Alors qu'une nouvelle anthologie sur le thème du Corps devrait bientôt être dévoilée, retour sur la précédente parution de Parchemins & Traverses, dirigée par l'excellent
Timothée Rey...
Avant tout, j'ai apprécié la préface. Avec ses interminables notes qui occupent les 9/10è de la page, je l'ai prise comme un pastiche d'analyse savante, mais il fallait peut-être la prendre au premier degré — auquel cas je l'aurais sans doute moins appréciée.
Pour ce qui est des nouvelles, cela donne dans le détail :
*Hors-programme : La première fois que j'ai lu un texte de
Philippe Guillaut, je ne suis pas arrivé au bout. J'aurais eu tort de ne pas aller au bout de celui-ci, puisque son intérêt réside dans sa dernière partie, lorsque apparaît le véritable sujet de la nouvelle, à savoir [spoiler]le mépris des institutions pour la SFFF[/spoiler]. Il est regrettable que l'auteur n'ait pas creusé l'idée au lieu de se perdre en remplissage dans les trois-quarts du récit. Peut mieux faire : 5/10
*Une pédagogie appropriée : Dans la forme comme dans le fond, une nouvelle classique comme le fronton d'un temple grec, pour un exercice finalement réussi. Rien de révolutionnaire, rien qui scotchera le lecteur à son fauteuil, mais un bon texte, ce qui est amplement suffisant. du très bon travail : 7/10
*Travaux pratiques : Même en ayant conscience de ne pas pouvoir en comprendre toutes les subtilités du fait de mon bagage scientifique limité, j'ai apprécié cette nouvelle portant sur un sujet intemporel et inusable. Dommage toutefois que l'illustration vienne un peu gâcher la surprise. Bon : 6/10
*Module Headshot, coefficient 5 : Au moment de donner mon avis sur cette nouvelle, j'ai du mal à définir pourquoi elle m'a plu. Je crois qu'il est plus ici question de petit plaisir coupable que de grande satisfaction littéraire : qui n'a jamais rêvé de faire un carton dans son collège ou son lycée? Assez bien : 6/10.
*Doucarse Académie : Pas facile de produire un texte adulte crédible avec des personnages qu'on penserait ne rencontrer que dans "Tchoupi fait une cabane", pourtant le pari est tenu. Avec son sujet improbable, cette nouvelle aurait pu tourner au grand-guignolesque mais elle débouche sur une réussite, justement du fait de son originalité. Avec une mise en scène un peu mieux maîtrisée, le résultat aurait pu être parfait. Très prometteur : 7/10
*Haha : Dans chaque antho se cache une nouvelle à laquelle je ne comprends pas grand-chose, celle-ci se distinguant en général par une mise en page excessivement aérée, signe de phrases très courtes, de dialogues ping-pong interminables et de mots jetés dans tous les sens. Je crois que je ne suis simplement pas fait pour ce genre d'écriture "moderne". Hors-sujet : 3/10
*Session de rattrapage : Cela fait plusieurs fois que je lis des textes de Patrick Duclos et je n'arrive jamais vraiment à accrocher. Peut-être une question de style, que personnellement je trouve assez laborieux. Un texte avec un potentiel intéressant mais qui m'a laissé sur ma faim, comme souvent avec ces nouvelles de SF uniquement basés sur une idée novatrice que le récit ne sert qu'à exposer au lecteur. Moyen : 5/10
*Les Aventures du commandant Bikh... : J'ai toujours un peu le même problème avec les textes de Nicolas Chapperon: je n'ai pas grand-chose à leur reprocher, il y a de l'idée, c'est techniquement au point... Mais cette nouvelle, comme les autres que j'ai lues de l'auteur, me donne le sentiment d'un bon élève qui ne se donne pas à fond, qui se repose sur ses acquis sans forcément chercher à aller plus loin. Bref, du potentiel mais peut mieux faire. Suffisant toutefois pour surnager au-dessus de la moyenne : 6/10
*Analyse linéaire intergalactique : La bonne surprise de cette antho. Bien ficelé, drôle, intelligent, profond, ni trop long ni trop court. Rien à redire. Mérite les félicitations du jury : 8/10
*L'école de la vie : J'ai eu l'impression d'une nouvelle un peu bancale, qui m'a embarqué dès le début pour finalement me perdre en cours de route. Trop long ou trop court, des scènes manquantes et d'autres superflues... Enfin, ce n'est pas la faute de l'auteur, mais [spoiler]la scène du massacre dans l'école[/spoiler] fait redite avec la nouvelle de
Philippe Morin. Un peu décevant : 5/10
*En finir avec la plaie de l'absentéisme : J'avoue n'avoir pas compris l'intérêt de cette nouvelle, ni quel message ou quelle idée a voulu faire passer l'auteur. Alors qu'un peu plus tôt j'ai été capable d'admettre l'existence d'une académie de doudous ou d'extraterrestres étudiant la littérature terrienne, je n'ai pas cru un seul instant à cette histoire de piège à élèves. Peut-être le texte le plus faible de l'antho, il a au moins l'avantage d'être vite lu. Médiocre : 4/10
*East Point : J'ai vu venir la chute de loin pour avoir malencontreusement parcouru la nouvelle en feuilletant l'antho, mais cela n'a pas gâché mon plaisir. Il faut dire que je suis bon client pour tout ce qui touche [spoiler]à la mythologie biblique.[/spoiler]. Très bien : 7/10
Pour résumer, il s'agit globalement d'une bonne antho, sur un sujet pas évident à la base. J'ai d'ailleurs été surpris que ce thème de l'école inspire principalement des textes futuristes. le niveau m'a paru homogène, comme on peut s'en apercevoir au vu de ma notation. Il ne manque sans doute à cette classe qu'une ou deux locomotives pour tirer l'ensemble du groupe vers le haut...