Quel étrange titre pour une potentialité de tromper son conjoint!
Rompre le pain (quotidien) du ménage...
Deux personnages si finement et heureusement mariés s'octroient pour une soirée ce ravissement de s'échapper du couple dans un adultère fantasmé...
Dire mais ne pas le faire!
Expliquer sans y succomber
Séduire l'autre sans y gouter,
Rester sur les bords de la falaise maritale
mais ne pas s'y précipiter...
Ce basculement n'aura pas lieu...
La raison a son mot à dire
pour éviter de blesser celui qu'on aime...
Etrange pièce...
Ou le pain du couple n'a pas été rompu
mais émietté certainement ^^
La mie de sa Mie ^^
Le courage d'en préférer qu'une seule ..
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Le pain de ménage, c'est celui qu'on mange chaque jour, mais aussi celui qu'on fait cuire soi-même.
Marthe et Pierre vivent ainsi : goûtant à une vie maritale, chacun de leur côté, qui leur donne toute satisfaction. Une satisfaction qu'ils ont pris l'habitude de mettre à l'épreuve pendant les vacances des deux couples sous le même toit, discutant tous les deux pendant que leurs conjoints sont occupés ailleurs dans la maison. Ce soir précis, le mari de Marthe dort déjà, tandis que la femme de Pierre veille auprès de sa fille légèrement malade.
De quoi parlent ainsi jour après jour Marthe et Pierre, lorsqu'ils sont seuls ? D'amour. de mariage. le dialogue de la soirée à laquelle on assiste se répète ainsi régulièrement, avec des variantes, du moins on l'imagine. Pendant cette soirée, Marthe commence par demander à Pierre s'il a déjà trompé sa femme. Or Pierre est aussi fidèle que Marthe. Leurs conjoints respectifs sont des amours. Leurs mariages sont heureux. Néanmoins... Peut-être bien qu'il manque un grain de folie à cette vie conjugale si parfaite, qui se répète jour après jour.
De thème en thème - l'adultère, la fidélité, les qualités des conjoints respectifs, l'habitude -, ils en viennent à projeter... Non, il ne s'agit pas de faire des projets. Il s'agit de jouer à se faire peur, de jouer à l'adultère, de jouer au couple qui s'enfuirait. Un jeu qui ne dure qu'un court moment.
Tout le sujet du mariage, et avec de l'habitude, du bonheur quotidien qu'on aimerait plus remuant, dont on se satisfait sans se satisfaire tout à fait, de la tentation du changement, de la tentation de retomber amoureux comme aux premiers jours, est traité presque à la légère... presque... dans cette comédie douce-amère.
Challenge Théâtre 2020
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PIERRE. Je vous le dis avec respect : vous ne serez jamais qu'une honnête femme.
MARTHE. Oh ! Oh !
PIERRE. Ah ! Ah !
MARTHE. Vous m'engagez trop. Je suis une honnête femme jusqu'à présent. Mais je ne crie pas, sur les toits, que je serai toujours une honnête femme. Est-ce que je le sais ? A la vérité, je n'en sais rien. Je n'ai aucune envie de tromper Alfred, et pourtant je serais désolée d'avoir la certitude de ne jamais le tromper. Ce serait là une certitude un peu niaise, un peu humiliante. Je réponds d'hier, je réponds même d'aujourd'hui. Je ne prétends pas que ce soit héroïque, mais c'est déjà suffisant.
PIERRE. Et vous faites vos réserves pour l'avenir.
MARTHE. Je fais la part de l'imprévu, des heures de crise, où tout ce qu'on s'était juré et rien, c'est la même chose. Je refuse de prononcer des vœux de fidélité éternelle. Je suis une honnête femme qui doute quelquefois de sa résistance. Ma vie, jusqu'à ce jour, a glissé droite et légère, sur une glace pure. Mais il faut craindre l'accident. Je le crains. Je l'imagine, et je frissonne de peur. C'est très agréable.
PIERRE. C'est ce que j'ai de plus mondain à vous offrir. Le reste ne vaut pas un aveu.
MARTHE. Si, si, ça m'intéresse, je raffole de ces confidences.
PIERRE. Je me rappelle qu'une autre fois... Oh ! non...
MARTHE. Si, si !
PIERRE. ... Je regardais une petite bonne qui venait d'entrer à la maison. Elle essuyait les meubles de mon cabinet de travail avec une application sournoise. Elle rôdait d'un pied de table à un bâton de chaise. Il faisait lourd, orageux. Elle reluisait comme une tartine. Elle m'agaçait. Brusquement... vous me faites rougir... je l'ai embrassée un bon coup.
MARTHE. Quelle horreur ! Sur la joue ?
PIERRE. Je ne sais pas, au juger, sans voir. Et je me suis sauvé.
MARTHE. Oh ! le lâche !
PIERRE. Lâche et méchant, car au premier prétexte je l'ai fait flanquer à la porte. Je ne sais pas si elle a compris quelque chose à son aventure.
MARTHE. Elle aurait dû demander des explications à votre femme.
Un salon de campagne, fenêtres sur jardin, porte à droite et à gauche.
Pierre se promène d’une fenêtre à l’autre.
Marthe est assise près d’une table à thé.
