des mers ont tous un passé peu glorieux, une sauvagerie à exprimer et c'est sur ces bateaux de bois aux voiles salées que l'artiste se plait à les décrire, respectant à la lettre, l'esprit du roman. La plume glisse des haubans aux sabres et raconte les espoirs de trésors embrumés dans les excès de rhum.
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A Bord de l'Etoile Matutine nous invite à la lecture d'un journal intime. Nous suivons ainsi le personnage principal de l'aube au crépuscule de sa vie d'adulte. Enfant des rues, commis de taverne, mousse, pirate... le narrateur retrace son parcours et soulage sa conscience.

Voici enfin une BD sur le thème des pirates qui mérite d'être lue. Un très bon moment de lecture et un ouvrage magnifique

Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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