Heidegger n'a rien compris quand il a décrété que l'ère de la subjectivité remontait à Leibniz qui avait su faire aboutir un modèle seulement posé par Descartes au prétexte que la modernité consacrerait le modèle d'un être autonome et indépendant, d'une certaine histoire de la subjectivité. Pour Renaut, il faut différencier le sujet, cet être constituant du monde et de toute réalité, qui réfère à Descartes, de l'individu, cette monade isolée de tout, assemblage d'esquisses du monde presque sans conscience, dont Leibniz fonde le modèle. Si l'on admet cette distinction, on note que presque parallèlement et sans influence directe, Berkeley et Hume proposent une théorie de l'être qui peut se caractériser à partir de la monadologie, comme ensuite Nietzsche, avant Heidegger. A cette tendance à annuler le sujet au profit de l'individu isolé, il faut opposer la phénoménologie et son attachement à l'altérité dont Lévinas se sert pour discréditer la monadologie... au risque de diluer l'intentionnalité propre au sujet devenu être noyé dans l'intersubjectivité et sans plus d'autonomie. Et l'antihumanisme retrouve sa place malgré le rejet de la monadologie. C'est alors en revenant à Kant que l'on trouve les moyens de faire du sujet un être autonome qui ne s'enferme pas dans l'hermétisme de l'individu. Reste que les deux tendances restent présentes dans la métaphysique moderne et que l'ère du sujet doit se distinguer de celle de l'individu.
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La manière dont est appréhendée aujourd'hui le plus souvent l'histoire de la modernité, comme l'histoire du règne sans cesse consolidé de la subjectivité, est très profondément marquée par la déconstruction heideggerienne de l'histoire moderne de la philosophie et, plus généralement, de la culture moderne [...] Or l'histoire de la subjectivité, telle que Heidegger nous a accoutumés à la lire pose beaucoup de problèmes et charrie avec elle bien des équivoques qui sont de nature à hypothéquer gravement les chances d'un nouveau déploiement de la question du sujet.
A l'occasion du Forum France Culture "L'année vue par les savoirs" à la Sorbonne, Adèle van Reeth anime cette table ronde autour de la question du besoin de conflits. Pour en discuter, Hélène L'Heuillet, psychanalyste et philosophe, Pierre Judet de la Combe, directeur d'études à l'Ehess et directeur de recherche émérite au Cnrs, Alain Renaut, professeur émérite de philosophie politique et d'éthique à Sorbonne Université, et Frédéric Worms, philosophe, professeur à l'ENS et directeur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporain.
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