MARTHE. Elle a la figure étonnée et rieuse d’une femme qui ne veut pas croire ce qu’on vient de lui dire :
Comment ! Depuis que vous êtes marié, vous n’avez jamais eu de maîtresse?
PIERRE : Jamais.
MARTHE : Vous pouvez bien me le dire, puisque nous causons librement. N’ayez pas peur qu’on vous entende !... (Elle désigne un des côtés du chalet.) Votre femme veille près de sa petite fille qui était toute grognon au dîner ; elle craint une mauvaise nuit, mais ce ne sera rien.
PIERRE : Je l’espère.
MARTHE : Les dents, peut-être ?
PIERRE : Sans doute, je ne sais pas.
MARTHE : Chère petite ! Sa maman ne la quitterait pas pour vous surprendre aux pieds d’une autre femme.
Un salon de campagne, fenêtres sur jardin, porte à droite et à gauche.
Pierre se promène d’une fenêtre à l’autre.
Marthe est assise près d’une table à thé.
MARTHE. Elle a la figure étonnée et rieuse d’une femme qui ne veut pas croire ce qu’on vient de lui dire :
Comment ! Depuis que vous êtes marié, vous n’avez
jamais eu de maîtresse ?
PIERRE : Jamais.
MARTHE : Vous pouvez bien me le dire, puisque nous causons librement. N’ayez pas peur qu’on vous entente !... (Elle désigne un des côtés du chalet.) Votre femme veille près de sa petite fille qui était toute grognon au dîner ; elle craint une mauvaise nuit, mais ce ne sera rien.
PIERRE : Je l’espère.
MARTHE : Les dents, peut-être ?
PIERRE : Sans doute, je ne sais pas.
MARTHE : Chère petite ! Sa maman ne la quitterait pas pour vous surprendre aux pieds d’une autre femme.
*INTRODUCTION* :
_« 11 mai 1894. — Il faut que notre Journal ne soit pas seulement un bavardage comme l'est trop souvent celui des Goncourt. Il faut qu'il nous serve à former notre caractère, à le rectifier sans cesse, à le remettre droit. »_
_« 14 novembre 1900. — Je lis des pages de ce Journal : c'est tout de même ce que j'aurai fait de mieux et de plus utile dans ma vie. »_ *Jules Renard* [1864-1910].
*CHAPITRES* :
_1887_ :
0:02 — *22.07*
0:10 — _Introduction_
0:35 — *28.09*
_1888_ :
0:53 — *15.11*
_1889_ :
1:07 — *14.06*
1:21 — *28.08*
1:45 — *10.11*
_1890_ :
1:54 — *17.02*
2:03 — *21.02*
2:36 — *14.03*
2:49 — *31.03*
3:02 — *03.05*
3:14 — *02.06*
3:25 — *24.09*
_1891_ :
3:44 — *20.03*
4:04 — *26.05*
4:16 — *18.10*
_1892_ :
4:25 — *06.01*
4:33 — *04.02*
4:48 — *09.03*
4:59 — *02.04*
5:07 — *11.06*
5:16 — *03.08*
5:27 — *26.10*
_1893_ :
5:37 — *24.01*
5:47 — *27.03*
5:56 — *24.04*
6:04 — *12.05*
6:21 — *24.05*
6:31 — *15.06*
6:40 — *06.09*
6:55 — *06.09*
7:06 — *19.09*
7:18 — *07.11*
7:28 — *15.12*
_1894_ :
7:38 — *17.01*
7:57 — *22.02*
8:09 — *31.03*
8:20 — *10.04*
8:32 — *27.04*
8:45 — *01.05*
8:59 — *11.05*
9:13 — *16.05*
9:23 — *21.09*
9:33 — _Générique_
*RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES* :
« Journal Inédit : 1887-1895 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1925, 368 p.
« Journal Inédit : 1896-1899 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1926, 328 p.
« Journal Inédit : 1900-1902 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1926, 306 p.
« Journal Inédit : 1903-1905 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1927, 296 p.
« Journal Inédit : 1906-1910 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1927, 370 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a5/Jules_Renard_-_photo_Henri_Manuel.jpg
*BANDE SONORE ORIGINALE* : Scott Buckley — Midvinter
Midvinter by Scott Buckley is licensed under an Attribution 4.0 (CC BY 4.0) license.
https://soundcloud.com/scottbuckley
https://www.free-stock-music.com/scott-buckley-midvinter.html
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ :
https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH
*VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ :
https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0CB2FTQWF/
*VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/jZ7Ro
*SOUTENIR* « LE VEILLEUR DES LIVRES » :
https://www.paypal.com/donate/?hosted_button_id=2ZDT3XZ49SNYA
*CONTENU SUGGÉRÉ* :
https://youtu.be/sGAT0lCxiqA
https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rkc-PKWlQjDkBnhnhLhAaX
https://youtu.be/554XmLUXydU
https://youtu.be/9x_1GBvQ1OE
https://youtu.be/_31BTC56jlk
https://youtu.be/-2VQ7gcFeIA
https://youtu.be/xL9qk3uKRhM
https://youtu.be/NM9okrNZQxc
https://youtu.be/MT5tLkAd7kk
https://youtu.be/0V41L-sJ5og
https://youtu.be/coQoIwvu7Pw
https://youtu.be/R-usjRvs4eo
#JulesRenard #Journal #LittératureFrançaise
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